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Critiques de Catherine Meurisse (612)
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La légèreté

Fin janvier 2015. Sur une plage déserte, Catherine essaie tant bien que mal de remettre en place ses idées. S'assurer qu'elle est bien sur une planète, que l'océan est là...

Début janvier. Dans son lit, Catherine traine un peu. Elle rêvasse à son histoire d'amour compliquée avec un homme marié. Elle rêvasse si longtemps que son réveil-matin lui indique qu'elle est en retard. Avec un peu de chance, si elle chope le bus n°69, elle pourra arriver à une heure décente à la réunion. Trop tard, il vient de la frôler. Une fois arrivée vers les locaux de Charlie hebdo, Luz l'informe qu'il y a là-bas une prise d'otages. Vite, il faut fuir. Trouver un abri. Tak Tak Tak Tak. Des hommes tirent en l'air. Catherine le saura très vite: ses amis et collègues de Charlie sont morts. Comment se reconstruire après ça ? Comment redessiner ? Comment retrouver ce sentiment de légèreté ?



Catherine Meurisse se livre et nous livre, avec beaucoup d'émotion, sa tentative de reconstruction, aussi bien physique, mentale, psychologique ou émotionnelle après les attentats du 7 janvier. Comment redessiner quand l'envie a disparu ? Comment rire ? Comment aimer ? Comment retrouver un tant soit peu de goût à la vie ? Tout un cheminement auquel l'on participe. De Cabourg à la Villa Médicis qui lui a ouvert ses portes pour l'aider à se reconstruire, de ses séances chez le psy au musée du Louvre en passant par cette étendue de sable.

Garder espoir. S'étonner encore. S'ouvrir à l'art. Dessiner à nouveau...

Un album émouvant et sensible. Mettre des mots sur des maux...
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Moderne Olympia

♫Comme un écheveau de laine entre les mains d'un enfant

Ou les mots d'une rengaine pris dans les harpes du vent

Comme un tourbillon de neige, comme un vol de goélands

Sur des forêts de Norvège, sur des moutons d'océan

Comme le chemin de ronde que font sans cesse les heures

Le voyage autour du monde d'un tournesol dans sa fleur

Tu fais tourner de ton nom tous les moulins de mon coeur♫

-Michel Legrand- 1969 - (Juliette Armanet - 2021)

---♪---♫---🎨--🎭--🎨---♫---♪---

Le sous-fifre raconte son histoire

"passe devant une pharmacie, un noir

Il lit Oméopathie sur une affichette

Alors il se dit pauv'Juliette" 🤭

"La chute de Rome n'aura pas lieu" aura lieu sans lui

Vénus, première à éclairer la nuit

Elle est née des caprices, ne croyait qu'à son ciné

guidée par une étoile, elle décroche les plus gros cachets

Mais pour faire la couverture de TELERAMA

Son grand secret c'est qu'elle forniqua...

Barboter nu dans les nymphéas

Le problème d'Olympia

Se désole de ne savoir percer

C'est qu'elle veut pas coucher

Contraire à son éthique

Son Roméo dans la Rome attique

Ne peux plus sentir Vénus

Qui pleure ses amours terminus

Elle ne veut plus jouer sa doublure

Ne veut plus la voir même en peinture ...

Ne plus Courbet le dos

Même pour réussir

Son romain le perce pour le plaisir,

Voyez par quel fléau

Le ciel châtie votre haine !

Alors Singin'in the rain ...

Où comment amuser la Gallerie

Comme des réfusés chez West Side Story

Comme Shakespeare revisité

Tu fais tourner ton nom- Olympia - Juliette Art Manet

Comme un striptease

qu'on voit ease

Mieux qu'une esquisse ,

Catherine Meurisse chez Futuropolis

Et le spectacle continue, nue, nue, nue ...
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Les grands espaces

Rentrant d'une balade automnale , je quitte à regret une lande baignée de lumière dorée . Je vais me consoler en écoutant " L'humeur Vagabonde " à la radio .

Et là , le hasard m'offre la belle voix de Catherine Meurisse qui me transporte dans son enfance de rêve .

En conteuse de talent, elle présente son album : je suis conquise , tout de suite , il me le faut ! Moi qui n'ai pas lu de B.D. depuis ...ouh là là !!! ...la belle époque de Reiser ...ça date !

