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Critiques de Claude Pujade-Renaud (237)
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3 chats et 2 écrivains

Il s’agit ici d’un journal à quatre mains qui couvre 25 années de vie de 1974 à 2000, un extrait de journal plutôt car le manuscrit original compte quelque 1500 pages. On y retrouvera tous les éléments du genre : événements personnels, importants ou anecdotiques, petites et grandes choses qui remplissent la vie quotidienne de Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmermann dont l’aventure commune commence à la quarantaine, deux auteurs qui ont écrit et vécu ensemble sous la protection de trois « félins fraternels » dédicataires de l’ouvrage : Georges, Julien, Mathilde, le tout dans le style dénué d’effet du carnet de bord.

Qui a écrit quoi ? Peu importe, chacun note par jeu ses « virginités » personnelles ou celles du couple, c’est-à-dire des « faits qui pourraient constituer des événements neufs ». Belle idée d’amoureux, comme si tout était renaissance depuis la rencontre. Le choix des notes est effectué par Claude quinze ans après le décès de Daniel en l’an 2000 à l’âge de 65 ans. Qu’aurait-il retenu, lui ? Sans doute le livre aurait-il été quelque peu différent, le point de vue de Claude semblant l’emporter sur celui de Daniel. On se surprend parfois à vouloir secouer ce dernier en lui disant : « Tu ne trouves pas que tu exagères, là ? » L’amie de Claude avait sans doute raison : « […] la seule façon de supporter de vivre avec un mec qui écrit, c’est d’écrire soi-même. » Il est vrai que chacun transporte son histoire, dont on sait pudiquement peu de choses, le passé n’étant pas évoqué en tant que tel : une psychanalyse pour elle, la guerre d’Algérie pour lui ainsi qu’un lourd secret de famille. À ce sujet, cette lecture pourra être complétée par « Les Écritures mêlées », chronique « duobiographique » parue en 1995 chez Julliard.

Ce qui frappe avant tout dans ce double parcours amoureux et littéraire, hormis l’écriture de soi à la 3e personne (une sorte de gag initial), c’est l’incroyable énergie déployée à tout instant : pour s’aimer (passionnément), écrire (ensemble et séparément), corriger ses textes, publier, étudier, enseigner (Université Paris VIII-Vincennes), animer une revue, promouvoir ses livres, jouer le jeu littéraire, voyager, entretenir ses liens familiaux respectifs (Daniel est marié), s’occuper de trois lieux de vie, soigner les chats, cultiver le jardin, faire la cuisine, des confitures, des conserves, scier du bois, recevoir les amis, s’adonner à son sport (danse pour elle, karaté pour lui)… On en reste pantois. Le métier d’écrivain ainsi conçu exige une santé de fer et un moral d’acier. Chacun épaule l’autre, lisant, commentant, critiquant, corrigeant, soutenant, surtout dans les moments de fatigue et de découragement. Claude affirme au début qu’elle n’est pas écrivain, alors qu’elle écrit des nouvelles. Daniel semble croire en elle plus qu’elle-même qui doute et rabat son enthousiasme d’une petite remarque pessimiste. Lui est un foudre de travail, jamais à court d’idées. Au début de leur relation, il dicte, elle copie. Puis les publications des deux s’enchaînent, littéraires, universitaires, les projets, les échecs, les réussites, l’œuvre de chacun se construisant sans complaisance sous le regard exigeant de l’autre. Autre aventure partagée, ils écrivent ensemble des romans pour la jeunesse. L’éclectisme et le travail acharné toujours, les retraites à Cavalaire, dans le Sundgau, puis à Dieppe permettant d’avancer à plus grandes enjambées.

On devrait conseiller ce journal à tous les écrivains que guette le découragement ! Tant de ténacité devant les refus d’éditeurs, tant de travail, d’efforts pour parfois si peu de ventes, pour des animations « foireuses » à l’autre bout de la France, pour des projets avortés qui ont nécessité des semaines d’investissement ! Ne pas abandonner, remettre l’ouvrage sur le métier, parfaire le projet, le réorienter, garder l’âme chevillée au corps quoi qu’il arrive, ne pas s’aigrir, se renouveler avec la même exigence, telle est la donne du métier d’écrire selon Claude et Daniel.

