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Citations de Cédric Ferrand (79)


Méhoudar commence à regretter son élan de compassion envers Yakov. Le vieux le colle comme un petit chien et l'abreuve de ses fines analyses sociopolitiques.
"Le communisme, c'est pas déshabiller Piotr pour habiller Pavel, pas du tout. Parce qu'au final, Pavel a chaud et Piotr a froid, ça marche pas mieux qu'avant. Le truc pour que ça fonctionne, c'est de juste déshabiller Piotr pour qu'il ait aussi froid que Pavel. Là t'es vraiment égalitaire."
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Vecker ne s'arrêta pas d'un coup, il laissa continuer la formule et les gestes, ralentissant progressivement la cadence avec l'air de croire qu'il fallait y aller mollo même pour freiner la magie. Après tout, quand un acrobate jonglait avec des œufs, il n’arrêtait pas son tour soudainement quand les œufs volaient encore dans les airs. C'était pareil avec les mots d'un sortilège : il fallait les rattraper avant qu'ils ne s'écrasent à terre et se brisent.
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Avec tout ça, maester Pruken avait consulté ses bouquins qui sentaient la poussière et l'intelligence écrite.
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Wastburg n’existait pas pour rien : c’était justement parce qu’elle sortait de cette sauvagerie chevaleresque que cette cité était si plaisante à vivre.
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— La seule fois où ils l'ont éteint, ce truc, c'est quand les indépendantistes ukrainiens ont fait sauter leur centrale de Tchernobyl. Ça a comme qui dirait mis fin à la guerre, pas vrai, Méhoudar ?
— On était déjà en train de se replier, en fait. Enfin, je dis "on", mais moi j'étais en convalescence à ce moment-là.
— Tu veux dire qu'ils ont quand même fait sauter ce truc, alors que ce n'était pas nécessaire ?
— Les Européens les avaient armés, il fallait bien qu'ils marquent le coup en utilisant leurs joujoux. Pripiat, la ville voisine, avait été évacuée depuis longtemps à cause des snipers. Et la centrale était vieille, de l'avis de tous. Ça allait coûter des milliards de roubles pour la démanteler. En la faisant sauter, ils nous ont montré qu'ils étaient prêts à tout. Et en plus, ils ont reçu des subventions de l'Europe. Ceux qui reconstruisent en ce moment, c'est des Espagnols ou des Hollandais. Un contrat énorme. Ils ont dit par la suite que c'était nous qui avions fait sauter la centrale nucléaire, par vengeance, mais en vérité, l'ordre venait de Bruxelles, pas de Moscou.
— Bah, au final les retombées radioactives ont été pour leur pomme. J'ai vu la carte météo à la télévision d’État : le vent a poussé tout ce merdier par chez eux. Et pas un nuage chez nous.
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La cagoule du bourreau n'était pas faite pour protéger son anonymat. Elle servait à cacher sa jubilation ou son dégoût, quand il fallait employer les grands moyens. Personne n'avait envie de voir un bourreau pleurer en zigouillant lentement un gamin de l'âge de sa fille parce que le petit avait perdu le sens de la mesure. On ne dormirait pas bien si on se rendait compte à quel point le bourreau jouissait quand il s'acharnait sur un vrai fils de pute, un qui méritait bien son écartèlement. Il fallait mieux que ça reste enfoui derrière un masque, loin des yeux. Pour le bien de tout le monde.
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C’est ce que je me tue à te répéter : il faut élaguer. Wastburg, c’est comme un arbre : des fois vaut mieux couper les vieilles branches pour permettre aux repousses de lui donner une seconde vie. Sur le coup ça fait mal au cœur de scier les branches qui ont l’air en bonne santé, c’est sûr, mais faut faire ce qui est bon pour l’arbre, sinon il finit par y passer et tu te retrouves rien qu’avec du bois mort.
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Le sapin ne tolère pas qu’un arbre pousse à côté de lui. Peut-être que les aiguilles qui tombent acidifient la terre alentour et empêchent les autres plants de s’incruster. Peut-être pas. Au final, il n’y a pas une plante qui arrive à vivre aux abords du sapin : il sait y faire pour éliminer la concurrence.
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- [...] Je ne suis pas certain que vous vous rendez bien compte de l'endroit où vous allez mettre les pieds.
- Allons donc ! Est-il au fin fond de la Russie ? Perdu dans les pays persans ? Naufragé sur la Terre de Feu ?
- Bien pire que cela : dans la partie francophone de Montréal.
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En journée, les manifestants ont donné l’impression d’être rentrés dans le rang, mais la nuit venue, ils descendent à nouveau dans la rue. En particulier dans les quartiers dont c’est le tour d’être privés d’électricité, où la grogne reprend de plus belle. Faut les comprendre : le jour, ils sont trop occupés à vivre, tandis que le soir, ils retrouvent leur logement glacial, sans eau chaude ni lumière, et se souviennent tout à coup qu’ils mènent une existence de chien.
