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Critiques de Charlotte Delbo (124)
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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

Bon alors voilà. J'ai passé mes vacances à relire tous les livres que je possède de Charlotte Delbo, et je suis toujours aussi choquée de voir à quel point elle est peu connue en France, si on compare à Primo Levi, par exemple, qui, pourtant, est italien, écrit en italien.

Donc, rappelons : Charlotte Delbo est née en 1913 à Vigneux-sur-Seine. Elle épouse dans les années 1930 Georges Dudach, militant communiste. Elle est engagée par Louis Jouvet comme secrétaire. Elle est passionnée par le théâtre, la philosophie, l'écriture. Pendant la guerre, elle et son mari appartiennent au groupe de résistants de Maï et Georges Politzer, Hélène et Jacques Solomon. Ils seront arrêtés. Les hommes seront fusillés, les femmes, avec 227 autres, seront envoyées -seul convoi de politiques dans ce cas- à Auschwitz le 24 janvier 1943.

La trilogie "Auschwitz et après" "raconte" (le terme ne convient pas) la déportation : Auschwitz-Birkenau, Auschwitz-Raisko, Ravensbrück, retour à Paris, vie des "revenantes" après les camps.

"Aucun de nous ne reviendra" est le premier tome de la trilogie. Charlotte Delbo l'a rédigé en 1946, immédiatement (enfin, dès qu'elle en fut capable, après environ 3-4 mois de prostration) après le retour de la déportation. Puis-ainsi l'avait-elle décidé- elle a attendu 20 ans avant de chercher à l'éditer. 20 ans pour voir si c'était de la littérature, si ça tenait le choc. Ca tient le choc.

"Aucun de nous ne reviendra" est un vers d'Apollinaire qui a hanté Charlotte Delbo pendant toute sa captivité. Les survivantes devaient témoigner, elles se l'étaient juré.

Pas de récit chronologique, des flashs, comme si le temps s'était aboli. Charlotte Delbo cherche un langage pour l'inconcevable, l'inimaginable. Elle ne croit pas à l'incommunicable "-Vous n'avez pas les mots ? -Trouvez-les ! "a-t-elle dit dans une interview. Des moments, donc, dans un espace glacé, en deçà de l'espace et du temps humains. La plaine et les marais d'Auschwitz comme une vision des Enfers grecs. Une lumière d'avant la lumière, un soleil qui ne chauffe pas, et des ombres, des squelettes aux yeux morts. Charlotte Delbo alterne vers et textes en prose, mais le langage me semble profondément poétique. C'est à dire qu'il ne cherche en aucun cas à nous distraire, mais à entrer dans le tissu de notre esprit, à s'y mêler pour nous faire voir ce que nous n'avions jamais vu. L'appel du matin et l'appel du soir. Quatre heures dans la glace de trois heures de la nuit à l'aube. Même chose au retour des marais. Avant, les femmes sortent les mortes de la nuit. Le soir, elles les ramènent des marais. Celles qui se sont effondrées, ont été battues à mort...Elles n'ont qu'une chemise sur le dos par -20°. La soif, pas la soif de "j'ai soif", même après un marathon, la soif qui dure des semaines, qui rend folle, aveugle, sourde, qui fait tellement gonfler la langue qu'on ne peut plus fermer la bouche, qu'on ne peut plus manger-même la soupe infâme- parce qu'il y a du sel et qu'on n'a plus de salive, et les yeux brûlants sans larmes pour fermer les paupières. L'impossibilité de s'évader ne serait-ce qu'une seconde de cet enfer par l'imaginaire. Les nuits ne sont que des cauchemars, les jours des enfers. La mort omniprésente, traumatisante, d'une effroyable laideur : des corps abandonnés pendant des jours, des camions qui partent "aux crématoires" avec des corps dont certains bougent encore, des malades du typhus recouvertes de poux, qu'on ne reconnaît plus qu'à leurs yeux, des os qui percent les chairs, et l'odeur persistante de la chair brûlée, toujours, tous les jours...Ainsi que la question obsédante : pourquoi moi, ai-je survécu, suis-je revenue ? Je n'avais pas plus de force que les autres...Pourquoi moi, et pas Viva, par exemple, l'amie si proche de Charlotte, qui l'a soutenue quand elle a failli mourir, et qui est morte du typhus en juillet 1943 ? et l'on rencontre, par bribes, les extraordinaires compagnes de Charlotte : Viva, Lucienne, Carmen, Mado, Poupette, Mounette, Mariette, Yvonne Blech, Yvonne Picard, Gilberte...Toutes des résistantes, qui forment un groupe compact et solidaire, ce qui explique leur taux extraordinaire de survie (une cinquantaine sur 230), dans un enfer où l'espérance de vie était de 20 jours...Elles se donnent le bras, se dissimulent les unes les autres, et se parlent, se parlent, tout le temps.

