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Critiques de Charles Pépin (352)
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Quand la beauté nous sauve

Quel bonheur de lire Charles Pépin. Son ode à la beauté salvatrice m'a enchanté.

Le philosophe tellement proche de ses lecteurs a encore réussi à clarifier une zone grise de mon être, moi, qui ai déjà tant lu et tant vécu.

Il voit la beauté en factrice de l'harmonie interne, comme une ouverture sur la communion universelle. Charles Pépin convoque Kant, Hegel, Freud et bien d'autres penseurs, afin d'étayer notre soif latente de beau, source de réunification de l'être et de fluidification de l'existence.

Lorsque s'exclame un « C'est beau », c'est notre être entier qui palpite, et non une seule part de nous-mêmes, sachant que nous sommes faits de morale, de sensualité et de raison, composantes en conflits permanents, mineurs ou majeurs, utiles ou vains.

Si c'est beau, c'est indiscutable, nulle obligation d'expliquer cet état de grâce, que souvent on souhaite partager avec autrui.

Le cheminement intellectuel part de situations concrètes, de personnes incarnées, présentes d'emblée, disparaissant, réapparaissant dès que le propos se complexifie. Les revoir, dissipe une vague brume de perplexité, née de citations de philosophes illustres, anciens, humanistes et modernes.

À cet égard, la synthèse de l'apport de Freud sur le refoulement des pulsions, l'énergie de la libido et la sublimation est remarquable. L'auteur enthousiaste sur les vertus du Beau répète à l'envi l'évidence fondatrice : Nous avons besoin de la beauté pour nous sentir en paix avec nous-mêmes, et dans la foulée avec le monde. Même si ce moment de plénitude est éphémère, cet état de joie indicible ouvre une échappatoire vers un sens inespéré, exhume une valeur négligée, apprend à aimer.

Un père et son fils contemplent un Sphinx au Louvre ; un étudiant tombe en arrêt devant Terrasse de café la nuit, de van Gogh ; une conductrice énervée s'apaise dès les premières notes de La minute de silence de Michel Berger… la beauté est protéiforme, prend par surprise. Elle est inexplicable, elle est mystère.

Les derniers mots sont magnifiques, dynamisants, émouvants ; la beauté génère le mouvement. Je vous les livre précieusement car la beauté « nous donne la force d'aimer ce qui est en même temps que celle d'espérer ce qui pourrait être. Elle nous réapprend à habiter un monde auquel nous sommes de plus en plus étrangers. Elle nous rend au monde, à la vie, à nous-mêmes et aux autres – à notre puissance d'exister. Elle nous donne tant et nous demande si peu : juste d'ouvrir les yeux et de contempler. »



Que ce soit le passé, l'échec, la confiance, la rencontre, Charles Pépin énonce l'essentiel pour nous remettre en selle.





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La planète des sages : Encyclopédie mondiale de..

Présentation succincte et légère de penseurs et philosophes, de leurs œuvres et théories. Les illustrations de Jul donnent un certain intérêt à l’ouvrage.
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Platon La Gaffe : Survivre au travail avec ..

Le monde de l'entreprise vu par les philosophes, avec beaucoup d'humour.

Chez Cogitop, on retrouve les principaux auteur de l'univers de la philosophie : Frédéric Nietzsche est aux ressources humaines (trop humaines), Michel Montaigne est toujours en période d'essai... Et on suit Kevin Platon, le stagiaire. C'est franchement drôle, un humour plein de références bien sûr, chaque planche de bande dessinée est suivie d'un texte explicatif qui éclaircit certains points, et qui fait le rapprochement avec la pensée d'untel ou d'untel avec le monde de l'entreprise d'aujourd'hui, pour ceux qui veulent approfondir. Un cours de philosophie où on rit aux éclats !
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La Planète des Sages, tome 2 : Nouvelle encyc..

