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Citations de Christine Angot (354)


- Voilà ce que je voulais te dire. Pour que tu saches. J'ai envie de crever. Je veux que tu le saches. Et que c'est de ta faute.
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Les mots sont repartis au fond de ma gorge. Le nœud s'est reformé.
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J'aurais pu sortir. j'avais 15 ans. On peut faire 2-3 pas dans la rue à 15 ans.
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Je voulais le dire... Je ne trouvais pas les mots qui correspondaient. Ils ne venaient pas. La phrase ne se formait pas. L'intention était là. Elle se fracassait sur un vide.
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ma vie amoureuse était saccagée. Je le savais. Il n'y avait plus rien à faire. Un peu plus, un peu moins .ce n'était qu'une différence de degré. Je ne m'intéressais plus à moi-même. Je n'avais plus d'importance à mes propres yeux. j'étais allongée sur le dos . je n'avais plus rien à perdre. Je n'avais plus peur . j'avais l'impression de participer à ma vie en participant à ma propre négation. Ma vie telle qu'elle était, non pas dans mes rêves, mais en réalité. telle qu'elle s'imposait à moi dans les faits. j'ai pensé qu'il valait mieux en prendre acte avec lucidité. que d'assister à l'échec répété des moyens que je mettais en œuvre depuis des années pour y échapper. j'étais indifférente à moi-même, à ma vie, à mon avenir. Ça me rendait triste. j'étais triste. Ça n'avait plus d'importance. puisque faire autrement etait impossible. que c'était inexorable. Je n'avais plus d'arguments à opposer à mon père.
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distendre la réalité, un côté un blackout total, de l'autre une mise en lumière excessive, me demandait des efforts. Il fallait ignorer dés pans de réel entiers, éclairer les points positifs, faire semblant d'avoir oublié certaines scènes, maintenir à flot un niveau de fierté. j'avais une période de référence. Les 8 jours entre la rencontre à Strasbourg et le baiser sur la bouche à Gérardmer . une unité de mesure. La joie que j'avais éprouvée entre ces deux dates .une méthode. Il fallait que je puisse prétendre, à mes propres yeux, que j'étais heureuse. Je devais me convaincre moi-même. Il fallait traiter les scènes en trop par le mépris, et les considérer comme des scories à déblayer.
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je passais mon temps à surveiller quelque chose sur quoi je n'avais aucun impact .. je ne pensais pas à moi, ni à la jeune fille que j'étais. Je n'avais pas le temps. j'avais autre chose à faire .identifier ce qui lui arrivait, pour limiter les avancées. envisager des parades. imaginer leur mise en œuvre.
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quand je dis que je ne pensais pas, c'est parce que je pensais tout le temps à quelque chose. Je n'avais pas le temps de réfléchir. mon esprit était toujours occupé Je surveillais tout . c'était une surveillance constante , sans relâche. Les gestes, et l'expression. la surveillance ne change rien .les gestes avaient lieu . surveillance. barrage. contrôle. quand ils arrivaient, il fallait faire semblant que ce n'était pas grave . faire semblant est devenu une attitude générale. Un automatisme. applicable à tous . imprégnant toutes mes relations. l'attitude que je devais adopter avec lui determinait ma façon de parler de lui aux autres . il fallait qu'il y ait une cohérence. Je ne pouvais pas passer d'un état d'esprit à un autre radicalement différent, selon les interlocuteurs.
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les rares fois où je décidai de parler, la moindre brise dans mon élan le cassait .le moindre frein, la moindre interruption, la moindre coupure m'empêchait de continuer. j'avais deux méthodes de survie avec deux objectifs opposés. j'étais partagée entre les deux . parler . briser le silence. Pour ça, il fallait voir les choses. Les savoir.les faire exister dans sa tête . se les représenter mentalement. Supporter les images. vivre avec elles . trouver les mots qui leur correspondaient .les exprimer. Se taire. Ça permettait de ne pas avoir l'image dans la tête, de continuer à faire semblant . de ne pas savoir vraiment, de ne pas avoir peur, de ne pas donner corps à l'inquiétude, de ne pas donner de réalité a l'impression d'avoir une vie cachée . exister. dans les deux cas, ça provoquait une forte angoisse. Il fallait la supporter, la gérer, et la contrôler. dans la solution se taire, l'angoisse se manifestait quand j'étais avec mon père, sur les actions des détails concrets. Il fallait surveiller les gestes, négocier des limites. c'était une préoccupation de tous les'instants. le reste du temps, je pouvais avoir la tête vide, ne pas penser ne pas savoir, ou de façon rapide, fugace. j'avais le choix entre les deux solutions. parler ou se taire . donc, quand je prenais mon élan pour parler, il ne fallait pas m'interrompre. Il fallait m'écouter, me laisser aller jusqu'au bout point sinon je changeais de méthode.
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On rate sa vie, pour essayer de la rattraper on écrit. Pour transformer la vie. Et plus on écrit, plus on rate sa vie. Or rien ne peut remplacer la vie. Jamais.
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Le je d'autrui, personne ne l'aime. Comme le caca d'autrui. Chacun supporte très bien l'odeur de son propre caca, mais l'odeur du caca d'Estelle, que vous adorez soi-disant, vous est beaucoup moins agréable, dit Céline. "De l'air ! de l'air !" vous hurlez.
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Elle n'aime que l'action, la masse, c'est ça le problème. Elle est hystérique, mais faiblement émotive. Si la masse était émotive, il n'y aurait plus de guerres, plus de boucheries. Les moments émus de la masse tournent vite à l'hystérie, à la sauvagerie, au pillage, au sacrifice.
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Je me sentais bannie du groupe des femmes quand l'une d'elles faisait allusion à la sexualité. J'avais l'impression d'être une petite fille. Je pensais que je n'avais rien à offrir sexuellement. Qu'une partie essentielle de ma vie m'avait été retirée. Il y avait le vague espoir, au fond de moi, que ce ne soit pas définitif.
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Je ne cherche pas à l'accuser. Les monstres existent seulement dans les contes. Je ne cherche ni à l'accuser ni à l'excuser. Il n' y a qu'une chose qui compte, la marque . Et il m' a marquée.
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Écrire. n'est pas choisir son récit. Mais plutôt le prendre dans ses bras et le mettre tranquillement sur la page, le plus tranquillement possible,le plus tel quel possible . Tel qu'il se retourne encore dans sa tombe, si sa tombe, c'est mon corps. Si il se retourne encore, c'est que je ne suis pas morte. Je ne suis pas non plus complétement folle. Le prendre dans ses bras tel quel, ça m'aurait plus intéressé de prendre un autre sujet dans mes bras,on ne m' a pas demandé. Ça peut prendre toute une vie à un écrivain de prendre dans ses bras quelque chose qui ne regarde personne. D’où cette mise en garde qu'il ne faut pas prendre mal, c'est un regret, un dernier de n'avoir pas pu, écrire d'autres livres que ceux là, sachant comment vous allez réagir et que votre réaction va me faire souffrir.
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Je rasais les murs avec mon blouson et mes grosses chaussures. Raser les murs, les barrières au sens couper,rasoir de la veine et de la chance. Rasoir dans les murs de pierre, prénom de mon père, sur cette pierre, je bâtirai mon église,c'est la littérature, je l'entaille,un mur de livres, un mur de lamentations,inceste,folie,homosexualité,holocauste,
démarrer fort,mon blouson, mes grosses chaussures et mon rasoir.
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J’avais deux méthodes de survie, avec deux objectifs opposés. J’étais partagée entre les deux.
Parler. Briser le silence. Pour ça, il fallait voir les choses. Les savoir. Les faire exister dans sa tête. Se les représenter mentalement. Supporter les images. Vivre avec elles. Trouver les mots qui leur correspondaient. Les exprimer.
Se taire. Ça permettait de ne pas avoir d'images dans la tête, de continuer à faire semblant. De ne pas savoir vraiment, de ne pas avoir peur, de ne pas donner corps à l'inquiétude, de ne pas donner de réalité à l'impression d'avoir une vie gâchée.
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J'ai rencontré mon père dans un hôtel à Strasbourg, que je ne saurais pas situer. L'immeuble faisait environ quatre étages. Devant, il y avait quelques places de parking. On entrait par une porte vitrée. La réception se trouvait sur la gauche. Il y avait un ascenseur au fond. Un escalier en bois avec un tapis qui parcourait les marches, et assourdissait les pas. La façade était plutôt moderne. La pierre, blanche. Il y avait des bas-reliefs de forme géométrique. Je crois. C'était pendant les vacances d'été. J'avais treize ans. Je venais de finir ma cinquième. Ma mère avait eu l'idée d'un voyage dans l'est de la France. On a quitté Châteauroux au début du mois d'août. On s'est arrêtées à Reims, à Nancy et à Toul. On est arrivées à Strasbourg un jour de semaine, en fin de matinée.

