Alors que vous étiez nombreux à me le conseiller depuis des années et que je mourrais d’envie de le découvrir depuis mon coup de foudre pour une des chansons de la bande originale du film adapté (Walk Unafraid de First Aid Kit), je n’ai acheté Wild qu’au retour de mon premier voyage solo en septembre et il m’a fallu attendre mon deuxième road trip, en ce mois de mai, pour enfin me décider à le lire.
Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de me plonger dans cette merveille ? En même temps, suivre l’aventure de Cheryl alors que j’étais moi-même en voyage solo et en sac à dos, c’était encore plus fort ! Vous l’aurez deviné, j’ai adoré cette lecture et j’aimerais trouver d’autres titres du genre sur lesquels me pencher…
Les quasi 500 pages de cette édition de poche peuvent effrayer mais je ne les ai clairement pas vu passer et j’en aurais presque voulu davantage tant cette lecture a réussi à me happer et me fasciner !
Cheryl, l’autrice et aussi narratrice, nous raconte l’aventure qu’elle a vécu en 1995, dans l’ouest américain, sur un immense chemin de randonnée (le PCT) reliant le Mexique au Canada. Pourquoi cette jeune femme alors âgée de 26 ans, se lance-t-elle ce défi complètement fou (1700 kilomètres de randonnée dans des conditions plus ou moins extrêmes !) alors qu’elle n’a jamais pratiqué la marche intensive ? Pourquoi partir seule sur les routes, seulement accompagnée d’un sac à dos intrainable – et très vite rebaptisé Monster ?
Cheryl Strayed a utilisé les carnets de voyage qu’elle avait rédigé sur place pour reconstituer ce roman. Mais ne vous attendez pas à un récit linéaire, non. Bien sûr on progresse entre les pages comme on progresse sur le chemin, du point de départ au point d’arrivée ; mais entre les deux, l’autrice nous propose des tours et des détours dans sa mémoire.
A travers de nombreux flash-back, on plonge dans ses souvenirs et on découvre le passé de cette jeune femme. Sa relation fusionnelle avec sa maman, morte quelques années plus tôt d’un cancer alors qu’elle n’avait que 45 ans, ses nombreuses infidélités à un mari pourtant adoré, sa dépendance à la drogue… Le lecteur fait la connaissance de Cheryl alors qu’elle-même réapprend à se connaître, alors qu’elle met le doigt sur certaines émotions et se libère de quelques souffrances.
On ne s’ennuie pas une seule seconde. C’est souvent la question qui revient lorsqu’on parle de voyage « solo » mais non, l’ennui n’est jamais là, car finalement, on n’est jamais vraiment seul. Et Cheryl nous le prouve plus d’une fois dans son récit puisqu’au cours de ses trois mois de randonnée, elle croise la route de nombreuses personnes avec qui elle créé des liens intenses, même si ce sont de parfaits étrangers. Mais vivre la même expérience forte rapproche.
La jeune femme est une narratrice très agréable à suivre. Son style est simple – mais pas simpliste – et surtout terriblement percutant. Quelle « héroïne » émouvante ! Quelle femme inspirante ! Elle m’a touchée plus d’une fois et j’ai été triste de devoir la laisser alors que je tournais la dernière page.
Bien sûr, mes deux petites expériences de voyage solo n’ont rien à voir avec la difficulté qu’elle a pu rencontrer au cours de sa randonnée mais tout de même, quelques-unes de ses réflexions ont résonné en moi et m’ont touchée : l’acceptation de la solitude et même sa recherche active dans certains moments, la lassitude de la marche qui finit chaque jour par prendre le dessus et qui revêt alors un caractère automatique (on marche comme des robots, un pied devant l’autre, juste pour atteindre l’étape que l’on s’est fixée), le dépassement de soi malgré la douleur et la fatigue… la fierté, le lâcher-prise, les retrouvailles avec soi-même, la peur des mauvaises rencontres ou de s’être perdue, le bonheur simple qui vient avec la vision de petites merveilles de la nature… et tant d’autres sentiments qui nous traversent au fil des journées solitaires.
Si Into the Wild m’avait déçue car m’avait laissé un peu sur le carreau – émotionnellement parlant – Wild change complètement la donne. Le caractère autobiographique et donc l’utilisation de la première personne du singulier aide sans doute à l’empathie mais en plus, Cheryl est une narratrice terriblement attachante, émouvante… et tellement inspirante ! Il ne me reste plus qu’à trouver une tente et à repousser un peu plus mes limites, la prochaine fois.
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