Ce qui fait le charme de ce carnet intime, outre la forte complicité littéraire, amoureuse, aussi charnelle que spirituelle, c’est la succession sans transition des faits, comme pris dans le flux de la vie, un flux d’énergie allègre et roboratif, malgré les doutes, les périodes d’épuisement physique et psychique. En dehors de l’écriture, on rit, on discute, on trinque, on fait l’amour (beaucoup), on danse, on marche, on nage, on skie, on inaugure des premières fois, audacieuses et décalées, on va ici, on revient là, on se sépare, on se retrouve, on se dispute, on se désire, bref, on vit à plein, malgré les pépins de tous ordres. Et les chats dans tout ça ? Casaniers s’abstenir ! Êtres de la famille à part entière, ils suivent le mouvement avec les exigences de leur état, rituels, joies, grandes frayeurs et petits bobos.

Pour tenir la distance, le plaisir partagé est un bon atout. Au fil des chapitres-années, le lecteur s’amusera à compter les bouteilles de champagne, les huîtres, les foies gras, les homards et autres langoustes, les gâteaux de grand pâtissier, les robes (dont chacune porte un nom de baptême, jolie idée !), les pulls en cachemire qui rythment les réussites. Autant d’étapes franchies, autant de cailloux blancs dans la grande forêt de l’écriture où il est rare de s’aventurer à deux sans que l’un dévore l’autre. Grâce aux chats, qui sait ?

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3 chats et 2 écrivains

J’aime lire les journaux d’écrivain : pas seulement celui de Virginia Woolf mais aussi celui de Charles Juliet, de Françoise Ascal, de Pierre Bergougnioux, d’Hervé Guibert et j’en passe. Je ne comprends pas que cela ne soit pas un genre prisé des lecteurs. Quoi de plus stimulant que de partager un coin de quotidien d’un auteur que l’on aime ? Notre vie semble alors mise en écho. Il y a nécessairement des vibrations entre le parcours des êtres et la vie bouscule souvent la vision de l’œuvre. Evidemment, je ne suis pas dupe : je est un autre même au cœur du journal dit intime. Quelles traces y sont laissées ? Quelles notations éditées, lesquelles supprimées ou même jamais écrites dans le cahier ? Il est impossible de livrer sa vie : parfois un événement important n’est pas consigné, parfois un détail occupe une page entière. Le journal, genre paradoxal, tient de l’aide-mémoire, du déversoir, à la mise en garde, au galop d’essai, inclassable et aussi divers qu’il existe d’auteurs. Que dire alors de celui que je viens d’ouvrir ? Un journal écrit à quatre mains par Claude Pujade-Renaud et Daniel Zimmerman. Ce couple franchit une limite ou transgresse joyeusement les non-règles de l’art. Tout d’abord, la notion d’intime est dynamitée : l’un lisant ce que l’autre écrit et inversement. Ils poussent le vice jusqu’à parler d’eux à la troisième personne. Le « je » si cher au journal devient Claude ou Daniel. Ce pas de côté m’a, au début, agacée : le pacte de lecture semblait rompu. Ils me laissaient dehors. Je regardais deux personnages s’agiter à devenir universitaires, écrivains, amants et propriétaires de chats. La cadence et le dispositif d’énonciation rendaient a priori la complicité impossible. Le couple était refermé dans sa coquille, se mettant en scène mais ne laissant rien à l’a peu près, au flottant, le propre de l’écriture du diariste. Je ne suis pourtant pas descendue du train de leur vie. J’ai tourné les pages et succombé à la litanie des Claude et des Daniel. Cette fausse objectivité qui dit la nature des repas, le nombre d’allers retours à Cavalaire, puis à Dieppe, les amis reçus, les heures d’écriture, de corrections d’épreuves, les rencontres avec les journalistes, les éditeurs, ne forme que la part émergée de leur vie. Au bout d’une cinquantaine de pages, je fus happée par la prose qui déroule des faits de vie comme un rouleau compresseur avançant coûte que coûte pour tenir, traverser les maladies, les coups de fatigue, les moments de découragement, les refus d’éditeurs, garder le cap de l’envie d’écrire encore et s’y remettre malgré tout comme la mort douloureuse d’un chat fera qu’un jour un autre chat viendra. Tout semble déposé à une certaine distance, peu de réflexion mais quantité de petits événements : restaurant, lieux, cours à la fac, opérations, noms de la famille et des amis mais rien sur leurs caractères, défauts, comportements, juste leur implication ou pas dans une revue littéraire. Peu de chose sur la composition et les enjeux des livres, seulement leurs titres et le nombre d’heures consacrées à leur écriture, les doutes, les renoncements et les nouveaux départs. Même l’amour du couple apparaît en filigrane et souvent en rudesse : temps de « baise », répétition des 20 roses pour l’anniversaire de Claude, achat répétitif d’une robe à l’occasion d’un livre accepté par un éditeur, huîtres et champagne offerts pour l’occasion. Il y aurait de quoi se sentir frustré. Pourtant, je n’ai pu lâcher ce défilement de vie, sans doute car quelque chose déborde la mise à distance : une tendresse mêlée d’exigence et d’incompréhension. Daniel n’hésite pas à pousser Claude sur le devant de la scène tout en critiquant et jalousant son succès. Il reste excessif en tout et Claude ne gomme rien de cette monstruosité. Le sulfureux ne les lâche pas non plus, comme paradoxalement l’extrême routine : les camps de base que forment leurs lieux de vacances, toujours les mêmes comme des rituels indispensables à la vie avec et pour l’écriture. Le cadre est sans arrêt redonné. Il ne faudrait pas que la passion amoureuse ébranle la construction littéraire : les habitudes protègent. La manière d’écrire, déroutante au début, marque cette nécessité d’objectiver ce qui sinon ne pourrait s’écrire. J’ai la sensation au fil du temps que c’est Claude qui prend de plus en plus la plume. Daniel dicte sans doute les règles du jeu mais Claude tient le stylo, comme elle tient la maison, repasse, cuisine. La femme qui écrit reste malgré tout celle qui assure l’intendance. Dans ce couple qui fait de la transgression un art de vivre, le bousculement des valeurs s’arrête là. Il est touchant qu’ils décident de ne pas effacer les manquements. Ils auraient pu enjoliver la mise en scène or ils mettent à nu les coulisses non glorieuses de la vie à deux. Les faits ont sans doute la peau dure mais le sang afflue sous cette épiderme et le lecteur est chamboulé d’avoir parcouru toutes ces années. La mort de Daniel, résumée en une phrase, en retrait du texte ajoute à ce parti pris de journal « objectif », une conclusion brutale mais décisive. Le quatre mains s’arrête et le livre se referme pour eux comme pour nous.
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Au lecteur précoce