On prend les mêmes et on recommence ! Après le succès de leur « Encyclopédie mondiale des philosophes et des philosophies », Jul et Charles Pépin ont à nouveau décidé de s'attaquer au parcours et à la thèse d'une quarantaine de penseurs dont il n'avait pas été question dans le premier volume. A Aristote, Voltaire, Rousseau ou encore Descartes succèdent donc Diderot, Cicéron, Sartre, sans oublier Socrate et Camus, autant de grands noms de la philosophie dont les deux auteurs nous proposent des portraits toujours aussi drôles et instructifs. La formule reste en effet la même que dans le premier opus : d'abord une fiche explicative réalisée par Charles Pépin et expliquant les grandes lignes de la philosophie défendue par tel penseur, puis une bande-dessinée comique dans laquelle Jul s'amuse à confronter le sage à ses contradictions ou tout simplement à le placer dans une situation surréaliste. Le travail de vulgarisation est encore une fois habilement mené et nous permet d'avoir accès à un large panel de courants de pensées puisque les deux auteurs n'hésitent pas à mêler les portraits de sages issus de milieux géographiques et d'époques très variés, de l'Antiquité à aujourd'hui en passant par le siècle des Lumières, le XIXe... Les philosophes ne sont d'ailleurs pas les seuls à avoir suscité l'intérêt de Jul et Pépin puisque figurent également au sommaire de cette encyclopédie des hommes politiques ou encore des scientifiques à l'image d'Einstein ou encore de Martin Luther King.



Comme dans le premier volume, on regrette parfois que les explications de Charles Pépin soient aussi brèves, ne fournissant au lecteur que très peu d'informations quant aux idées défendues par le penseur concerné. L'auteur ne se prive pas, en tout cas, de laisser transparaître ce qu'il pense de la thèse de tel ou tel philosophe, mettant le doigt sur les contradictions de certains ou insistant au contraire sur la clairvoyance des autres (Michel Serres, Adorno...). Au-delà de son aspect purement « pédagogique », c'est avant tout grâce à l'humour déployé par Jul dans ses illustrations que l'ouvrage séduit autant. Ne vous étonnez pas, par exemple, d'y croiser Martin Luther King racontant ses rêves de « licorne toute mignonne » et de « marmotte mettant le chocolat dans le papier d'alu » à une foule d'afro-américains quelque peu dépités. Vous croiserez aussi le Petit Prince reconverti en star de télé réalité s'exclamant, seul sur sa petite planète : « Allô, t'es une rose et t'a pas de shampoing ? ». Et puis il y a aussi Proudhon qui, fidèle à son adage « La propriété c'est le vol », plagie allégrement Titeuf, Boule&Bill ou encore Lucky Luke en se fichant allègrement de toute idée de copyright. Le ton volontiers irrévérencieux avec lequel le dessinateur traite tous ces grands personnages qui se retrouvent bien souvent dans des situations complètement farfelues participent de leur démystification et nous les rend d'une certaine façon plus accessibles, plus sympathiques.



Cette « nouvelle » encyclopédie se révèle donc aussi réussie que la précédente et nous propose une découverte ludique d'une partie des grands courants de pensée qui influencèrent et influencent encore aujourd'hui notre société. Les explications de Charles Pépin sont encore une fois très pertinentes et s'associent merveilleusement aux dessins pleins d'humour et d'impertinence de Jul, preuve que ces deux là font toujours une bonne équipe !
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La joie

Charles Pépin, passionné de philosophie décide d’écrire un roman autour du rapport de la joie à l’être humain à travers l’histoire d’un homme condamné à de la prison ferme. Accepter ce qui nous entoure, passer outre le remord ou profiter des petites choses, voilà ce qui caractérise le personnage principale, M. SOLARO et qui pourtant va déstabiliser plus d’une personne. Pourquoi ?



La joie est un sentiment différent du bonheur. Charles Pépin l’explique dans de nombreuses interviews qu’il a pu donner. Le bonheur est quelque chose de plus pérenne dans le temps alors que la joie peut apparaître n’importe quand même dans les moments les plus difficiles. D’ailleurs, le personnage principale essaie de toujours garder le sourire et essaie de faire rire sa mère mourante lorsqu’il lui rend visite à l’hôpital. Certains jugent que ce n’est pas un comportant opportun à avoir. De même, lorsqu’il est au tribunal jugé pour le meurtre à arme d’un jeune délinquant, il ne regrette pas ce qu’il s’est passé car cela ne va pas changer les choses. Il faut accepter et avancer comme on peut.