Bref , quelques jours plus tard, je faisais connaissance avec la sympathique famille Meurisse en savourant le récit de son existence campagnarde en Poitou .



C'est vraiment une immersion dans un monde privilégié que les parents ont offert à leurs deux fillettes . Ils ont rénové une ruine et construit tout autour une oasis , le royaume de l'authentique , de l'essentiel et de la beauté .

Et, là , elles s'épanouissent en découvrant la vraie vie mais aussi les nuisances et maltraitances infligées à la nature dans la campagne environnante .



Chance encore quand leurs parents cultivent et la terre et l'esprit !

On découvre avec joie les "plantations littéraires" : boutures de chez Proust piquées lors d'une visite à Illiers-Combray , de chez Montaigne ou encore de chez Rabelais etc ... Le vieux chêne est baptisé Swann !



D'autres boutures encore qui vont faire renaître les arbres de l'enfance des parents : le hêtre pourpre a un fils , le cèdre un rejeton , une descendance personnifiée bien émouvante qui évoque aussi l'importance des racines et des liens familiaux avec son milieu, son passé , son environnement .



Ainsi,va--t-on suivre l'évolution de Catherine entre botanique, histoire , sciences et belles lettres . La petite fille grandit et se construit dans un nid d'amour , se heurte au monde et apprend à se consoler .



C'est un ouvrage très dense qui se veut militant mais qui a l'intelligence de délivrer ses messages avec de la douceur , de la poésie et beaucoup d'humour .

Mais, cela n'empêche en rien l'auteure de montrer l'état de certaines de nos campagnes aujourd'hui massacrées par l'agriculture intensive ou enlaidies par le béton . Une vérité qui semble lui tenir à cœur au risque de heurter .

C'est aussi ça l'esprit de Catherine Meurisse , ancienne dessinatrice d'une presse un brin iconoclaste mais en recherche de vérité .

Et, j'ai aussi envie de dire que plus d'une fois , il m'est arrivé de penser à Claire Bretecher. Le graphisme ... la tournure d'esprit ...très voisin tout cela !



Mais , ce qui va surtout me rester de cette lecture , c'est le récit magnifique d'une enfance heureuse et l'hommage émouvant à la nature .

Alors ,tout simplement , merci Catherine Meurisse pour ce beau partage .













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La légèreté

Le 6 janvier 2015, Catherine Meurisse, dessinatrice de presse au journal Charlie Hebdo, se fait plaquer par son mec. Nuit de déprime, de cogitations et de cauchemars lui vaut de se réveiller très tard et d'être grandement à la bourre au boulot au matin du 7 janvier. Arrivée sur les lieux, après avoir raté son bus, elle apprend qu'il y a une prise d'otage au journal. Aux premiers tirs des kalachnikovs, elle s'abrite dans un bureau voisin...



C'est ainsi que démarre cette BD, réalisée par une "survivante" du Charlie. Catherine revient sur les faits, mais surtout sur l'après : le choc traumatique et le deuil, ses idées et ses dessins qui ne reviennent que péniblement, ses difficultés à comprendre ce qui lui arrive, à ne plus vivre comme avant, son départ à la Villa Médicis en quête de beauté et de légèreté, persuadée de pouvoir "se réparer" une fois qu'elle les aura trouvées.



Catherine, même si elle n'aura pas vraiment trouvé ce qu'elle était venue chercher, va au fil des pages et bien que difficilement sortir la tête de l'eau petit à petit, comprendre les mécanismes de la guérison, remettre de l'ordre dans ses pensées et ses idées.



Tout au long du récit, elle réussit à mettre en mots ses maux. C'est ainsi qu'on peut se rendre compte que la réalisation de cette BD fait partie de son processus de reconstruction, comme une sorte de tournant dans sa vie "d'après Charlie". En cela, elle nous expose ses malaises et ses moindres ressentis. Ce n'en est que plus pertinent et percutant.



Dans son témoignage, il y est avant tout question de traumatisme, de résilience et de reconstruction. Il y est abordé la manière dont on peut continuer à vivre après de tels événements, chacun usant et utilisant ses outils propres. Catherine a cherché ses réponses dans l'art essentiellement, en quête de LA beauté telle que Stendhal l'évoque, afin de pouvoir toucher à nouveau à la légèreté de la vie en général, à son insouciance, pour continuer d'avancer. L'a-t-elle réellement trouvée ? Sans doute pas, elle a trouvé en revanche le moyen d'y parvenir sans, même si le massacre du 7 janvier sera à jamais gravé en elle.



