AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782021447897
288 pages
Seuil (01/10/2020)
4.29/5   69 notes
Résumé :
Trois femmes sont incarcérées dans la même prison. C’est là, dans la bibliothèque du centre pénitentiaire, que Pascale, Vanessa et Leïla se rencontrent.

Captives de leur condition humaine et des préjugés, elles ont chacune une manière différente de vivre leur détention. Il y a celle qui se pose en redresseuse de torts, celle qui voudrait faire oublier le sort réservé à ses bébés, celle qui imagine que les livres les sauveront toutes les trois. Sensibi... >Voir plus
Que lire après Contre natureVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
4,29

sur 69 notes
5
18 avis
4
10 avis
3
2 avis
2
1 avis
1
0 avis
Son procès a été fortement médiatisé, on l'a vue à la télé, on l'a entendue pleurer. Parce que, par huit fois, elle tué ses enfants. Des enfants qui n'ont même pas eu le temps de crier. Des enfants dont le père n'a jamais soupçonné l'existence. Parce que cachés dans un corps imposant. Déclarée coupable, Pascale va bientôt se retrouver derrière les barreaux. À la prison, nombre de femmes l'attendent, celle que déjà, elles surnomment "le monstre". Prêtes à lui faire la peau. Vanessa la première. Forte en gueule, la cheffe de meute compte bien lui en faire voir. Et c'est d'un oeil presque indifférent que Leïla observe ses codétenues. C'est dans les locaux de la bibliothèque, où travaille cette dernière, que les trois femmes, que tout semble opposer, vont peu à peu se rapprocher...

Trois femmes dans les couloirs d'une prison. Trois femmes au passé difficile. Pascale, qui a tué ses huit enfants sans que jamais personne ne le sache* ; Leïla, femme révoltée qui croit en la puissance des mots et dont on découvre, au fil des pages, les raisons de son incarcération et, enfin, Vanessa, surnommée "Paradis", jeune femme victime pendant de longs mois de viols à répétition dans les caves de la cité. Ces trois femmes, bien que condamnées pour des faits graves, nous émeuvent, nous touchent dès les premières pages. Car, sous la plume, intense et percutante de Cathy Galliègue, elles prennent vie et forme, se métamorphosent, se révèlent et, sous nos yeux, nous paraissent non pas des femmes répréhensibles mais des victimes (de la société, des hommes...). de l'incompréhension à la compassion, en passant par la révolte, la stupeur ou encore l'empathie, c'est tout un flot d'émotions qui nous submergent au fil des pages. Des pages que l'on parcourt le coeur serré...

* L'auteur s'est inspiré de l'histoire de Dominique Cottrez, accusée d'avoir tué huit de ses nouveau-nés entre 1989 et 2004.
Commenter  J’apprécie          7015
C'est l'histoire de trois femmes , trois destins , trois souffrances incarcérées dans la même prison: à travers ces portraits l'auteure dépeint l'univers carcéral féminin dont on connaît très peu de choses.

La prison : un monde imbibé d'un chagrin gris, âpre, poisseux ,semblable à un hiver glacé , ni perspective , ni âme , indigent, au néant quotidien absolu!

Trois monstres ou trois femmes déglinguées par leur parcours de vie?

Tout d'abord Pascale: Elle traîne son corps difforme, ce trop plein qui déborde ,tout ce gras accumulé depuis l'enfance cette relation avec son père «  A sa façon, ? , alcoolique et incestueux , engraissée au saindoux dans le biberon , par une mère froide et autoritaire , mère de deux grandes filles , humiliée par une sage femme lors de son premier accouchement , épouse d'un homme silencieux, ces horreurs suffisent - elles à expliquer l'impensable ,un geste répété huit fois, l'infanticide de ses nouveaux- nés ?

Puis Vanessa, incarcérée pour proxénétisme , qui encaisse , des années durant, oublie son enveloppe corporelle, sa vie est une cellule verrouillée à jamais , disloquée , en miettes, éteinte , alors elle dessine , elle lit.

Leila , la femme meurtrie, épouse d'un mari odieux , hargneux, menteur , maltraitant psychologiquement jusqu'à l'absurde , muselée, soumise, sous l'emprise , elle a appris pendant 24 ans à ne plus s'appartenir , il l'a vidée de sa substance ....