L’auteur n’hésite pas à expliquer que l’espoir est un mal de notre époque qui empêche de profiter de la vie. Espérer est croire en quelque chose qui n’existe pas où sur des choses dont on ne maîtrise pas les tenants et les aboutissants. Il faut parvenir à accepter ce qui est là tout comme aimer ce qui existe et est présent. Chacun possède en soi des ressources qu’il faut trouver pour avancer surtout en période d’adversité. Notre héros se connecte sans cesse au réel sans jamais croire en un ailleurs mieux ou plus juste. Il apprécie les choses qui l’entourent et il essaie de tirer profit de tout que cela soit de l’enfermement carcéral pour développer sa musculature, du moment de plaisir avec Louise dans le parloir ou même celui de faire pousser des potirons.



Si le récit peut paraître comme une réflexion philosophique c’est parce que c’est bien le cas. Il existe tellement de livres sur la joie, le bonheur ou le bien-être, que l’auteur à décider d’écrire un roman philosophique autour d’un personnage et le rapport à la joie. Il exprime point par point à travers de cours chapitre que l’espoir nuit à l’épanouissement, il peut même tuer dans certains cadres comme la prison. Et qu’il faut trouver dans chaque chose une source de joie. Bien entendu, pas facile à trouver pour la plupart des humains, mais cela se développe en travaillant sur façon de percevoir ce qui nous entoure.



Un roman assez atypique où l’on va suivre le procès de la joie et de l’incompréhension de la plupart de gens face à cette philosophie. Les mots apparaissent tel une caresse et pleins de tendresse pour accompagner sa philosophie de vie que Charles Pépin veut amener tout en douceur. Alors si l’envie de comprendre une nouvelle perception de vie vous tente, allez à la rencontre de La Joie.
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La Rencontre, une philosophie

Je me suis fait enbarcquer par ce livre.

On découvre l'amour pour Camus de la part l'auteur.

L'angle de la rencontre amoureuse est le sujet principal du livre.

Il nous montre comment une rencontre peut changer une vie.

J'ai apprécié qui nous montres des exemples comme Emilie de Chatelet et de Voltaire, Camus et Maria Casares.

Il nous parle aussi de la disponibilité pour qu'elle arrive.

Charles Pépin fait la démonstration qu'il faut changer nos exigences pour qu'elle se manifeste.

Une lecture qui donne de la lumière.
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Les vertus de l'échec

Un petit traité original, qui s'inscrit bien dans l'air du temps, marqué par la prolifération d'ouvrages dédiés au développement personnel. Oui, mais à la différence de la grande majorité d'entre eux, Charles Pépin emprunte les détours de la philosophie pour traiter son sujet. Il le fait brillamment, simplement et dans un style très agréable.



Les références aux plus grands penseurs ne manquent pas. Que l'on adopte une lecture dialectique,chrétienne, stoïcienne, existentialiste ou psychanalytique, l'échec c'est la résistance du réel qui s'oppose à nos désirs et à nos ambitions. Sans cette adversité, pas de possibilité de rebondir, pas de moyens de se connaitre réellement et finalement de s'accomplir. L'échec est salutaire, l'échec est nécessaire. Il est non seulement apprentissage, mais également fenêtre sur l'avenir.



Les nombreux exemples de réussites dont le moteur fut l'échec sont étonnants. Une liste instructive et inspirante qui offre un regard différent sur de grandes figures telles que celles de Steve Jobs, De Gaulle, Churchill, Edison, Gainsbourg, J.K. Rowling, Darwin, Federer, Nadal, Edison, Barbara, David Bowie, Ray Charles, Richard Branson etc...



La seule sagesse de l'échec : celle qui nous ouvre à notre liberté au coeur même de nos limites. L'échec comme butin dont on ne s'empare qu'à la condition de pendre le risque de vivre.
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La joie

Est-ce vraiment la « joie » qui s’exprime dans ce livre ou bien la difficulté de vivre hors des conventions ? En tous les cas, même si elle ne faillit pas aux évènements mêmes malheureux de la vie, la joie ne semble pas de mise dans un monde où la violence a remplacé les maux. La « joie » nous dit Pépin ne nait pas du monde mais de soi. En ce sens, c’est un regard, décalé et unique, sur ce que la vie nous offre toujours à vivre, pleurer et aimer.
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La confiance en soi, une philosophie

Après "Les Vertus de l'échec", Charles Pépin frappe fort encore une fois. Ce sont des livres à la limite entre la philosophie et le développement personnel, mais qui j'ose dire bien plus sérieux et accessible que la moyenne.



