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Citations de Christophe Claro (273)


La poche, magie noire
La poche, à l’instar de l’arrière-pensée, appartient à la famille des trappes. Souvent percée, ou du moins toujours recelant en elle la possibilité du percement, la folie du trou. La main s’y dissout, les pièces de monnaie y rouillent, la cigarette s’y délite, et même le petit objet sacré, quel qu’il soit, perd de son aura, oui, aucun fétiche, une fois tripoté dans ce bas-fond, ne résiste au climat de perdition qui règne ici-bas. On pourrait y oublier des grappes d’idées sans que ça prête à conséquence. Poche de mort, poche de merde, poche de peu de viande, où l’espace se détend et se contracte à la façon d’un poumon de pendu, alors qu’en faire ? Que lui confier qui n’y pourrisse aussitôt ? Nous avons parfois, dans la poche du cerveau, des miettes de vie sur lesquelles nous aimerions bien pouvoir poser un doigt humide afin de les ramener à la lumière, ce par quoi nous prouvons notre indécrottable naïveté. Tu as des yeux (pour voir et ne pas voir) ? Tu possèdes donc, à leur aplomb, ridées de gris, d’autres sortes de poches, guère différentes de celles qui empèsent ton gilet, où s’incrustent et se minéralisent les reflets de toutes ces choses que tu n’as pas su regarder. Une doublure ? Certes, mais tu comprends assez vite qu’au lieu de limiter la casse cette invention exacerbe les puissances de la disparition. Car, comme toi, la poche peut facilement se retourner.
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Fausse volupté des gants
Au voleur, on tranche une main ; à celui qui a froid, les deux. Il s’agit là bien entendu d’une diversion. Sainte horreur de la main nue, perçue soudain non plus comme un membre articulé, utile, apogée prosthétique de l’évolution, mais comme une monstruosité tantôt velue, tantôt tavelée, dont les tendons semblent dotés d’une vie propre, quasi inerte mais propre. Des araignées charnues et amputables, dont on sait fort bien ce qu’elles peuvent, veulent, tant les obsèdent la strangulation et la palpation, à intensité égale, toutes activités à l’opposé de la construction d’une cathédrale ou du façonnage d’un buste.
Les gants, donc. Leur silence, leur hypocrisie, même si, en fin de compte, ils redoublent, voire démultiplient, l’épouvante qu’ils sont censés dissimuler. Seul le chirurgien, que l’illusion du chevreau ne séduit plus, les enfile comme les dépouilles d’autres mains, prêtes à recevoir la rouge bénédiction du corps entrouvert, transformant sans malice l’expression « prendre des gants » en son contraire, puis les ôtant d’un claquement définitif qui rappelle le bruit d’une porte se refermant sur une main prise sur le fait.
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Suprématie du caillou
Sur la femme enterrée dont la tête dépasse, tu le lances ; dans ta bouche qui te sert à pérorer, tu le roules : pas de doute, le caillou est cette âme pétrifiée qui fait de toi un homme de la peur. Sur l’eau tu le lances pour qu’il se dandine, dans le puits tu le lâches pour mesurer le temps que met le temps à disparaître : pas de doute, il te sert d’otage. S’il tombe du ciel, tu inventes un dieu, que tu coules alors dans le béton de la foi. Mais dans la forêt de tes craintes, une fois semé, le caillou se change en miette et les oiseaux t’escortent puis t’égarent puis te becquettent. Ta tombe est là, froide, à peine creusée. Il en faudra des tas, de cailloux, pour qu’à la fin tu laisses une stèle que les pluies se chargeront de polir. Tu entends ce bruit ? C’est le marteau du cantonnier, qui rit, d’avance.
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Caprices de la passoire
Ne laisse pas suspendue en plein vent cette chose dont tu ignores jusqu’à la provenance ! Trop tard. Enhardi par l’absence d’eau, ce caque absurde devient, ainsi brandi, un crible redoutable qui transforme le flux invisible de l’air en rayons de vide ! C’est faire le mal que d’offrir à la nature cet ustensile qu’une main d’homme rendit perméable. À l’instar de la peau dont tu vantes un peu partout, sans trop réfléchir, la délicieuse porosité et la possible résilience, ce monstre de passoire prendra plaisir à singer ton doux destin. Toi qui redoutes les percées, tu n’as pas vu venir le trou et sa pluralité. À travers le filtre métallique de ce convexe confessionnal migrent et transmigrent les innombrables particules des pensées que tu n’as pas su mettre en gelée.
Souviens-toi cependant du temps où cette coquille quadrupède, rouge ou jaune tu ne sais plus, mais ferme, solide, une fois campée dans la fosse de l’évier, aspirait par sa foule d’orifices les alluvions que tu refusais à tes aliments. Une forme d’amour, aveugle ou sourd, s’incarnait dans cette opération qu’en sus tu répétais, confiant dans les vertus purgatives de l’itération. Aujourd’hui, en elle et par elle, passe sans discontinuer le sable cru de la tempête, en hommage ironique à ton incohérence. Presse tes lèvres dans le chinois, écrase ta joue sur le tamis – tout passera.
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Secret du couteau
Il y a un secret du couteau, comme il y a un secret de l’eau, des pommes, du renoncement. Mais le secret du couteau gît au-delà du couteau, c’est tout juste s’il naît dans son manche et frémit dans son tranchant. Il faut aller le chercher plus loin, plus haut, peut-être dans un muscle particulier de l’avant-bras qui n’entrerait en action, ne s’animerait que lorsque les doigts se sont refermés sur l’ustensile destiné à devenir arme. Accepte le couteau qu’on t’offre, et en échange donne à ton tortionnaire une pièce qu’il ira dépenser au café – sans toi. Déjà chez le boucher tu as vu ce que la bête en pensait. Ta paume y prend plaisir, pourtant. C’est, avant tout, une forme et un poids que tu éprouves, comme un jouet ancien dont tu feins d’ignorer l’usage. De tout temps brandi. De tout temps abattu. La gorge l’invite, le cœur le réclame, et chaque tendon guette son jugement. Si tu pouvais refaire le monde, n’en doute pas, tu débuterais ton entreprise par une forge, tu frapperais le métal en ahanant comme il se doit. Ton existence s’enfonce dans le songe d’une matière vive, et quelque chose en toi rêve de fines tranchées. Le seul mot de sacrifice te donne des fringales de coupe. Lame : oui, c’est cela. Te voilà tout entier défini dans le reflet de ce mot clair.
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L'apprentissage de la lecture, on le sait, est semée d'embûches. Enfant, nous butons. Nous ânonnons. En nous un bégaiement s’éveille mantra. Tout n'est que plis et noeuds. On se coince l'œil entre deux lettres comme le doigt dans une porte claquée par le vent, quel vent ?
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J'arme le silence. J'absente. Je rogne le centre. J'omets des plis. J'immisce. Je trop, je pas assez, je gruge et luxe. p.63
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Rien de plus sournois que ce qu'on appelle la parole libératrice : les choses ne sont pas prisonnières en moi, c'est tout le contraire, c'est moi qui suis prisonnier de ces choses, des choses du langage, du langage-chose. p.62
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[l'écrivain] Pour lui, l'échec n'est pas une clôture, mais une étape, qu'il doit repousser sans cesse, c'est en quelque sorte son rocher de Sisyphe, sauf qu'au lieu de simplement le pousser il s'y cramponne, il est la mousse qui s'y amasse tandis que ce monstre roule. p.58
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[traduction] Un recto accouchant d'une tribu de versos. p.41
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Le temps des adieux est un temps froid et sec : la santé y gagne ce que l'affection y perd. Nikolaï Mikloukho-Maklaï, qui a tout juste passé la vingtaine, embarque donc aux côtés du zoologue Haeckel.

