Très chère Betty,
Je suis subjuguée. Je suis anéantie. J’ai été littéralement hypnotisée par votre histoire. Une vie jalonnée de pertes, d’abandon, de souffrances et même de négligences dès votre plus jeune âge. Une mère perdue, son absence d’amour et d’attention pour sa petite fille, celle que vous avez été, celle qui a tant désiré la surprendre, l’étonner… Comment une mère peut-elle dire à sa petite fille qu’elle n’est pas belle ? « Une mère poison. »
Et puis il y a eu Simon, que vous avez rencontré, perdu de vue puis retrouvé. Vous vous êtes tant aimés, amour duquel est né votre petit Raphaël. Un sublime petit garçon, en admiration face à son grand-père, qui sous son coup de crayon imagine et dessine des maisons… Mais le destin en a décidé autrement en emportant avec lui votre Simon, à tout jamais.
» Voilà ce qu’est devenue la vie de Betty Songe, mise à l’abri des tracas matériels par un mari qui savait trop bien que tout peut arriver, qui avait vu tant de choses, tant de dégringolades dont on ne se relève pas, qu’il avait tout prévu. Tout. Mais pas cela. »
Alors pour encaisser la dureté et l’enchaînement des évènements, l’alcool fut votre refuge, pour vous faire plonger dans l’abîme, anéantir vos souffrances, combler ces vides béants… Malgré l’état second dans lequel vous mettaient vos ivresses, vos moments de lucidité vous renvoyaient une image de vous, insupportable à vos yeux. Boire fut votre punition.
« Je me suis dirigée vers le troisième inévitable affront : le miroir de la salle de bains. »
« Détruire cette odeur, presser à chaud la chair imbibée de honte. »
Vous êtes une femme comme les autres. Avec ses forces et ses faiblesses, que nul ne peut se permettre de juger, sans avoir conscience de ce que vous avez traversé. Votre passé a été si bousculé…
« Une maman estropiée, cabossée, amnésique… »
« Ce que j’étais devenue était la conséquence de trop de silence. »
A force de secrets, de sujets tabou et cachés, comme il doit être difficile de se construire.
Mais vous savez, à travers vos souvenirs, qui remontent à la surface telles de petites bulles d’air sortant de l’eau, vous avez aussi ravivé les miens, comme celui-ci par exemple : « Parce que l’éponge à ardoise, ça ne sent pas bon, pas comme le petit pot de colle à l’amande. Même la machine avec la manivelle pour faire les polycopiés sent meilleur. On y met de l’alcool à brûler, je crois, ça bave un peu sur le papier, il faut souffler dessus et l’odeur reste collée longtemps aux mots. »
Ce livre est un bijou, d’une puissance fulgurante, d’une force similaire à celle d’une glycine, capable d’exploser les murs les plus durs. Une leçon de résilience ! Intense.
Cathy Galliègue, je vous déclare titulaire d’un deuxième coup de coeur, après celui que je vous avais déjà décerné pour votre fabuleux « La nuit, je mens ».
Si ce n’est déjà fait, découvrez vite la sublime plume de cette auteure hors du commun !
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