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Critiques de Christophe Tison (135)
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Journal de L. (1947-1952)

Dans le "Journal de L." Christophe Tison nous propose de replonger dans un classique connu de tous et pourtant toujours très controversé : "Lolita" de Nabokov.



En s'inspirant de son propre vécu, l'auteur s'est donné le challenge de réécrire la fameuse histoire de Dolorès et d'Humbert Humbert, duo emblématique de la littérature classique. Ici, place à Dolorès, LA Lolita, qui prendra la parole et retracera l'histoire du triste livre de Nabokov, sous son propre point de vue.



L'idée de départ était très intéressante : réécrire un classique sur un sujet aussi difficile que celui de la pédophilie du point de vue de Lolita, personnage au cœur de l'intrigue, mais qui a toujours été présentée à travers la vision de Humbert Humbert. Dans ce livre, elle vit, s'exprime et l'on découvre une interprétation toute à fait fascinante de ce personnage à la fois perplexe et pourtant si simple.



On plonge dans le quotidien de Lolita avec son fameux beau-père, ses réflexions, sa compréhension du monde et sa situation du haut de sa jeune adolescence. D'enfant naïve, on assiste à sa triste évolution : d'enfant abusée à l'adolescente perdue qu'elle deviendra, petit à petit anéantie par une lueur d'espoir qu'elle ne voit plus.



En réécrivant ce classique, Christophe Tison s'est lancé dans un projet à risque, mais à aucun moment je ne l'ai senti dévier de sa trajectoire. J'ai beaucoup aimé lire ce roman, même si cela est difficile à dire, car il expose tout une part de l'histoire de Lolita qui aurait été cachée par Hum. À travers ce roman, l'auteur ouvre les portes sur une réflexion plus large, sur la perception de la pédophilie d'une personne à une autre. Dans "Lolita" de Nabokov, Humbert Humbert ne citera jamais la pédophilie, tandis que dans le "Journal de L.", Lolita n'hésitera pas à en donner les détails. Des passages durs, difficiles, qui participent à mieux comprendre le personnage de cette jeune fille dissimulée sous ses sourires aguicheurs et parfois trompeurs.



Un pari réussi pour l'auteur, une écriture loin de celle de Nabokov, mais qui s'identifie parfaitement à une adolescente des années 40. Une lecture difficile, triste, qui nous fait replonger dans un classique de la littérature en ouvrant le champ des réflexions...



Une lecture que je n'oublierai pas de si tôt.



Merci encore aux éditions Goutte D'or et à Babelio pour m'avoir fait découvrir ce livre.
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Journal de L. (1947-1952)

La Lolita qui a défrayé la chronique dans la célèbre œuvre de Vladimir Nabokov paru en 1955 fait son come-back dans un livre-confession où l'adolescente se livre sans filtre. Le romancier signe un texte fort, aux mots crus et d'une rare sincérité.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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Journal de L. (1947-1952)

Aplats dorés, rabats aux grosses lettres du surnom Lolita, gaufrage du premier paragraphe sur la première de couverture, papier de qualité, les éditions de La Goutte d’Or soignent leurs livres et cela fait vraiment plaisir de tenir un bel objet entre ses mains. Je les remercie ainsi que les responsables de Babelio pour cet envoi.




Ayant lu Lolita, il y a quelques temps, il me tardait de découvrir ce que Christophe Tison avait bien pu imaginer et écrire de la misérable aventure de la nymphette la plus célèbre du monde aux côtés de Humbert Humbert.




Ma réaction à la lecture des premières pages a été une gêne : non une gamine de 12 ans ne pouvait pas écrire ainsi, c’était trop littéraire, trop bien construit. La Lolita de Nabokov était provocatrice avec un rien de vulgarité, plus authentique. Ce livre était-il une fausse bonne idée ?




On suit donc Lolita en repensant au roman de Nabokov qui lui était la transcription imaginaire du journal du pédophile. Seulement Hum était cultivé et forcément son écriture devait tenir une certaine qualité. Pour coller à Lolita, Tison ne pouvait plus avoir la même prétention. Double difficulté donc que de faire penser et écrire une fillette tout en n’étant pas mièvre, le réalisme en est la victime.

Mais comme Lolita prend cinq ans dans le roman, ce handicape finit par s’estomper et puis après tout, ce que nous savons d'elle ne provient que des écrits d'Humbert !

Nous y voilà, étrange force des bons romanciers que de finir par nous donner l'impression de l'existence réelle de leurs personnages.



Alors qui est la vrai Lolita ? Celle de Nabokov décrite par le professeur Humbert Humbert, éternel amoureux d'une jeune fille morte trop vite. Ou celle de Tison, victime du vice et de la cruauté des adultes ? Dans les deux cas, nous en revenons à une enfance brisée, manipulée par un adulte qui n'a pas su ou voulu se maîtriser à temps.

Là où Nabokov joue subtilement avec ses lecteurs, édulcorant, excusant, faisant presque passer Hum pour faible et manipulé, Tison relate le calvaire de ces enfances brisées.

Son roman est intense, captivant mais mon entendement se perd, écartelé d'un livre à l'autre et finalement, je reste dubitatif.

N'aurait-il pas mieux valu nous compter l'histoire de cette enfance saccagée sans faire référence au Lolita de Nabokov ?

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Journal de L. (1947-1952)

"Wanted, wanted : Dolores Haze.

Hair : brown. Lips : scarlet.

Age : five thousand three hundred days.

Profession : none, or "starlet."

(V. Nabokov, "Lolita")



Règle n.1 pour apprécier "Journal de L." : quoi qu'il arrive, n'essayez pas de le comparer avec le roman de Nabokov !

Durant ma lecture, je n'ai pas pu m'en empêcher, j'ai perdu à ce jeu de doubles, je me suis perdue, et je suis désolée. Désolée parce que n'ai pas pu l'apprécier comme j'aurais voulu, désolée pour ce livre assez bien écrit qui se lit d'une traite et qui va sans doute enchanter plus d'un lecteur, désolée pour tous ces enfants abusés qui parcourent le monde sans pouvoir se livrer comme cette Dolores, qui est le cri du coeur de l'auteur. Son journal est une confession glaçante et crue, mais malheureusement, ce "jeu de miroirs" est aussi un jeu de dupes, et j'ai désespérément perdu l'image de la Lolita originelle qu'elle était censée être. C'est quelque chose que je ne peux pas pardonner.



