Les chemins de
Christophe Masson et les miens se sont croisés, d'abord à Clermont-Ferrand dans notre jeunesse, puis ici ou là dans quelque salon du livre. Nous nous connaissons "de vue" comme on dit et je lis une de ses histoires pour la première fois. Découvrir un auteur, c'est plonger d'un saut dans l'une de ses réalités fictives.
L'image de couverture du Dragon de jade est saisissante. On voit bien qu'on ne se trouve pas sur un terrain de rugby devant les hakas des All-Blacks mais l'expression est la même. Sauf que là c'est pire puisqu'il s'agit de la guerre.
Toute l'histoire démarre sur l'ouverture d'un cercueil au cimetière des Carmes suite à une recherche de paternité en Nouvelle-Zélande. En effet, au cours de la guerre de 1939-1945, la Nouvelle-Zélande, pays perdu en quête de reconnaissance mondiale, a fourni de la chair à canon aux alliés. Et c'est ainsi que, lors d'une mission pour la Résistance, le jeune Glen Murphy s'est écrasé avec son avion et ses camarades dans les monts d'Auvergne.
Le narrateur, un avatar de l'auteur ou encore une sorte d'aventurier-enquêteur-écrivain, a l'opportunité d'assister à cette ouverture, fasciné qu'il est depuis si longtemps par le destin aberrant de ces quatre soldats venus au secours de pays situés si loin de chez eux. Et c'est là qu'il remarque un détail curieux qui l'interroge et décide de se rendre en Nouvelle-Zélande pour en savoir un peu plus.
La première partie du livre se passe à Clermont-Ferrand où je retrouve avec plaisir un quartier que j'ai moi aussi beaucoup arpenté. On y fait la connaissance de Zorro, un chat facétieux et de Richard, commissaire de police avec lequel le narrateur, appelons-le Christophe, partage nombre de questionnements sur tous les sujets, mais surtout sur son livre pas encore né et l'officieuse enquête en cours.
La deuxième partie a lieu en Nouvelle-Zélande. Dédaignant les beautés de l'endroit, Christophe choisit de rencontrer "la papesse de l'édition" pour s'ouvrir une porte vers Térence Murphy, frère de Glen, propriétaire de la maison d'édition en question... et milliardaire naturellement (d'où la recherche en paternité).
Comme dans le "nouveau roman", le lecteur interagit avec Christophe pour construire l'intrigue qui d'ailleurs n'en est pas une, mais plutôt une sorte de journal de voyage agrémenté d'une enquête. Jusqu'à ce que l'auteur change de tactique et garde ses atouts par devers lui afin de les aligner dans un jackpot final.
Il est vrai que je n'ai plus l'habitude de ce genre de littérature, mais je dirais "essai transformé" : une lecture agréable dans un ensemble bien mené jusqu'au final qui tient ses promesses. Et cerise sur le gâteau, quelques traits d'humour qui m'ont fort amusée.
Je vais de ce pas me lancer dans "
La Grande vague" qui part sur la trace d'un amour de jeunesse, jusqu'au Japon.