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Citations de Charles-Ferdinand Ramuz (534)


C’est l’histoire d’un berger qui a été pris sous les pierres, et voilà qu’il retourne aux pierres comme s’il ne pouvait plus s’en passer.
C’est l’histoire d’un berger qui a disparu pendant deux mois, et il a reparu, mais il disparaît de nouveau ; et, à présent, il y a sa femme qui va disparaître avec lui.
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L’eau resserrée entre les berges est comme beaucoup de têtes et d’épaules qui se poussent en avant les unes les autres pour aller plus vite. Avec de grands cris, des rires, des voix qui s’appellent ; comme quand les enfants sortent de l’école et la porte est trop étroite pour les laisser passer tous à la fois.
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- Sais-tu comment ça s’appelle, là-haut ? … Oui, tu vois bien, l’arête et l’entaille qu’il y a dedans… D…I…A… Il a réussi son coup, cette fois…
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La nature ne va pas droit, l'homme cherche à aller droit. L'homme prétend à aller de plus en plus droit et à mesure qu'il avance à projeter devant lui, à l'intention d'une vitesse qu'il accroît sans mesure, des lignes de plus longue portée : la nature a tout le temps, on voit que l'homme au contraire est avare de son temps ; l'homme est pressé, la nature paresseuse. Oh ! comme cette Seine apparaît nonchalante, vue du haut de nos trois cents mètres, avec les méandres de son cours à quoi l'homme n'a rien pu changer, et il la laisse aller, et il va de son côté.

(C.F. RAMUZ, "Paris. Notes d'un Vaudois", 1938, Mermod (Lausanne) -- pages 72-73 de l'édition Gallimard (Paris), 1939 [pages "d'En haut de la Tour Eiffel"... ] )
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Il y a maintenant huit veuves et trente-cinq orphelins au village, mais elles vivent, et eux aussi ; c’est comme ça. L’arbre qu’on fend par le milieu se cicatrise. Le cerisier qui est blessé élabore une gomme blanche dont il recouvre sa blessure.
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On a calculé plus tard que l’éboulement avait été de plus de cent cinquante millions de pieds cubes ; ça fait du bruit, cent cinquante millions de pieds cubes, quand ça vient en bas.
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"Une voix d'homme, une voix de femme.
Et c'était elle et c'était lui; maintenant on voyait que l'homme aidait la femme dans les passages difficiles; là où la roche faisait mur, il sautait en bas le premier, il la prenait dans ses bras.
Et, au fin sommet de la paroi, la tranche du glacier ruisselait de lumière comme un rayon de miel; mais derrière ceux qui venaient et à mesure qu'ils venaient, tout le fond de la combe entrait définitivement dans la nuit et dans le silence, dans le froid et dans la mort."
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Tout à coup, la ligne du pâturage, qui s’affaisse dans son milieu, se met à tracer dans rien du tout sa courbe creuse. Et on voit qu’on est arrivé parce qu’un immense trou s’ouvre brusquement devant vous, étant de forme ovale, étant comme une vaste corbeille aux parois verticales, sur laquelle il faut se pencher, parce qu’on est soi-même à près de deux mille mètres et c’est cinq ou six cents mètres plus bas qu’est son fond.
On se penche, on avance un peu la tête.
Un peu de froid vous est soufflé à la figure.
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Alors les grandes paroles vinrent ; le grand message fut envoyé d'un continent à l'autre par-dessus l'océan. La grande nouvelle chemina cette nuit-là au-dessus des eaux par des questions et réponses. Pourtant, rien ne fut entendu.

[C.F. RAMUZ, "Présence de la mort", 1922, chapitre I - incipit]
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-- C'est que tu as voulu, Président, t'attaquer à plus fort que toi... Et elle est méchante, quand elle s'en mêle.

Parlant sans doute de la montagne :

-- Il ya des places qu'elle se réserve, il y a des places où elle ne permet pas que l'on vienne...
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Borchat venait justement de sortir, ce jour-là, de chez Fanchette Centlivres ; et il rentrait chez lui par le chemin du bas (l'autre traverse le village). Il n'était pas dans de très bonnes dispositions : il marchait lentement les mains dans les poches ; on doit dire qu'il faisait triste, ce jour-là, qui était un jour de la fin de l'hiver. Borchat avait fini par s'asseoir au bord du chemin sur un tronc de noyer récemment abattu : c'est que Borchat n'était pas pressé (et Borchat n'est jamais pressé) ; et puis il retournait sans fin ses mêmes vieilles idées dans sa tête, continuant à la hocher : Borchat, Daniel-Jean-Etienne, ancien soldat, 42 ans. " Elle n'a plus de dents, mais moi non plus.