Ce ne sont pas des recettes toute faites, mais une série de thèmes qu'il analyse à la lumière des écrits d'autres philosophes, psychanalystes (Lacan et Freud). Il s'est beaucoup inspiré notamment d'un écrit de Emerson, parlant aussi sur la confiance en soi. Il ne pouvais ne pas mentionner la célèbre phrase de Nietzsche : "Deviens ce que tu es".



Pour faire court, les thèmes abordés sont les titres des chapitres : Cultivez les bons liens, Entraînez-vous, Écoutez-vous, Émerveillez-vous, Décidez, Mettez la main à la pâte, Passez à l'acte, Admirez, Restez fidèle à votre désir, Faites confiance au mystère.



Au delà des thèmes, Charles Pépin tord le cou de la psychologie positive qui prêche l'attente du bien qui viendra. Que tout est bon et il suffit d'attendre. Non, pour obtenir ce qu'on désire, il faut avoir confiance en soi et agir,



Si on doit la définir simplement, ce serait quelque chose comme ceci : "La confiance en soit est le courage d'affronter l'incertain et l'inconnu".



Aussi, la compétence ne suffit pas pour avoir confiance en soi. On a confiance en soi lorsqu'on a le courage d'aborder un problème nouveau, peut-être en se basant sur la compétence qu'on a déjà. Et cela, il faut s'entraîner, ça s'apprend. Charles Pépin déplore que, en général, l'enseignement en France n'apprend pas les élèves à s'écouter et à avoir confiance en eux-mêmes.
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50 nuances de grecs, tome 1 : Encyclopédie de..

Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre. La première édition date de 2017. Il a été réalisé par Jul & Charles Pépin. Il s'agit de leur quatrième collaboration après 2011 La planète des sages : Encyclopédie mondiale des philosophes et des philosophies (2011), Platon La Gaffe : Survivre au travail avec les philosophes (2013) et La Planète des Sages, tome 2 : Nouvelle encyclopédie mondiale des philosophes et des philosophies (2015).



Comme les autres ouvrages réalisés par ce tandem d'auteurs, celui-ci se présente sous la forme d'un gag en une ou 2 pages, avec en vis-à-vis, ou juste après, un texte sur 1 ou 2 pages. Tout commence avec Zeus lors d'un rendez-vous avec son avocate. Celle-ci passe en revue ses différentes conquêtes et les enfants qui sont nés de ces unions. Elle conclut sur l'ampleur de la pension alimentaire. Le texte en vis-à-vis évoque également les nombreuses amours du roi des dieux, en faisant apparaître ce qu'il en a retiré au-delà du moment de possession d'une beauté éphémère. Pan passe devant le juge pour différents chefs d'accusation : l'affaire du Sofitel de Mykonos, les agapes du Carlton de Delphes, un réseau d'escort-girls. Pan est un dieu ambigu, personnifiant une part de la sauvagerie de l'être humain, avec ses cornes et ses sabots caprins. Mais c'est aussi un dieu qui a participé à la lutte contre les Titans, et a été accueilli au panthéon olympien, reconnaissant ainsi la nécessité de l'existence de danseurs ivres, de la puissance libératrice de l'excès.



Sisyphe a été nommé ministre de l'éducation nationale, et chaque jour il doit recommencer à faire rouler la pierre de la réforme au sommet pour la voir aboutir. Sisyphe n'est pas que la métaphore de l'absurdité de la condition humaine, c'est aussi le symbole du cycle de la vie. Un couple de grecs se rend au centre commercial Parthénon II et observe la faune qui y traîne. Jason et les 49 Argonautes se sont lancés à a recherche de la Toison d'Or, affrontant bien des périls. Mais quel était le sens de leur quête, une forme de recherche pour assouvir un désir non formulé ? Poséidon n'a pas apprécié l'appropriation de son trident par le Club Méditerranée. Poséidon est un dieu ambigu qui peut apporter l'eau indispensable à l'agriculture, comme noyer les humains par un déluge. Au fil de ces quatre-vingts pages, les auteurs mettent également en scène Charon, Thésée, Ulysse, Cronos, Narcisse, Dionysos, les Amazones, Héra, Héraclès, Orphée, Pénélope, Éros, le pouvoir de Zeus, Œdipe, Prométhée, Dédale, les Centaures, Pégase, les Métamorphoses, Icare, Atlas, Athéna, les Cyclopes, Héphaïstos, Achille, Déméter, le Cheval de Troie.