Là où on se rend compte qu'elle va quand même mieux, c'est qu'elle est capable de parsemer un peu d'humour et d'autodérision ici et là. D'avoir bossé 10 ans à Charlie Hebdo l'y a certainement aidée également, enfin je présume. Ça n'enlève rien au côté douloureux de son témoignage, mais de réussir à nous faire sourire de temps en temps est tout de même bienvenu.



Mon seul bémol concernant cet ouvrage, ce sont les dessins et le choix de la police d'écriture plutôt brouillonne. Si l'on constate de temps en temps une jolie palette de couleurs, l'ensemble tire beaucoup dans la caricature et le grotesque, à l'effigie du journal certes mais qui ne se prête pas trop pour une BD à mon sens. Ça rend un ensemble un peu trop agressif pour les yeux.



Mais c'est quand même un chouette roman graphique, frappant et ne laissant pas indifférent.



[N.B. Ajout de dernière minute. Je me rends compte que j'ai oublié de parler des nombreuses références culturelles, comme Proust, Stendhal ou encore Beaudelaire. Des liens/parallèles/comparaisons sont faits entre les événements du moment et l'art, l'Histoire ou la mythologie romaines, amenant à des sujets de réflexion qui titillent.]

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La légèreté

Catherine Meurisse aurait du être avec ces amis de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015, mais elle est arrivée en retard. Ce roman graphique, montre l'effondrement, la colère, la culpabilité. Puis comme pour chasser l'impensable, Catherine Meurisse va se relever, en prenant de la distance pour se raccrocher, de ce que ces monstres ne pourront jamais nous ôter, notre soif de culture et par la même une forme de légèreté. Reprendre goût aux choses en s'éloignant, apprécier un lieu, un tableau, un moment de silence et de solitude, autant de manières pour mettre à terre la violence, pour sécher les larmes, pour montrer que quoiqu'il advienne la beauté tire toujours vers le haut. Son album est bouleversant, une victoire si infime soit elle sur la barbarie. « La légèreté » de Catherine Meurisse est tout simplement magnifique, indispensable.
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La légèreté

Je tiens simplement à remercier Kickou pour son conseil. Ma médiathèque n’ayant pas cette BD en stock, je l’ai achetée « instantanément » en e-book. Après Humaine, trop humaine, je me suis donc laissée tenter par cette autre BD de Catherine Meurisse, et j’en sors toute remuée, mais le sourire d’espoir au coin des lèvres.

À l’instar des vers de Charles Baudelaire « Derrière les ennuis et les vastes chagrins qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, /Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse s'élancer vers les champs lumineux et sereins », Catherine nous prouve que l’âme se laisse « attendrie et élevée » par la beauté.

Cette BD me semble très subtile et originale dans sa construction, dans son alternance entre gravité et légèreté, dans son déploiement de cette histoire (très personnelle, mais si universelle au fond) de re-construction intérieure. Je n’ai rien d’autre à rajouter si ce n’est « ne passez pas à côté ».



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Les grands espaces

Dans son appartement parisien, Catherine Meurisse dessine sur un mur une porte. Une porte qui s'ouvrirait directement sur les prés... Marchant dans un champ de tournesols, Catherine retrouve son corps d'enfant... C'est en pleine campagne, dans un village de 200 habitants, que ses parents, ayant racheté une ferme en ruine avec pour projet de la réhabiliter, ont décidé de les élever, elle et sa sœur. Pendant que leur mère plante des rosiers, que leur père envisage la future maison, les deux sœurs partent à la découverte de ce qui les entoure, aussi bien les pierres gorgées d'histoires que les animaux. Chaque découverte trouvera sa place dans le musée qu'elles ont créé tant la vie à la campagne est pleine de surprises...



