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Critiques de Charles Berbérian (224)
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Le Journal d'Henriette, tome 1

Elle les cumule, Henriette : le prénom pas facile à porter, le visage ingrat, l'embonpoint et surtout les parents super cons, bêtes et méchants. Le père en particulier, mais qui ne dit mot consent, la mère passive est donc à mettre dans le même sac. Ils sont du genre à fouiller votre chambre pour dénicher votre journal intime, le lire, s'en moquer, et même en faire profiter les voisins. Du genre à vous laminer le moral, à souligner que vous êtes grosse et moche. Exactement ce dont on a besoin à l'adolescence pour se sentir bien dans sa peau.



Henriette encaisse, elle a de la ressource. Jacques Brel pour modèle, des rêves plein la tête, la volonté d'écrire et d'être publiée, moins pour devenir célèbre que pour être enfin comprise, considérée, respectée. En attendant, elle s'épanche dans un carnet : "Je tiens un journal. En fait, je devrais plutôt dire : Nous nous tenons".

Elle est sensible, intelligente et courageuse, aussi, et sait prendre sa revanche mine de rien.



A la lecture des mésaventures d'Henriette, on s'indigne, on compatit, on s'émeut, on voudrait claquer le bec aux abrutis qui l'humilient, et on jubile quand elle arrive à leur damer le pion, ouvertement ou en secret. Et puis on prend conscience que cette petite est l'archétype de l'ado en pleine crise existentielle. Ses lunettes de myope, son miroir, vilain miroir, sont les prismes via lesquels l'adolescent voit ses problèmes, grossis, déformés. Il se trouve nul, moche, s'estime incompris et entouré d'adultes crétins, bornés et sadiques. De quoi souffrir, en effet, être pessimiste, révolté contre tout et contre tous, et rêver de lendemains meilleurs.



Ça bouscule les "vieux", de telles images, et tant mieux si ça nous fait méditer. Parce que finalement, on est aussi lourds que les adultes que côtoie Henriette. Enfin presque, et pas tous les jours...
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Monsieur Jean, tome 4 : Vivons heureux sans..

Ah ouais, d’accord, le genre intello-branchouille !

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Ce tome fait suite à Monsieur Jean, tome 3 : Les femmes et les enfants d'abord (1994) qu’il vaut mieux avoir lu avant. Dans la réédition en intégrale, l’éditeur a inséré le tome hors-série Monsieur Jean - HS 2 : La théorie des gens seuls (2000) entre les tomes 3 et 4 dans la mesure ou les histoires correspondantes se déroulent entre les deux, même s’il est paru après le tome 4. La première édition du présent tome date de 1998. Les deux auteurs, Philippe Dupuy et Charles Berberian, ont écrit le scénario à quatre mains et dessiné les planches à quatre mains. La mise en couleurs a été réalisée par Isabelle Busschaert. L’album compte cinquante-quatre planches.



Dans l’appartement de Monsieur Jean, la fête bat son plein : la marmaille s’agite en tous sens, pour l’anniversaire d’Eugène, trois ou quatre ans, un vrai carnage. Jean regarde d’un air effaré les verres renversés par terre, les bibelots en train de chuter, un enfant aux doigts sales maculant son fauteuil, un autre jouant avec les allumettes pour allumer les bougies, deux autres en train de se battre pour un robot en plastique. Il intervient pour les séparer, confisque le jouet objet de discorde et le place sur une étagère en hauteur ce qui déclenche une crise de larmes chez les deux. Monsieur Jean leur tourne le dos et s’éloigne estimant l’affaire réglée. Cathy intervient prend le robot sur l’étagère et fait mine de parler à sa place pour s’adresser aux enfants. Faisant mine d’être Globultor, elle leur indique qu’il est le gardien des verres vides et des assiettes salles, qu’il voit que son trésor est éparpillé partout dans l’univers, et il leur demande de l’aider à le rassembler ici sur la table. Du coin de l’œil, Jean a vu des enfants jouer dans la pièce qui lui sert de bureau. Il découvre deux enfants en train de gribouiller sur les pages du manuscrit de son prochain livre. Il les sort de là et il se plaint à Cathy qui lui répond qu’il devrait plutôt travailler sur ordinateur et que les dessins sont plutôt pas mal.



Monsieur Jean s’isole dans son bureau et passe un coup de fil à son ami Clément qui lui propose de sortir le soir même. Pendant ce temps-là, Cathy prend en charge le déroulement de la fête d’anniversaire, toute seule. Elle va répondre au coup de sonnette : c’est Jacques qui débarque avec ses jumeaux. Il lui explique qu’il vient de se disputer avec son épouse Véronique, qu’ils ont besoin d’un peu de temps tout seuls, qu’il lui laisse les jumeaux. Elle accepte gentiment. Dans son bureau, Jean continue de papoter tranquille, pendant que la fête bat son plein dans le salon. Cathy entre dans le bureau avec air courroucé. Elle lui explique qu’elle en a assez, assez d’être la bonne poire qui rapplique quand on a besoin d’elle, tout ça parce que les enfants, monsieur, ça lui prend la tête. Parfois, elle a vraiment l’impression de le déranger. Ça fait un an qu’’ils sont ensemble et elle a l’impression qu’il s’investit à reculons. La vérité, c’est que ça lui fait peur de s’impliquer, de remettre en question son petit confort de célibataire. Elle lui dit au revoir et le laisse avec les enfants.