Ce dernier a perdu sa femme et, paraît-il, le goût de vivre, à croire qu'un secret nichait et palpitait dans l'autre et qu' en rentrant sous terre cette autre a préféré emporter avec elle tout ce qui aujourd'hui pourrait aider le veuf à ne pas vouloir la rejoindre...

Nikolaï, lui, reste sourd aux stratégies du deuil, dont tant selon lui se repaissent, au point qu'il finissent par trouver un début de saveur dans son complexe entretien, tant leur fait horreur le rire de l'oubli. Quitter l'autre lui est facile. Nécessaire. Il ne voit aucun mystère dans la perte, seulement un raccourci permettant l'esprit de devancer la chair. Aux enterrements, c'est tout juste s'il ne félicite pas les vivants de leur endurance...


Le soir, quand Nikolaï s'enferme dans sa cabine où le roulis dicte sa loi et casse les assiettes, ce n'est pas à Haeckel qu'il pense, ni à la défunte madame Haeckel, ni même à lui. Il pense aux pensées qui l'habitent, et qui se moquent des cierges et des catafalques. Il pense aux éponges, mortes-et-non-mortes, qui essaiment au fond des mers l'odieuse sagesse du temps. Au plancton, dont la danse iridescente recèle sans doute des motifs édifiants. Il pense à tout ce qui se mesure, se pèse, se transforme, se dissout. Puis il bourre sa pipe et étudie les volutes de fumée que le plafond aplatit en un champignon indécis...