J'ai lu quelque part qu'un lecteur idéal de Nabokov ne pourrait être qu'un autre Nabokov, ce qui explique les réactions virulentes à la sortie de "Lolita". Ah, ce thème sulfureux de la pédophilie ! Les lecteurs en quête de détails croustillants vont se jeter dessus (pour en ressortir déçus), les ménagères américaines vont s'évanouir dans leur apple pie à la moindre évocation de Humbert Humbert, mais certains y verront, fort heureusement, autre chose.

"J'ai l'impression de succomber trop facilement au charme des jeux", dit Humbert en regardant Lo jouer au tennis. Et l'auteur, Nabokov, a succombé de la même façon au charme du jeu avec une langue qui n'était pas la sienne. L'éducation et le cynisme de la vieille Europe incarnés par Humbert qui s'emparent de l'innocente (vraiment ?) Amérique de la pop-culture incarnée par Lolita dans un ballet verbal composé par un virtuose des mots, plein de pirouettes amusantes et cabrioles métaphoriques.

Cette dimension supplémentaire manque forcément dans "Journal de L.", ce qui fait que le livre de C. Tison devrait plaire à tout lecteur en quête d'une histoire remplie d'émotions, mais cela s'arrête là.



"Lolita" est une histoire d'obsession, de passion fatale, qui, sans être mesurée par les mètres de la moralité, se dirige vers l'accomplissement du Destin, comme une tragédie antique. McFatum à l'oeuvre, dirait Humbert...

A côté, la confession de Dolores de Tison paraît tristement conventionnelle, sachant que le lecteur attentionné de Nabokov a du mal à passer sur le fait que dans le roman original c'est Lolita qui séduit Humbert. Certes, ce n'est que par jeu, mais quand elle réalise que H. désire bien plus que le boutonneux Charlie de la Colo Q, il est déjà trop tard pour tous les deux...

Voilà ce qui m'a gênée aussi dans "Journal de L.". Ce manque d'ambiguïté. Un ravisseur et sa victime, simplicité même ! Qui est le chasseur, et qui est la proie, chez Nabokov ? Nous avons deux "chasseurs enchantés", et on ne peut qu'aimer et détester les deux à la fois. On a de la peine pour cette Lo effrontée et vache qui pleure la nuit, et pour ce Humbert obsédé et jaloux qui pardonne tout, et qui vit dans la terreur que toutes les nymphettes grandiront un jour. Cercle vicieux, ballet mortel, pour ces deux marginaux de la société bien pensante. Toujours sur la route, car ils n'ont "absolument nulle part où aller", l'un comme l'autre. Ici, c'est bien plus simple : la seule à plaindre, c'est Dolores.

Parfois je retrouvais vaguement cette "vraie" Lolita et la lecture s'est mise à couler de source, mais je la perdais aussitôt : ces métaphores poétiques un peu enfantines ? Lo détestait le romantisme dégoulinant ! Ces discours délibérément provocants ? Elle n'en avait pas besoin ! Cet amour pour les "classiques" ? Tous les livres de "Ball Zak" offerts par Humbert qu'elle n'a jamais ouverts, en rêvant au dessus de ses comics et ses illustrés... quel gâchis ! Mais voilà que je me "humbertise"...

J'étais curieuse de passages que l'on ne trouve pas chez Nabokov, mais ils ne rajoutent pas grand-chose de plus que d'autres malheurs, et cette démystification ne fait que dénaturer encore plus la Lolita d'origine.



Et la fin ? C'est presque un happy-end. Dolores a enfin trouvé sa place, et nous sommes soulagés. Ce n'est pas exactement ce à quoi elle a rêvé, mais elle a réussi à se reconstruire, comme on dit. On se fiche éperdument de ce qui va arriver au méchant Humbert, qui est mis dans le même sac que le méchant Clare Quilty.

Ah, diabolique Nabokov, qu'aurais-tu pensé de ça ? Cette séparation tiède n'a absolument rien à voir avec le moment insoutenable dans la courette sale des Schiller, où Hum et la véritable Lo se font leurs derniers adieux, tous les deux condamnés par le Destin. Lo, sans qu'elle le sache, et Humbert délibérément, parce qu'il n'a plus rien à perdre, seulement une vengeance à accomplir... "and the rest is rust and stardust".



Donc, si vous cherchez un livre sympa pour la rentrée, n'hésitez pas ! Mais si vous êtes des inconditionnels de Nabokov, passez votre chemin, ou lisez "Journal de L." comme une petite curiosité; fiction contre fiction. Ne faites pas la même erreur que moi, car la règle n.2 pour apprécier le journal de Dolores est la même que la règle n. 1.



Un grand merci à la masse critique, et aux éditions Goutte d'Or.
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Journal de L. (1947-1952)

Christophe Tison exorcise ses traumatismes d’enfance à travers ses écrits.

Son livre, son témoignage serait un terme plus juste, « Il m’aimait », publié en 2004 aux éditions Grasset devient un best-seller. Son succès, et la médiatisation qui l’entoure, aggrave une dépendance déjà présente à l’alcool et aux drogues. En 2005, il effectue une cure de désintoxication qu’il raconte dans « Résurrection » publié en 2008 chez Grasset.

Je plante le décor de l’homme qui s’est lancé ici dans la rédaction du journal intime que Dolorès Haze aurait pu écrire de 1948 à 1952, c’est-à-dire sur la même période que l’œuvre originel de Nabokov, « Lolita », parue en 1955 dans une atmosphère de scandale et de censure. Il fallait oser le faire, s’attaquer ainsi à un chef d’œuvre de la littérature moderne, mais l’auteur, de par son histoire personnelle, a sans doute compris ou cru comprendre mieux que personne Dolorès en lisant « Lolita ».



Dans le journal de Humbert Humbert, Nabokov laissait le choix au lecteur de porter un jugement morale vis-à-vis du personnage. Dans le journal de L., il me parait évident que cette décision ne revient pas au lecteur. Probablement que ce récit fait partie des écrits de Tison pour exorciser les abus traumatisants dont il a été victime et que laisser planer le doute quant à la responsabilité de Humbert Humbert ne lui était pas permis.