Du 27 janvier 1943 à juillet, elles restèrent dans le camp de Birkenau, puis, par une extraordinaire et inexpliquée décision de l'administration -sans doute parce qu'elles étaient des politiques, les survivantes qui n'étaient pas au "revier" (infirmerie-mouroir), furent transférées à un commando de Raisko, toujours sur le site d'Auschwitz, mais un commando plus "protégé", sans appel, à l'intérieur, avec un dortoir, des lavabos etc...Mais cela n'est pas le sujet d'"Aucun de nous ne reviendra", c'est le sujet, entre autres, du deuxième tome "Une connaissance inutile", écrit dans les années 1960.

"Aucun de nous ne reviendra" est le tableau peint à chaud d'un espace infernal peuplé de démons, sans aucune espérance ni aucune issue. Il me frappe plus que tout ce que j'ai lu, non comme témoignage, mais par le génie de son écriture spectrale et son effort performatif pour impliquer le lecteur. Il faut le lire, il fut connaître Charlotte Delbo. Faites passer le message !



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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

Il faut noter ce livre... mais comment ? Est-ce donc important ? La note maximale. Il la vaut bien. Cinq petites étoiles jaunes pour ce livre-là... Quelle dérision !



Des phrases saccadées, épurées, des mots froids, répétitifs, lancinants. On a froid en lisant le témoignage de Charlotte Delbo. On a froid, on se sent nus, dépouillés.

Du noir, du gris, du blanc. Le blanc de la neige. La neige froide. Le gris du brouillard. Le brouillard de la chanson de Ferrat. Le noir et blanc des documentaires d'archives dont les images terrifiantes défilent dans ma tête.



"Ils attendent le pire - ils n'attendent pas l'inconcevable"

Je suis mal. Oppressée. J'ai beau "savoir", cela m'anéantit toujours autant. Comment des pères, des mères, des fils, des filles, ont-ils pu faire ça à d'autres pères, mères, fils, filles... Comment ?

Certains prétendent que tout est une question de contexte, que nous sommes tous manipulables. Non, je ne crois pas, non. Je ne suis rien, ni plus ni moins maligne ou courageuse que les autres, je n'ai pas la fibre d'un héros... mais j'ai l'absolue certitude qu'aucun orateur, qu'aucun manipulateur, qu'aucun dictateur, ne pourra me persuader de franchir certaines limites. Cela va au-delà de ma volonté, c'est juste que je ne peux pas. Il y aura toujours en moi cette part d'humanité qui me retiendra d'accepter l'inacceptable. D'accepter d'être une pourriture à la botte d'une autre.



Quand, de nos jours, je lis ou j'entends de prétentieux imbéciles se donner de l'importance en traitant de nazis des personnes, simplement parce qu'elles ont une opinion différente de la leur... me vient comme une envie de les gifler.

Cessez de braire, bande d'ânes et lisez. Lisez ! Lisez... Peut-être vous viendra t-il une étincelle d'intelligence pour mesurer votre indécence et une once de compassion, de respect, pour ces milliers d'hommes, de femmes, d'enfants qui ont un jour croisé le regard sadique de ces monstres et sont tombés sous les crocs de leurs chiens.

Lisez et vous n'oserez plus revendiquer le droit à la liberté d'expression pour proférer vos insultes.

Le nazisme est tout sauf un droit.

Le nazisme est tout sauf la liberté.

Le nazisme, s'il est une expression, n'est que celle de l'enfer et de la mort.

Lisez ! Lisez avec humilité. Ouvrez votre esprit et votre coeur. Mais, de grâce, n'utilisez plus cette insulte pour faire taire vos contradicteurs... c'est aussi déplacé qu'odieux.
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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

C'est à la suite d'un échange sur Babelio au sujet de Primo Levi que je découvre Charlotte Delbo (Merci Doriane).

Il n'est pas dans mes intentions de comparer ces deux ouvrages, ils racontent chacun avec une tonalité différente l'holocauste et la Shoa.

Charlotte Delbo nous parle de l'enfer des camps du point de vue des femmes dans un style riche en métaphores, j'ai ressenti une distanciation dans sa façon d'évoquer ses souvenirs, distance qui lui a été apparemment nécessaire pour ne pas sombrer dans la folie et renoncer. Le récit alterne tantôt les scènes brutales et insoutenables et tantôt des descriptions métaphoriques proches d'un cauchemar éveillé.

J'ai trouvé le style très suggestif, comme une succession de tableaux que l'auteure commente avec un recul certain, une distance, je n'ai pas de mot plus précis, elle semble vouloir nous montrer quelque chose qu'elle ne veut pas voir. J'ai eu l'impression de lire un poème parfois, c'est déroutant.