Les proches ne l'intéressent pas, ; les proches ne le retiennent en aucun point de la surface de son être, qui pour lors ne connaît que tension, étant réduite à une passion : celles des éponges. Il sent qu'en elles, dans ce semblant de cœur qui bat en chacun de leurs alvéole, bruit une énigme dont même Darwin n'a pas soupçonné la portée. (En français, alvéole peut être masculin ou féminin, ce qui réjouit, même si l'on sait hélas que ce sont les hommes qui régentent le genre de choses.)...
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Le Grec me croit crétois et le Crétois me soupçonne athénien ; l'Arabe m'estime juif et le Juif m'imagine arabe ; à n'en pas douter, je deviendrais vite Danois honteux en Suède et Martien récalcitrant aux yeux d'un Vénusien. Si j'étais chien, les chacals me prendraient à tous les coups pour une hyène - il est vrai que mon rire les y inciterait. De même que je ressemble de plus en plus à mon père à mesure que je traverse la galerie des outrages par laquelle il lui a bien fallu transiter pour mériter d'imploser lentement, de même il est possible qu'un éternel métèque fasse le guet en moi, prêt à brouiller les cartes généalogiques, bien décidé à me rappeler, si besoin était, qu'un aïeul dut fauter quelque part en amont. Rastaquouère : c'est aussi une vocation.



Enfants, les petits culs-blancs de ma cité de banlieue n'hésitaient pas à me traiter de "bicot", un terme que je ne connaissais que trop, d'abord parce que c'est ainsi que s'appelait un de mes héros de bande dessinée d'alors (dont la sœur portait des chemisiers vaporeux...), ensuite parce que j'entendais souvent le mot expectoré par la bouche de mon grand-père paternel, pied-noir mal remis de son dernier voyage maritime, bien que ses poches eussent été encore bien remplies. Ainsi, je ressemblais donc à ceux-là mêmes qui avaient chassé ma famille d'Algérie ? Par quelle magie ? Les maîtres ont des secrets dont ils confient à leurs esclaves le soin de les transmettre à leurs fils, c'est bien connu. Mon grand-père vénérait la blondeur de sa première épouse ainsi que les Vénus graciles de Botticelli mais gardait visiblement rancune à tous ces "bicots" qui lui avaient construit puis "confisqué" sa demeure. Moi-même, je lui aurais bien confisqué ses biens, en plus de ses conseils édifiants, mais la caresse précède souvent les coups chez les êtres crédules dont j'étais. Adolescent, je devins la proie facile de la flicaille giscardienne qui, alors, semblait avoir élu domicile dans les couloirs du métro et trouvait déplaisant que je réponde à leurs questions par des imparfaits du subjonctif.