Quelle belle écriture !
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Au lecteur précoce

Nouvelle rencontre avec Claude Pujade-Renaud, mais cette fois-ci autour d’un recueil de 14 nouvelles. Je ne me montre guère enthousiaste. C’est une affaire de style, comme un vêtement qui ne m’irait pas. Et je conçois qu’il aille tout à fait à quelqu’un d’autre. Je trouve son écriture à la fois sèche et précieuse, retenue de l’intérieur et exposée de l’extérieur avec des jolis mots choisis. Cette boiterie me gêne, cela ne s’explique pas.

Quant au sujet des nouvelles, nous retrouvons le thème de l’inceste :  Mourir à petite pluie et Mamanmatante. Un inceste presque par inadvertance, nulle perversité, juste une aimantation des corps plus forte que les interdits, dans un flou qui meurtrit les âmes sans vraiment les mettre en danger.

La mémoire et le passé traversent d’autres nouvelles : la mémoire d’enfance avec Une odeur à fréchin, Une Halte, Lustrum, Poterne des peupliers et le poids du passé avec l’enjeu de la transmission dans No Pasará et Sennen Sennen. La culpabilité et le passé douloureux se conjuguent dans La Grenade, mais aussi Poterne des peupliers. Seule la dernière nouvelle, Au lecteur précoce, clôt le recueil sur une note d’optimisme alors qu’auparavant une petite musique triste et désabusée nous a accompagnés de page en page. Plus que des histoires, Claude Pujade-Renaud nous raconte des blessures jamais refermées.
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Au lecteur précoce

14 récits relatent une quête de bonheur chez des hommes blessés par une enfance souvent mal vécue, parfois même à la lisière de la folie.

Vous dire que j’ai aimé chacune de ces nouvelles serait faux. J’ai tout d’abord adoré le titre de l’ouvrage, qui était comme une invitation. Et puis, d’une écriture incisive, sans dérobade, l’auteur a su m’imposer son style, provoquer de vrais pincements au coeur.