Ma chambre se trouvait au deuxième étage, et donnait sur la rue. Celle de ma mère à l'étage du dessus, dans la partie latérale. La mienne devait être à l'est ou au sud-est. Car il y avait une très forte lumière. Le papier peint était jaune. J'avais ma salle de bains, mes toilettes. Ma mère et moi partagions habituellement la même chambre. Mon père avait fait la réservation et téléphoné. Elle me l'avait passé. J'avais éclaté en sanglots en entendant la voix.

J'étais assise sur le lit, anxieuse. On a frappé à la porte. Ma mère est entrée.
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Je me suis dit qu'il avait renoncé à un point important pour lui. J'ai considéré que j'avais remporté une bataille. J'ai vu cet arrangement comme une victoire . Un deal. Un marché entre deux parties ayant traité à égalité. A la suite d'une négociation que j'avais menée. J'ai pensé que j'avais été habile,que je m'étais bien défendue, que j'avais préservé quelque chose d'essentiel pour mon avenir. J'étais fière d'avoir sauvé une partie de mon corps et de mon intimité. Je ne me suis pas dit que c'était dans son intéret en cas de dénonciation et d'examen médical. La victoire n'était pas totale. Elle était partielle. J'en étais consciente. Je savais qu'il y aurait des dégâts.
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Au Touquet, ou ailleurs, il m'est arrivé de voir ses yeux s'ouvrir au réveil, et de découvrir mon visage sur l'oreiller,en ayant l'air de m'aimer. Il y a probablement eu des sentiments. Je ne peux pas tout mettre sur le coup de la manipulation. Ce serait trop facile.
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