(C.-F. RAMUZ, "La guerre aux papiers", 1942, chapitre I -- incipit)
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Caille, le colporteur biblique, a suivi encore un moment la route qui longe le lac ; puis s'est engagé dans un chemin de traverse. Au bout de ce chemin, il y avait une maison. C'était une grande maison fraîchement repeinte en blanc, avec des contrevents verts ; à côté de la porte, sur un banc de même couleur, une femme déjà assez vieille était assise.

[C.F. RAMUZ, "Les signes parmi nous", 1919, chapitre I - incipit]
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Sa hotte a fait clair dans les vignes le jour où il est arrivé.
Il nous avait annoncé son arrivée. Il nous avait dit qu'il s'appelait Besson ; il nous avait dit qu'il était vannier. Et alors l'affaire avait été seulement qu'on n'avait pas été très sûr qu'il y aurait suffisamment d'ouvrage pour lui dans le pays :
-- Vous comprenez, lui disait-on, ce qu'il nous faut, à nous autres, dans le vignoble, ça n'est pas tellement l'osier... L'osier est plein de trous, l'osier laisse passer.

[C.-F. RAMUZ, "Fête des Vignerons", 1929 -- remaniement de son roman "Passage du Poète" (1923), ré-édité en 1984 aux Editions Séquences [REZE-LES-NANTES, Loire-Atlantique], chapitre I, page 9 (incipit)]
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Sa hotte a fait clair dans les vignes, le jour où il est venu.
Il avait dit qu'il s'appelait Besson ; il était vannier. L'affaire a été alors seulement qu'on était pas très sûr qu'il y aurait suffisamment d'ouvrage pour lui dans le pays, comme on lui a dit ; et les gens à qui il s'était adressé secouaient la tête :
" On ne croit pas. "

(C.-F. RAMUZ, "Passage du Poète", 1923, chapitre I -- incipit)
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Ils avaient, toute l'après-midi, déchargé la "Vaudaire", poussant l'une derrière l'autre leurs brouettes sur la planche qui ployait sous leur poids. Vers 8 heures, ils eurent terminé leur besogne. Ils étaient nus ; ils ont été mettre une veste. Ils ont descendu l'échelle qui menait sous le pont à une espèce de chambre où il yavait un forneau à trois pieds posé sur un foyer de pierre, et où ils mangeaient et couchaient ; ayant ensuite remonté l'échelle, ils ont dit : " Et bien, on y va ? " On voyait la barque qui sortait de l'eau presque tout entière à présent, ayant retrouvé sa légèreté. Elle dansait sur place, comme une femme délivrée. Eux, ils avaient terminé aussi leur ouvrage ; c'était bien l'occasion, ou jamais d'aller boire un coup, parce qu'ils ne devaient repartir que le lendemain matin. On entendait le bruit des pianos mécaniques dans les cafés.

(C.-F. RAMUZ, "Le garçon savoyard", 1936, I -- incipit)
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-- Voyons, a dit le patron, tu ne vois pas que c'est un timbre d'Amérique ?... Santiago, dans l'île de Cuba. Et la lettre est une lettre officielle, pas moyen de s'y tromper. Et qu'est-ce qu'il faut que je réponde ?
-- Ma foi, a dit Rouge, à ta place, moi, je la laisserais venir.
-- Tu crois ?

(C.-F. RAMUZ, "La Beauté sur la terre", 1927, I -- incipit)
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Vers les quatre heures et demie, ce jour-là, Denis Revaz sortait de chez lui. il boitait assez bas.
C'était son genou qui n' "aillait pas", comme il disait ; et on lui disait : "Comment va votre genou ?" ; il répondait : "Il ne va pas fort."
Ainsi il a longé non sans difficulté la petite rue qui traverse le village, et on l'a vu ensuite s'engager sur sa gauche dans un sentier qui menait à une vieille maison.
A peine si on l'apercevait encore dans l'ombre, cette maison ; on distinguait pourtant que c'était une maison de pierre avec un toit couvert en grosses dalles d'ardoise, et il se confondait par sa couleur avec la nuit, mais est-ce bien la nuit ? ou est-ce le brouillard ? ou encore autre chose ?

