Citations de Caroline Solé (129)
la vie me paraissait simple : il y avait les bons élèves qui rendaient leurs devoir, obtiendraient leur diplôme, intégreraient le monde du travail et un foyer terne, et les aventuriers qui mèneraient une existence trépidante dans des ruelles malfamées.
Les yeux rivés vers l'horizon, je cherche mes mots. Des petites vagues moussent sur le sable. Le vent glisse sur l'eau et fait frissonner l'océan, comme un remous lointain de ce jour orageux où, agrippé à la crinière d'un cheval, je me suis sauvé.
C'est à moi de jouer désormais.
"Tous les jours en fermant les yeux, j'aperçois le temps qu'il fait et je ferme les poings, car je vis dans un duvet, sur un carton, à la belle étoile mais à la mauvaise place, sur un trottoir de BerwickStreet, Chinatown;
Je trie les pièces sur mon duvet. Jimmy aussi, puis on met en commun nos tas, mais ce n'est pas assez pour s'acheter un appareil-photo. Alors on le vole. Chaque chose en son temps, un pied devant l'autre, bref on doit parfois un peu voler avant de pouvoir s'envoler.
Quinze ans, c’est un enfant de cinq ans ; fois trois.
Quelqu’un pleure constamment en toi.
Tu voudrais sauter cette case. Être déjà sur la ligne d'arrivée. Mais le top départ n'a pas encore été donné, tes jambes flageolent, tu crains de t'écrouler avant même de t'élancer.
Ne t'inquiète pas, je suis là.
Et si je suis là, c'est que tu as survécu à ton adolescence.
- Et pourquoi il n'y a rien sur notre plaisir à nous ? s'interroge ta copine après avoir lu le livre.
Tu ne l'avais pas remarqué, comme s'il était normal que tout tourne autour du pénis. Et cela t'interpelle. Vous parcourez de nouveau toutes les pages, trouvez à quelques reprises le mot "vagin", pas une seule fois le mot "clitoris". Ce qui concerne la sexualité féminine reste secret, secondaire ou tabou, selon les âges et les sociétés. Décidément, ta curiosité se heurte à des portes fermées.
My brain is on fire and I let flow my desire.
On est peut-être tous des fêlés qui n'ont pas choisi leur famille, mais qui ont choisi de vivre, et qui l'oublient.
J'ai toujours manqué de motivation. En tout cas, on m'a seriné les oreilles avec ça, comme si j'étais un mollusque qui se traînait du canapé au lit depuis sa naissance. Je ne sais pas si c'est vrai. Peut-être me confiait-on uniquement des missions que je n'aimais pas, sans chercher à découvrir ce qui pouvait me faire vibrer ? Les profs me priaient de faire un effort. Moi, je priais pour qu'une tornade vienne secouer cette vie morne.
Je ne suis rien, donc je m'en prends à vous.
Équation basique. Mortelle.
A toi, aujourd'hui, pas de mensonges : toutes les femmes n'enfantent pas et toutes les femmes qui enfantent ne parviennent pas toujours à être des mères. On ne devient pas femme en procréant. Si les scillons de ta route se sont formés dès l'enfance, ton identité de femme se construit pas à pas. Et personne, pas même une mère, ne peut la transmettre en cadeau.
Comment se forger un destin ? J'y pense en regardant les étoiles. Quoi que je fasse, la Petite et la Grande Ourse ne bougeraient pas de place dans la Galaxie. Si on ne peut pas changer la donne, n'est-ce pas possible, tout de même, de tirer son épingle du jeu ? Comme au poker : on ne choisit pas ses cartes, ce qui n'empêche pas de gagner. À condition d'être futé et de ne pas faire l'autruche.
On ne peut pas faire toujours ce qu'on veut.
On ne choisit pas la route sur laquelle on naît, mais on peut choisir ensuite touts celles qu'on emprunte.
Parfois, dans la vie, il se produit des choses et puis on n'a plus envie de se lever. On ne souhaite plus qu'il se passe quoi que ce soit. Tu vois, comme si on était figé dans un mur et qu'on avait trop peur de bouger de crainte que tout ne s'effondre.
La lecture de la lettre a ébranlé la petite guerrière. Le masque impénétrable que Lou affichait au début de la prise d'otages se fissure, révélant ses failles.
La glooglooka la jettera-t-elle dans une marmite de graisse de phoque brûlante ?
Leurs lèvres se rapprochent, aimantées, quand leur raison résiste et leur donne l’impression d’avancer à contre-courant. Le fusil rend la perspective du baiser encore plus risquée.
Quand un courant d’air pénètre dans la grange, ils cèdent. Un frisson électrique les saisit lorsque leurs bouches s’effleurent, puis s’embrassent. Ils osent à peine ouvrir leurs lèvres, encore moins sortir leur langue. C’est un baiser chaste, qui explose pourtant dans tout leur être.
Espionner les autres, quel sacré manque de respect ! Parce que le respect, c'est laisser l'autre en paix s'il ne souhaite pas être vu. C'est aussi le regarder droit dans les yeux. Je ne sais pas trop, en fait, ce qu'est le respect. On m'a surtout marché sur les pieds jusqu'à présent. On m'a chanté des berceuses dans mon lit à barreaux comme on m'aurait offert des fleurs couvertes d'épines. Il y a des trous dans chaque pore de ma peau, des petits manques se sont creusés chaque fois que ma mère quittait la chambre, qu'elle ne me regardait plus.