Au fur et à mesure des album, monsieur Jean grandit lentement mais inexorablement, poussé vers les responsabilités, confronté à des adultes, à leurs choix, à ses propres non-choix qui finalement se révèlent en être. Comme Cathy lui fait observer, il ne souhaite pas remettre en cause son petit confort de célibataire, et elle en a marre d’attendre qu’il se décide. Elle décide de s’éloigner quelques temps, profitant d’un voyage professionnel à New York : il aura ainsi tout le temps de réfléchir et de se décider, à moins que ce soit la vie qui le fasse pour lui. Le début s’avère brutal : Monsieur Jean confronté à la sauvagerie déchaînée de petits enfants hors de contrôle. Le chaos est libéré dans son petit appartement parisien, et il ne dispose d’aucun moyen pour le maîtriser, ni même pour l’endiguer. Les artistes s’amusent bien à faire s’alterner une case avec ces petits enfants sans retenue aucune, et la tête de Monsieur Jean abasourdi par ce qu’il contemple. Par comparaison, les gestes de Cathy sont calmes et posés, ses postures sont assurées et calment les enfants, en totale opposition avec le dégoût qui habite Jean. Lorsque ce dernier se rend compte que Jacques a laissé ses jumeaux, il est encore plus atterré, ne comprenant même pas comment ces enfants ont pu arriver là, totalement désemparé face à Véronique qui vient les chercher. De son côté, elle semble résignée et même quelque peu accablée par les tensions entre elle et son époux, avec une larme coulant sur sa joue, et cherchant un peu de réconfort sur l’épaule de Jean. Avec des images toutes simples, les dessinateurs savent faire passer la détresse qui l’habite.



Avec cette approche esthétique qui n’appartient qu’à eux, Dupuy & Berberian simplifient les silhouettes tout en leur donnant une réelle élégance, donnent un appendice nasal appartenant au registre gros nez aux hommes, des nez très fins et un peu pointus aux femmes. Ils jouent également sur les simplifications et les exagérations des visages pour les rendre plus expressifs : les yeux en forme de billes de loto pour l’effarement de Monsieur Jean devant les enfants déchaînés, les bouches très grandes ouvertes des enfants jusqu’à en voir la luette quand ils braillent en s’époumonant, les traits secs pour les yeux et la bouche quand Cathy est de mauvaise humeur, la bouche en croissant de Félix pour souligner sa bonne humeur insouciante, le visage très aplati de Mme Poulbot et son air satisfait, la bouche en fer à cheval de Clément pour montrer son dégout, les yeux mi-clos de Pierre-Yves, etc. Le langage corporel des personnages s’avère tout aussi parlant : Cathy qui claque une porte, Monsieur Jean étendu très détendu alors que la fête enfantine bat son plein de l’autre côté de la porte, Félix avec les épaules tombantes alors que Jean lui démontre l’inanité de son plan pour se refaire, Eugène se débattant dans la baignoire parce que du shampoing lui coule dans les yeux, Marion et ses postures attentives vis-à-vis de Jean, Pierre-Yves dans des postures pleines d’assurance pour mettre en valeur son corps bien découplé.



Les artistes ont également repris l’idée d’une métaphore visuelle, à l’instar de celle du château fort dans le tome précédent. Cette fois-ci, il s’agit d’une sirène représentée sur un tableau qui se trouve dans un restaurant japonais, spécialisé dans les teriyakis. Le lecteur la découvre pour la première fois sur la couverture : une jeune sirène accorte dont la tête a les traits de Cathy, la jeune femme que Jean fréquente depuis un an, et, sur sa queue, un jeune enfant, celui que Félix a adopté, né du précédent de lit de sa compagne, et dont il laisse la charge à Jean. Au-delà des personnages de la série, le message semble être que la femme exerce son pouvoir de séduction dans le but de transformer le mâle en père pour avoir un enfant. Néanmoins cette métaphore visuelle se fait plus polysémique que celle du château. Le lecteur comprend que Monsieur Jean est impressionné par le tableau du restaurant, et tout autant par l‘histoire que lui narre le propriétaire, à savoir un conte japonais… mais l’arrivée de Cathy l’interrompt et il ne finit pas son histoire. L’image de la sirène revient alors tarauder l’inconscient de Monsieur Jean, soit quand il se met à rêvasser, soit pendant son sommeil, s’incarnant avec le visage de femmes différentes, dans des circonstances en lien direct avec les expériences du jour du rêveur. Dans le même temps, cette silhouette de femme couchée aux jambes masquées revient sous une autre forme, dans une autre histoire relative à un autre tableau. Ainsi les dessinateurs tissent un lien entre ces différentes parties du récit, par le biais de variations d’un motif visuel.