Je ne comparerai pas ces deux livres, mais je peux comparer mes ressentis, j'ai été plus ému et durablement marqué par Primo Levi dont la sensibilité m'a ébranlé, sa conscience de la perte d'humanité notamment.

Cela dit le récit et le témoignage de Charlotte Delbo valent d'être lus, huit semaines d'un calvaire effroyable, chaque voix a sa propre note pour exprimer une même souffrance.
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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

C'est un témoignage de sensations. Pas un témoignage de faits.

Mais c'est tout aussi fort, aussi prenant, tout aussi horrible et insupportable comme tous les témoignages qui relatent les souvenirs des camps.

Tout en pudeur, à la limite de la poésie parfois, Charlotte Delbo partage ses pots, partage ses émotions.

Merci Mme Delbo. Pour ne jamais oublier ! Car il ne faut pas que cette partie de l'Histoire tombe dans l'oubli !!
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Le convoi du 24 janvier

Un magnifique hommage à ces 230 femmes emmenées dans ce convoi du 24 janvier. La plupart faisait partie d'un réseau de résistance, mais pas seulement. Souvent emprisonnées préalablement à Compiègne, elles ont tout subi à Auschwitz. Peu d'entre elles sont revenues, 49 ont survécu.

Charlotte Delbo a réussi à réunir un maximum d'informations sur chacune d'elles, avec l'aide des autres rescapées. Chacune de ces 230 femmes a ici droit à une petite biographie qui nous les rend réelles. Ce qui oblige le lecteur a être dans l'empathie et non dans l'Histoire ! Etre dans la réalité de ce qui a été. On réalise aussi que la vie, il y a à peine un siècle, était vraiment différente d'aujourd'hui. La vie de ces femmes, et de leurs proches, avant la seconde guerre mondiale n'était pas facile. Beaucoup d'entre elles travaillaient dès le plus jeune âge. Beaucoup étaient engagés dans des idéologies. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, j'ai ressenti encore plus le côté superficiel dans lequel nous vivons au XXIème siècle. Puis le conflit est apparu et là, la dénonciation et les arrestations ont commencé. La police française y a pris une grande part ! Et la fin, à Auschwitz, représente l'horreur dans toute sa puissance.

Quelques décennies plus tard, que retenons nous de cette Histoire ? J'ai bien peur qu'il n'en reste malheureusement que quelques témoignages. Il me semble que nous vivons aujourd'hui dans un monde très loin de cette réalité vécue. Et en même temps, il reste tellement de similitudes dans d'autres régions du monde, dans d'autres cultures. Et des injustices existent toujours. Les dénonciations ne sont pas si loin. En revanche, j'ai peur que les idéologies humaines ne soient plus d'actualité, au point de se battre pour elle. Ou alors, à l'état d'un feu de paille ! Enfin, cette réflexion n'est que personnelle et découle de cette lecture qui à l'avantage de faire réfléchir au passé et à l'avenir...
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Auschwitz et après, tome 3 : Mesure de nos jo..

C'est le 1er livre que je lis sur l'après...

La question ne se pose pas. On s'imagine qu'une fois sortis des camps, les survivants ont forcément été heureux, libres... Et pourtant, après cette lecture, on se dit qu'ils ont laissé leur vie là-bas, malgré cette survivance.

Charlotte Delbo sait mettre les mots sur les sentiments, et a pu retranscrire un petit peu du ressenti de ces revenants. Un petit peu car je pense qu'il y a tant de non-dits, de non-possibilité de raconter...

Ces 3 livres Auschwitz et après est un témoignage poignant et indissociable des uns des autres.
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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

Certes tu es revenue Charlotte, mais comment vivre après cela ? Comment sourire, comment aimer alors que des fantômes remplis de larmes, de supplications et de cris devaient hanter tes nuits ?

Comment à ton retour ne pas vouloir sortir de leur lit tous ces délateurs qui dormaient benoîtement. Serais-tu une sainte ?

Ton livre devrait être dans chaque cartable de nos lycéens et malheur à celui qui voudrait quitter la salle de cours en guise de protestation.

Il est grand temps d'opérer tous ces membres atteints de gangrène, au risque de voir un jour ton livre dans un brasier.
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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

Terrible. Le dépouillement de la narration, le recul avec lequel celle-ci est faite, c'est terrible.

Dès les premières lignes, la déshumanisation est en route.

Peu ou pas de ponctuation. Elle n'est pas nécessaire. Ce n'est pas la vie, ça ne peut pas être la vie. C'est un cauchemar.

L'écriture est déstructurée, comme le vécu du moment.