(C.-F. RAMUZ, "Si le soleil ne revenait pas", 1937, chapitre I -- incipit)
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Derborence, le mot chante doux ; il vous chante doux et un peu triste dans la tête. Il commence assez dur et marqué, puis hésite et retombe, pendant qu'on se le chante encore, Derborence, et finit à vide, comme s'il voulait signifier par là la ruine, l'isolement, l'oubli.
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Et quelque chose, là, éclairait doucement : une frange lumineuse, vaguement transparente, avec des reflets verts et bleus et une lueur comme le phosphore : c'était la cassure là-haut de la glace, mais elle était à cette heure, elle aussi, pleine d'un grand silence et d'une grande paix. Rien ne bougeait plus nulle part sous une cendre impalpable qui était la lumière de la lune ; on la voyait flotter mollement dans les airs ou être déposée en mince couche sur les choses, partout où elle avait trouvé à s'accrocher.
-- Là-haut...
Séraphin tenait toujours le bras levé. Il a dit :
-- Oui, là où ça surplombe. Mais il semble bien que, pour ce soir, ça soit fini.
Il avait une grande voix dans le silence.
-- Oh ! a-t-il repris, c'est que ça est toujours tombé, d'aussi loin qu'on se souvienne.
Il avait rabaissé le bras :
-- Les vieux chez nous en parlaient de leur temps. Et ils étaient tout petits encore qu'ils entendaient déjà les vieux en parler... Seulement, voilà, c'est capricieux... Dommage...
On entendait de temps en temps le tintement d'une clochette au cou d'une chèvre quelque part dans les environs. Les chalets étaient de-ci de là répandus. C'est des cabanes en pierre sèche. Une des pentes de leur toit était tout enneigée de lune (...)

C.-F. RAMUZ, "Derborence", 1934 : chapitre I (pages 23-24 de l'édition de poche -- coll. "Les Cahiers Rouges", Grasset, 1936)
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Ils étaient les sept, ils sont arrivés sur l'arête. La neige en avait été balayée par les vents. C'est qu'ici ils ne sont contenus par rien, qu'ils soufflent du nord ou du sud. Eux se sont trouvés faire face à ce dos où les blocs, posés à la suite l'un de l'autre, ont eu soudain une couleur et une forme ; ils sont devenus gris et on voit qu'ils sont gris ; ils ne sont pas seulement gris, mais veinés et on voit leurs veines, et tachés et on voit leurs taches. Dans les vides qu'ils laissaient entre eux, un peu de neige était restée, on voyait la neige ; ailleurs on voyait la terre et il y avait aussi un peu de gazon jauni. Du jaune, du blanc, du gris, du brun.
C'est alors qu'Isabelle avait tendu le bras :
« Regardez là-bas, qu'est-ce que j'ai dit ? »
Ils s'étaient arrêtés. On la voyait maintenant, elle ; elle aussi, elle les voyait. On voyait la couleur de leurs visages, on voyait la couleur de leurs vêtements : les guêtres de Métrailler, les jambières de Tissières, la moustache de Julien Revaz ; et elle, ses joues joues brunes qui étaient dans leur milieu comme la pêche quand elle mûrit :
« Ça va être le beau temps. Souffle dans ton cornet, Jean, qu'ils nous entendent du village. Souffle comme à la caserne. Dis-leur : "Debout, les vieux, c'est le moment."... »
Jean a soufflé dans son cornet.
Alors on a vu le village renaître peu à peu à lui-même. De là-haut, ils l'ont vu ressusciter à la lumière (...)

[C.F. RAMUZ, "Si le soleil ne revenait pas", Mermod (Lausanne), 1937 — rééditions : éd. "L'âge d'Homme"(Lausanne) — Intégrale des Romans, coll. "La Pléiade", éd. Gallimard (Paris), 2005, tome 2, pages 1299-1300) — chapitre XIII]
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