Le lecteur remarque également que pour la première fois ce tome n’est pas découpé chapitres, chacun avec leur titre, mais forme une unité. À une ou deux reprises, il éprouve une sensation de transition un peu maladroite, comme si les scénaristes avaient construit leur récit avec plusieurs développements emboîtés à posteriori. Le lecteur oublie vite cette sensation, car la thématique de fond et le déroulement chronologique assurent une continuité narrative. Il s’agit à la fois de l’évolution de la relation entre Cathy et Monsieur Jean, à la fois de la manière dont le petit Eugène est pris en charge par des adultes, sans oublier les tensions dans le couple de Véronique & Jacques, ou encore de la tentative de séduction de Pierre-Yves, du mariage de Virginie & Laurent, et même de la solitude de madame Poulbot. Le dispositif est simple et efficace : Monsieur Jean est le témoin direct des difficultés de couple. Véronique & Jacques font face à une frustration insidieuse parce qu’ils ne trouvent plus de temps ensemble parce qu’ils doivent s’occuper de leurs jumeaux qui deviennent donc une charge. Virginie & Laurent se marient ensemble pour la deuxième fois, mais des tensions subsistent à commencer par la jalousie de Laurent. Jean se retrouve à prendre en charge l’enfant Eugène, parce que Félix le délaisse, oubliant d’aller le chercher à l’école, n’étant pas là pour son anniversaire alors qu’il devait en animer la fête. Sans oublier Marion qui est mariée et qui essaye de de se retrouver dans les bras de Jean. Avec tout ça, l’histoire sur le trafic de tableaux devient quasiment superflue. Ainsi Monsieur Jean a tous les mauvais exemples devant lui, toutes les raisons de continuer à éviter de s’engager.



Le lecteur savoure le fait que la narration des auteurs se bonifient avec les albums qui passent. Peut-être que la narration visuelle progresse plus rapidement que la construction proprement dite du récit, avec une esthétique de plus en plus personnelle, de plus en plus élégante et expressive. Pour autant, le passage d’une succession de scénettes à un récit à la taille d’un album fonctionne majoritairement bien, ainsi que la métaphore visuelle de la sirène. Le temps passe inexorablement pour tout le monde, y compris pour Monsieur Jean qui doit faire face au constat que prendre une décision ou ne pas le faire, c’est toujours choisir, et que le temps fuit.
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Monsieur Jean, tome 5 : Comme s'il en pleuv..

Dans la vie, y a ceux qui se battent, et y a ceux qui capitulent. Moi, j’ai choisi de me battre. C’est tout.

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Ce tome fait suite à Monsieur Jean, tome 4 : Vivons heureux sans en avoir l'air (1998). D’une certaine manière, il fait également suite au tome hors-série Monsieur Jean - HS 2 : La théorie des gens seuls (2000) dont les histoires s’intercalent entre les tomes trois et quatre. La première édition du présent tome date de 2001. Les deux auteurs, Philippe Dupuy et Charles Berberian, ont écrit le scénario à quatre mains et dessiné les planches à quatre mains. La mise en couleurs a été réalisée par Isabelle Busschaert. L’album compte cinquante-quatre planches.



Monsieur Jean est en train d’effectuer un voyage en avion. À côté de lui, est assise une jeune femme enceinte de plusieurs mois. Il se fait les réflexions suivantes : Il y a des jours où tout paraît confus. Les choses n’ont simplement pas de sens. On voudrait se retrouver ailleurs, vite. Il ne sait même pas comment tout ça a commencé. Si seulement sa voisine voulait bien arrêter de parler un peu. Il pourrait essayer de remettre un peu d’ordre dans ses souvenirs. Il se demande s’il existe vraiment un instant précis à partir duquel tout change ? Où jamais rien n’est plus comme avant ? Il ne sait pas… Il se revoit à une conférence de presse en train de répondre à des questions improbables. Croyez-vous qu’un couple homosexuel puisse élever un enfant ? À quel niveau situez-vous votre combat ? Est-il social ou personnel ?



Sa vie à New York avec Cathy : jazz dans les clubs, gratte-ciels, files de taxis, énorme limousin interminable, contempler l’Hudson River, Chinatown, les citernes d’eau en bois au sommet des immeubles, les boîtes de nuit… Les Newyorkais dans toute leur diversité hétéroclite… Monsieur Jean est en train de feuilleter des livres dans une grande librairie. Un maladroit fait basculer une pile de livres, et il en reçoit un sur le sommet du front. Il perd connaissance et chute à terre. Son esprit part en fugue : la nuit, Cathy lui annonce qu’elle a des contractions, ils prennent un taxi alors que le chauffeur ne veut pas de femme enceinte, ils n’ont pas décidé du prénom de leur fille. Il reprend connaissance et cherche sa fille. Il demande aux autres clients s’ils ont vu son bébé. Tout le monde se met à chercher entre les rayonnages. Finalement, une femme retrouve Julie qui s’est endormie sur un bouquin, avec son doudou lapin dans les bras. Monsieur Jean part se promener à Central Park, avec sa fille dans la poussette. Dans une allée, il retrouve son ami Clément qui est en train de diriger une prise de vue photographique pour une pub, en s’énervant après le photographe. L’assistante Sophie lui suggère de la suivre un peu plus loin et elle essaye de le calmer. Monsieur Jean arrive sur ces entrefaites. Clément lui demande s’il laisserait quelqu’un le gifler sans s’interposer. Les deux amis vont manger dans un diner à proximité. La conversation tourne sur la définition d’un ami. Un ami on ne sait plus s’il est supportable ou insupportable, c’est même à ça qu’on reconnaît un vrai ami.