Pas de nom, pas de prénom, ou rarement. La négation complète de l'être humain.

Et la nuit, pas de répit. Celle-ci est peuplée de cauchemars.

En lisant les premières pages, qui sont de la poésie, j'ai pensé à une cantilène.

Certains chapitres sont d'un réalisme insoutenable :

lorsqu'un prisonnier compte les coups qu'il reçoit ;

lorsque les prisonnières subissent l'appel au lever du jour ( trois heures du matin ! ) dans un froid implacable ;

lorsqu'elles portent leurs compagnes mortes, car le compte doit être le même au départ qu'au retour ;

lorsque la narratrice souffre de la soif ;

lorsque, lorsque, lorsque...

L'indicible est dit et vous poigne au plus profond.

La question lancinante que je me pose à chaque lecture des atrocités infligées par les nazis revient : " comment des Hommes peuvent-ils faire subir cela à d'autres Hommes et en tirer plaisir ? ".

Je n'ai pas la réponse.

Alors, qu'est-ce que représente cinq étoiles pour un livre pareil ?

Ce sont des millions d'étoiles qu'il faudrait pour les millions de morts inutiles.

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Auschwitz et après, tome 2 : Une connaissance..

Le 2ème volet du témoignage de Charlotte Delbo issu de Auschwitz et après.

Plus intimiste, plus centré sur son expérience, plus personnel. Toujours dans la pudeur mais tout aussi indispensable pour ne pas oublier.
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Auschwitz et après, tome 3 : Mesure de nos jo..

Après avoir lu Charlotte Delbo, je ne peux que m'incliner avec respect et humilité devant le courage et la persévérance de cette femme et ses congénères.



Après avoir lu Charlotte Delbo, mon coeur saigne pour ces millions d'hommes et de femmes qui, du système concentrationnaire, ne sont pas revenus.



Après avoir lu Charlotte Delbo, une question reste et s'ancre de façon térébrante dans mon esprit: Pourquoi? Pourquoi ce génocide? Pourquoi ces persécutions inhumaines? Pourquoi ce système froid et déshumanisé?



Après avoir lu Charlotte Delbo, je réalise l'incommensurable difficulté de recommencer à vivre une fois sorti de l'enfer nazi.



Après avoir lu Charlotte Delbo, je repense à cette inscription dans un block du camp de concentration du Struthof qui interpelle le visiteur et l'incite au silence, à lui qui entre ici dans la maison des morts.



Alors je me tais.
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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

Résistante, Charlotte Delbo fut arrêtée au printemps 1942. Après un an de détention en France, elle fut envoyée en camps, à Auschwitz d’abord, puis à Ravensbrück. De son convoi pour Auschwitz (230 femmes, résistantes pour la plupart), elle sera l'une des 49 rescapées, encore en vie 2 ans plus tard. A son retour, elle décide de témoigner et se met à écrire … et décide d’attendre 20 ans avant de publier, pour être sûre de ne publier que si son œuvre en valait la peine.

Excellente idée à mon avis. D’abord, bien sûr, son œuvre est majeure, et d’une grande qualité littéraire. Surtout, je suis pas sûre qu’elle aurait eu autant de poids à la libération. Car son œuvre est constituées de scénettes, de brèves tranches de vie à Auschwitz, et je ne suis pas sûre que toutes les situations soient limpides pour qui découvrirait l’enfer d’Auschwitz de cette manière, plutôt immersive. Il y a quelque chose qu’elle arrive à transmettre remarquablement par cette écriture presque impersonnelle : à Auschwitz il n’y a plus d’individu, et en même temps c’est chacun pour soi, et en même temps chacun voit dans chaque autre un autre soi-même (ce qui suscite l’entraide). L’écriture est remarquable, attentive au rendu des sensations tant dans le choix des scènes que dans les mots choisis ; elle est à la fois simple et très littéraire. Et un témoignage parmi les plus touchants, les plus émouvants que j’ai jamais lu, peut-être justement parce que constitué de flashs, d’images prises sur le vif et gravés à jamais dans sa mémoire

Comment est-on capable de tenir aussi longtemps dans de telles conditions ?

Un livre nécessaire et percutant.
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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

Aucun de nous ne reviendra est un témoignage bouleversant à la puissance d'évocation terrible. Charlotte Delbo saisit des instants dans une narration faite de poésie et d'épouvante.



Ce livre fait vivre une expérience où nous approchons l'horreur tout en étant conscient(e) qu'il nous est impossible de nous la représenter, dans notre chair, dans nos os, l'humanité qui n'est plus qu'une ombre, une silhouette décharnée dans le brouillard, dans une éternelle nuit.