Oui, quelques-uns de ces récits ont su faire basculer mon imaginaire.

D’autres m’ont beaucoup dérangée.
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Au lecteur précoce

Récompensée par plusieurs prix (dont le Goncourt des lycéens 1994 pour Belle-mère), la nouvelliste et essayiste Claude Pujade-Renaud signe avec L'enfant précoce(titre de l'une des 14 nouvelles) un recueil de nouvelles jouant avec les mots d'une façon très psychanalytique.

Des thèmes différents mais tournant autour d'un traumatisme(inceste,enfance malheureuse,séparation,blocage corporel,rituel,fausse-couche,origines,souvenirs de guerre,maladie,failles,enterrement,amours interdites,passé) qui ressurgit et franchit la porte ouverte de l'inconscient lors d'une ambiance particulière. La clef d'accés est un patois, un langage à part,un lapsus,une appellation à la sonorité particulière,un blocage,une interprétation,un délire,une consonnance étrangère,un délire,un double sens,une invention,un pluriel,une dédicace...

Parle-t-on le même langage? Les conflits se basent-ils sur les non-dits?Peut-on à travers mots retrouver le bonheur (ou le malheur volontairement oublié) ?

Des nouvelles douces-amères, en demi-teintes comme ces tableaux pointillistes où la lumière sourd à travers un univers fragmenté.

Intéressant et joliment écrit par une excellente manieuse de mots (maux?)!!!
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Au lecteur précoce

De courtes nouvelles écrites dans un français superbe, fluide et lumineux.

De la première, Mourir à petite pluie, et son éblouissante évocation de la côte normande, jusqu'à la dernière, Au lecteur précoce, et un auteur piégé dans un salon du livre. Claude Pujade-Renaud a enseigné la danse et l'expression corporelle, et j'oserais dire, c'est un compliment, que cela se sent à lire ses nouvelles.
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Au lecteur précoce

Auteur : Claude Pujade Renaud

Je ne connaissais pas cette auteure. Elle a pourtant de nombreux prix littéraires.

Du même auteur: Belle mère (1994)/ Le sas de l'absence (1998)

Genre: nouvelles

Ici, il y a 14 nouvelles. Le recueil est assez fin.

La couverture ne m'a pas du tout attiré. Par contre, le titre m'a interpelé "Au lecteur précoce", nouvelle des dernières pages (comme si on gardait le meilleur pour la fin). La construction est intéressante puisque cet ouvrage commence par "Mourir à petite pluie" et se termine par la précocité. Est-ce à dire qu'ici on fait le tour de la vie?

Ces nouvelles sont une promenade dans le quotidien. Les personnages sont peu brossés, parce qu'ils sont courants (leur physique importe peu).

Dans ce quotidien, il y a les secrets qui nous font "mourir à petite pluie" (ça change de mourir à petit feu!). L'humidité gagne le cœur, se met aux bords des yeux, alors on ferme les volets. On espère une "halte" ou un "passage".

Parmi toutes les dédicaces que peut faire un écrivain, combien prennent-elles sens? Un jour Gérard en fait une pour une femme enceinte. Il a écrit "pour le lecteur précoce" et cela tissera un lien de paternité avec le futur lecteur de son livre.

J'ai beaucoup aimé "Lustrum" car cette nouvelle est amusante. Des parents discutent dans le noir de la soirée où a été conçu leur fils. Ils ont une image très nette d'un lustre témoin de leurs ébats. Sébastien ayant tout entendu va mettre des lustres à s'en remettre!

L'ensemble du recueil est agréable, avec quelques pointes d'humour. Les tableaux de vie sont fidèles, mais pas inoubliables.

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Belle mère

Il s'agit d'une jolie histoire sur la relation dans le temps d'une femme et son beau fils.

Histoire douce sur une relation atypique qui passe et traverse les années.

On s'installe doucement et tranquillement dans ce roman qui arrive à vous raconter l'ordinaire d'un quotidien atypique.

J'ai apprécié me plonger dans ce petit livre tranquille.
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Belle mère

BELLE-MERE



Claude PUJADE-RENAUD

03 JUIN 2012



A sa façon, l’auteur nous raconte une histoire de vie de gens simples, humbles, dont les seules aventures sont celles du quotidien et de ses difficultés dans la pénurie, ni originales ni grandioses, mais assumées avec une grande discrétion et avec une moralité sans faille.