Dans le tome précédent, Monsieur Jean avait fini par prendre une décision l’engageant vis-à-vis d’une femme. Dès la planche cinq, le lecteur découvre qu’il est maintenant père d’une jeune fillette prénommée Julie : une responsabilité a fini par s’immiscer dans sa vie, et elle gagne du terrain. Le récit commence à New York, et il revient à Paris à partir de la planche treize. Le lecteur fidèle de la série retrouve les personnages qu’il a appris à connaître : la concierge Mme Poulbot, deux autres habitants de l’immeuble où réside Monsieur Jean, Mme Colin et Boris Zajac, l’ami Félix Martin et Eugène son fils par adoption, Clément un autre ami. Il voit passer brièvement la mère de Monsieur Jean, ainsi que Marion qui était apparue dans le tome quatre. Il fait connaissance avec Julie, la fille de Cathy & Jean, ainsi qu’avec Liette Botinelli, de la Direction départementale des Affaires sanitaires et sociales (DDASS qui existait encore à cette époque, dissoute en 2010). Plus surprenant, Fernand Raynaud (1926-1973) s’invite dans le récit. Monsieur Jean reste bien le personnage principal du récit, et les autres apparaissent au gré de ses actions quotidiennes, avec parfois un peu de temps supplémentaire qui leur est consacré, par exemple à Félix et ses problèmes, ou madame Poulbot et sa résignation.



Dès la première page, le lecteur constate que la narration linéaire n’est plus de mise. En effet celle-ci fait état d’événements passés qui vont être racontés par la suite. Les planches deux et trois relèvent d’une forme de narration visuelle assez élaborée : comme un collage de dessins, chacun évoquant un moment de la vie newyorkaise de Monsieur Jean, sans bordure de séparation, sans un seul mot de commentaire ou de dialogue, avec une mise en couleur sous forme de rectangles de couleur différente appliqués sans correspondre à ce qui aurait pu être une case, liant ainsi deux éléments juxtaposés. La planche six met en œuvre une forme narrative également sophistiquée : une séquence de rêve fait de souvenir et d’association d’idées. Au fil des séquences, le lecteur observe que ces courtes séquences oniriques semblent se dérouler comme à rebours de l’ordre chronologique. Cette fois-ci, l’album a été construit comme une histoire d’un seul tenant, avec une structure non linéaire faisant entrer en résonance des événements, des comportements et des émotions imprimant une marque inconsciente dans l’esprit du personnage principal, les séquences oniriques mettant à jour des correspondances mentales chez le personnage principal. La situation et les actions des personnages s’entremêlent et se répondent de manière organique, qu’il s’agisse de l’amour-propre de Félix recevant des coups de boutoir répétés sur un mode mélodramatique, ou de madame Poulbot dont la dépression est traitée sur un mode plus humoristique, ne serait-ce que du fait de son apparence caricaturale.



La narration visuelle a conservé toute l’élégance dont elle avait fait montre dans le tome précédent, et dans le deuxième hors-série, La théorie des gens seuls. Dupuy & Berbérian dosent avec habileté leurs dessins : une forme de simplification esthétisante pour les rendre facilement lisibles, ce qui permet dans le même temps une densité d’information inattendue. Le lecteur commence par contempler la tête de Monsieur Jean dans les trois cases de la première bande : de dos, de profil, de face. Il se demande si les artistes ne se sont pas lancé dans un défi : inscrire ces représentations dans une narration tout public, jouer avec les formes, faire passer une impression adulte. De dos, la tête de Monsieur Jean semble montée sur un cou un peu trop fin, et la mèche de cheveux sur le dessus beaucoup trop haute. De profil, le gros nez du personnage est plus rond que jamais, son menton est quasiment absent, et sa ligne de cheveux se rencontre loin en arrière du crâne à angle droit entre ceux sur le sommet et ceux derrière. Vu de devant, le pif est toujours aussi imposant, et il n’y a que deux traits fins et courts pour les sourcils, deux points pour les yeux, mais sans oublier un petit trait sous chacun pour figurer les poches sous les yeux. Une totale réussite visuelle, un visage plus vivant qu’un dessin photoréaliste.



Le lecteur prend le temps de regarder les autres personnages et les effets du dessin : la moue pleine de contentement d’elle-même avec son nez pointu du moulin à parole en avion, les deux danseurs très gracieux dans le club de jazz, les passants anonymes dans les rues de New York, la dame en surpoids qui retrouve Julie dans la librairie, l’énorme menton de Clément et son agacement, le calme et la gentillesse de Cathy, la détresse de Boris Zajac (avec son profil improbable), de Mmes Colin et Poulbot avec leur silhouette déformée par l’âge et la gravitation, l’entrain irrésistible de Félix Martin, les émotions à fleur de peau du petit Eugène et son air concentré et buté quand il joue à la console, l’air cynique et désabusé de Marc le frère de Félix, la bouille si sympathique de Fernand Raynaud. Le lecteur se sent proche de chacun des personnages. De temps à autre, il s’arrête se rendant compte du sourire qui lui est venu devant une image qui atteste de l’amusement et du plaisir des auteurs, par exemple Mme Poulbot ceignant sa ceinture amincissante dans un dessin évoquant la ceinture d’explosif d’un terroriste. De la même manière, le lecteur s’interroge sur l’anecdote de l’héritage en provenance de la grand-mère qui a acquis sa fortune en dénonçant des juifs pendant la seconde guerre mondiale : est-elle inspirée de l’expérience personnelle d’un des auteurs ?