Auschwitz est un endroit d'où on ne peut pas revenir car même en vie, aucun déporté n'a pu en sortir vraiment vivant.



Plus qu'un livre, plus qu'un témoignage, au-delà des mots, une part d'indicible qui s'écrit.
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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

Charlotte Delbo réussi un tour de force magistral : transcender l'horreur des camps. Son ouvrage n'est pas un témoignage, ni un récit suivi, mais une succession de "poèmes" en vers libres. Et cela rend l'effroyable plus effroyable encore : la force d'évocation est telle que les images se matérialisent sous les yeux du lecteur, ne lui épargnant rien. Elle ne cherche pas de logique à la cruauté, elle la dépeint, la montre. La seule chose dont elle ne peut réellement rendre compte, c'est l'odeur (à laquelle je ne pensais d'ailleurs pas avant qu'elle ne l'évoque) : l'air solide de la mort et de la maladie, qui annonce le camp 2km avant qu'il n'apparaisse.

Une folie humaine transformée en littérature.
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Auschwitz et après, tome 3 : Mesure de nos jo..

Une vingtaine d’années après la fin de la guerre, Charlotte Delbo raconte ce qu’a été sa vie depuis son retour de Birkenau et Ravensbrück. Elle donne aussi la parole à ses compagnons de déportation, des femmes en majorité.



Chacune a eu son parcours. Certaines se sont mariées, ont eu des enfants. D’autres ont travaillé.

L’une d’elles dont le mari gagne bien sa vie, ne sort presque plus de chez elle, même en été, pour ne plus jamais avoir froid.

Une autre, après un mariage désastreux qu’elle pensait ne pas mériter après Auschwitz, a quitté la France pour Porto-Rico.

Marie-Louise, elle, semble mener une vie heureuse, dans une maison confortable. Mais quand Charlotte lui rend visite, elle constate que le mari de Marie-Louise connaît tout de ce que sa femme a vécu et qu’il peut même lui souffler les noms ou les détails sur lesquels sa mémoire bute.

Françoise vit « en somnambule » depuis qu’elle a fait ses adieux à son mari, avant qu’il ne soit fusillé au Mont Valérien, avant qu’elle ne soit déportée. Ce qui est également l’histoire de Charlotte Delbo.

Il y a Ida, juive, arrêtée à l’âge de quatorze ans, qui n’a retrouvé ni son père ni sa mère à son retour, et qui fait de temps en temps des crises d’angoisse qui ne préviennent pas et l’obligent à faire des cures de repos.

Marceline, elle aussi, fait chaque année ce qu’elle appelle « son anniversaire de typhus » : fièvre qui l’empêche de sortir de chez elle.



Il y a l’histoire incroyable de Loulou : à son retour, il avait dix-neuf ans, il n’y avait plus personne. L’appartement familial était occupé, et plus rien ne subsistait. Il s’est rapidement retrouvé à la rue. Il a alors été hospitalisé en service psychiatrique, où il a été soigné avec attention. Si bien que guéri, et n’étant attendu par personne, il a obtenu l’autorisation d’y rester. Il a fallu vingt ans à ses anciens compagnons de camp pour le retrouver dans cet hôpital...



Il y a celles qui ont des cauchemars souvent, celle qui a perdu le sommeil à force de ne pas vouloir dormir pour ne plus faire de cauchemars, celle dont la mémoire lui refuse les souvenirs du camp.



Mais toutes parlent de ce dédoublement constant dans lequel elles vivent. En apparence, menant des existences « normales », mais hantées au fond. Ayant perdu le sens de la joie, la capacité à être heureuses. Avec le sentiment d’avancer dans une dimension que personne ne peut concevoir. Personne sauf celles qui ont connu Birkenau ou Ravensbruck.



« En répondant à la question de Jeanne, je mesurais tout ce qui me faisait proche d’elle et des autres camarades. Seule l’une d’elles pouvait se permettre une question aussi directe, seule obtenir que j’y réponde tout droit, sans trouver indiscrète la question (...)

C’est sans doute ce qu’elles veulent dire, mes camarades, quand elles disent qu’elles se trouvent bien entre elles. Entre nous, il n’y a pas d’effort à faire, il n’y a pas de contrainte, pas même celle de la politesse usuelle. Entre nous, nous sommes nous. »



Voilà : quand on a lu ce livre-là, on sait qu’aucune fiction sur le sujet n’est possible.



