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Citations de Claire Duvivier (89)


Si le grandiose t’intéresse tant, prend la peine de te pencher également sur le trivial : rappelle toi que ce n'est pas à l'ombre des légendes qu'on trouve le bonheur, mais auprès de la chair et du sang.
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Elle sent quelque chose qui se brise en elle, pas une part d'elle-même, plutôt comme une vitre sale qui l'isolait du monde. Elle est secouée d'une vive émotion, et à son intensité elle saisit qu'elle n'a rien ressenti de réel depuis qu'elle se trouve en Basse-Quaïma.
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La nature d'une société sera toujours plus forte que celle des individus qui la composent.
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Personne ne me parlait jamais de mon statut, même s’il n’était un secret pour personne. Je n’y voyais qu’une broutille administrative qui m’intéressait peu : l’esclavage n’était pas une chose réelle à mes yeux ; ce n’était qu’un bref chapitre dans les livres d’histoire. Bref, car ce que je savais de l’histoire de l’Empire restait tiré des livres d’histoire… de l’Empire.
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C’était, bien entendu, de mauvaises langues à l’œuvre. Nous l’apprîmes par fragments, au gré d’autres bruits venus du continent. La jeune carrière de Malvine était brillante. À la Manufacture des glaces, elle avait été remarquée à la suite d’un conflit l’opposant à un contremaître, qui avait fait venir des artisans de la province de Guimpale afin qu’ils enseignent leurs techniques aux ouvriers de Grande-Quaïma. Une fois le compagnonnage terminé, cette ordure s’arrangeait pour que les Guimpalais repartent chez eux intoxiqués au plomb; dans l’idée qu’ils meurent peu après leur retour au bercail, laissant leur savoir-faire en sécurité dans des têtes quaïmites. Malvine ne l’entendait pas de cette oreille : pour elle, il s’agissait d’un gaspillage de talents et de bonnes relations. S’abaisser à ce genre de pratiques était indigne d’une manufacture impériale. En livrant le contremaître à la justice – le meurtre étant puni de mort dans l’Empire -, Malvine avait attiré l’attention d’une faction des grands corps de l’État, à laquelle appartenait le recteur Balateste. Mais l’ambiance était devenue si délétère sur le continent que la décision avait été prise en haut lieu de préserver Malvine et deux autres jeunes fonctionnaires qui s’étaient pareillement distinguées, et de leur faire poursuivre leur carrière outre-mer. Afin d’éviter que leur poigne et leur idéalisme ne s’émoussent, on leur avait choisi des concessions où elles ne feraient que s’affirmer.
Je ne sais pas ce qu’il advint des deux compagnes de Malvine dans leurs postes respectifs, ce qui en soi n’est pas bon signe, mais nul doute qu’elle, de son côté, réussit à imprimer sa marque sur l’Archipel. Les années qu’elle y passa furent, contrairement à ce que prophétisaient les aigris, des années lumineuses. Et des années de changements.
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Pour ce faire, peut-être dois-je d’abord la diriger vers moi. Il y a des broutilles que tu ignores encore sur mon passé, mais qui ont leur importance si je dois te conter cette histoire. Tu me connais sous le nom de Liesse de Roh-henua ; en réalité je suis Liesse, seulement Liesse : nous n’avons pas de patronyme sur l’Archipel. En arrivant à Solmeri, seul, intimidé, contraint de me faire respecter, j’ai vite pris l’habitude, pour me donner un peu d’importance, d’ajouter le nom de mon île natale, dont personne ici n’avait jamais entendu parler. Je précisais « sujet impérial » comme s’il s’agissait d’un titre de noblesse, mais ce n’était qu’un mensonge, car à cette époque j’étais encore une possession de l’Empire. Je suis le troisième fils d’une famille de pêcheurs ; j’avais une poignée d’années quand mon père n’est pas revenu d’une sortie en mer. Ma mère était incapable de s’occuper seule de ses quatre enfants et s’en ouvrit aux autres familles du peuplement. La décision fut alors prise, pour alléger son fardeau, de retirer à sa garde l’un de ses enfants. Le choix se porta sur moi, sans que je me rappelle pourquoi : peut-être étais-je celui qui ressemblait le plus au défunt, ou qui était le plus affecté par sa disparition. En d’autres temps, ces sages m’auraient jeté à l’eau loin de la côte, mais pour rembourser le bateau que l’imprudence de mon père leur avait coûté à tous, on prescrivit de me « placer » au comptoir impérial de Tanitamo, capitale de l’Archipel située sur l’île de Tan-hemua. À l’époque, je n’étais encore jamais allé plus loin que le marché du peuplement voisin ; j’ai un souvenir net de ce premier voyage, ou plutôt de l’arrivée dans le port de Tanitamo, avec ses voiliers immenses qui mouillaient à distance, et les navires à quai plus vastes que des vaisseaux funéraires. Sans parler de la ville elle-même, avec ses bâtiments de pierre volcanique ou de bois à l’architecture continentale, et sa forte concentration d’habitants ; pourtant, ce n’était qu’une capitale mineure, provinciale, avec ses rues en terre battue au tracé hasardeux.
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Gémétous, ma hiératique, c’est pour toi que j’allume cette lanterne, que je sors ces feuilles, que je trempe cette plume dans l’encre. À vrai dire, je me lance dans cette entreprise sans savoir si je pourrai la mener à bien : il y a fort longtemps que je n’ai pas couché des mots sur le papier et, même à l’époque où cette tâche m’était quotidienne, mes œuvres se limitaient à des rapports et procès-verbaux. Mais après tout, ce n’est pas une épopée que tu m’as demandée ; toi, tu veux la vérité sur Malvine Zélina de Félarasie, et je suis l’un des derniers en vie à l’avoir connue. Je vais donc faire la lumière sur elle…
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Comme les généraux avaient retiré leurs casques, nous pûmes détailler leurs traits, et j'en vins à me demander si l'Ancien était réellement plus âgé que ses comparses : difficile à dire avec leurs visages inexpressifs, leur peau grisâtre, leur absence de sourcils, leurs cheveux gris coupés courts, pour les deux hommes comme pour la femme.
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Rappelle-toi que ce n’est pas à l’ombre des légendes qu’on trouve le bonheur, mais auprès de la chair et du sang.
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