Dupuy & Berbérian continuent de mettre la pression à leur personnage en le chargeant de responsabilités. Au fil de ces moments de la vie quotidienne de Monsieur Jean, de Félix Martin et de madame Poulbot, les personnages se retrouvent dans des situations du commun des mortels devant se confronter à la prise de responsabilité, à les assumer ou pas, à différentes formes d’irresponsabilité, à la nature de l’amitié pérenne, à la paternité, de manière inattendue à l’homoparentalité (vraisemblablement un questionnement vécu par les auteurs au travers de la situation d’amis), et à l’humour de Fernand Raynaud. Dans ce dernier personnage, le lecteur peut voir une mise en abîme sur le phénomène de comiques qui se démodent, mais aussi la conviction intime qu’il faut suivre sa voie ou sa vocation. Ces questionnements s’agrègent dans la dernière page où Monsieur Jean arrive à une conclusion sur la formule magique de la vie, comment la vivre. Le lecteur ne s’attend pas à ce qu’il y inclut la force Potok, une sorte de jeu de type Pokemon.



Le lecteur ressent que les auteurs ont franchi un palier dans leur niveau narratif : à la fois la construction du récit, à la fois la narration visuelle, à la fois la profondeur des propos. Le lecteur peut à nouveau se promener à Paris, en particulier le cimetière de Montmartre, et côtoyer des êtres humains imparfaits et touchants. Une superbe réussite.
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Barcelone

Auberge espagnole...

Acheté alors après avoir vu ce film, ce carnet graphique ne manque pas de charme. C'est un condensé de Barcelone, court et plaisant. Il y a peu à lire et davantage à regarder. Nous déambulons dans les ruelles, stationnons un court instant sur les belles places et sommes attablés dans des jolis bars et restaurants.

Une agréable déambulation dans Barcelone, pour un prix dérisoire. Et le feuilleter à nouveau m'a redonné envie de revoir le film qui en avait motivé l'achat, et de me rappeler une époque plus rieuse où la construction européenne était encore largement synonyme de joie collective.

On aimerait parfait remonter le temps et revenir dans le Barcelone de Dupuy et Berberian quand beaucoup de choses semblaient encore possibles...
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Monsieur Jean - HS 1  : Journal d'un album

Une "gentille" chronique sur la façon dont se crée un album, celui de Dupuy et Berberian en l'occurrence, avec leur lunaire "Monsieur Jean", couplé avec la réalisation du "Journal d'un album", une idée saugrenue qu'a eu Berberian...

Les doutes et les affres de la création, les tracasseries de la vie courante et les embrouilles avec les éditeurs nous sont décrits en deux parties, celle de Berberian suivie de celle de Dupuy, qui ne se ressemblent pas et qui sont quand même très similaires... (Et non, je ne suis pas normande, mais bon, ces deux là, c'est un peu bonnet blanc et blanc bonnet, mais avec un pompon pour l'un des deux... ^^)

Bref, un petit album sans prétention autre que celle de nous "informer sur le dur labeur de dessinateur de p'tits mickeys".

Parce que c'est un peu la vocation de l'éditeur, L'Association, que de publier des petits albums, recueils atypiques, récits, témoignages, visions différentes de ce qu'on lit d'habitude en bd. Et c'est très bien ainsi.
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Charlotte Perriand

Un très bel album graphique qui retrace le voyage de Charlotte Perriand au Japon en juin 1940 sur invitation du Ministère du commerce et de l'industrie comme conseillère en arts décoratifs.

L'occasion pour elle de s'éloigner du tyrannique Le Corbusier, lequel, sans lui méconnaître son génie créatif, était plus prompt à s'accaparer la propriété des œuvres de ses collaborateurs et semer la confusion dans l'esprit du public...

Pour l'objet livre doux au toucher, couverture rigide, épaisse, mate, très beau papier pour les pages illustrées d'aquarelles magnifiques, retraçant la traversée sur le paquebot Hakusan Maru puis son séjour au pays du Soleil Levant.

La 2de partie de l'ouvrage donne la parole à Pernette Pierrand fille de l'architecte, Charlotte revendiquait d'ailleurs ce terme plutôt que designer.

Elle passera 2 ans à Tokyo, son séjour lui permet d'explorer et de s'imprégner de la culture japonaise qui vont inspirer ses créations plus proches du style épuré nippon.

Elle incite ses collaborateurs à s'abstraire du style occidental qui inspirait alors les designers japonais afin de créer des ouvrages modernes et plus en phase avec le mode de vie japonais.

Une bien jolie balade en compagnie de cette femme libre, indépendante, ingénieuse, inspirée, une grande dame.
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Tout n'est pas relatif

« …En montagne comme en science, la marche d’approche peut être longue et pénible, comportant maints tournants et raidillons »

Ainsi en fût-il pour moi de cette lecture, le vertige en plus ;

mais combien de perspectives nouvelles, voire de changements de points de vue …. !! « Magie des altitudes.»