Il est certain que pour apprécier le livre de Tison, assez bien écrit et captivant pour le lecteur, surtout dans la dernière partie, il ne faut pas le comparer à « Lolita » et même s’en détacher complètement. C’est le récit d’une jeune fille misérable qui se laisse abuser par les hommes de façon à la fois insouciante et grave, à la manière d’une enfant qui grandit trop vite et qui découvre avant l’heure la rudesse et l’immoralité de la société dans laquelle elle vit, un roman qui parle d’un sujet grave, toujours d’actualité.



Lire le « Journal de L. » après « Lolita » c’est créer une seconde Dolorès et un autre Humbert Humbert. Des personnages distincts qu’il est impossible de confondre. D’ailleurs, pour moi, Dolorès Haze aurait pu porter un autre nom cela n’aurait rien enlevé ou ajouté

au roman de Tison.



Merci aux éditions de la Goutte d'Or et à Babelio pour cette opération Masse Critique, grande première pour moi, et qui m'a enchantée.
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Journal de L. (1947-1952)

Lolita est un livre qu'on porte en soit longtemps après sa lecture. Dix ans après avoir refermé ce roman, cette histoire résonne encore en moi. J'étais donc enchantée à l'idée de retrouver Dolores (alias Lolita) et d'entendre une nouvelle version de cette histoire.

Ou plutôt, enchantée sur le papier. Car plus on multiplie les témoignages d'une même histoire, plus on met en lumière les incohérences entre les récits. Il faut accepter que la vérité soit souvent perdue, quelque part entre les différentes versions.

Au début du récit, Christophe Tison nous raconte une Lolita différente de celle de Nabokov (caractères différents + plusieurs faits passés sous silence voire modifiés). Ces différences m'ont déroutée de prime abord. Je me suis demandée si ce n'était pas sa propre histoire que l'auteur nous racontait, plutôt que celle de Dolores (cf biographie de l'auteur).

Finalement, j'ai récupéré le fil en cours de lecture et j'ai retrouvé la Lolita de Nabokov au fur et à mesure où elle mûrissait.

Pour ma part, j'ai notamment apprécié les parties inédites, peu voire pas évoquées dans Lolita. La dernière partie m'a laissée un peu sur ma faim dans le sens où la vitesse s'accélère par rapport au reste du récit. Elle aurait gagné à être un peu plus détaillée.

A mon sens, les codes du journal intime ne sont pas tous respectés ; je l'ai plutôt lu comme un récit. Mais le style est fluide et plaisant et c'est une lecture que vous conseille. A noter que Journal de L. peut parfaitement être lu indépendamment de Lolita.

Petit aparté, je remercie Babelio et les éditions de la Goutte d'Or pour m'avoir permis de découvrir gracieusement le Journal de L. au décours d'une opération masse critique. Je souligne d'ailleurs un très joli travail d'édition avec un clin d'oeil à l'oeuvre initiale sur les rabats intérieurs du livre.

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Journal de L. (1947-1952)

Christophe Tison auteur du journal de L, qui est le point de vue direct de Lolita de son prénom Dolores, est en premier lieu, une très bonne idée. J'ai dévoré le livre, espérant qu'enfin Dolores s'échappe de ces porcs, et encore le mot est bien trop doux, car eux ne finiront pas en jambons, en brochettes, éparpillé dans des estomacs au quatre coins du monde... J'ai eu l'impression de lire le fonctionnement d'un être vivant, dont son cerveau, son âme harcelée par ces porcs essaye de faire au mieux pour essayer de vivre en paix. Tantôt il y a l'oubli d'enregistrer les événements comme un film dont on coupe la pellicule pour ne pas se souvenirs de ses traumatismes sinon impossible d'avancer... et tantôt des idées naissantes en elle pour essayer de fuir vers l'inconnu qui pourrait cacher un bonheur potentiel.



L'existence de Dolores est une vie qui ressemble tant à celles qu'on peut vivre : Passer sa vie à subir les autres alors qu'on est une personne de bien, qui ne voudrait que la paix et l'amour. Vouloir vivre en paix, se sentir bien dans un petit cocon familial, au chaud, avec à manger, et entouré de gens qui nous aiment, est pourtant ce que tout le monde aimerait vivre, aimerait que ça soit la normalité... mais c'est si compliqué quand ce monde d'humains fait tout l'inverse.

Mais ces deux choses nous sont refusés car on subit une existence de merde. Comment croire en un Dieu bienfaiteur, quand on vit tous ces malheurs ? Comment s'en sortir quand on est seule, malgré que tout autour de nous les gens nous voient ? Alors qu'ils et elles ne voient et ne veulent pas voir ni entendre la souffrance intérieure des gens... Certains le voient, sont au courant comme ceux et celles qui voient que telle ou telle personne est une proie que l'on peut chasser, violer, abuser, maltraiter et que personne d'extérieur interviendra, comme si sur cette personne il y avait l'étiquette permettant cela.





Dolores va de mal en pire et de pire en épouvantable, est-ce inné ? Est-ce dû par les chemins qu'on nous a fait prendre pour ne rencontrer que des monstres ? Ou à la naissance nous recevons telle ou telle carte par notre gêne ou Destin ? Cette carte qui nous conditionnera toute notre vie en bonheurs ou malheurs et qu'importe ce qu'on fera pour se sortir du merdier quand on a la mauvaise carte, on sera toujours dedans jusqu'au cou ?



Tant de fois Dolores, qui n'est qu'une enfant, se remet en question quand les adultes ne le font pas et elle essaye d'échapper mentalement et physiquement à des hommes plus âgés qu'elle. Comment le peut-elle du haut de ses 12 ans quand sa mère meurt et qu'elle se retrouve avec Humbert qui la maltraite sexuellement ? Et qui ne sera pas le dernier !

