Citations de Chimamanda Ngozi Adichie (1003)
Je fuis les condoléances. Les gens sont gentils, les gens ont de bonnes intentions, mais savoir cela ne rend pas leurs paroles moins irritantes.
Le chagrin plaque sur moi de nouvelles peaux, fait tomber les écailles de mes yeux. Je regrette mes anciennes certitudes : "il va falloir que tu fasses ton deuil, bien sûr, que tu en parles, que tu t'y confrontes, que tu le traverses". Certitudes pleines de suffisance de qui n'a pas encore connu le chagrin.
Parce que j’aimais tant mon père, que je l’aimais si farouchement, si tendrement, j’ai toujours, dans un coin de ma tête, redouté ce jour.
Mais, anesthésiée par sa relative bonté, je croyais que nous avions le temps. Je croyais que le moment n’était pas encore venu. « J’étais persuadée que Daddy était parti pour être nonagénaire », dit mon frère Kene. Nous l’étions tous. Peut-être aussi avions-nous cette croyance déraisonnable que sa bonté, le fait que c’était quelqu’un de tellement bien, allait le maintenir parmi nous bien au-delà de ses quatre-vingt-dix ans.
Bien sûr, nous dit Papa, les politiciens étaient corrompus, et le Standard avait publié de nombreux articles dénonçant des ministres du gouvernement qui planquaient de l'argent dans des comptes en banque étrangers, de l'argent destiné à payer les salaires des professeurs et à construire des routes. Mais ce dont nous, Nigérians, avions besoin, ce n'était pas des soldats qui nous gouvernent ; ce dont nous avions besoin, c'était d'un renouveau démocratique. Renouveau démocratique.
"Un ami m'envoie une phrase de mon roman : "Le chagrin était la célébration de l'amour, ceux qui pouvaient ressentir un véritable chagrin avaient la chance d'avoir aimé." Comme c'est étrange que la lecture de mes propres mots me cause une douleur si exquise."
"Le chagrin est un enseignement cruel. On apprend combien le processus du deuil peut être brutal, combien il peut être lourd de colère. On apprend combien les condoléances peuvent paraîtres creuses. On apprend combien le chagrin est question de langue, l'échec de la langue et la tentative de s'y raccrocher."
"Nous sommes des êtres sociaux. Nous sommes tous imprégnés des idées de notre entourage et de notre époque."
"Si nous agissons de la même manière, si nous voyons toujours les mêmes comportements, nous finirons par intégrer que tout ceci est normal."
A chaque fois que je vais au restaurant nigérian avec un homme le serveur lui souhaite la bienvenue à lui et fait comme si je n'existais pas.
Le chagrin est un enseignement cruel. On apprend combien le processus du deuil peut être brutal, combien il peut être lourd de colère. On apprend combien les condoléances peuvent paraître creuses. On apprend combien le chagrin est question de langue, l’échec de la langue et la tentative de s’y raccrocher.
Je comprends enfin pourquoi les gens se font faire des tatouages à la mémoire de leurs disparus. Le besoin de proclamer pas seulement la perte, mais aussi l'amour, la continuité. Je suis la fille de mon père. C'est un acte de résistance et de refus : le chagrin vous dit que c'est fini et votre cœur que ça ne l'est pas; le chagrin essaie de réduire votre amour au passé et votre cœur dit qu'il est au présent.
I was happy when I saw your picture,” he said, smacking his lips. “You were light-skinned. I had to think about my children’s looks. Light-skinned blacks fare better in America.
C’était ça l’amour, l’impatience du lendemain.
Il y avait un truc qui ne tournait pas rond chez elle. Elle ne savait pas quoi, mais quelque chose clochait. Une avidité, une impatience. Une connaissance imparfaite d'elle-même. Le sentiment qu’il existait un ailleurs, hors de sa portée.
C’est un acte de résistance et de refus : le chagrin vous dit que c’est fini et votre cœur que ça ne l’est pas ; le chagrin essaie de réduire votre amour au passé et votre cœur dit qu’il est au présent
Une tristesse nouvelle le submergea, la tristesse des jours qui l’attendaient quand il aurait l’impression que le monde était légèrement détraqué, que sa vision était floue.
Les épaisseurs de perte donnent le sentiment que la vie est mince comme du papier.
Le chagrin est un enseignement cruel. On apprend combien le processus du deuil peut être brutal, combien il peut être lourd de colère. On apprend combien les condoléances peuvent paraître creuses. On apprend combien le chagrin est question de langue, l’échec de la langue et la tentative de s’y raccrocher. Pourquoi mes flancs sont-ils si courbaturés, si endoloris ? C’est à force de pleurer, me dit-on. Je ne savais pas qu’on pleurait avec ses muscles.
Le chagrin n’est pas vaporeux ; il a du corps, il est oppressant, c’est chose opaque. Son poids est plus lourd le matin, après le sommeil : un cœur de plomb, une réalité obstinée qui refuse de bouger. Je ne reverrai jamais mon père. Jamais plus. J’ai l’impression de ne me réveiller que pour sombrer, encore et encore. À ces moments-là, je suis certaine de ne plus jamais vouloir faire face au monde.
Tu ne dois jamais te comporter comme si ta vie appartenait à un homme, reprit tante Ifeka. Ta vie t'appartient à toi et à toi seule.
Le chagrin est un enseignement cruel. On apprend combien le processus du deuil peut être brutal, combien il peut être lourd de colère. On apprend combien les condoléances peuvent paraître causes. On apprend combien le chagrin est question de langue, l’échec de la langue et la tentative de s’y accrocher. Pourquoi mes flancs sont-ils si courbatures, si endoloris ? C’est à force de pleurer, me dit-on. Je ne savais pas qu’on pleurait avec ses muscles. La souffrance n’est pas une surprise, mais sa dimension physique en est une : j’ai la langue d’une amertume insupportable, comme si j’avais mangé un plat que je déteste et oublié de me brosser les dents ; sur ma poitrine un poids horrible et lourd ; à l’intérieur de mon corps une sensation de liquéfaction sans fin.