Catharina Ingelman-Sundberg

Certes, leur départ avait été un peu précipité, mais dès qu'ils avaient vu la possibilité de faire main basse sur une très grosse somme, les membres du gang des dentiers avaient mis les voiles direction Saint -Tropez. Qui ne risque rien à rien, avait rappelé Martha. Savoir que Bielke ne pourrait pas déposer de plainte pour le vol de son Yacht avait achevé de les convaincre. Ce n'est pas tous les jours qu'on a l'occasion de voler un demi-milliard de couronnes sans que la police soit mise au courant. Cela valait le coup d'essayer....

L'homme se vantait de posséder le cerveau le plus gros et le plus développé de tous les animaux et d'être au sommet de l'évolution. Mais en réalité, il était complètement stupide : aucun autre mammifère n'avait tué ou détruit autant de ses propres congénères.

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Dieu devait avoir eu un coup dans le nez le jour où il l'avait créée, voire une sacrée gueule de bois! A moins qu'elle n'ait tout bonnement été déposée par une cigogne, comme elle le disait parfois en blaguant. Oh bien sûr, ses amis parlaient de sa beauté intérieure et disaient qu'elle avait des yeux vifs, charmants, et un sourire magnifique. Mais la beauté intérieure, ça ne se voyait pas dans une glace. Quoi qu'il en soit, on était comme on était et personne ne pouvait rien y changer.

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On a une mission. On veut apprendre aux gens à devenir désobéissants .

Voyons, de nos jours, les gens font ce qu'on leur dit : ils font la guerre et tirent sur d'autres hommes parce qu'une espèce de cinglé leur dit de le faire. Mais si plus personne n'obéit, il n'y aura plus de guerre.

Elle devait avouer qu'il n'avait pas tort, cela aurait paru bizarre si, n'ayant rien gagné, ils s'étaient pointés à la caisse avec les jetons représentant plusieurs millions... Préparer le casse du siècle, cela exigeait de se creuser la tête, se dit-elle. Au fond, c'était aussi bien que le Sudoku, les mots croisés ou les livres de loisirs créatifs.

Le petit groupe descendit la rampe d'accès et débarqua. Personne ne les arrêta ni même ne les interpella. Mais dans le cas contraire, Märtha avait prévu le coup. Elle aurait réclamé à parler à la direction et se serait plainte que la compagnie maltraitait les personnes âgées uniquement par ce que c'étaient des vieux.... Aucune compagnie de Ferrys ne voulait prendre le risque de discriminer les vieillards. ou les "séniors" comme on les appelait désormais.

« L’odeur du hareng fermenté, c’est comme les factures. On ne s’en débarrasse pas comme ça. »

Extrait de
Comment prendre le large sans perdre sa perruque !
Catharina INGELMAN-SUNDBERG
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« personne n’avait pensé à emporter de bouteilles d’eau. Qui croirait se retrouver à sec dans une banque ? »

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Comment prendre le large sans perdre sa perruque !
Catharina INGELMAN-SUNDBERG
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- Quel édifice fantastique ! Dommage qu’on n’en fasse plus des comme ça aujourd’hui !
- Il faudrait d’abord fermer les écoles d’architecture, remarqua le Râteau. Je ne comprends pas pourquoi il faut faire des années d’études pour apprendre à dessiner des cubes qui soient bien carrés. Ça, je savais déjà le faire à quatre ans. Et d’ailleurs, ils étaient plus jolis.

Märtha estimait que c’était elle qui avait raison et qu’il disait cela seulement parce que c’était lui l’homme, et qu’il n’avait, de ce fait, pas beaucoup d’imagination. Toutefois, avec l’âge, elle avait appris qu’il était parfois plus judicieux de céder.

- Sais-tu ce qui est si merveilleux avec la vie ? lui avait demandé Märtha. On ne sait jamais ce qui va se passer et il n’est jamais trop tard pour espérer.
- Tu as encore d’autres clichés de ce genre ? avait maugréé Anna-Greta.

Märtha songeait à l’ancien temps, quand les vieux parents habitaient à côté de leurs enfants, tout en continuant à participer aux travaux de la ferme. Ils se sentaient utiles. Mais à présent ? Qui aurait envie de vivre en se sentant inutile ? Non, le monde marchait sur la tête. En commettant ces méfaits, ils avaient prouvé la force intérieure des vieux.

Quand le réveil sonna à 6 h 30, Märtha sursauta. Beaucoup de vieux se réveillent très tôt le matin, mais pas elle. Dans son milieu, ce n’était pas une heure pour un bon chrétien, mais seulement pour les oiseaux, les voleurs et la jeunesse qui ne s’était pas couchée de la nuit.

Stina aussi était contente. Elle passait pas mal de temps dans l’atelier où on imprimait des transferts sur des tee-shirts. Chaque jour, elle racontait les nouveaux slogans que l’agence de publicité leur demandait d’imprimer. « Donne du piment à ta vie, déménage pour Vittangi », gloussa-t-elle un jour. La semaine suivante, elle continua avec : « Si tu as oublié ton nom, déménage pour Västerbron. » Märtha ne trouvait pas la rime extra et se demanda si c’était vraiment cela qui était marqué sur les tee-shirts. Alors Stina admettait que cela aurait pu être marqué, mais qu’elle avait tout inventé. Pendant un bon moment, elle cassa les oreilles de tout le monde avec ses rimes à la noix, et elle ne s’arrêta pas avant que l’atelier ne reçût une importante commande d’une entreprise russe. Avec ces lettres-là, elle ne pouvait pas faire de rimes.

- Je sais bien, mais c’est la vie, mon trésor, l’avait consolée le Râteau. Ceux qui ne savent pas décident pour ceux qui savent.

Quand il y a un ou deux hommes pour une foule de vieilles femmes, tu peux être sûre qu’il s’agit d’une sortie culturelle.

A l’aube, le Génie fut brusquement réveillé par un bruit mystérieux qui venait de la mer. Pas celui d’un moteur de moto, mais plutôt celui d’un grand hors-bord. Il secoua Märtha.
- Ecoute, j’entends des bateaux qui arrivent dans la baie.
A toute vitesse, Märtha et le Génie enfilèrent leurs robes de chambre pour jeter un coup d’œil dehors. Du balcon, ils virent accoster à leur embarcadère un bateau Pettersson et deux yachts de luxe. Des gars des Hells Angels, tout de noir vêtus, amarrèrent les bateaux puis sautèrent à terre. A peine les yachts eurent-ils accosté que de nouveaux bruits se firent entendre. Des remorques et des voitures…
- Une Bentley, affirma le Génie, sûr de lui
- Que dis-tu, chéri ?
- Une Bentley. Oh, mon Dieu, une Jaguar !

Martha songea à tout ce qu'ils avaient réussi à faire pendant ces quelques jours de liberté. Comme elle aurait aimé que d'autres, là-bas, puissent avoir la même vie qu'eux ! Il y avait certainement quelque chose qui clochait dans cette société quand on était obligé de devenir délinquant pour s'amuser un peu à l'automne de sa vie...

- Vous imaginez les titres des journaux: La police met cinq vieillards sous les verrous. Ils n'ont pas d'autres pistes.
Tout le monde soupira et conclut qu'il valait mieux rentrer chez soi. Non seulement ils se coltinaient un casse compliqué, mais en plus ils avaient cinq vieillards sur les bras.