Dépendante des adultes dans leur monde compliqué d'argent, de papiers, de pouvoirs, mais surtout de manipulation et de menaces. Mais quand bien même Dolores se retrouve dans des écoles, entourée de gens de son âge. Là aussi elle se retrouve harcelée par des enfants de son âge qui deviendront de mauvais adultes... tout ceci n'est pas sain. Mais hélas c'est toujours comme cela, et rien n'est fait pour arrêter cela. Même pas les forces de l'ordre : la police, la justice, qui souvent se retournent contre les victimes en les arrêtant pour les mettre selon leur âge à l'orphelinat ou la prison et au pire à l'hôpital psychiatrique, etc. Des lieux destinés aux « vrais » monstres humains qui au final dirigent ces lieux et exercent une énorme pression mentale sur les innocents qui en ont peur et se renferment dans leurs détresse.





Beaucoup de gens ne s'imaginent pas, ne comprennent pas pourquoi des personnes maltraitées n'arrivent pas à s'en sortir... peut-être qu'après cette lecture ils comprendront.





Merci à Babelio et aux Éditions Goutte d'Or pour ce livre. :)
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Journal de L. (1947-1952)

La « Lolita » de Nabokov, c'est un souvenir de lecture troublante et sulfureuse, à une époque où je pouvais encore considérer les quadras comme des curiosités du monde animal. Autant dire que c'était il y a longtemps. Aujourd'hui, ce seraient plutôt les ados que je peux considérer comme des curiosités. Ça tombe bien, « Le journal de L. » est celui de Dolorès Haze, la Lolita de Nabokov, imaginé par l'auteur.

Et il n'a rien de drôle, la charge du journal de la préadolescente concerne le viol et la pédophilie. La Lolita d'Humbert Humbert n'est plus, voici Dolorès. Avec sûrement en toile de fond le propre vécu de l'auteur.

A peine présentée, à peine enlevée par Humbert Humbert son beau-père (appelé Hum, comme un doute persistant), à peine séquestrée dans ce road-trip aux fausses allures de liberté, la jeune Dolorès se soumet, complice de la course-poursuite d'Hum après sa propre folie. Une Dolorès incapable par exemple d'alerter les policiers qui les arrêteront, « Comment expliquer tout ça en une fraction de seconde, en deux mots, sans m'embrouiller ? Il ne m'aurait pas crue. Parce que c'est incroyable. » Le processus psychologique de la victime complice est en route, on erre aux États-Unis mais on pense déjà à Stockholm et son syndrome. Dolorès rit des blagues de son ravisseur, Dolorès s'amuse aussi à conduire à gauche pour vérifier qu'elle existe, Dolorès joue à être Lolita et le sait. Mais Dolorès se demande pourquoi les autres trouvent tout ce manège normal, alors qu'elle rêve en secret de sa maman, qu'elle veut s'évader de nouveau dans son monde de poupées.

La psyché de la victime est ainsi révélée dans sa dualité consciente et dans son évolution le long des cinq parties, passant de la peur au défi ou à la manipulation, tentant la fugue sans être capable de se débarrasser de l'indicible, nouant une vie sociale à côté d'elle-même et donc des autres, ou une vie amoureuse cahotante.



Le récit d'origine peignait des personnages hors normes : le Humbert Humbert de Nabokov à la dérive hallucinée n'était pas un narrateur comme tout-le-monde, la Lolita provocante qu'il dessinait n'était pas une adolescente commune. Le journal de L. va à l'encontre des confessions de son beau-père, il devient le journal d'une enfance violée comme les autres, ou presque. Fini le romanesque diabolique et flamboyant du récit de Nabokov, les intentions ne sont plus les mêmes. En démystifiant Lolita et Humbert Humbert, Christophe Tison montre le viol et ses conséquences en trouvant la voix de sa victime. Et en cela le livre me semble réussi, d'autant que la Lolita qu'il figure m'a beaucoup touché. Mais il ne m'a pas paru transcendant pour autant, enlevez la célébrité de Lolita sur laquelle il s'appuie, et il devient presque banal.



Merci aux Éditions Goutte d'Or et masse critique pour cette lecture intéressante.
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Journal de L. (1947-1952)

Lorsque l'on referme le Lolita de Nabokov, l'oeuvre qui a bouleversé la morale lors de sa première parution, on ne voit souvent les choses que par le biais de Humbert Humbert, cet homme monstrueux, charismatique, cultivé, tyrannique. La façon qu'il a de se dédouaner et de jouer avec les mots m'a presque fait oublier Lolita, sa victime, et ce qu'elle pouvait ressentir, parce qu'elle n'a jamais eu le droit à la parole.



Christophe Tison lève le voile pudique et aberrant qui a été jeté sur cette nymphette. Et la voilà qui monologue, emportée par les vagues destructrices de son destin. Elle rentre à la fois dans un rôle de victime et de vengeresse : elle le dit elle-même, elle est "deux", deux facettes de sa personnalités qui s'expriment plus ou moins fortement. Cette Lolita, j'ai eu envie de la serrer dans mes bras, parce qu'elle semble si vraie dans son adolescence bafouée. Ses paroles sont celles d'une victime qui trouve de la force dans sa résilience, alors que les traumatismes s'enchaînent. On les croise tous, les grands pervers, Humbert et Clare Quilty., et également d'autres hommes, qui n'ont pas su la protéger, des ombres qui ne savent pas comment comprendre ce jeune caractère tempétueux.



En lisant ce roman, j'ai beaucoup pensé à l'adaptation de Kubrick. Certaines images sont clairement inspirées du film et j'ai apprécié ce parallèle. Dolores est à la fois le personnage de Nabokov, de Kubrick et de Tison : elle y gagne une véritable puissance (alors que son discours repose souvent sur le fait qu'elle n'est plus qu'une ombre).



Étrangement, le Journal de L. m'a mise beaucoup plus à mal à l'aise que Lolita ; les cartes sont distribuées différemment et le point de vue change. L'empathie que j'ai ressentie devant la dureté des événements qu traverse Lolita, son désespoir, a été bouleversante. C'est qu'à force de voir Humbert Humbert clamer son innocence et son amour, j'avais presque oublié qu'il était, avant tout, un être vile. C'est donc une bonne lecture, à feuilleter en parallèle de l'oeuvre de Nabokov, même si elle existe également par elle-même, indépendamment de son illustre ancêtre littéraire.