Catherine Meurisse retourne sur les pas de son enfance et nous livre, tout en simplicité et émotion, quelques souvenirs de son enfance. De ses escapades à travers champs, de ses "grandes" découvertes, de la liberté dont elle jouissait mais aussi de ces lieux fertiles à l'imagination (qui la conduiront à exercer le métier de scénariste et dessinatrice de bandes dessinées). Des instants tantôt drôles, tantôt jouissifs, tantôt écologiques, parsemés ici et là de références tels que Loti, Proust, Rabelais... Un album à la fois poétique et drôle servi par un dessin sans fard aux planches garnies de soleil.
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Humaine, trop humaine

Une BD découverte grâce à la critique très complète de Presence, que je vous conseille vivement.

C'est un ensemble instructif et hilarant, cela incite à la réflexion bien entendu, tout en satirisant notre société actuelle. Mes scénettes préférées sont celle sur Aristote (cf. ma citation), « Barthes au volant, mythe au tournant », « Baudrill'art », ou bien celle sur Emil Cioran.

Le clin d'œil aux éditions « Gallimuche » qui publièrent le « lumineux » (sic !) « L'être et le néon » est aussi mémorable. Je ne connaissais pas Catherine Meurisse, mais si l'occasion se présente à nouveau, je tenterai volontiers l'expérience de lecture.
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La jeune femme et la mer

« Ami sauvage où te caches-tu ? » s’écrie la jeune dessinatrice (Catherine Meurisse herself !) venue au Japon pour peindre la nature. Mais le barrage de la langue et la méconnaissance du pays ne facilitent pas les choses. Sa rencontre avec un tanuki, sorte de raton laveur et animal emblématique du Japon, va lui sauver la mise. Il va lui prodiguer des conseils car peindre la nature n’est pas chose aisée.

On découvre l’art de peindre avec un pinceau et une pierre à encre, et la recherche d’inspiration devient un prétexte pour découvrir la culture nippone.

Réel et fantastique se mêlent harmonieusement.

La poésie est présente à chaque page avec l’évocation des paysages inspirants et le personnage énigmatique de la demoiselle Nami, proche de la nature et qui possède des dons de divination.

La narratrice devra laisser ses reflexes d’occidentale pour se fondre dans cette nature généreuse et puissante et accueillir ses mystères.

L’humour n’est pas absent avec le personnage du tanuki pou celui du peintre amateur de haïkus.

Mais ce que j’ai le plus apprécié dans ce roman graphique, ce sont les dessins pleine page de paysages époustouflants.

Une belle lecture





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La jeune femme et la mer

Ouvrage acheté pour la médiathèque dans laquelle et pour laquelle je travaille, je tenais absolument à le lire en avant-première (étant donné que c'est moi qui l'est sélectionné) avant de le cataloguer, l'indexer...jusqu'à sa mise en rayon.



Ici, nous avons le choc de deux cultures puisque l'on découvre une jeune dessinatrice française (qui n'est autre qui nous auteure-dessinatrice) qui parte en résidence d'artiste au Japon afin d'y peindre la nature. Accueilli très aimablement par celle qui sera son hôtesse, elle fait par la suite connaissance avec un autre artiste qui lui écrit des haïkus à défaut d'arriver à peindre la "Femme", et une jeune et belle japonaise du nom de Nami. Si celle(dernière se montre très avenante envers notre jeune française, elle semble parfois très mystérieuse et nostalgique et le lecteur apprendra les raisons de ces troubles en cours de récit. Une rencontre entre l'Orient et l'Occident, entre deux modes de vies et de penser qui sont totalement à l'opposé l'un de l'autre et qui pourtant, se complètent à merveille si l'on prend le temps d'accepter les différences et d'essayer de comprendre ce que l'on ne connait pas encore !



Ici, il faut accepter l'incompréhensible pour notre mode de penser trop terre-à-terre, notamment accepter de faire connaissance avec un animal - un tanuki exactement - 'espèce de raton-laveur je dirais) qui parle et qui vous offre des poils de sa queue en guise de pinceau et autres rencontres qui éveillement nos sens et connexions avec la nature !



Une bande-dessinée adulte extrêmement bien travaillé du oint de vue graphique et une histoire réellement captivante...voire un peu effrayante ou triste plutôt parfois (je fais allusion ici à l'étrange lien qu'entretient Nami avec l'océan mais à ce sujet, je ne vous en dirai pas plus afin de vous laisser dans l'ombre et vous inciter vivement à découvrir cet ouvrage qui vaut vraiment le détour). A découvrir et à faire découvrir !
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Delacroix

Catherine Meurisse s’est emparée du récit qu’Alexandre Dumas a fait de son ami et peintre Eugène Delacroix, récit auquel elle rajoute quelques espiègleries, ce qui donne une histoire graphique à la fois drôle et érudite.



