Citations de Christine Angot (354)
Je n’avais pas souvenir de lui. Je n’exprimais pas le désir de le rencontrer. Je répondais qu’il était mort quand on me demandait où il était.
P212
Je présentais Jean à mon père, pour qu'il lui dise d'arrêter, moi j'avais échoué. Quelques jours plus tard, sur le ton des choses qu'il fallait que je sache, mon père me disait que "sur le marché des amants un Noir vaut moins qu'un Blanc. Que c'était une évidence, c'était presque son rôle de père, éducatif, de me prévenir. Je le racontais à Bruno. Il me disait : ah bon que sur le marché des amants ? Je savais pas que il y avait que sur le marché des amants, ça va bien alors.
P204
Des gens comme nous ça peut pas être ensemble.
P202
... C'est une histoire qui marchera pour une fois parce qu'il n'y aura pas que le Q y aura aussi le QI....
P181
Vous vous êtes rencontrés parce que les contraires s'attirent, mais vous êtes trop différents, vous ne resterez pas ensemble. Les différences ça attire mais c'est pas durable.
P163
Elle dit que c'est moi qui lui ai fait du mal, mais elle sait que c'est le contraire. Elle ne sait sans doute pas qu'elle m'a fait ce mal qu fait que je me venge sur les autres, mais même moi je ne le sais pas. Je ne veux pas le savoir.
P96
Tu sais que mon père est mort deux mois après la publication de mon livre, l'inceste, et dix ans d'alzheimer.
P16
Je partais à Rome avec ma fille pour son anniversaire. Bruno n'aimait pas quand je quittais Paris, pour quelques jours de ne disais rien. Marc voulait savoir quand je rentrais pour reprendre la conversation. Je préférais qu'on se parle avant au téléphone.
P13
Avant d'aller me coucher, je recevais par texto :
- J'ai beaucoup aimé notre discussion. J'espère qu'elle en appellera d'autres. Bonne nuit. Je vous embrasse. Marc
P11
Il lisait "rendez vous", on venait dr de se rencontrer, c'était le. Lendemain de notre première nuit. Il avait un blouson d'hiver en cuir marron, son jean bleu ciel troué aux genoux, sa peau noire au travers.
P9
On venait de se rencontrer. Il partait en Corse avec ses enfants, des amis et la femme avec laquelle il vivait.
Je me souviens d’une année vécue à la zup, qui a été particulièrement belle. Celle de tes dix ans. C’a été une année vraiment heureuse. C’était l’après-68, il y avait eu un vent de liberté. Toi tu étais contente. Tu étais fière d’avoir deux chiffres à ton âge. Moi J’avais trouvé à Gireugne un entourage professionnel qui me convenait. Tu avais ton école, tes amies. Tout était bien. C’était une période calme. On s’aimait, on était bien ensemble, on riait bien. Tu me disais : « T’es gaie toi maman. »
- je sais. Je me souviens.
- C’a été une très belle année cette année-là. On est parties en vacances pour la première fois depuis longtemps. A Kerpape.
- C’est là que j’avais rencontré une petite fille qui s’appelait Christelle ?
- Je ne me souviens pas de son prénom. Mais tu avais rencontré une petite fille de ton âge, oui. Une petite Belge. C’avait été de très bonne vacances. Il n’y avait rien eu de particulier. Mais de la douceur.
Elle avait les larmes aux yeux. Elle a essuyé le coin de son œil, puis elle a regardé la petite larme au bout de son doigt.
- Maintenant j’ai une autre vie. Je suis peut-être une autre personne. Mais j’ai toujours gardé en moi le souvenir de cette année de tes dix ans. Il y avait rien d’extraordinaire pourtant. Et les choses n’étaient pas plus facile. Enfin voilà !…
[… ]
- Tu sais .. parfois quand je pense au passé, je me demande où tout ce monde est parti. Et s’il a vraiment existé. Je me dis : « Mais où est ce monde que j’ai connu ? »
- On s’aimait beaucoup maman.
- On n’avait que ça !
Elle s’est tue.
Le but était de te faire perdre. Vous pouviez avoir une relation, mais à condition de respecter certaines règles, qui garantissaient que tu ne t'infiltrerais pas dans son monde. Qu'il y aurait des limites.
Je me suis remise à l'appeler maman au cours de cette semaine-là. Et même, à utiliser le mot sans nécessité. Pour l'avoir dans la bouche. Et pour le faire résonner à son oreille comme une petite clochette enfin réparée.
Ce qui s'est passé ensuite a été une surprise.
Des sentiments très anciens, qu'on croyait perdus, qui dataient de sa jeunesse à elle et à moi, de mon enfance, ont commencé à réapparaître. On ne s'y attendait pas. On ne les espérait plus.
Elle m'a embrassée. Et elle m'a caressé les cheveux.
- Ah la la ma petite bichette.
Le timbre de sa voix n'était pas le même qu'avant. Les mots avaient l'air de sortir d'une boîte ancienne, d'y avoir été conservés plusieurs années, d'en sortir un par un, détachés les uns des autres, sans fluidité, comme de vieux papiers qui s'effritaient entre ses doigts à la lumière.
Pendant que j'embrassais le front, les paupières, les joues, le nez, le menton et les oreilles de ma mère, elle a entrevu un regard de lui. Il a levé les yeux par-dessus son journal. Ç'a été fugace. Ça n'a duré qu'un instant. Mais elle a eu l'impression que ce regard contenait quelque chose de désagréable. Elle n'aurait pas su dire quoi, c'était une impression. Ça pouvait être une projection de sa part. Elle l'a balayée.
Elle me parlait de lui. Tous les enfants avaient un père. Le mien était un intellectuel. Il connaissait plusieurs langues. Ils s'étaient aimés. Ç'avait été un grand amour. J'avais été désirée. Je n'étais pas un accident. Elle avait été fière de me porter pendant neuf mois. Malgré les quolibets, et les phrases dites sans son dos. Maintenant j'étais là. Elle en était heureuse. Où était mon père, ce qu'il faisait, ne regardait pas les gens. Si on me posait la question, il était mort, ou en voyage.
Elle lui dit que, comme preuve de cet amour qu'il a pour elle, elle voudrait que la prochaine fois, quand ils se verront, il ne se passe rien de physique, pas de geste. Même, si c'était possible, dès le lendemain. Juste pour voir, pour savoir si c'est possible.