(Merci aux éditions Goutte d'Or pour cette lecture)
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Journal de L. (1947-1952)

Avant de commencer, je tiens à remercier Masse Critique pour l'envoi de Journal de L. de Christophe Tison.



Je vais tout d'abord vous raconter ma rencontre avec Lolita. C'était durant l'été, j'avais 15 ans et je voulais absolument lire ce livre interdit. Celui qui fut sur toutes les lèvres, dans tous les esprits. " Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins." Je peux les réciter de tête, les écrire à l'envers tellement j'ai été frappée par ces quelques phrases écrites au dos du bouquin, en guise de synopsis. J'avais 15 ans, Lolita en avait 12 et je pouvais facilement me mettre à sa place, car au final elle et moi, aurions peut être pu être copines.

Quelle claque, quel choc. J'ai parlé de ce livre des semaines durant. Il est toujours à la même place dans ma bibliothèque. Au milieu de mon étagère principale.



J'ai reçu Journal de L. mardi matin. J'avais un rendez-vous, j'étais pressée et comme à mon habitude j'étais en retard. Mais, il m'était impossible de partir sans ouvrir le paquet. Livre simple, épuré, comme un journal intime. Une phrase à l'arrière : "La parole est à Lolita". " Lolita et son mètre quarante-six et son unique chaussette."

Ici, c'est elle qui parle. Ou plutôt c'est elle qui écrit. Parce que c'est vrai, dans l’œuvre de Nabokov c'était Humbert Humbert ( " Hummy chéri ), qui racontait l'histoire. Et quelle histoire.



Mais cette fois-ci, c'est au tour de la victime de s'exprimer. Elle est jeune, elle est jolie et la seule chose qu'elle souhaite, c'est d'être aimée. D'être aimée pour ce qu'elle est et non pour ce qu'elle représente.

Les mots sont ceux d'une enfant. Une enfant qui est forcée de grandir bien trop vite. Ils sont parfois crus, parfois enfantins, mais toujours vrais. Et, ils viennent souvent vous crever le cœur.

Lo, elle rêve, elle découvre le monde avec sa beauté mais aussi ses horreurs et ses absurdités.



J'ai été happée par la fragilité et la force de cette petite héroïne. Par ses amours, qu'elle décrit dans les pages de son journal. Elle se confie sur les turpitudes des hommes. Il n'y eut pas seulement H.H, ils traversèrent sa vie, marquèrent de leur empreinte la peau de Lo.



Hier après-midi, j'étais installée dans mon jardin, couchée nonchalamment sur mon vieux transat vert, en train de lire les dernières pages de ce livre magistral. Et j'ai pensé que j'avais de la chance. Car, il y a près d'un demi siècle, la jolie Lolita rencontrait dans son jardin de Ramsdale, dans la même posture que moi, le vil Humbert Humbert.



D'ailleurs, aujourd'hui, je cesse de l'appeler Lolita. Car, avant toutes les appellations que tous ces hommes ont pu lui attribuer, elle était juste Dolorès. Une jeune fille " qui est passée dans notre ciel comme un météore et qui s'est consumée au contact de notre dure atmosphère, laissant derrière elle un feu encore visible aujourd'hui."



Lolita est sans conteste l'une des plus grandes œuvres du XX siècle. Et ce n'est jamais chose simple que d'écrire en intertextualité avec un tel livre. L'auteur se glisse avec brio dans la peau de cette jeune adolescente pour qu'enfin, elle se livre. Je lui tire mon chapeau et le remercie. Si j'avais un conseil à vous donner, replongez vous dans les confessions scandaleuses de H.H et découvrez celle de sa victime. Mettez en parallèle les mots, immiscez vous dans la vie si particulière de ces deux êtres et oubliez tout.



Lolita ou Dolorès, qui que tu fus, j'ai été heureuse de te connaître aux travers de tes mots, je ne suis pas bien plus âgée que toi, et si j'avais pu, j'aurais aimé te donner toute l'affection dont tu avais besoin.





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Journal de L. (1947-1952)

Avant tout, je remercie BABELIO et les Editions Goutte d'Or pour l'envoi de ce livre.

Mais ça ne va pas être facile de le chroniquer.

"Lolita" de Nabokov est l'un de mes romans préférés. Je ressens ce même mélange de mépris et de fascination, typique de la Vieille Europe, pour cette Amérique à l'ignorance crasse mais tellement sexy. Et puis, j'ai toujours trouvé ce livre magnifiquement bien écrit et follement drôle.

Oui, mais voilà, Christophe Tison bouscule toutes mes certitudes avec son ouvrage.

D'abord, il aurait dû s'appeler "Journal de D.", comme Douleur, comme Dolores Haze, dont il nous fait partager le point de vue. Là où Humbert Humbert noyait ses confessions sous des envolées lyriques, des mots savants et des traits d'humour raffiné, Lolita raconte son quotidien avec un vocabulaire simple et cru. Elle n'a rien à cacher, et elle décrit la pé-do-phi-lie dans toute sa dégueulasserie. Elle décrit également ses tentatives pour y échapper, ses stratégies de survie, ses rêves de normalité, ses moments de bonheur. C'est une lecture éprouvante et bouleversante, même si certaines réflexions me paraissent trop mûres pour une gamine de son âge, bien que le contact de vieux pervers ait dû la vieillir prématurément et la rendre plus lucide sur le monde qui l'entoure.

J'ai adoré la démarche de Christophe Tison, de donner une voix à Lolita. Quelle idée géniale ! Et il l'a très bien fait (je lisais son livre et "Lolita" en même temps pour vérifier la concordance des histoires). Mais... je fais quoi, moi, maintenant, de mon amour pour le roman de Nabokov ? J'ai l'impression d'avoir été la complice bienveillante d'Humbert Humbert pendant toutes ces années, et j'en veux un peu à Tison ; pourquoi n'a-t'il pas choisi un autre livre, une autre héroïne ? J'ai beau me dire que tout cela n'est que littérature, je me sens quand même mal. Et c'est pourquoi, par dépit, je ne mettrai que 4 étoiles à ce très bon livre qui en mérite largement 5.