Une femme de quarante sept ans se remarie, suite à une annonce, avec un homme solide mais taciturne, qui a un fils à charge. Mariage discret, emménagement dans ce nouvel univers, adaptation aux lieux et gens, et découverte que le fils d’une trentaine d’années est un peu « marginal », sauvage et sans aucun lien social ni familial, intelligent à sa façon, mais quasi autiste depuis le décès de sa mère, mutique et sans travail.

Puis après quelques années, le mari meurt, laissant sa veuve seule face à ce fils.

L’auteur raconte alors la lente, progressive et chaotique vie à deux, les liens qui se tissent en douceur et souvent sans signes apparents mais en profondeur, où tout est dans le détail et le non-dit, leurs rares fréquentations avec les quelques personnes qui gravitent autour. Même les actes de civisme et de rébellion face à l’occupant, puisque cette histoire traverse la guerre qui n’est ici évoquée qu’en filigrane, sont commis et mentionnés avec la modestie de qui sait où est son devoir sans forcément ni le faire savoir, ni trouver cela héroïque, alors qu’on mourrait parfois pour moins que cela en ces temps.

Ce couple improbable et qui n’en est pas un, connait peines et joies, toujours mineures mais si importantes voire déflagrante pour eux, et, malgré toutes les difficultés de la vieillesse, préférer finalement cette union jusqu’au bout, plutôt qu’une séparation quasi socialement obligatoire.

Plein de pudeur, de retenue et de sensibilité, l’auteur nous remue étrangement avec des vies qui passent ordinairement inaperçues et dont on ne fait pas un roman, parce que totalement dépourvues de « sensationnel », d’aura, de péripéties : mais tout le sens de la vie, de la morale, de l’amour s’y exprime avec force et entêtement.

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Belle mère

J'ai aimé ce petit livre qui se lit en quelques heures. L'auteur fait mourir Armand, le mari, assez vite, pendant la guerre, et nous entrons dans l'histoire, la vraie : celle d'une femme qui a le choix de laisser pourrir son beau fils en hôpital psychiatrique, et du coup s'en débarrasser, où le faire sortir et vivre avec lui, apprendre à la connaître, avec ses différences (et oui Sév, je cultive!), ses lubies, sa "folie". Aujourd'hui, les médecins diraient de Lucien qu'il était autiste...Peut être, peut être pas....Mais à cette époque, on acceptait plus facilement les autres. Alors ces deux là vont cohabiter pendant plus de trente ans, apprendre à se connaître, se respecter. Le troisième âge savoureux comme il devrait être, des gens simples, heureux. J'avoue que quand Eudoxie a eu 94 ans, j'ai arrêté de compter les années et son âge mais je crois que j'étais arrivée presque à la fin de l'histoire. Un bonheur simple jusqu'à la fin. A lire en fin d'après midi, à la tombée du jour...


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Belle mère

Histoire d'une vie simple, celle d'Eudoxie ("celle qui a une opinion juste" comme elle l'apprendra sur le tard). Veuve une première fois, elle se remarie avec Armand qui lui perdra la vie à peine 5 ans plus tard lors d'un bombardement sur la route de l'exode. Retour pour Eudoxie, seconde fois veuve, dans la maison de Meudon, où elle cohabitera pendant près de 50 ans avec Lucien, son beau-fils de 15 ans son cadet. Un homme taxé tour à tour de fou et d'ingénieux par son entourage, un homme tantôt renfermé sur lui-même, tantôt faisant preuve d'une grande vivacité d'esprit. Un original avec ses secrets, et ces femmes qui le hantent, Blaisine sa mère, Firmine et Marceline ses tantes maternelles. Eudoxie ne juge pas, fait avec, finit en quelque sorte à l'apprivoiser, et c'est une relation ponctuée de petites attentions qui se développe. Un beau portrait d'une femme digne qui traverse le 20ème siècle sans faire de bruit.
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Belle mère

uite à une petite annonce, Eudoxie épouse Armand. Elle a 47 ans, lui la soixantaine. Il vit avec son fils Lucien, un homme d’une trentaine d’années taciturne, sauvage et peut-être même un peu fou. La cohabitation de ces trois âmes se fait sans encombre du moment qu’Eudoxie ne cherche pas à communiquer avec Lucien ou à pénétrer son univers. Mais la guerre arrive et emporte avec elle Armand. Eudoxie se retrouve alors seule avec Lucien. Petit à petit, les deux êtres vont s’apprivoiser, partageant une étrange intimité qui souffre peu les intrusions.