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Gemackt avait confiance dans ce contingent pour patrouiller gentiment dans les rues de Wastburg, toutefois il ne donnait pas tripette de leur peau s'ils devaient subir l'assaut d'une charge de chevaliers ou une grêlée de flèches. Mais bon, à quoi bon dresser un cheval pour la guerre s'il devait juste tirer une charrue ?
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La bouscotte était une tradition wastburgienne, une cité où rien ne se perd : tous les tenanciers de troquet avaient une bouteille à part, dans laquelle ils versaient tous les fonds de verre non bus par les clients. Une mixture dégueulasse mais qui en arrachait, et pour pas cher. Certains collaient une étiquette dessus, d’autres mettaient au défi les voyageurs d’en boire un coup : à chacun sa manière de vendre le produit. Si le patron n’était pas con, il avait plusieurs boutanches à bouscotte, une par type d’alcool, pour ne pas trop mélanger les genres. Une pour le pinard, une pour les gnôles, une pour les liqueurs, une pour les bières... Séparer les liquides ne rendait pas la bouscotte meilleure au goût, ça non, mais ça retardait le moment où le client devenait malade. Un adage local disait même « Vin sur bière, je digère. Bière sur vin, je vomis bien. » Certaines buvettes devaient leur renommée à la qualité (toute relative) de leur bouscotte. Leurs bistrotiers avaient le tour de main pour faire des mélanges honorables. Ça tenait parfois à un ingrédient secret, qui faisait qu’une bouscotte était savourée ou évitée.
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Car c’était une vérité wastburgienne absolue qu’un problème n’en soit pas un si c’était au voisin de se le coltiner.
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Avoir une morale était une chose, se sacrifier pour elle en était une autre.
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Il était déjà en train de mettre la main sur sa plume de paon, celle dont il se servait pour les documents un peu pompeux. Les clients aimaient bien la longue plume, ça leur donnait l'impression d'acheter du texte de qualité . On pouvait écrire merde avec cette plume, les gens pensaient que c'était finalement un bien beau mot.
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C'est dans les contreforts du massif des Malbroges que tout commence. L'eau qui ruisselle en rigole forme un ru puis enfle jusqu'à prétendre au titre de ruisseau. Quand il se jette sans peur du haut d'une cascade pour aller s'écraser sur les rochers en contrebas, le ruisseau se change en torrent. Mais un jour, il se lasse de jouer à rouler sur les pierres et à faire de l'écume. Il entre de plain-pied dans la vie adulte en acceptant le fait qu'il est devenu une rivière. Paresseuse, celle-ci ne serpente pas tant qu'elle se laisse aller à couler le plus lentement possible, comme si elle retardait au maximum le moment de se jeter dans la mer. Elle gonfle et étale sa nonchalance en s'insinuant entre les pleins et les déliés du paysage. Quand elle s'est suffisamment gorgée de vanité, elle accepte avec un brin de dédain la fonction de fleuve. Sans se lasser, celui-ci continue son pèlerinage en direction du sud, d'une foulée régulière, comme si l'appel de la mer se faisait de plus en plus irrésistible.
Ce fleuve, les loritains le nomment la Fuile.
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Ce n’est plus ton don inné à jeter des sortilèges qui décide si tu vas avoir du pouvoir, c’est ta niaque. C’est quand même plus juste.
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les gens qui empruntaient le pont dans les deux sens avaient droit à un drôle de spectacle, avec ce gars malingre, cramoisi sous l'effort, qui balançait des coups de hache maladroits dans de la barbaque. Disons que ça faisait négligé.
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Quelque part au milieu de la nuit. Draps imbibés de sueur. Bouche pâteuse. Envie de gerber. La douleur avait tambouriné à la porte de la conscience de Wekter de plus en plus fort, jusqu'à s'imposer dans ses rêves. Il avait fini par lui ouvrir la porte et s'était réveillé dans un sursaut, assis dans le lit. Réveillé par ses propres cris. Gorge sèche. Respiration rapide. Mains moites. Le mal lui cisaillait le ventre, comme si un hérisson se promenait dans ses tripes. Wekter n'eut pas besoin d'allumer la chandelle : il tendit le bras en direction de sa table de chevet pour saisir le pichet qu'il plaçait là tous les soirs avant de se coucher. A longues goulées, il le torcha comme s'il était une éponge qui venait de traverser un désert, se laissant à peine le temps de respirer entre chaque gorgée. Il détestait ce pinard loritain, une vinasse produite sur des coteaux qui ne voyaient jamais le soleil, qu'il surnommait sa cuvée d'Ombreval quand il se donnait faussement de grands airs. Mais à raison d'un pichet par nuit, sa solde ne lui permettait pas de s'offrir du picrate de luxe. L'alcool fit rapidement son effet. Il se sentit engourdi, la tremblote de sa main cessa. Plus personne n'essayait de ramoner ses boyaux. Alors Wekter laissa sa tête retomber sur la couche. Respirer calmement. Tenter de renouer les fils de son rêve interrompu. Se laisser emporter par le fl...
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Au centre trônait un large creuset en pierre volcanique noire contenant un pilon massif tout aussi sombre. Pas vraiment le genre d'outil avec lequel on écrabouille de l'ail.
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