Les seules personnes qui pourraient parler des camps, de la déportation, de la Shoah, sont celles qui en sont revenues. Mais nos mots n’y suffisent pas. Dans ce livre, Charlotte Delbo et ses compagnes tentent de dire ce qui reste de leur existence, à leur retour. Elles cherchent les mots, les phrases, elles reviennent avec insistance sur ce qu’elles ressentent, mais elles constatent que rien ne peut exprimer ce qui n’a pas de mesure connue. Ce qui fait qu’elles ne redeviennent elles-mêmes qu’entre elles, celles qui ont survécu. La compréhension, elle est là, chacune sait de quoi la mémoire de l’autre est faite, il n’y a qu’elles qui savent et partagent, dans leurs corps, sur leur peau, dans leurs yeux, la blessure indescriptible de chaque souvenir.





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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

Je ne sais pas ce qui est le plus bouleversant dans ce témoignage à vif de Charlotte Delbo au sortir de l'enfer : qu'il soit à vif justement, qu'il mette des mots sur l'indicible là où tant d'autres revenants n'ont pu parler, ou que ces mots portent une force poétique à même de soulager ses plaies, ou d'en garder la trace afin que l'oubli ne vienne pas nier l'horreur vécue. La lecture est extrêmement éprouvante, elle se fait en recueillement et s'imprime profondément dans le lecteur comme un texte indispensable et engageant.
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Ceux qui avaient choisi

Charlotte Delbo, l’auteure de cette courte pièce de théâtre écrite en 1967, est née en 1913 et décédée en 1985. Elle est une femme de lettres qui avec son mari s’engage dans la résistance dès le début de la seconde guerre mondiale. Son époux est fusillé au Mont Valérien et elle est déportée à Auschwitz et Ravensbruck.

Une grande partie de son œuvre littéraire témoigne et raconte ce qu’elle a vu et vécu dans les camps de la mort.

« Ceux qui avaient choisi » a un caractère autobiographique, elle met en scène trois personnages principaux : Françoise (le double de Charlotte), Werner, un ancien officier allemand et en rétrospective Paul, le mari fusillé de Françoise.

Françoise raconte la guerre et ses horreurs, elle française, résistante, communiste et déportée. Lui est un ancien officier allemand, 50 ans, universitaire qui écrit des livres sur la culture grecque.

La question finalement de cette pièce est : peut-on se parler vingt ans après de telles épreuves, peut-on pardonner, du moins accepter l’autre dans ce qu’il a vécu, dans ce qu’il a fait, ou pas fait. La culpabilité, la maladresse de Werner, hérisse Françoise. Elle ne pardonne pas, mais elle ne veut plus haïr.

Dans son esprit, c’est Paul son défunt mari qui prend toute la place. Tout son amour est pour lui. Au fil de la conversation, ils se confient tous deux, Werner voudrait continuer la relation, Françoise ne le veut pas.

Une pièce très percutante, qui émeut, touche au plus profond de soi. Les sentiments sont mis à nus. Françoise est d’une grande dignité mais elle souffre encore très profondément de tous ces évènements. Werner dans son désir d’exprimer son repentir, sa culpabilité se montre finalement très maladroit. Il réveille les souvenirs de Françoise. Ce sont deux écorchés vifs qui ont du mal à se reconstruire.

Ce fut vraiment très émouvant à lire, ça prend au cœur et à l’esprit. Les mots touchent, on ressent leur mal être à tous deux. Une a choisi d’agir, l’autre non….

J’aime beaucoup lire un petit classique de cette collection de temps en temps. En parallèle du texte original, on y trouve une biographie de l’auteure, une chronologie historique et de nombreux extraits de textes relatifs à l’époque.

A mettre entre toutes les mains pour ne pas oublier...





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Auschwitz et après, tome 1 : Aucun de nous ne..

Ce livre n'est pas un récit.

Ce livre est celui de toutes celles et ceux qui n'auraient pas dû revenir.

Il se lit comme un chant, comme le chant de morts.

Le livre du froid et de la soif, de la neige et de la boue.

Je trouvais étrange qu'il figure dans la collections "documents" des éditions de minuit. Plus encore aujourd'hui, tant il me semble que ce livre a transfiguré ces femmes d'Auschwitz. Alors sans doute, le récit y est plus dur encore, lorsque la poésie des mots de Charlotte Delbo n'a pas réussi à en retirer l'horreur, presque au contraire.

Chacune des scènes qu'elle décrit est un moment, et ce récit n'est pas une traversée de l'arrivée sous le grand porche à la sortie. C'est un moment, une suite d'instants, les images qui restent gravées. Une plus que les autres : les enfants du commandant du camp qui jouent au commandant et au déporté.

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Prière aux vivants pour leur pardonner d'être v..

Issue d'une famille d'immigrés italiens, membre des Jeunesses communistes, résistante en 1941 aux côtés de son époux Georges Dudach, Charlotte Delbo et lui sont arrêtés par la police française en mars 1942. Son mari sera fusillé au Mont Valérien. Elle, sera déportée vers la Pologne.