A vous de rendre justice à ce roman, moi, j'ai un problème de conscience à régler...
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Journal de L. (1947-1952)

Lolita, Dolores Haze vient de partir en fumée.

Elle est cette lumière qui s'enfuit, qui s'échappe de la vie d'Humbert Humbert et qui s'incarne ici en plein jour ; elle apparaît dans le roman de Christophe Tison sous une lumière crue. Le ravisseur, ravi par sa Lolita, l'idéalise chez Nakokov, ce qui fait d'elle un être à part, le personnage autour duquel le roman de Nabokov gravite. Et ce qui n'était que suggéré dans le roman sulfureux de Nabokov est ici décrit dans les moindres détails ce qui fait que la jeune fille raconte sa douleur dans ses détails les plus sordides. Ce qui faisait de la nymphette un mythe, s'effondre, et Lolita subit quelques violences de plus. Je pense que ce roman gagnerait à ne pas être systématiquement comparé à l'oeuvre de Nabokov mais ça m'a tout l'air d'être la politique éditoriale alors je l'ai lu comme ça, à tort je crois. le journal de l'adolescente ne pouvait que difficilement se comparer au journal de l'intellectuel qu'est Humbert Humbert, je le crains, ne serait-ce que d'un point de vue stylistique. Christophe Tison n'a pas su me convaincre et même si certaines de ses images sont parlantes, criantes de vérité, elles ne m'ont malheureusement pas charmée dans leur phrasé, les périodes de Nabokov l'ayant su. On peut toujours répliquer que l'homme intellectuel quelque peu prétentieux qu'est Humbert Humbert sait écrire tandis que la victime, elle, écrit avec ses propres mots mais là encore, je n'ai pas trouvé l'incarnation de la voix de l'adolescente réussie dans le sens où Lolita ne correspond pas à la Lolita de Nabokov telle que je la vois (et je ne la compare pas à la Lolita telle qu'elle est vue, fantasmée, par le ravisseur parce qu'il faut toujours se défier de l'énonciation). C'est peut-être l'histoire d'une autre adolescente, celle que l'auteur voit dans le miroir que Lolita regarde.
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Journal de L. (1947-1952)

Je remercie Babelio et les Éditions Goutte d'Or pour l'envoi du Journal de L., dans le cadre d'une opération Masse Critique privilégiée. Avant même de savoir si j'étais retenue, je me suis replongée dans Lolita de Nabokov, lu il y a plus de vingt ans. Le temps avait effacé certains détails du roman et, surtout, en passant, m'a permis de mieux comprendre cette oeuvre aussi sublime que retorse.



Alors que le livre originel était une confession/plaidoyer du vil Humbert Humbert en attente de son procès, Christophe Tison donne ici la parole à celle qu'on ne connaît finalement qu'à travers les yeux de son bourreau, la petite Dolores, sa soeur dans l'atrocité pédophile. Se colleter à une telle oeuvre dans un jeu de miroir était risqué, incontestablement, une vraie gageure. Je salue par conséquent le courage de l'auteur. Il reprend les éléments phares du texte de Nabokov, remplit les espaces vides en s'inspirant de l'esprit du texte initial et, sans doute, en y projetant ses propres blessures.



La narration sous forme de journal permet un accès direct à Lolita, un récit dénué des envolées linguistiques et périphrases "chastes" d'Humbert Humbert. Le style de l'enfant évolue au fil des mois et des expériences subies du fait d'hommes abjects chasseurs de chair à peine pubère. Son langage se fait de plus en plus cru et ses pensées sombres à mesure que ses violeurs l'entraînent dans leur spirale de dépravation.



Le tout forme un ensemble très cohérent. Sous le langage souvent vulgaire et trop adulte de Dolores, on entend malgré tout la petite fille en souffrance qui voudrait simplement qu'on l'aime, elle, pas une fantasmagorie nymphescente pour pervers en rut. Récit ô combien troublant et bouleversant qui renvoie à toutes les Lolitas - et leurs pendants masculins - de la Terre.



Je n'avais jusqu'à présent jamais rien lu de Christophe Tison. C'est chose faite et son texte vibre de sincérité douloureuse, de celle qui inscrit ses mots au fer rouge dans l'esprit des lecteurs. Reçu ce matin dans ma boîte à lettres, sitôt commencé, je n'ai pu le lâcher.
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Journal de L. (1947-1952)

On entend souvent dire qu'il serait impossible de publier Lolita aujourd'hui. Cependant Christophe Tison a osé se frotter à cet exercice périlleux en ressuscitant la sulfureuse Dolorès Haze , dite "Lolita", qui a vu le jour en 1958 pour sa parution américaine.

Alors que le roman de Nabokov se présente comme la confession d'un pédophile, celui de Tison est le journal intime de sa victime. On y découvre une gamine ordinaire, ni pire ni mieux que les filles de son âge et non une vilaine petite garce, "une allumeuse à qui la vulgarité offre un charme supplémentaire" comme se plait à la décrire Humbert, son odieux beau-père. Lolita est juste une enfant que l'on déprave mais dont les sens ne s'éveillent jamais sous les caresses du pervers. Seule au monde depuis le décès de sa mère, elle veut juste aimer et être aimée mais pas à la façon ultra-possessive et dévastatrice imposée par Humbert.



Tant d'années ont passé depuis que j'ai lu le roman de Nabokov et vu le film de Kubrick que je n'ai gardé qu'un vague souvenir de cette histoire. J'ai donc pu lire le journal de L. d'un oeil presque neuf, m'évitant ainsi la tentation saugrenue de chercher à comparer les deux ouvrages, et profiter pleinement de ma lecture.

J'ai beaucoup apprécié la façon dont il nous est donné de découvrir les pensées de cette gamine livrée aux mains d'un satyre. Le ton est vigoureux et même si parfois certains passages sont très crus, l'auteur ne verse jamais dans la crasse ou le misérabilisme de mauvais aloi. Le but de l'auteur n'est pas de faire pleurer Margot mais plutôt de rendre justice à Dolorès en dévoilant son vrai visage. En ne singeant pas l'original et en lui offrant la parole, Lolita devient enfin une vraie personne et plus seulement le symbole de la très jeune fille qui suscite le désir masculin. Rien de racoleur donc pour traiter un sujet sensible, plus que jamais d'actualité (cf le "lolita express" d'Harvey Weinstein, entre autres).

