PLONGER, de Mélanie Laurent - Bande-annonce
Remets-toi sans cesse dans le chemin de l'essentiel.Balance le reste.La vie est trop courte.
Est-ce que c’est ça le deuil? Etre confronté au silence? Se fracasser constamment contre le mur de l’absence? Chialer tout en conservant l’espoir d’un miracle?
J'aime les mots, leur sens ancien, les passerelles que ça crée. L'impression d'un ordre, d'une cohérence, d'un enracinement, le seul qui tienne dans ce monde de folie.
Tout est ouvert, simple. Un objet, inséparable désormais de notre quotidien est absent : le téléphone intelligent. Du coup, plus rien n’est interrompu. Aucune conversation non souhaitée, aucune notification ne vient interférer dans le moment, le gâcher. Pas d’obsession, non plus, de faire systématiquement une photo ou une vidéo pour que la communauté de tes « suiveurs » te dise ce qu’elle en pense et valide – ou non – ce que tu vis. Pas besoin de mendier des « like » pour te prouver que tu vis, comme ces autres dont tu espionnes la vie, tout en sachant qu’ils trichent, que ne n’est qu’une façade.
(page 220)
Il semble que l'être humain s'épuise aux yeux de l'autre comme s'épuisent les gisements d'or.
Etre lu, c'est être caressé.
Comment tu disais déjà ?
Lire c'est faire la guerre et l'amour, même quand tu n'as pas l'âge, éprouver le deuil quand tout le monde est vivant, la joie même quand ton coeur est sec, t'évader d'un bagne pour te venger, te percer les yeux pour accéder à une autre forme de vue, chasser une baleine parce que le renoncement te tuerait, danser sur les volcans -----
Et si l'imaginaire dopait les intuitions ?
La brûlure de l'alcool m'aida à soutenir son regard. Pourquoi se moque-t-on des garçons qui disent aux filles qu'elles ont de beaux yeux ? L'érotisme est dans le visage. Dans le dessin d'une lèvre, une fossette, le froncement d'un sourcil.
Elle a trempé ses lèvres dans le thé brûlant. Je la trouvais plus belle que jamais dans cette lumière dorée, dans les effluves de l'eau parfumée, fumée, mêlée à ces arômes de noix de coco. Ses cheveux casqués, son nez droit, ses lèvres pulpeuses et son menton volontaire me donnaient envie de l'aimer. Mais je sentais que sous ses cils allongés, dans son regard vert, la tempête couvait.