Je pourrais, certes, trouver un certain plaisir, voire un vague réconfort, dans cette imposture involontaire, dans la mesure où toute imposture se double d'un précieux sentiment de puissance. Après tout, n'est-il pas judicieux d'avancer masqué en plus d'une circonstance ? Écrire, n'est-ce pas précisément cela ? Quand j'écris, je laisse aller au casse-pipe qu'est le lecteur non pas moi-même mais ce double légèrement maquillé, possiblement dégénéré, qu'est l'auteur. En vérité, il m' a fallu plusieurs décennies pour accepter de me ressembler et laisser s'avancer vers les autres à la fois moi et l'hôte policé qui m'héberge - et ce grâce au temps qui, mieux que le fantasme assumé de la race, vous façonne durablement la gueule et sans état d'âme...
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Quel souvenir anéantir avant de partir, et qui soit la fleur absente de tous ces bouquets pourris dont le vase de ma tête ne veut plus ?
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L'enfant qu'on a été ? La crasse de la nostalgie l'étouffera plus sûrement que l'amour d'une mère! Il repose écorché souriant noyé, occupant à peine plus de volume que son prénom naguère amputé, plus fuyant qu'un imposteur, mais comme ce dernier habile à nous faire douter même de nous. C'est un revenant, un insaisissable dybbuk, qu'il serait erroné de confondre avec un lutin ou un angelot tant de pimpants cadavres il a derrière lui laissés, tant mues et disettes l'ont rendu exsangue, frustré, jaloux. Dorénavant, c'est lui, l'enfant perdu, qui se nourrit de nous, qui nous extorque des compassions, nous souffle des aveux, lui qui nous prend à défaut, s'invite dans nos faiblesses, étoffe nos peurs.
Il est devenu notre plus fidèle prétexte, mais aussi le plus pervers, une créature entièrement composée de mensonges rapiécés, et qui s'enorgueillit d'avoir connu nos origines - et pour cause, il les a dévorées à pleines dents, et nous voilà contraints de croire sur parole tout ce qu'il ânonne dans notre mémoire.
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Non, décidément , je n'entends rien à cet homme, à ce Nikolaï, ou du moins pas grand-chose. Entre ce Russe que rien ne hante sinon son propre spectre et moi qui bouffe du papier du soir au matin, zéro connivence, c'est certain. Je n'y ferais même pas mon nid, dans ce gandin. Mais qu'est-ce qui m'empêche, du fond du rotin de mon âme, de ronger, de dévorer à petites dents de lait ce qui reste de sa carcasse dès lors que son destin s'invite sur ma page ? C'est sans danger, je l'ai dit. Et puis ne nous leurrons pas : les vies ne se racontent pas, au mieux on les recommence, tête la première, cul en comète, on les déforme comme des vêtements en oubliant qu'elles et qu'ils furent, aussi armures. Pour raconter une vie, il faudrait en avoir saisi non ce qu'elle a laissé, mais tout ce qu'elle a tu, caché, enfoui, détruit, tout ce noir magma informe qui infuse jusqu'à la moindre de nos respirations. La masse de nos secrets forment tumeur, qu'ils soient bénins comme le vol d'un sucre (ou d'une voiture) ou plus graves, comme un meurtre (d'après la légende familiale, mon arrière-grand-père trucida un homme en duel à Majorque, ô vanité du pittoresque), et que dire de ces secrets dont nous n'avons nous-même pas la clé, ignorant souvent pourquoi nous avons agi ainsi, menti ainsi, esquivé ainsi, trahi ainsi, etc. Car ces secrets là, plus obscurs encore et comme pris dans la gangue de secrets pour ainsi dire officiels, finissent, les ans aidant et la force s'usant, par former une insondable lie sur laquelle poussent, comme sur un fumier qu'on croyait sec et sourd, d'aberrantes fleurs morales dont nous sentons bien que nous connaissons le pollen, et les effets de ce pollen, mais que pour rien au monde nous n'oserions cueillir, alors même que c'est de leur parfum que s'enivrent nos moindres pensées. Et c'est cette crasse indifférenciée que certains prennent pour l'âme...
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Pareille à une maladie, la croissance le déforme et l'abrutit, nauséeuse jusque dans ses victoires. Il se gorge de mots, se bourre d'images, s'enfle de sons, car son éducation est affaire de baudruche: on l'emplit, il étouffe. La vie s'est vengée. ll n'a plus qu'à exister.
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J'ôte, donc je crée. Je soustrais pour produire. Je racle la peau, ce qui fait de moi, sémantiquement parlant, un rastaquouère - de rastracuero: celui qui racle le cuir. Tanner sa phrase : déjà ça. Je défais pour faire. J'habite la
défaite, ouvre dans le défaire. C'est parce que j'échoue en écrivant, ou plutôt parce que je sais que j'échoue en écrivant, qu'il m'est possible de recommencer, de raturer et de récrire. Je dois devenir non seulement écrivain, mais récrivain. Accepter d'être l'implacable récidiviste de mes propres écrits, l'horrible travailleur appelé par
Rimbaud, corriger, tancer. Quand je me relis, c'est gomme à la main, gomme dans les yeux, gomme au souffle. Écrire me gomme .. ce pourrait être une devise pour l'écrivain délivré des tentations pavillonnaires.
p. 65
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on a quitté les cavernes de l'être pour se recroqueviller
dans le dé à coudre du dire comme c'est facile un swing
puis un autre c'était donc ça s'évader il suffit lâchons les
chiens nos plaies ont soif et la prairie n'est plus qu'un
synonyme la pluie une ponctuation quelle audace on
s'époumone et la suie enrobe tout en son silence
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tu le sais la patience est un toit
aux tuiles vivantes
aux volets de panique
que l'orage invente dès qu'il faut jouir
- debout
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Faillir, c'est aussi bien faire et ne pas faire ; se planter et ne rien semer. Échouer, c'est aussi, notons-le, arriver, certes mal en point, mais arriver néanmoins, tant qu'à faire sur la plage abandonnée, coquillages et crustacés. Celui qui faut (troisième personne de l'indicatif présent du verbe faillir, j'ai vérifié, merci) rate en conséquence sa cible, qu'il ait ou non décoché sa flèche.
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