J'avoue que j'étais assez dubitative avant d'entamer ma lecture mais finalement, d'entendre la voix de Dolorès-Lolita m'a touchée plus que je n'avais osé l'espérer. Cette voix est un peu celle de l'auteur et de toutes les autres jeunes victimes d'abus sexuels qui n'osent pas parler par peur des menaces de leur agresseur ou crainte de ne pas être crues.



J'ai reçu Journal de L. dans le cadre d'une masse critique et je remercie les éditions Goutte d'or de m'avoir permis de découvrir ce roman passionnant et très joliment édité.
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Journal de L. (1947-1952)

« Alors il me fixe et cherche encore, il fouille en moi pour arracher une émotion, du plaisir ou de la douleur. Il voudrait me pénétrer par là aussi, par les yeux, par l’esprit, que je dise oui, oui ! que je lui donne autre chose. Mais non, je pense à maman, à notre vie d’avant, avant qu’il n’arrive chez nous et je me vois danser nue devant le miroir de ma chambre, nue encore devant celui de la salle de bains. Cette petite fille est devenue quelqu’un d’autre, une image, une amie que je lui abandonne, que je trahis. Mais je ne peux pas faire autrement. »



La parole est à Lolita.

Cette simple phrase pourrait vous résumer ce formidable journal qui donne voix à celle oubliée depuis 64 ans.

Celle dénigrée, souillée, abîmée, abusée, violée par cet homme qui, en un tour de magie d’une beauté littéraire cruelle, nous aurait presque fait pitié.

Pauvre Humbert, victime et prisonnier de ces envies délirantes, de ces bouffées de pensées immondes, de ces rêves de nymphettes abjectes.

Pédophile en costume gris justifiant sa dégueulasserie.

Ici, les mots sont pesés.

Lucides et crus.

Romantisme évanoui. Romantique n’ayant jamais existé. Romantisme nous ayant placé dans une position qui doit nous questionner.

Humbert a volé une adolescente. Volé une adolescence.

Le talent fou de l’immense Vladimir Nabokov nous embarquait dans leur road-trip, au cœur de cette étrange relation.

Le talent de Christophe Tison, lui, est là pour nous ouvrir les yeux. Les garder grands ouverts.

Vigilants devant les mots, aussi beau soient-ils.

Pour placer et replacer chaque geste, chaque parole, chaque pensée.

Lolita est là. Telle qu’on la connaît.

Acide, piquante, pimpante.

Lolita est là. Telle qu’on l’a crée.

Provocante, insoumise, sensuelle et sexuelle avant l’heure.

Il fallait oser donner la parole à cette victime qu’on oublierait presque.

Se l’approprier tout en évitant les travers qui, facilement, auraient pu se dresser.

Ce journal ne la rend pas seulement victime, il la rend vivante.

Tout en nuance et en pensée.

Terriblement moderne, il est publié à une époque où il apparaît comme essentiel que quelqu’un lui ait offert ses mots.

Lui ait noircit ces pages.



Amateur ou non de l’œuvre originale (même si c’est toujours une bonne idée ou excuse de la lire ou relire 😉) : FONCEZ !

C’est envoûtant, sublime, et dérangeant.

Criant de vérité, c’est une découverte que vous ne pouvez pas laisser passer.
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Journal de L. (1947-1952)

« Lo-lii-ta. le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita. »



Souvenez-vous de ce classique de la littérature… Lolita. Héroïne inoubliable de Vladimir Nabokov.



Là où le classique décrivait les événements à travers le regard de l'homme, ce JOURNAL DE L., offre une voix à Lolita, à travers son journal. Et quelle voix…



Donner à entendre Dolores Haze, le pari était risqué. Partir entrevoir celle qui se cache dans le miroir de Lolita.



Cette lecture m'a offert un regard sur une héroïne sulfureuse que je n'oublierai pas. Car découvrir Dolores, derrière Lolita, fut à la fois bouleversant et terrible.



De 1947 à 1952, Dolores raconte cet homme qui le soir venu la rejoint dans son lit. Elle raconte ses envies d'ailleurs, ces amours contrariées et cet homme qu'elle manipule, si faible, si méprisable. Avec une rage, une force insoupçonnée, Dolores s'accroche à la vie et à celle qu'elle cache au fond de son coeur.



Au fur et à mesure des pages du journal, Dolores grandit et ses mots avec elle. Portrait d'une femme avant l'heure qui doit apprendre à se jouer de ses charmes. Portrait terriblement dur de l'innocence envolée et que Dolores voudrait tant retrouver. Portrait d'une combattante qui saura se jouer d'un monde où les hommes, pour la plupart, n'inspirent que mépris et dégoût.

Je vous conseille ce livre. Au-delà de al polémique qu'il pourra engendrer. Les mots sont crus. Parfois dégueulasses. Mais je vous conseille d'écouter, vraiment, ce que Lolita a voulu nous dire. le propos est sans fard mais juste passionnant. Christophe Tison donne littéralement vie à cette enfant que l'on voudrait prendre dans ses bras, pour lui offrir un moment de répit. Car elle ne cessera jamais de se battre. A chaque seconde de sa difficile existence.



Un livre choc. Il raisonnera en moi quelques temps encore, je le sais déjà.


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Journal de L. (1947-1952)

Lolita, un des personnages d'adolescentes le plus connu de la littérature nous confie son journal intime. On y découvre les hommes qui lui ont volé son enfance et celui qui lui rendra sa vie. J'ai adoré lire les secrets, les rêves et les espérances de Lolita.

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Journal de L. (1947-1952)

Et si la parole était à Dolores Haze, alias Lolita, Lo, Lola pour une fois?

Après avoir lu Lolita avec un mélange d’horreur et de dégoût, tout en admirant le génie de Nabokov, j’étais curieuse de voir son histoire du point de vue de Lolita.