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Monsieur Jean, tome 1 : Monsieur Jean, l'am..

Les virgules servent d’habitude à relier les éléments disparates d’une phrase. Dans Monsieur Jean, l’amour, la concierge, elles servent surtout à marquer un clivage.

Pour que Monsieur Jean et l’amour se rencontrent, la concierge doit disparaître ; si Monsieur Jean et la concierge se fréquentent, alors l’amour s’enfuit ; et si l’amour et la concierge venaient à se réunir, alors Monsieur Jean ne serait certainement pas là pour en témoigner. En fait, si la concierge n’était pas là, ce serait surtout le lecteur qui n’existerait pas. Les petites aventures bucoliques et romantiques de Monsieur Jean, qui souffrent déjà de cette pire forme de niaiserie qui se mêle de bons sentiments, n’auraient sans doute aucune personnalité si sa « vieille courge » de concierge (oh ! l’outrecuidance) ne rôdait pas dans les parages, pointant ses bajoues poilues et boutonneuses en contre-reflet des beautés diaphanes dont s’éprend Monsieur Jean.



Ses aventures essaient de se donner un petit côté subversif : parfois, cela parle même de fesses ! (« Je veux bien ton derrière »). On se dit qu’être un loser, ce n’est pas si terrible finalement. La preuve ? Monsieur Jean le vit très bien, et c’est d’ailleurs le seul personnage de toute cette histoire à n’être pas trop à côté de ses pompes. Ce qu’on ne nous dit pas, c’est que Monsieur Jean représente le prototype du loser brillant qui impose une violence symbolique à tous les lecteurs qui ne lui ressembleraient pas. Dans le genre satisfait, on ne fait pas mieux. Heureusement, deux heures après la lecture, on ne se souvient déjà plus de rien. C’était parfois un peu agaçant, facile et lisse du début jusqu’à la fin. Si certains des volumes suivants de la série avaient pu me laisser un souvenir moins mauvais, celui-ci n’est sans doute pas le plus adapté pour en ouvrir le cortège.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Bienvenue à Boboland, tome 1

BD qui se veut satirique comme souvent chez fluide glacial, mais là c'est tout simplement tellement réel de caricature qu'on s'ennuie à lire ces ponsifs bien pensants frisant le ridicule .

Quelques scènettes voudraient sortir du lot, mais souvent la chute n'est pas au rendez-vous.
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Henriette, tome 1 : Une envie de trop

Henriette est une ado un peu trop ronde, qui porte des lunettes et un duffle-coat. Ses parents sont un peu vieux jeu, ils ne la laissent pas regarder la télé, lui offrent des cadeaux ringards et ne s’occupent pas beaucoup d’elle. Ses copines aussi ont un peu tendance à la laisser de côté.

Alors Henriette se réfugie dans ses rêves et se confie à son journal intime.



J’ai découvert cette BD par hasard et franchement c’est une bonne surprise. C’est un album drôle et tendre à la fois, et Henriette, qui rêve de devenir écrivain, a un humour caustique et un recul de bon aloi.
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Un peu avant la fortune

Que feriez-vous si vous gagniez une somme considérable au loto ?

C'est la question que pose cette BD. Un thème classique, sans grande surprise mais fait du bien.



L'histoire est somme toute banale, Etienne a trouvé les fameux numéros gagnants, tant espérés par tous.

Si on en a tous rêvé un jour, il n'empêche que le jour où cela arrive, cette nouvelle bouleverserait forcément notre vie.

Que ferions-nous ?

Comment gérer son rapport aux autres ?

Comment s'assurer de leur amitié sincère et non intéressée ?

Un peu avant la fortune raconte le parcours abracadabrantesque d'Etienne qui voit sa vie littéralement chavirer rien qu'à l'annonce de son gain.



Lire Un peu avant la fortune, c'est partager l'ascenseur émotionnel qui accompagne Etienne le temps qu'il réalise, se remette et décide de ce qu'il va faire de sa nouvelle vie.

Un moment de lecture plaisant et agréable en ces temps moroses.
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Tombé du ciel - Intégrale

Durant un festival de l'été 1982, le guitariste et chanteur des Pinball Razors semble tétanisé au moment de commencer sa prestation. Comme Syd Barrett lors de certains concerts, Emile ne parvient pas à aligner les notes, du moins des notes distinctes les unes des autres. Mais le LSD n'y est ici pour rien ! Dommage pour les Pinball Razors, car de potentiels mécènes étaient présents ce jour-là. Et leur succès ne sera finalement pas celui des Floyd…



Quelques années plus tard nous retrouvons un Emile quadragénaire plutôt déprimé : sa femme est partie, le laissant avec leur fils et les beaux-parents.

Une rencontre inhabituelle va amener Emile à se remémorer cette triste soirée de 1982, et à comprendre comment sa vie a réellement basculé ce jour-là.



L'histoire est à la fois prenante et amusante. Quelques situations et répliques sont truculentes, notamment quand les enquêteurs font de leur mieux pour confondre Emile, suspect n° 1 dans une affaire louche.