Comme dans les précédents tomes, le lecteur est à la fois attiré par le programme et par les dessins. L'ouvrage promet de (re)découvrir la mythologie grecque sous forme d'articles courts et synthétiques, version digest. Le dessin de couverture réussit à marier une représentation rendant les dieux sympathiques et très humains, à la fois immédiatement reconnaissables, avec un air un peu benêt qui les rend inoffensifs, voire tellement gentillet que la moquerie n'est pas loin. La page au dos de la première de couverture et la page en vis-à-vis forment un trombinoscope reprenant 34 portraits de dieux en gros plans, tous avec une gueule pas possible, dans la même veine caricaturale. Jul réalise donc 24 gags en 1 page et 8 gags en 2 pages. Il mêle allègrement les dieux en tenue antique avec des éléments modernes comme les téléphones portables, les avocats, le supermarché, une tablette, un camion de la fourrière, etc. Une partie de l'humour est générée par ce comique de situation basé les anachronismes. Dans le même ordre d'idée, les situations mises en scène reposent également sur d'autres anachronismes, mêlant panthéon antique et actualité : pension alimentaire, réforme de l'éducation nationale, traversée maritime périlleuse d'immigrés clandestins, selfies, Femen, libéralisation du marché de l'énergie, accessibilité pour les personnes à mobilité réduite, sites de rencontre, etc.



Comme à son habitude, Jul réalise des dessins aux contours un peu lâches, dans des cases sans bordure. Le lecteur ressent une empathie immédiate avec les personnages représentés, grâce à l'expressivité de leurs visages. Chaque situation donne une impression d'évidence naturelle, alors même qu'il semble n'y a avoir que quelques traits grossiers pour représenter la scène, souvent dépourvue de décor. Pourtant le lecteur reconnaît immédiatement qui il a en face de lui et où se situe la discussion ou l'action. L'artiste impressionne par sa capacité à évoquer et faire s'incarner ainsi des caractères et des lieux en un minimum de traits. Il met en jeu plusieurs registres de comique : de situation, de relations, allant jusqu'à l'absurde ou au comique purement visuel, avec une facilité épatante. Le lecteur en vient à se demander s'il va finalement lire les pages de texte.



Comme dans le deuxième tome sur les philosophes, Charles Pépin fait en sorte que son texte évoque régulièrement le gag imaginé par Jul. Bien évidemment, ce dernier met en scène le dieu ou les personnages dont il est question dans la page en vis-à-vis, mais en plus régulièrement le philosophe reprend une partie de la situation imaginée par l'artiste. Le contenu des textes s'avère différer d'un dieu à l'autre, allant de l'évocation très condensée de l'histoire d'un dieu ou d'un personnage, à une réflexion périphérique sur un de ses aspects, pas forcément le plus connu. Ainsi la page consacrée à Poséidon revient sur de nombreux événements mythologiques qui lui sont associés, sans beaucoup développer leur interprétation. Le lecteur reste un peu sur sa faim, avec un condensé partiel de la mythologie associée à Poséidon, forcément lacunaire et réducteur, et un ou deux jugements de valeur, comme plaqués artificiellement entre 2 événements. À l'opposé, l'article (de 2 pages) sur Dionysos développe essentiellement des réflexions sur sa dimension métaphorique, sans presqu'aucun fait sur sa mythologie, laissant le lecteur novice sur sa faim. De dieu en dieu, le lecteur observe également que Charles Pépin a changé son fusil d'épaule.



Les 3 premiers ouvrages réalisés par Jul & Pépin adoptent une approche philosophique, à la fois en évoquant la vie et les concepts développés par les plus grands philosophes. Ici, il est fait quelques mentions de thèmes philosophiques, mais l'approche est surtout de nature psychanalytique. En cela, cet ouvrage ne respecte pas forcément l'horizon d'attente du lecteur. En fonction des dieux, le lecteur se retrouve plus ou moins intéressé par l'amour comme forme de pouvoir, la nature insaisissable de l'objet du désir, la question des rémanences de sa personnalité après la mort, l'attrait de l'interdit, la dualité entre corps & âme, la figure de l'impair comme symbole de la pensée unique, etc. En fonction de la sensibilité du lecteur, certaines entrées peuvent laisser perplexe, comme celle sur Poséidon, ou celle sur la foudre de Zeus. Au contraire, d'autres peuvent surprendre par leur thème ou leur interprétation inattendue. Par exemple, Charles Pépin ne se contente pas de vulgariser le mythe de Sisyphe pensé par Albert Camus, il en propose une autre interprétation qui vient le compléter. Le mythe de Thésée donne lieu à un développement relatif au triomphe de la raison sur les affects, et celui d'Icare sur la transmission de l'expérience (avec un proverbe chinois en bonus : l'expérience est un peigne pour les chauves). Le lecteur apprécie à des degrés divers cette évocation de la sagesse grecque antique et l'interprétation que peut en faire le philosophe. Il constate la richesse de ces mythes qui se prêtent à plusieurs interprétations possibles.