Avec Belle-mère, je découvrais Claude Pujade-Renaud et je dois dire que j’ai plutôt goûté cette lecture. Au début, j’ai eu l’impression d’une mise en tension et j’étais persuadée qu’un drame allait se produire. Mais finalement, il n’en est rien. Ce court roman évoque le temps qui passe, la vieillesse, la solitude que l’on comble comme on peut et décrit aussi une relation touchante et ambiguë entre deux êtres qui apprennent à se connaître, à se séduire. Pas un coup de cœur certes mais un joli moment de lecture tout de même.
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Belle mère

Ce beau livre illustre à merveille cette phrase de Péguy : "la vie humble aux travaux ennuyeux et faciles est une œuvre de choix qui veut beaucoup d'amour".

L'auteur nous relate l'histoire d'une femme qui marche, en assumant un destin qu'elle n'a choisi qu'en partie, et qui arrive, à force d'humanité et de simplicité, à établir avec son beau-fils très particulier une relation très particulière qui les rend peu à peu indispensables l'un à l'autre. Une femme admirable dans sa modeste grandeur.

C'est aussi la banlieue d'avant-guerre, la dernière guerre et la résistance, les petits métiers qui permettent de survivre dans la dignité et le regard très poétique du beau-fils, cet homme pas comme les autres.
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Belle mère

Après sept ans de veuvage, Eudoxie a décidé de se remarier avec Armand, veuf lui aussi. Tout se passe pour le mieux (ou presque) dans ce remariage mais il y a tout de même un "hic", le fils d'Armand. C'est un jeune homme un peu spécial qui vit dans le souvenir de sa mère et de sa tante décédées. Il ne fait aucun effort vis à vis de la nouvelle femme de son père.



Eudoxie, qui en a vu d'autres, ne se laisse pas impressionner par la bizarrerie de son beau-fils et fait comme si de rien n'était. La routine s'installe dans le trio jusqu'à ce que la guerre éclate et que le mari d'Eudoxie quitte cette terre, laissant sa femme et son fils dans un tête à tête qui durera quarante ans.Et ces deux là finiront par devenir inséparables...



Cette relation un peu étrange entre belle-mère et beau-fils est touchante et assez piquante. J'ai beaucoup aimé le personnage d'Eudoxie. Elle fait le bien autour d'elle tout naturellement et sait prendre la vie comme elle vient, avec ses joies et ses malheurs.



Une histoire un peu surranée mais très touchante, qui m'a permis de découvrir (enfin) la plume de Claude Pujade-Renaud


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Belle mère

"-La belle-mère c'est parce que je pique?

-Des fois...Mais le plus souvent vous avez la peau douce."

Belle Mère, roman tendre à souhait, conte l'apprivoisement de Lucien, un jeune homme "sauvage" qui "a le génie de la mécanique" mais passe pour un débile léger par sa belle-mère Eudoxie, deuxième épouse de son père, qui à la mort de ce dernier durant l'exode de la deuxième guerre mondiale et son retour dans la maison familiale se voit obligée de cohabiter avec cet ours.Sans enfants, mais maternelle, cette "couturière à domicile" arrive à l'amadouer peu à peu, à l'apaiser et à étayer ses désordres psychiatriques (obsessions, hypocondrie, tendance aux interprétations..).

De chat Nonotte en chat Nonotte, de secret de famille en confidences mutuelles, de framboises en "billets doux", une véritable relation de couple (bien que platonique) s'instaure et cinquante ans de vie s'écoulent. On pense bien-sûr à la complicité décrite par Marie-Sabine Roger dans La tête en friche entre Germain et Marguerite car Belle Mère est un roman plein d'espoir pour un inadapté à la société.

Claude Pujade-Renaud, rédactrice, nouvelliste (cf: Vous êtes toute seule?), romancière a obtenu pour Belle Mère le Goncourt des lycéens en 1994.

Elle brosse ici deux portraits forts et attachants. Lucien: "fuyant", "inventeur","jaloux",exclusif, gourmand qui bichonne sa "fiancée", en l' occurence sa voiture et Eudoxie: économe,travailleuse qui remue cet homme infantile et secoue ce "rentier" amorphe mais ingénieux.