Le graphisme, en noir et blanc, ne m'a pas époustouflé mais se laisse oublier, permettant de se concentrer sur les dialogues et les rebondissements.



Très agréable moment de lecture avec le sourire.
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Bienvenue à Boboland, tome 1

Bof... ça m'embête de le dire ainsi, mais cette bande dessinée que j'ai empruntée à la bibliothèque en me souvenant des bons moments passés avec Monsieur Jean m'a franchement déçue... c'est plat, c'est lourd, et ce n'est pas amusant... le fait que chaque histoire - courte - traite de personnages différents - certains sont récurrents, certes - n'aide pas à entrer dans l'humour.

En tant que simple provinciale, je voulais en savoir plus sur les Bobos, et ben c'est raté.

Je vous conseille de simplement passer votre chemin ou de vous rabattre sur Monsieur Jean, bien plus réaliste, touchant et drôle.
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Une éducation orientale

Mars 2020, c'est le début du confinement. Charles Berberian se retrouve coincé chez lui à dessiner, comme en 1975 lorsqu'il vivait à Beyrouth alors en pleine guerre civile. Pour la première fois, il ressentait le dessin comme un refuge, un abri dans une ville qu'il a toujours plaisir à retrouver.



A la recherche des amis bien sûr mais aussi et surtout des souvenirs familiaux, des lieux fréquentés. Tout a bien changé à Beyrouth, à cause de la guerre évidemment mais aussi à cause de l'explosion portuaire du 4 août 2020. Difficile de retrouver son chemin, de convoquer les images du passé, les moments avec son frère Alain, chez sa tante Yaya...



Charles Berberian nous dévoile pudiquement un peu d'intimité. Avec douceur et tendresse, il nous parle de son enfance, de ses origines, sa famille...Il raconte et dessine le passé. C'est beau, émouvant Je ne saurais trop l'expliquer mais le dessin de Berberian m'a toujours touché...Dans un style varié, aquarelle, stylo, encre... Il redonne vie à ce qui n'est plus là et à ceux qui ont disparu.



Une éducation orientale est un petit livre plein d'amour. Bien sûr, la vie n'a pas toujours été facile à Beyrouth pour une famille dont les membres ont souvent été séparés. Mais Charles Berberian parvient avec talent à nous faire ressentir un lien familial et géographique qui ne s'est jamais démenti.
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Charlotte Perriand

Charlotte Pierriand est une architecte et designer française (1903-1999), associée du Corbusier qui est mis à l'honneur en cette rentrée à l’occasion de l’exposition « Le monde nouveau de Charlotte Perriand » présentée par la Fondation Louis Vuitton



La Fondation ouvre une grande exposition consacrée à cette femme libre, pionnière de la modernité, l'une des personnalités phares du monde du design du XXème siècle qui a contribué à définir un nouvel art de vivre.



Complément idéal de cette exposition le roman graphique de Charles Berberian « Charlotte Pierriand, une architecte française au japon, 1940-1942 » paraît en librairie ce 23 octobre.



Grâce à ce beau roman graphique, érudit et didactique, on voit à quel point ces deux ans passés au Japon, alors que la France est occupée par les allemands, vont être le centre de gravité du parcours de Charlotte Pierriand comme architecte.



Ces deux années passées au pays du Soleil levant, comme conseiller industriel auprès du ministère du commerce et de l'industrie est pour l'artiste français comme le point de convergence ultime entre ses recherches et ses expériences passées (notamment chez Le Corbusier où elle aura travaillé dix années) et l'artisanat traditionnel japonais.

Charlotte Perriand va trouver dans ce voyage des réponses à toutes les problématiques qu'elle se posait d'un point de vue architectural, en travaillant des objets aussi populaires que fonctionnels, lui permettant de livrer une production de masse, notamment grâce à des matériaux simples comme le bambou.

Son travail va d'ailleurs avoir une incidence sur le design japonais des années d'après guerre.



Celle qui fut en avance sur son époque, aussi artistiquement qu'humainement- comme l'affirment de concert Charles Berberian et Perrine Pierrand, la fille de Charlotte au cours d'un passionnant échangent qui clôt l'album- va trouver dans le style épuré, ordonné du Japon( symbolisé par la fameuse cérémonie du thé une source d'inspiration indéniables qui va épouser sa détermination à inventer l'avenir de manière permanente et toujours audacieuse.




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Monsieur Jean, tome 3 : Les femmes et les e..

Une balade avec Monsieur Jean, dans son univers doux-amer, ses rencontres amoureuses, ses déceptions, ses potes célibataires envahissants, ses potes envahissants en couple, qui deviennent ses potes en couple avec bébé...

La vie tranquille de Monsieur Jean est bousculée après sa rencontre tumultueuse et hot avec une certaine Manureva... Ses certitudes et ses craintes doivent être remises en question. Restera-t-il toute sa vie un célibataire endurci, ou donnera-t-il enfin sa reddition et laissera-t-il une tendre femme prendre enfin possession de son "fort intérieur" ? (Toute l'histoire est soulignée par des rêves de Monsieur Jean où sa personne est symbolisée par un château fort qu'il faut défendre contre des invasions de femmes dont les armes sont des bébés...)