Elle est stérile, le ventre vide, son mari , Jean, la manipule, l'isole , l'humilie ,la violente jusqu'au jour où elle commet l'impardonnable .
L'auteure décrit l'indicible , pose un regard , bouleversant d'humanité sur ces trois femmes, à l'aide d'une écriture sans pathos , pleurnicherie , compassion , à travers l'écriture elle fait ressortir leur part d'humanité.
La littérature va leur permettre de se raconter enfin, prendre la parole.
Dire. Oser.Se dépasser. Raconter. Se livrer . Au cours d'ateliers d'écriture ...

Mettre des mots sur leurs vies brisées , rebondir, pour nous émouvoir .
Afin que l'on comprenne !
Des MOTS PRÉCIEUX, qui aident, qui soignent , tout doucement , menant peut - être à la résilience et à la reconstruction !
Un récit magistral tout en sensibilité , dignité , intelligence du coeur, force d'écriture incroyable.
Une émotion forte , très forte, incommunicable , incommensurable, nous étreint , nous lecteurs !
Je ne suis pas prête d'oublier cet ouvrage !
Grand merci à Gildas , qui m'a fait acheter ce livre CHOC !
Commenter  J’apprécie          508
Quel est le point commun entre Pascale, Vanessa et Leïla ?
La taule.
La zonzon où tout espoir d'ailleurs est désormais réduit à une portion congrue emmurée de quelques mètres carrés bitumés pudiquement désignée promenade.
Coupables, elles le sont, aux yeux de la loi.
Dura lex, sed lex, qu'y disaient.
Ces trois naufragées involontaires en sont la triste illustration.
Aussi différentes de caractères que le sont leurs crimes, rien ne prédisposait à un rapprochement commun.
Puis survint l'élément déclencheur, Leïla, et son appétence livresque et scripturale qu'elle sut transmettre pour finalement faire éclore ces Phénix magnifiques avides de pureté et d'innocence retrouvée.

J'ai adoré découvrir le parcours chaotique de ces trois femmes aux destinées finales tristement prévisibles.
D'une pudeur et d'une justesse folle, Cathy Galliègue décortique admirablement le processus ayant accouché de ces vies sans joie pour en faire des femmes broyées par leur éducation, conjoint et autre environnement castrateur de bonheur.

Bouleversant d'humanité.
Commenter  J’apprécie          5311

‌Un texte sobre et court visant avec la ténacité d'un missile tête chercheuse son sujet, l'emprise. Ses multi-sujets même, puisqu'on y côtoiera force questions philosophiques et une large palette du nuancier des émotions.

C'est un beau travail d'auteur, qui va nous prouver que la force d'un roman c'est de retourner son lecteur à son insu et substituer la compréhension au jugement tout prêt , le sandwich-triangle de la pertinence. Comprendre l'inexplicable.
L'instant T du procès , forcément tronqué, partial, sous-alimenté, ne peut être qu' une pâle caricature de la complexité de vies qui se sont télescopées pour le pire et l'extra-moche.


Ces 3 existences piétinées, l'auteur nous en reconstitue progressivement la genèse, et y insuffle habilement la densité émotionnelle qui nous fait plonger dans le film de leur vie, remontant parfois sur les 25 dernières années.
Une honte intime, extrêmement profonde et intense, les a tout d'abord tétanisées avant de les faire disparaître comme personnes.

Bien sûr que la justice ne peut que tâtonner à tenter la même chose avec ses moyens rigides. Quel archaïsme aussi que les audiences publiques, ou de manière plus générale la publicité morbide faite autour des faits divers, forçant probablement des décisions à la main lourde pour satisfaire la meute scandalisée et bête. Bête parce que se croyant ontologiquement du bon côté de la vitre, éloigné de tout trébuchement, tout danger écarté de se prendre les pieds dans le grand tapis de la vie.