Chaque épisode, chaque toile du peintre est commentée par son ami écrivain Alexandre Dumas et cette vie qui défile sous nos yeux nous permet de mieux connaitre l’œuvre de Delacroix.

De cette biographie, Catherine Meurisse façonne, pour notre plus grand plaisir, une épopée fantastique et malicieuse avec quelques trouvailles comme ces remarques anachroniques glissées dans ses dessins.

Cela fourmille d’anecdotes et, sous la plume de Dumas, on comprend mieux le génie du peintre.



« Il découvrit donc, plusieurs années avant monsieur Chevreul, la loi du contraste simultané des couleurs. Sa théorie, claire en sortant de sa bouche, le devient beaucoup moins en sortant de la mienne. »



Mais pour ce qui est le la couleur, Catherine Meurisse nous en met plein les mirettes en reproduisant avec sa patte les grandes œuvres de Delacroix et elle le fait sur une, voire deux pages pour retrouver la sensation des œuvres immenses du peintre. Et c’est époustouflant.

Ainsi « La mort de Sarnadapale » qui décrit le suicide du roi d’Assyrie et qui sera vivement critiqué par l’Académie, Ingres en tête, lors du salon de 1827.



La verve de Dumas met de la couleur dans la vie de Delacroix, souvent critiqué de son vivant, parfois oublié, mais dont les toiles se sont arrachées après sa mort. C’était un coloriste exceptionnel et précurseur, préférant la recherche de la couleur, la lumière à la précision du trait.

Le texte de Dumas nous plonge dans une époque où les artistes se côtoyaient, s’entraidaient ou bien se détestaient. Il sait, d’un trait rapide, peindre le caractère de son ami et peintre.



« J’ai simplement voulu, par quelques anecdotes, en grande parti inconnues, je crois, vous faire connaitre l’individualité de l’homme plus que le talent de l’artiste. »



Cet album, qui nous fait découvrir à la fois un grand écrivain et un grand peintre du XIXe siècle, éclate de couleurs et de fantaisie, et c’est très plaisant à lire comme à regarder.



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La jeune femme et la mer

Tout d'abord, je tiens à préciser que j'ai toujours eu de l'admiration pour Catherine Meurisse qui a vu ses amis et mentors mourir dans l'attentat de Charly Hebdo du 7 janvier 2015. Je me souviens de la parution de la légèreté qui évoque la reconstruction d'une femme survivante après cette terrible tragédie.



L'auteure part cette fois-ci au Japon pour trouver un élan artistique. Elle y trouvera de magnifiques paysages en se plaçant sous le signe de la nature. Il y aura également des éléments du folklore de l'archipel nippon dans ce conte à dimension philosophique.



On oscille entre la poésie et l'humour dans un décor de carte postale à l'estampe. Je dois dire que j'ai apprécié cet esthétisme résolument moderne. Certes, c'est assez minimaliste dans le dessin mais pour une fois, j'aime cette simplicité du trait épuré qui est baigné par de vives couleurs donnant de l'éclat à l'ensemble.



J'ai eu du mal à suivre ce scénario qui devient un peu alambiqué sur la fin. Cela ressemble plus à une errance qu'à un schéma constructif avec une intrigue claire. Bref, on fait des rencontres au gré d'un voyage initiatique dont le thème est la place de l'homme dans la nature ainsi que l'instant de la contemplation.



Au final, une lecture douce et apaisante entre beauté, délicatesse et sensibilité et une pointe d'humour.

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La légèreté

Quand la vie se fait plus lourde tout à coup, qu'on n'y perçoit plus la beauté, la légèreté, que reste-t-il ?



C'est ce qui arrive à Catherine Meurisse, dessinatrice de presse à Charlie Hebdo, au lendemain de la tragédie.

Rechercher l'amitié et la culture pour ne pas sombrer, trouver quelque chose de plus fort que la violence pour faire pencher la balance du côté de l'espoir, de la vie.