Néanmoins, dès la première rubrique (consacrée aux amours de Zeus), il relève une petite phrase rappelant une évidence : pas d'amour désintéressé comme chez les chrétiens. La deuxième rubrique ne fait pas référence à la religion monothéiste. Toutefois le lecteur y retrouve une allusion dans le texte consacré à Dinoysos, une autre pour l'amour entre Pénélope et Ulysse. Ces petites remarques discrètes apportent alors une autre dimension à la lecture. Il ne s'agit plus simplement d'une série de gags savoureux basés sur le décalage, et d'évocations plus ou moins détaillées de pans mythologiques avec un éclairage psychanalytique. Il s'agit aussi d'une vision du monde préchrétienne. Les auteurs ne mettent pas cette dimension en avant, mais le lecteur en prend conscience progressivement, ou cela lui revient à l'esprit. Par cette prise de recul, l'ouvrage apporte une perspective inattendue, devenant aussi le révélateur de la transformation idéologique amenée par l'avènement du christianisme, par la réduction opérée par l'idéologie de cette religion, tant sur le plan moral que sociétal.



S'attendant à un ouvrage similaire aux précédents réalisés par Jul & Charles Pépin, le lecteur est à la fois conforté et déstabilisé. Il retrouve la forme des 2 tomes sur les philosophes, 1 page de BD avec 1 page de texte en vis-à-vis, ou 2 pages de BD suivies de 2 pages de texte, chaque entrée se focalisant sur un dieu ou un personnage différent. Il est aussi pris au dépourvu par une orientation plus psychanalytique que philosophique, et par des textes où la répartition entre informations mythologiques et considérations sociales et psychologiques varient fortement de l'un à l'autre. Il lui faut également un peu de temps pour prendre conscience que cet ouvrage propose d'examiner des points de vue préchrétien, faisant ainsi ressortir des façons de penser tellement habituelles qu'elles en paraissent objectives. 4 étoiles pour une approche au dosage fluctuant d'une entrée à l'autre.
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La joie

Solaro traverse une vie semée d'épreuves : sa maman est malade et meurt. Son père est dépressif. Suite à un malheureux enchaînement de circonstances, Solaro tue accidentellement un petit malfrat et est condamné à 15 ans de prison. Au bout de quelques années, il est transféré dans un asile psychiatrique.

Mais Solaro possède une joie de vivre à tout épreuve. Il n'est ni un imbécile heureux, ni un optimiste béat, mais il possède et cultive cette force d'accueillir le présent et de jouir de chaque moment dans ce qu'il a de meilleur. Son comportement sera, dès lors tour à tour jugé inadéquat (face à la maladie), dangereux pour la société (lors de son jugement), fou (d'où son enfermement à l'asile) par ceux qui le côtoien et ne le comprennent pas. Il dérange...



Si je n'avais pas entendu les interviews donnés par Charles Pépin lors de la sortie de ce roman, je pense que j'aurai peut-être aussi été un peu déconcertée par le propos de ce livre. Construit (et ce n'est pas un hasard mais bien un hommage) sur la même trame que l'Etranger de Camus, ce roman se base sur une magnifique philosophie : Savourons le meilleur du le moment présent. Cultivons la joie. La joie n'est pas le bonheur qui, lui, se passe dans la durée et exige l'absence de malheur. La joie est, comme l'explique l'auteur, "une émotion qui jaillit parfois sans raison et qui nous déborde et elle n'est pas incompatible avec la souffrance ou le malheur. Elle est de ce fait subversive car elle agresse ceux qui ont envie de se plaindre". "Rien ne peut atteindre quelqu'un qui a la joie car il se suffit à lui-même". Apprendre à se focaliser sur le présent, à trouver que le réel nous convient et à ne pas vivre dans la nostalgie du passé ni dans l'espérance d'un futur meilleur, tel est le secret pour cultiver la joie. La joie peut durer un instant. Multiplier ces instants et les accueillir pleinement nous permet de nous renforcer pour mieux vivre les moments difficiles.