C'est en avril 1945, après vingt-sept mois de détention dans les camps d'Auschwitz-Birkenau et de Ravensbrück, que Charlotte Delbo revient en France, elle a 33 ans. de cette période tragique, elle écrira plus tard un livre-témoignage devenu essentiel : « Aucun de nous ne reviendra », ouvrage publié en 1965 aux éditions de Minuit.



Si Charlotte Delbo n'a jamais fait publier de recueil de poésie proprement dit, elle était profondément attachée à l'écriture de poèmes. « Seul le langage de la poésie donne à voir et à sentir » confie-t-elle dans une interview donnée en 1965 lors de la sortie de Aucun de nous ne reviendra.



« Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants » regroupe des poèmes épars publiés dans diverses revues ou dans plusieurs de ses livres, ou encore restés inédits.



Dans des poèmes en vers libres, au contenu saisissant Charlotte Delbo évoque tour à tour le portrait de l'homme qu'elle aimait, la jeunesse brisée, les espoirs devenus de profonds regrets, le retour des camps, le silence étrange qui l'entoure, l'étrange culpabilité d'être revenue sauve, et puis les indicibles souvenirs, tous les visages et les prénoms des êtres aimés et disparus, les corps éprouvés jusque dans la mort, et puis parfois aussi, le ressentiment envers les « vivants », ceux qui ne veulent pas savoir, qui préfèrent oublier.





« Et je suis revenue

Ainsi vous ne saviez pas,

vous,

qu'on revient de là-bas



On revient de là-bas

et même de plus loin. »







Dans d'autres poèmes écrits des années plus tard, Charlotte Delbo s'émeut de la situation sociale et politique en Pologne, de l'engagement en 1981 du syndicat Solidarnosc, ou encore de l'action de Mères de la Plaza de Mayo à Buenos-Aires, des femmes manifestant tous les jours contre la disparition entre 1976 et 1983 de leurs fils, victimes de la junte militaire alors au pouvoir en Argentine.



La poésie de Charlotte Delbo est une poésie du témoignage mais aussi de la pensée et de l'engagement.

J'avais été ému par la lecture d'Aucun de nous ne reviendra, par le récit bouleversant des années passées dans les camps d'extermination. Je l'ai été tout autant par « Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants ». Rien ne peut nous être étranger dans les poèmes que contient ce recueil.





« Vous ne pouvez pas comprendre

vous qui n'avez pas écouté

battre le coeur

de celui qui va mourir »





L'écriture de Charlotte Delbo est celle d'une femme touchée au coeur, qui a éprouvé jusque dans son corps le poids incertain de la vie. C'est une écriture où transparaît chez elle l'incertitude d'être bien revenue, d'être sortie d'un lieu qui avait tout à voir avec l'enfer.



Et si parfois elle prend à témoin le lecteur, si dans un « vous » elle le tient à distance de sa douleur, de son épreuve, c'est pour mieux qu'il se défasse de son ignorance et de son inaction, pour qu'il prenne conscience de l'urgence à penser et à agir. L'homme oublie si vite le sens de l'Histoire.





« (...)

comment vous pardonner d'être vivants...

Vous qui passez

bien habillés de tous vos muscles

comment vous pardonner

ils sont morts tous

Vous passez et vous buvez aux terrasses

vous êtes heureux elle vous aime

mauvaise humeur souci d'argent

comment comment

vous pardonner d'être vivants

comment comment

vous ferez-vous pardonner

par ceux-là qui sont morts

pour que vous passiez

bien habillés de tous vos muscles

que vous buviez aux terrasses

que vous soyez plus jeunes chaque printemps

Je vous en supplie

faites quelque chose

apprenez un pas

une danse

quelque chose qui vous justifie

qui vous donne le droit

d'être habillés de votre peau de votre poil

apprenez à marcher et à rire

parce que ce serait trop bête

à la fin

que tant soient morts

et que vous viviez

sans rien faire de votre vie. »





.
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Prière aux vivants pour leur pardonner d'être v..

" Qu'on revienne de guerre ou d'ailleurs

quand c'est d'un ailleurs

aux autres inimaginable

c'est difficile de revenir"



Charlotte Delbo, née de parents immigrés italiens, communiste et résistante, est restée près de deux ans en déportation, à Auschwitz puis Ravensbrück. A son retour des camps, elle a voulu témoigner et a écrit son récit en trois volumes. de nombreux poèmes, réunis ici, jalonnent son oeuvre.