La violence est aussi dans l'art, mais elle y est sublimée, comme pour l'anéantir.

Continuer à sublimer la vie, même lorsqu'elle est laide, se moquer de tout pour contrer la peur, donner du poids à cette légèreté, se grandir avec les épreuves.
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La jeune femme et la mer

Voilà un cadeau de Noël comme je les aime !



La jeune femme et la mer est un ouvrage coloré, poétique, lumineux, dépaysant qui invite au voyage et me rappelle de beaux souvenirs en pays nippon.

La jeune femme et la mer est une quête.

Une quête d'inspiration.

Une quête d'expiration.

Une quête de respiration.

Une quête de Beau, de Pur, de Nature.

Une invitation au calme et à la contemplation (Tiens, tiens... J'ai écrit les mêmes mots dans ma chronique précédente... Ne serait-ce pas le signe d'un besoin fondamental qui se rappelle à moi en cette fin d'année ?)



Lors de sa résidence à la Villa Kujoyama à Kyoto, Catherine Meurisse s'est laissé interpeller par les curiosité japonaises, des plus terre à terre aux plus oniriques : toilettes musicales, croyances ancestrales, constructions étranges, personnages hauts en couleur, rites mystérieux...

Et au coeur de ses pages, elle nous partage ses émotions et découvertes avec simplicité et générosité.



Je suis restée longuement en admiration devant les paysages à couper le souffle si bien peints par l'autrice.

L'histoire est à mon avis secondaire, les événements quotidiens nous invitant tous à nous poser, nous questionner, faire le vide, respirer, admirer et nous émerveiller.



La jeune femme et la mer est un petit bijou qui fait un bien fou en cette période de pandémie où la Beauté est plus que jamais essentielle à notre équilibre.
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La légèreté

La légèreté, c’est tout le contraire de ce traumatisme qui pèse sur les épaules de la dessinatrice Catherine Meurisse. Cette douleur lui est tombée dessus exactement le 7 janvier 2015, jour de l’attentat à Charlie Hebdo. Elle aurait dû se trouver avec ses collègues et amis, mais ce jour-là, un retard bienvenu lui a fait rater le rendez-vous avec la mort.

Cet album retrace son cheminement vers la résilience, car il n’est pas facile de reprendre le crayon après un tel drame. Par petites touches pleines de tendresse où l’humour s’invite, elle nous raconte ce chemin de croix où l’entourage ne comprend pas toujours ce qui lui arrive. Nuits de cauchemars, dégoût de la vie et cohabitation avec les policiers de sa garde rapprochée, Catherine Meurisse croque tout cela d’une plume authentique.

On la suit dans ses pérégrinations de reconstruction, de la mer à Cabourg en passant par la Villa Médicis qui l’accueille, le musée du Louvre qui l’apaise et les séances chez le psy qui l’aide à se reconstruire. Le parcours vers la résilience de Catherine Meurisse se termine face à l’immensité de l’océan.

Un récit beau et poignant qu’il faut lire pour ne pas oublier la barbarie et le parcours douloureux des victimes.



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Les grands espaces

Catherine Meurisse frappe assez fort avec les grands espaces. C'est le retour à l'enfance mais surtout à la campagne où il existe un autre art de vivre. Elle retourne dans le Poitou au milieu des années 80, une région où elle y rencontrera également sa dinde au détour d'un discours politique assez basique.



J'ai bien aimé car ce n'est pas exempt de critiques constructives également vis à vis de la campagne qui se compare à la ville avec ses avantages et des défauts. Et puis et surtout, il y a l'intensivité de l'agriculture qui a changé le visage de nos campagnes avec ses nouvelles méthodes de production et ses pesticides.



Il y a un doux parfum de nostalgie qui se dégage d'une telle œuvre qui prône un peu le retour aux sources. L'humour est également omniprésente avec cette touche de légèreté. Pour autant, j'ai trouvé qu'il y a une véritable profondeur de la pensée avec une rare intelligence dans les propos. J'ai véritablement été séduit par cet album et pourtant, ce n'est pas mon genre de prédilection.



Un mot sur le dessin pour dire qu'il est clair et lumineux mais également dynamique et assez expressif. On prend plaisir à la lecture. De belles couleurs égayent le tout.