Voilà, en substance, ce que je crois avoir compris de ce roman que j'ai adoré, était-il besoin de vous le dire ?
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50 nuances de grecs, tome 1 : Encyclopédie de..

Étant très nulle en mythologie, je me suis dis que ce livre pourrait m'éclairer.

En effet il m'a permis de mieux comprendre quelques points. J'ai bien aimé l'humour des explications sur les personnages.

Mais le gros point négatif, c'est qu'on s'y perd avec les personnages.. Il aurait fallu selon moi un arbre généalogique qui aurait été plus judicieux pour mieux comprendre les liens car ducoup j'ai pas tous compris et j'ai décroché à des moments...
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50 nuances de Grecs, tome 2 : Encyclopédie de..

La mythologie revue et corrigée, mas pas trop quand même.

ce second tome égal le premier avec une adaptation de thèmes récurents à toutes les époques, dans tous les pays. Au passage quelques marques (louboutin...) pour donner du corps aux dessins; qui une fois n'est pas coutume son expressifs dans leur simplicité, marque prépondérante de JUL
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50 nuances de grecs, tome 1 : Encyclopédie de..

Apprendre en s’amusant, en rigolant, c’est toujours plus intéressant que devant des manuels lourds et chiants.



Surtout que les auteurs n’hésitent pas à mélanger les choses de notre monde avec celle de la mythologie, comme par exemple, Thésée dans le labyrinthe qui suit les indications d’un GPS pour trouver la sortie ou des faits d’actualités.



Chaque dieu, demi-dieux, mythes, légendes, a droit à une page ou deux en bédés et ensuite, une page de texte explicatif sur sa personnalité, sa légende, son rôle, son pedigree.



Bref, ça fait au moins 50 nuances de divinités Grecques, qui, comme vous le savez, n’hésitaient pas à s’entremêler entre elles et à se faire des enfants dans le dos, sans oublier que dans ce petit monde, un trou était un trou. Oui, c’est dit crûment, mais c’est ainsi : grande tolérance niveau partenaire de sexe.



Que les parents outrés se rassurent, la bédé reste tout public, même si les explications claires et concises sur chaque portrait est parfois dans sa vérité toute nue : Oedipe et sa mère, par exemple.



Le ton de Charles Pépin est facile à suivre et on ne s’embrouille pas de trop dans "qui est le père de qui" car dans les divinités grecques, c’est aussi touffu que dans les anciennes séries telles que Santa-Barbara ou Amour, Gloire et Beauté, niveau "qui a couché avec qui" (et qui couche avec qui en ce moment…).



Les dessins de Jul sont agréables, bourré de petits détails humoristiques, les cases sont sans bordures et pourvues de peu de décors, mais ça marche dans ce genre d’album.



Un bon moment de lecture, pour se cultiver et rire un bon coup, ce qui fait du bien mais n’est pas remboursé par la sécurité sociale.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Quand la beauté nous sauve

J'ai beaucoup apprécié ces réflexions philosophiques sur la beauté. Charles Pépin nous entraîne sur le sillage de Kant, Hegel et Freud pour essayer de définir le "Beau" et nous questionner devant cette émotion parfois fugace, que l'on éprouve devant la beauté. Que ce soit une musique, une peinture, ou dans la vie quotidienne, un homme, une femme...

Cette émotion peut parfois s'expliquer par la psychanalyse, mais pas seulement, et c'est alors un mystère qui confine à l'Eternel.

Dans un style simple, facilement accessible, avec des références philosophiques très bien explicitées et des exemples tirés de la vie quotidienne, l'auteur nous aide à voir la beauté du monde. Il ne faut pas s'en priver.
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La planète des sages : Encyclopédie mondiale de..

Cinq étoiles pour ce pari : un parcours philosophique humoristique avec ses planches de BD absolument délicieuses et spirituelles, un texte raccrochant les philosophes à notre contemporéanité.

Voyage garanti vivant dans des notions qui peuvent nous être étrangères ou mal connues.

Toutes les tendances philosophiques sont représentées, tous les grands noms de la philosophie sont passés en revue.

Ce livre se déguste petit à petit, On y entre pas à pas afin de ne pas "mélanger" les différents courants, les multiples modes de pensée.