Sur ces 3 vies qui comparaissent, la justice a malencontreusement oublié de nombreux protagonistes, tous ceux, bien planqués, qui ont bousillé avec constance des enfances aux joues rebondies et des jeunesses pétulantes et confiantes.
Sur ces cas précis en tout cas, la justice lâche la proie pour l'ombre : la personne qu'elle tient sous son projecteur n'est là que parce que d'autres ont fait de sa vie du petit bois. La frontière de la culpabilité est mouvante, friable, et repose mal à propos sur les épaules d'un seul.


L'auteur achève sa mise à nu en faisant apparaître l'éthique cachée de ces femmes, en particulier la loyauté. Une source qui les fera parfois se torpiller elles mêmes dans leur défense , car dire ce serait trahir , trahir quelqu'un qui , là encore, a échappé à la focale du Grand Jeu de la Vérité et de ses toges noires. A ce moment, oui, on pivote et on se reconnaît semblable à ces 3 femmes, comme nous partagées entre des forces contraires , commettant des erreurs énormes et tragiques mais aussi porteuses d'une pulsation vers l'autre que personne ne pourra leur ravir.

Et on se dit que la véritable différence entre elles et les autres, c'est plus la malchance, le karma social, et non une différence intrinsèque. Une question nous taraude alors : y-a-il une différence de nature entre celles qui ont tué, déraillant après des années de sévices, et les meurtres en série qu'un Etat nous somme de commettre en temps de guerre ? ou le génocide à grande échelle des abattoirs ? Si toute vie est sacrée, ce sont surtout les conventions d'une civilisation qui statuent sur les meurtres autorisés et ceux qui ne le sont pas.

L'éternel grand absent des tribunaux c'est aussi l'Inconscient. Il rôde tout au long du texte , de son vol lourd , le Grand Mwouhahah, qui nous téléguide tous, la seule variation étant la position du curseur entre petit pet-au-casque mignonnet et pet-au-casque totalement barré, toutes les nuances restant finalement dans les frontières de l'Homo Petaucasquus, grand vainqueur incontesté de l' Évolution. Une fraternité qui nous prend par surprise, donc, la dernière page refermée sur ces vies bouleversées et qui prennent aux tripes.

j'ai beaucoup apprécié aussi les 2 dernières pages, plaisamment irrévérencieuses, et qui claquent le beignet à la dernière bien-pensance qui nous resterait.
Commenter  J’apprécie          437
Trois femmes détenues, Pascale, Leïla et Vanessa, participent à un atelier d'écriture au cours duquel elles vont se livrer par écrit. Nous allons connaître leur histoire, leur personnalité et ce qu'elles ont fait pour en arriver là. ● Je vais aller à contre-courant de la majorité babéliote car ce roman ne m'a pas plu, même si le style de l'autrice présente des qualités. ● Je trouve que seul le personnage de Pascale réussit vraiment à s'incarner dans ce récit. Ceux de Leïla et de Vanessa ne me paraissent pas suffisamment caractérisés, au point que je les ai confondus pendant presque tout le roman, sauf à la fin, quand on apprend la raison de leur détention. ● Ce qui me chiffonne surtout c'est que l'autrice a pris trois personnages non pas de criminelles mais de victimes pour camper ces détenues. C'est paradoxalement ce statut de victime qui les a amenées en taule. Aussi on ne peut qu'être dans une empathie complète avec elles et furieux contre ce système judiciaire, et plus globalement cette société, qui les a mises là. Il aurait été beaucoup plus fort de faire compatir le lecteur envers de véritables criminels. ● C'est aussi une manipulation que de laisser croire que les prisons sont remplies de victimes. On condamne aussi et, à vrai dire, surtout, des criminels.
Commenter  J’apprécie          492