Bref, au final, nous voilà avec une BD autobiographique drôle et sensible mais surtout assez sympathique qui pourrait très bien s'offrir comme un beau cadeau de Noël. Avis aux amateurs !
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La jeune femme et la mer

Quand la dessinatrice Catherine Meurisse arrive en résidence d'artiste à la villa Kujoyama à Kyoto et quand on lui demande pourquoi elle est là, elle répond qu'elle aimerait peindre la nature.



Mission plus que réussie, ai-je pensé, en découvrant les magnifiques paysages japonais pleine page au fil de l'histoire de son dernier album, La jeune fille et la mer, qui vient de paraitre aux éditions Dargaud.

Mais au delà de l'aspect esthétique (qui est tout de même, ce qui fait que j'accroche d'abord ou pas à une bande dessinée), j'ai aimé le regard décalé de Catherine Meurisse (le nôtre par rebond) face à une langue, une culture, un art difficile à appréhender et plein de mystères.C'est donc dans cette découverte d'une autre façon de penser, de vivre, d'être artiste que nous l'accompagnons quand elle s'aventure aux abords de la résidence d'artistes et qu'elle rencontre un tanuki (esprit de la forêt aux allures de chien viverrin), un poète en panne d'inspiration, une tenancière d'auberge thermale.



Catherine Meurisse, à mesure qu'elle s'imprègne des lieux et de l'atmosphère, dessine un Japon contrasté (beauté de la nature et murs anti-tsunami rappelant les catastrophes climatiques,) un Japon à la fois moderne et ancestral, un Japon qui s'appuie sur les grands noms Hokusai et Miyazaki tout en affirmant une voix unique, tant esthétiquement que par son humour toujours présent.



Un album d'une grande beauté qui confirme tout le talent de cette immense bdéiste!!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Delacroix

Cette bande dessinée très originale à l’humour ironique et bravache, retrace le parcours atypique d’Eugène Delacroix, peintre scandaleux, artiste engagé malgré lui, chef de file du romantisme, qui met en exergue les sentiments comme les couleurs.



Je découvre avec joie dans une composition intelligente combinant textes plein d’esprit et superbes reproductions de ses toiles, ce peintre controversé qui a suscité le fanatisme aussi bien que des critiques acerbes du milieu de l’art.



Delacroix n’était pas un peintre régulier, il ne rentrait dans aucune case et en réalité était plus un coloriste qu’un dessinateur.

Delacroix mettait à mal les conventions de la peinture, préférant appuyer l’intensité des couleurs, les contrastes de la lumière, plutôt que le sujet.



On n’en retrouve l’influence d’aucun maître, sa peinture c’est lui, unique !

Son génie se ressent dans l’harmonie des tons, dans la vérité des mouvements, dans l’originalité de la pose.



Ces tableaux sont étincelants de couleurs et profonds de sentiments.

Son œuvre est étrange et magique et donne le vertige de la couleur.



La bande dessinée invente sans cesse de nouvelles façons de narrer des histoires. Alexandre Dumas et Catherine Meurisse, grâce à leurs styles très personnels et audacieux nous enchantent avec anecdotes, histoire et patrimoine.



La forme raconte le fond et offre une expérience de lecture unique, intense et sensible.



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Humaine, trop humaine

Club N°51 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique

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Exercice difficile, partager un peu de philo des « penseurs » historiques et rendre ça intéressant, drôle et original.



Et le long de ces quelques 100 pages, l'exercice est réussi, l'auteure se mettant en scène de temps en temps face à certaines pensées qui nous apparaissent maintenant un peu ubuesques.



C'est rafraîchissant, pas si léger que le format laisse paraître et ça donne le sourire.



Belle découverte.



Greg

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De belles leçons de philosophies racontées avec humour et synthèse !



Mano

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Une double page pour présenter un philosophe, un écrivain...



N'ayant pas toutes les références, je me suis un peu (beaucoup) ennuyée.



Le dynamisme du dessin de Meurisse est toujours aussi rafraîchissant !



Morgane N.

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J'ai beaucoup aimé l'humour de C. Meurisse dans la présentation des philosophes.