Ils ont la force du désespoir et l'envie de revivre aussi. Ils veulent dire mais se cognent à l'incompréhension, l'indifférence de ceux qui n'ont pas vécu l'innommable. L'un de ses poèmes , souvent cité, et qui a donné son titre au recueil ,évoque bien ce dualisme. Il peut sembler provocateur mais il est tellement juste. En voici la fin:



" Je vous en supplie

faites quelque chose

apprenez un pas

une danse

quelque chose qui vous justifie

qui vous donne le droit

d'être habillé de votre peau de votre poil

apprenez à marcher et à rire

parce que ce serait trop bête

à la fin

que tant soient morts

et que vous viviez

sans rien faire de votre vie"



Les poèmes dédiés à son mari, Georges Dudach, très actif au sein du Parti communiste et fusillé au mont Valerien le 23 mai 1942, sont très touchants également.



" Vous ne pouvez pas comprendre

vous qui n'avez pas écouté

battre le coeur

de celui qui va mourir"



A travers ces textes poétiques, Charlotte Delbo, au-delà de la difficulté à rendre compte de ce qu'elle a vécu, voulait restituer " la vérite de la tragédie, l'émotion et l'horreur".Car pour elle" Seul le langage de la poésie permet de donner à voir et à sentir". On voit et on sent douloureusement en lisant ce recueil.







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Auschwitz et après, tome 2 : Une connaissance..

On se sent nu, humble et démuni pour commenter ce document.

"Je suis revenue d'entre les morts et j'ai cru que cela me donnait le droit de parler aux autres et quand je me suis retrouvée en face d'eux je n'ai plus rien eu à leur dire parce que j'avais appris là- bas qu'on ne peut pas parler aux autres."

Un ton et un ouvrage qui ne vous ne laissent pas indemnes dans une

réalité crue, sans fioritures, un travail sensible, minutieux, authentique, une sensibilité exacerbée qui se dévoile à travers les déchirements." Mémoire, Douleur, Mort." Un mise en mots infiniment poétique et bouleversante, une prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants !

Comme une expiation de toutes ces horreurs incompréhensibles et difficilement appréciables pour ceux qui ne l'ont point vécue!!Et Pourtant!





"Auschwitz et après, Une Connaissance Inutile"est une traduction en mots du vécu de Madame Delbo, elle y est sensible et ouverte,s'affranchissant des barrières du temps,elle passe de sa déportation à son emprisonnement, à la mort de son mari, fusillé, à sa vie avant guerre,elle parle d'elle:il y est question d'inhumanité et de désespoir "On peut faire d'un être humain un squelette où gargouille la diarrhée, lui ôter le temps de penser, la force de penser. L'imaginaire est le premier luxe du corps qui reçoit assez de nourriture, jouit d'une frange de temps libre, dispose de rudiments pour façonner ses rêves. A Auschwitz, on ne rêvait pas, on délirait".....

Il y est question d'amour:" je l'aimais parce qu'il était beau , c'est une raison futile, je l'aimais parce qu'il m'aimait, c'est une raison égoïste"....

Il y est question de mémoire et de liberté, elles et ses camarades jouent le Malade Imaginaire :"C'était magnifique parce que pendant deux heures, sans que les cheminées aient cessé de fumer leur fumée de chair humaine, pendant deux heures , nous y avons cru. Nous y avons cru plus qu'à notre seule croyance d' alors, la liberté, pour laquelle , il nous faudrait lutter cinq cents jours encore".Dans le dénuement le plus extrême, elle achète à une gitane le misanthrope de Molière et l'apprend par cœur, un fragment chaque soir, elles se

Récitent des poèmes, Charlotte Delbo réussit à se rappeler 57 poémes!

Il y est question de mort:"Pour ceux qui étaient à Auschwitz, l'attente était une course devant la mort."

Il y est question de fraternité et d'entraide , de chaleur humaine entre les déportés même si la mort est omniprésente.

Il y est question de soif:"J'avais soif depuis des jours et des jours, soif à en perdre la raison. Soif à ne plus pouvoir manger, car je n'avais plus de salive dans la bouche, soif à ne plus pouvoir parler, car on ne peut pas parler quand on n'a pas de salive dans la bouche. Mes lèvres étaient déchirées,mes gencives gonflées, ma langue un bout de bois....tous mes sens étaient abolis par la soif."....

Comment survit - on à un tel cauchemar?par l'instinct de survie ? Par la poésie et la puissance des mots, de l'imaginaire, les ressorts de l'intelligence , la sensibilité exacerbée de ces êtres admirables dans leur infortune, par l'amitié et le désespoir de l'amitié?par l'amour et le désespoir de l'amour?

Y a t- il une vie après cet enfer, dans le froid mortel de l'espoir qui s'éteint et renaît encore et encore?et s'acharne.....

Respect total pour ces hommes et ces femmes là!

"Alors vous saurez

Qu'il ne faut pas parler avec la mort

C'est une connaissance inutile."







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