Qui de mieux que Christophe Tison, lui même victime de « l’amour » d’un adulte fou, pour écrire le calvaire de Dolores? Objet sexuel entre les mains de son beau-père, réduite à l’image de petite pimbêche capricieuse et aguicheuse dans Lolita, elle prend ici sa vraie place: celle d’une enfant perdue, manipulée, effrayée et malheureuse... Je pensais que ce livre n’apporterai rien ou pas grand chose par rapport à son ancêtre, pourtant je me suis rapidement prise au jeu de miroir. J’ai ressorti le Nabokov pour relire certains des passages afin d’avoir les deux points de vue en même temps. Finalement je ressors de cette lecture à nouveau bouleversée. C’est dur, certains passages sont très tristes d’autres très violents. Mais il y a aussi beaucoup d’espoir et Lolita se révèle faible comme enfant mais aussi forte de son enfance. Sa naïveté fini par devenir sa force et son arme.

Force m’est de constater qu’en fait si, ce livre apporte un petit quelque chose de nouveau à chaque passage clef du roman, qu’il réussit l’exploit de passionner alors qu’on sait ce qui va arriver, quand et comment. Je suis ravie d’avoir eu la bonne idée de ne pas rester sur mon à priori « on ne touche pas au classiques » dans ce cas-là car cette lecture apporte vraiment un plus.
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Journal de L. (1947-1952)

A douze ans, même si par certains aspects nous souhaitons être des adultes, nous restons des enfants. L'entrée dans l'âge ingrat commence, les centres d'intérêts évoluent. Les filles et les garçons se regardent, se parlent, se mélangent dans les cours de récréation. On joue encore à chat, peut être pas dans la cour du collège, mais en rentrant chez soi le soir. Il nous faut l'autorisation (voire la motorisation) parentale pour aller au cinéma les jours de grèves, avec une heure de retour bien établie. On gagne en autonomie, tout en étant protégé. Tout du moins, par ses parents. C'est comme cela que j'ai vécu mon année de cinquième, et l'entrée dans l'adolescence. Avec le recul, et quand je vois des collégiens sortir avec leur sac à dos plus gros qu'eux et leurs têtes pouponnes, je me dis que nous ne sommes plus que jamais des enfants.



A douze ans, c'est l'âge auquel Dolorès Haze a perdu sa maman, ses illusions, son innocence en bref son enfance. Par le fait de son beau père pédophile, le dénommé Humbert Humbert. Cet adjectif, pédophile, n'est pas utilisé dans l’œuvre originale de Nabokov. Tout comme les viols à répétition sur mineure ne sont jamais qualifiés comme telle. En donnant la voix à Lolita dans son journal intime imaginaire, Journal de L. , Christophe Tison revient sur une enfance volée et permet à la bien trop jeune victime, de s'exprimer, de mettre de véritables mots sur ses maux, les sévices subies : "Ce roman est le journal intime d'un personnage de fiction. Plus d'un demi-siècle après la publication des carnets de son ravisseur par Vladimir Nabokov, Lolita se livre enfin. L'adolescente la plus célèbre de la littérature raconte son road trip dans l'Amérique des années 50, ses ruses pour échapper à son beau-père, ses envies de vengeance, ses amours cachées, ses rêves de jeune fille. "



Le journal d'une ado. C'est cela que nous avons devant nos yeux. Si on le sait dans les premières pages, on l'oublie vite au fur et à mesure qu'elles filent sous nos doigts. Devant l'horreur quotidienne qu'elle subit. L'innocence est vite dérobée, et cela se ressent dans le vocabulaire, plus étoffée au fil des ans, et le cynisme écœurant, dont aucun enfant ne devrait avoir à faire preuve. Ce journal relate cinq années d'une vie qui nous semble en compter cinquante. Ou plus exactement, ce journal relate la mort lente d'une enfant, devenue Femme malgré elle, mais qui n'en attendra jamais l'âge.



On ne sort pas indemne de cette lecture, d'autant plus quand on sait qu'elle fait écho à la vie de l'auteur, à ses blessures indélébiles. On reste sans voix devant celle de Dolorès, qui devient une survivante à l'orée de sa puberté. Et on se promet de faire tout ce qui est en son possible pour protéger son enfant, pour qu'il garde cette âme innocente dont il est doté à la naissance, dans la mesure du possible, jusqu'à ce qu'il devienne parent à son tour.



Merci aux Éditions de la Goutte d'Or de m'avoir permis de découvrir avant sa sortie cette pépite de la Rentrée Littéraire 2019, qu'est le Journal de L. de Christophe Tison.



Belle lecture à vous !
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Journal de L. (1947-1952)

PUBLIC

Ceux qui aiment les livres qui dégagent de l’émotion. Ceux qui s'intéressent à la psychologie des personnages d'un livre. Ceux qui ont aimé « Lolita » de Nabokov

RESUME

En 1955 Vladimir Nabokov écrit « Lolita » : Une enfant de 12 ans abusée par son beau-père Humbert Humbert puis par d’autres hommes. Ce roman fit scandale à son époque. Le journal de L. est celui de Dolores alias Lolita. Ecrit à la première personne, Dolores explique ce qu’est sa vie du jour où son beau-père devient son tuteur et son violeur !

AVIS

Au fil des pages, on la voit passer de l’innocence à la manipulation pour finir en victime. Si on sent surtout de la pitié pour l’enfant au départ, au fil des pages l’empathie vient et on comprend qu’elle a grandi avant l’heure. Elle manipule Humbert et en fait son jouet. On ne ressent pas de perversion de sa part mais plutôt une grande naïveté.

La façon d’aborder la vie de Dolores par le biais d’un journal permet de comprendre sa façon d’évoluer en grandissant. Pour elle les jeux sexuels sont naturels même si au fond d’elle-même elle voit bien que quelque chose cloche. Elle se croit forte car elle a conscience de ce qu’on lui fait et elle analyse l’attitude de ses abuseurs. Cependant, elle se retrouve en total décalage avec les gens de son âge qui ne comprennent pas sa maturité en matière des jeux de l’amour. Alors qu’elle recherche désespérément cet Amour elle est rejetée par ceux de son âge et abusée par les autres.

Ce livre m’a beaucoup plu, Dolores alias Lolita est extrêmement attachante et j’ai très envie de lire « Lolita » de Nabokov. J’espère que le livre est toujours édité

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