Nolwenn

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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La légèreté

La légèreté, c'est ce chemin qu'a entrepris la dessinatrice Catherine Meurisse, qui travaillait depuis dix ans à Charlie Hebdo. Ce matin-là, celui du fameux 7 janvier 2015, elle n'a pas entendu le réveil sonner. Un chagrin d'amour, une rupture la veille, le film qu'elle a sans doute ressassé tout au long de la nuit dans sa tête dans ses rêves tous chiffonnés.

Alors, elle est arrivée en retard à la rédaction et c'est ce qui l'a sauvée. Mais comment se reconstruire de ce choc effroyable, ce cauchemar insensé ? Comment vivre, revivre, survivre, tenir debout après ce massacre, l'horreur sidérale ?

Les premières pages commencent au bord d'une plage. Son corps est absent et ses yeux vivent, semblent vouloir s'échapper.

Ici l'humour rattrape toujours la peur de tomber dans ce surplus d'émotion qui pourrait donner l'impression d'étouffer. Ne serait-déjà que dans la préface touchante de Philippe Lançon, autre survivant bien présent ce jour-là au milieu du massacre : « Il faudrait toujours se séparer la veille d'un attentat, ça permet d'échapper par la déprime au devoir d'y assister » ...

La vie se fait lourde, avec ce fardeau qu'il faut porter désormais. Comment s'alléger de ce poids ? Catherine Meurisse n'y arrive pas au début.

C'est comme un entêtement qui revient, tout lui revient ce temps d'avant, ses débuts à Charlie Hebdo, les blagues de Charb ou de Wolinski, les conseils artistiques de Bernard Maris. L'événement aussi, forcément... Il revient sans cesse comme un écho assourdissant. Pas un jour, pas un rêve, pas une respiration sans y penser... Même l'air qu'elle respire devient suffocant.

Comment guérir ?

Catherine Meurisse s'en va à Cabourg à la revue éperdue de la petite madeleine de Proust, puis à Rome, à la Villa Médicis, sur les traces de Stendhal... Elle veut vivre, sentir le syndrome de Stendhal comme un électrochoc qui pourrait enfin la réveiller de cet enfermement, ce syndrome qui dit qu'un excès de beauté déprime...

Elle s'en va dans le vent, dans le soleil, dans la pluie, dans les rues, dans les jardins de la Villa Médicis, parmi les statues de la Rome antique...

Cette déambulation est particulièrement touchante, m'a touché, autant dans le dessin de cette silhouette fragile ballottée par son destin, que par le propos du récit, son chemin, le fil qui sous-tend tout cela. C'est-à-dire survivre, puis guérir, prendre son envol, donner du sens à ce qui reste après cela...

Ce sont ces statuts inertes, abimées, cassées, amputées, figées dans leur histoire, qui lui donnent des ailes, l'aident à se soulever du sol, lui apprennent l'apesanteur. Comme c'est beau la légèreté dans l'apprentissage !

Alors, elle avance, dessine, se dessine, c'est magnifique, c'est superbe, dans cette déambulation légère et parfois cocasse, elle réussit ce tour de magie d'inviter Stendhal à une balade et de déambuler, converser avec lui parmi les statues antiques.

Catherine Meurisse a cette force de convoquer Bach, Baudelaire, ou Vélasquez, quasiment dans la même planche et sans que ce soit lourd. Forcément, c'est ainsi quand on parle de légèreté et qu'elle vient dans les mots et le dessin...

Et puis, il y a toujours une petite phrase décalée, amusante, une bulle d'air, une respiration dans le chemin qu'il reste à parcourir...

Dans cette BD, nous entrons dans l'intimité de Catherine Meurisse, nous entrons dans la chambre où elle dort tout d'abord, nous entrons sur cette page où elle marche silhouette fendue dans le vent. Nous entrons dans ses pas, dans ses pensées, dans ses mots, dans ses doutes, dans ses peurs, parmi les ruines de Rome, dans les ailes aussi qu'elles déploient et alors nous devenons peut-être aussi légers qu'elle. Enfin, je ne sais pas, je rêve que c'est peut-être comme cela la légèreté après tant de violence et de malheur... En attendant, je me laisse porter encore un peu par l'émotion du récit, c'est vrai, je me sens léger comme si le fardeau de tous les bruits dérisoires de l'existence me quittait, comme une transpiration salvatrice...

Alors, il ne reste plus que cette inconsolable légèreté de l'être...
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