Citations et extraits (55) Voir plus Ajouter une citation
A six ans, j'étais une petite fille au babil enjoué qui racontait, commentait, posait des questions, beaucoup de questions. Je n'avais pas encore été frappée par la loi du silence qui régnait à table. (...)
Un soir, je devais avoir été plus bavarde encore que d'habitude, il [le grand-père] a claqué un grand coup de pogne sur la table, il a fixé ma mère avec ses yeux furibards et il a balancé comme ça : "T'étais obligée de la pondre, celle-là ? Les filles, à part causer, ça sert à rien ! Quand j'étais gosse, moi, une fille qui naissait à la ferme elle finissait aux cochons. Ni vue ni connue. Bon débarras !"
Et il a fait glisser son assiette en travers sur la toile cirée, en direction de ma mère, signe qu'il voulait du rab. Ma mère s'est levée et l'a servi. (...)
Papa lui a dit qu'il ne pouvait pas raconter des choses comme ça devant la gamine. "Ben si, j'peux, la preuve et ferme-la, chuis ton père nom de Dieu !"
Commenter  J’apprécie          121
Oui, c'était la cité, c'était laid, et les mômes dont elle avait partagé la cour de récréation en maternelle, en primaire, un peu au collège, et plus du tout au lycée, n'étaient plus qu'une bande de petits charognards, qui se regroupaient pour se prouver, entre eux, qu'ils étaient devenus des durs, des vrais.
Se cultiver ne faisait pas partie de leur plan de carrière. Il leur fallait de la tune, vite fait bien fait, parce que jusqu'à preuve du contraire, Kafka, c'était pas une marque de baskets et c'était sûrement pas en se remplissant le crâne de trucs inutiles qu'ils poseraient leurs fesses pas finies dans le siège baquet tout cuir d'une belle BM.
Ils dealaient, donc. Et ils violaient, pour se détendre.
(p. 28)
Commenter  J’apprécie          112
On peut tout se permettre avec les gros. Leur faire la morale à la cantine, les insulter s'ils grignotent dans la rue, leur donner des surnoms atroces, se foutre d'eux s'ils font du vélo, les tenir à l'écart, leur donner des conseils de régime, leur dire de se taire s'ils prennent la parole, éclater de rire s'ils avouent qu'ils aimeraient plaire à quelqu'un, les regarder en faisant la grimace quand ils arrivent quelque part. On peut les bousculer, leur pincer le bide ou leur mettre des coups de pied : personne n'interviendra.

[Vernon Subutex, tome 1, Virginie Despentes]
Commenter  J’apprécie          130
J'aurais aimé être une émouvante [...] C'est ainsi que je nomme les femmes qui possèdent la beauté pas tapageuse, pas saute au paf, pas saute aux yeux, une beauté rare parce qu'elle ne ressemble à rien. Une émouvante mystérieuse qui ne joue pas la belle. Les jolies filles jouent presque toujours un jeu superficiel dans des décors de carton-pâte, avec lumières artificielles et filtres Instagram. Elles s'aiment elles-mêmes, bouche en cul-de-poule et teint lissé. Elles sont belles comme tant d'autres. Les émouvantes sont en accord avec la nature, elles sont la nature, fondues dedans, herbes sauvages, gracieuses, insaisissables, pour les débusquer il faut y regarder de plus près, et alors on ne peut que s'émouvoir.
Commenter  J’apprécie          82
- Alors, tu la balances ta surprise ?
- OK. Je vais te mettre dans la confidence, mais tu gardes ça pour toi, parce que les autres ne sont pas au courant, et que je ne suis pas supposée divulguer le pot aux roses.
- Le pot aux roses ? C'est quoi ce truc de ieuv encore ?
- Vanessa, Vanessa... Tu sais, de certains animaux, on dit qu'il ne leur manque que la parole. Toi, c'est le contraire. Quand tu ouvres la bouche, tu te gâches. Quel dommage !
Commenter  J’apprécie          110

Videos de Cathy Galliègue (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Cathy Galliègue
Après des débuts professionnels dans le monde scientifique, en passant par la télévision en tant que présentatrice sur la chaîne de télévision Guyane 1ère, Cathy Galliègue se consacre désormais à l'écriture.
L'occasion de découvrir son profil atypique en vidéo !
Pour découvrir son dernier ouvrage, Contre nature, aux éditions du Seuil, c'est par ici : https://bit.ly/3aTdWYw
#CathyGalliegue #Roman #Litterature #LitteratureEtrangere #ParolesdAuteurs #interviewGibert #GibertMonLibraire #EditionsduSeuil
Nous suivre sur Facebook : Facebook.com/GibertOfficiel Nous suivre sur Instagram : instagram.com/GibertOfficiel
+ Lire la suite
autres livres classés : prisonsVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (186) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3663 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}