Un savoureux tome de la série "Monsieur Jean" de Dupuy et Berberian.
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Monsieur Jean, tome 2 : Les nuits les plus ..

Pauvre Monsieur Jean. Déjà revêche et grognon dans le premier volume, nous le retrouvons ici complètement abattu par la crise de la trentaine. A la base de ce remue-ménage existentiel, on désignera le coupable « amour », qui brille ici par son absence. Et que fait un homme de trente ans qui vit comme un éternel adolescent ? Il fête son anniversaire dans une pizzeria et se chope une indigestion. Il zappe ses dossiers en cours d'étude et se rend à une soirée porte-jarretelles. Et pour se changer les idées et faire la promotion de son dernier livre, il se rend au Portugal et parle avec un invétéré de Fernando Pessoa. Quel bonheur de retrouver l'auteur du Gardeur de troupeaux au milieu de tous les personnages pâles et gentils qui traversent cet album ! Si Monsieur Jean reste complètement hermétique à son « emmerdeur » d'interlocuteur, Fernando Pessoa vient cependant nous remettre du baume à l'âme. Sa duplicité talentueuse et son incarnation de la « saudade » intraduisible en français (« c’est quand un homme se sent dépossédé de son passé ») donnent un peu de corps à l'histoire du triste et désespéré Monsieur Jean.





"- Pessoa avait l’habitude de discuter à la tombée du jour, autour d‘un verre, avec ses amis poètes : Ricardo Reis, Alberto Caeiro, Alvaro de Campos et Bernardo Soares. Ensembles, ils avaient fondé une revue littéraire.

- Comme c’est intéressant…

- Très ! Sauf que ses amis avaient tous une certaine spécificité : ils étaient tous une seule et même personne, Fernando Pessoa lui-même !"





En deux volumes seulement, Monsieur Jean se sera frayé une voie vers l'abattement de plus en plus certaine. Son lourdingue de copain l'avait prévenu : « ‘Tain ! Arrête de faire la gueule , on se croirait dans un film de Jacques Oignon ! ». Remplacez le « Jacques Oignon » par le nom de n'importe quel autre réalisateur français à tendance onaniste larmoyante et vous comprendrez. Ne reste plus qu'à se jeter sur un bon morceau de Fernando Pessoa pour se consoler.


Lien : http://colimasson.over-blog...
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Istanbul Carnets

En ouvrant ce livre, j'ai beaucoup aimé la première page qui me laissait penser que nous allions partir sur les traces de l'histoire des grands-parents de l'auteur dont on nous annonce qu'ils ont fuit la Turquie en 1921 pour s'installer au Liban. En réalité, c'est le seul moment où ils sont évoqués.



Il s'agit véritablement d'un carnet de croquis réalisés au cours d'un voyage en Turquie. Le texte est très peu présent et les illustrations en noir et blanc, avec des touches de rose rappelant la couverture, ne m'ont pas séduite ni fait voyager.



Le livre contient quelques petites observations de voyage, sur les gens qu'il croise, des bâtiments comme la célèbre Sainte-Sophie, mais j'ai trouvé cela vraiment très succinct. Je referme ce livre frustrée. L'idée était attrayante mais j'ai ressenti peu d'intérêt pour cette lecture vite achevée.
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Le Journal d'Henriette, tome 2

Pauvre petite Henriette... Âgée de 11-12 ans, elle est petite, grosse avec des lunettes, et se rêve des tas d'aventures rocambolesques avec des amoureux grands et beaux... Mais sa vie n'est pas un roman à l'eau de rose, et ses horribles parents qui la dénigrent sans arrêt, sont des monstres d'égoïsme.

Alors Henriette se confie au seul ami qu'elle a, son journal intime.

Dupuis et Berberian se font à nouveau plaisir en faisant encore de la vie d'Henriette un enfer ordinaire, qu'elle surmonte toujours avec son imagination d'enfant-ado pas bête, à défaut d'être jolie. C'est drôle, parfois méchant, mais Henriette est forte, et on sait tous que les vilains petits canards finissent parfois par devenir de magnifiques cygnes...
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Monsieur Jean - HS 2 : La théorie des gens se..

Cet album fait partie de la série Monsieur Jean et il s'intercale comme un hors-série entre le tome 3 et le tome 4. Mais il peut très bien se lire sans connaissance des tomes précédents (ce que j'ai fait...).

Il se compose de plusieurs histoires courtes qui s'articulent tout de même autour d'un thème commun : les épreuves traversées au quotidien dans nos tentatives de nous lier avec les autres. Rien de bien original mais le ton est plutôt léger et détaché. Pas de pathos, pas de caricature non plus : les aventures de Monsieur Jean et de ses amis sont très agréables à suivre. Rien d'inoubliable non plus mais j'ai passé un bon moment. Peut-être que je me serais sentie plus impliquée si j'avais suivi la série depuis le début ? Ce que je compte entreprendre d'ici peu...



"Je me fais des couilles en or... C'est une véritable rente. Je travaille une heure par jour grand maximum... Le reste du temps je me balade, je claque mon fric et en plus je me tape plein de filles ! La belle vie quoi !"

(dixit un écrivain qui n'arrive plus rien à écrire depuis trois ans... Mais faut bien impressionner les autres !)
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