Le dessinateur Jul nous y aide en provoquant chez nous un décodage de l'essence même du mouvement présenté; l'auteur des textes rebondit sur ces dessins avec la juste pointe d'humour et de modernisme qui nous permet d'accéder un peu plus en avant dans la pensée humaine.

Un livre où il sera bon de revenir régulièrement et dont pourrait sortir l'envie de découvrir plus profondément tel ou tel philosophe. Les réflexions que l'on tire de ces lectures provoquent un bouillonnement d'interrogations, on ne reste pas indifférents.
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La Rencontre, une philosophie

J'ai un bagage bien mince en philosophie. Comme peut être beaucoup, j'ai étudié cette matière un an au lycée, il y a quelques (de nombreuses) années et j'en garde assez peu de souvenirs. Pourtant j'ai un attrait pour cette discipline, pour peu qu'elle soit présentée de manière compréhensible pour la débutante que je suis. Je pense que la lecture directe des penseurs de référence n'est pas à ma portée car je n'ai pas les clés pour les comprendre.



La rencontre, une philosophie est abordable et utilise un langage simple, l'auteur illustre son propos par des exemples tirés de films, livres ou oeuvres d'auteurs ou directement de la vie d'artistes contemporains ou très connus. J'ai apprécié ma lecture pour ces raisons et pour d'autres également.



Constitué de trois parties, les deux premières Les signes de la rencontre et Les conditions de la rencontre sont ancrées dans la vie quotidienne avec des exemples que chacun peut comprendre. La dernière, La vraie vie est rencontre, plonge plus en avant dans la discipline et établit des liens avec différents philosophes.

Heureusement que Charles Pépin est présent à cette étape pour exposer clairement les choses aux néophytes. J'ai sous les yeux une citation de Sartre reprise dans cet ouvrage « L'homme est cet être qui n'est pas ce qu'il est et qui est ce qu'il n'est pas », je pense que sans l'explication de texte, je serai passée à côté 😊.



Cette lecture est à la fois instructive et apaisante, elle donne à apprendre et à comprendre davantage et rassure quelque part sur notre humanité. Quand on aborde autrui avec bienveillance et l'esprit ouvert, on va au-devant de belles surprises sans se perdre soi-même, voire en apprenant à mieux se connaître.

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La Rencontre, une philosophie

Pas de grande révélation dans le livre lorsqu'on a entendu l'auteur à la radio mais j'ai découvert une écriture très agréable qui décrit, explique la rencontre avec clarté, érudition sympathique et enthousiasme.

En ce qui me concerne, ça a mis des mots sur un ressenti, j'étais au fond déjà convaincue par cette vision de la vie, mais suffit-il de lire la nécessité d'être disponible à la rencontre pour l'être ? Le "comment", dans notre société actuelle, est assez peu abordé, en dehors d'internet...
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La confiance en soi, une philosophie

Charles Pépin m'a une nouvelle fois surprise et donner des clés.

En abordant, cette lecture j'avais l'appréhension que ce livre soit moins réussi que les vertus de l'échec et bien non.

Je trouve très bien qui parle largement de la différence entre choisir et décider ( citation mise sur le site).Pas assez enseigner dans les écoles.

Il est question de la place de l'imprévu dans notre quotidien et de nos réactions face à cela.

La zone de confort ennemis ou amie de la confiance en soi.

Rien n'est fatal dans ce sujet qui est question de Madonna, Yannick Noah et George Sand.

J'ai aimé comment il y a étayer son argumentaire avec leurs vies.

Les raisons sociaux sont t il là pour aider à prendre confiance en nous?

La comparaison est pour lui à bannir car cela a des effets néfaste et je suis entièrement d'accord avec lui.

Il rend un très bel hommage à la chanson "il jouait du piano debout"

La phrase de fin est magistral.

Bravo à l'auteur pour son travail.

Merci aux libraires pour mettre en avant de belles pépites qui nous aide nous alléger la vie.

Je regrette de pas avoir lu le livre avant.

Une très bonne idée cadeau.

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50 nuances de grecs, tome 1 : Encyclopédie de..

J'en ai fait une lecture en pointillés (le format s'y prête) qui m'a permis de faire une bonne révision de mes notions de mythologie grecque... L'humour est teinté de l'actualité récente, ce qui, à mon humble avis, fera que cet album se démodera rapidement.
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