C'est pétillant de vie!
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Belle mère

Une petite annonce du "Chasseur français" va permettre à Eudoxie, veuve de quarante-sept ans, de rencontrer Armand Bouvier, cinquante-six ans, veuf lui aussi, habitant à Meudon, à l'époque une charmante bourgade de campagne (nous sommes en 1935). Armand a un grand fils, Lucien, qui va rapidement tenir une place importante dans la vie d'Eudoxie, d'abord par son absence (il reste dans sa chambre et ne lui adresse pas la parole) puis par sa présence insistante dès lors que son père va décéder un beau jour de 1940, faisant de Lucien l'heureux (?) propriétaire de ce grand pavillon de banlieue. Les relations qui vont se tisser entre ce beau-fils, bizarre et bricoleur de génie (on le qualifierait aujourd'hui d'autiste mais le mot n'est jamais prononcé) et sa belle-mère constituent la matière de ce récit à deux voix. Lucien, que tout le monde considère comme attardé ou, au mieux, atrabilaire, et qui pourtant possède une vision très claire de la réalité, éprouve un attachement indéfectible pour sa belle-mère, qui va au fil du temps s'avérer réciproque et permettre à ces deux être déchirés par la vie (il vaudrait mieux dire par la mort) de trouver un semblant de bonheur. Le vrai bonheur, il est surtout dans l'écriture de Claude Pujade-Renaud. Fluide, raffinée, elle sait nous tenir en haleine jusqu'au dénouement final, inattendu. Une histoire peu banale, mais tellement attachante…
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Belle mère

Eudoxie, épouse à quarante - sept ans, Armand, sexagénaire et veuf, père de Lucien, trente- deux ans, sauvage , taciturne , peut- être à moitié fou....

Celle- ci s'installe donc dans le modeste pavillon de Meudon Val- Fleury où habitent les deux hommes......elle se retrouve veuve peu de temps aprés, la guerre est fatale à Armand., seule, face à ce beau- fils, avec lequel il faut bien tenter de vivre.....

Madame Pujade Renaud brosse ici deux portraits forts et attachants: Lucien,fuyant sans cesse, jaloux, exclusif,gourmand, bricoleur ingénieux qui "bichonne " sa " fiancée" , la voiture, et Eudoxie,couturière, économe, travailleuse, qui apprivoise Lucien et sa paranoïa,l'apaise, l'amadoue, étaye ses désordres psychiatriques(obsessions, hypocondrie, tendance aux interprétations, mutisme prolongé).Une belle histoire qui aborde avec sensibilité et justesse la relation à l'autre quand celui- ci est différent, c'est une relation difficile mais Lucien n'est pas aussi fou....il tente de montrer son affection à sa belle- mère...cela en fait un être à part pour l'époque....Eudoxie est un personnage fort , elle s'affirme et s'émancipe peu à peu......



Quand les hasards de la vie amènent une belle- mère et son beau- fils à cohabiter des décennies durant, le rejet et l'ignorance de l'autre se muent, au fil du temps, en un indéfectible attachement d'un couple que les voisins au fil du temps viennent parfois à prendre pour mari et femme, tant la vieillesse émousse les différences d'âge...., ici, quinze ans....les désagréments de la vieillesse sont de plus en plus nombreux... Mais l'amour de la vie et l'attachement s'expriment avec force...Lucien offre une plante nommée belle mère à Eudoxie pour ses 80 ans...

Une analyse psychologique très fine et une évocation du grand âge, empreinte de beaucoup d'émotion et d'une grande pudeur, un panorama très juste de la vie que les "gens de peu", les humbles travailleurs pouvaient mener dans ces modestes pavillons de la banlieue parisienne , au cours des années 1950 à 1990....

Un roman tendre, une histoire émouvante, celle de ce couple insolite qui restera ensemble.. Jusqu'à la lente et inexorable entrée dans le grand âge,cet "arrangement " pas toujours simple entre deux êtres que tout sépare,ainsi , pour Lucien, Eudoxie , de belle- mère devient Belle Mère.....

Un magnifique roman sur la vieillesse( surtout dans la 2° partie),à propos de l'anormalité,sur les relations de confiance qui peuvent s'établir entre deux personnes que tout sépare...

Madame Pujade Renaud a su trouver avec son talent habituel, les mots simples du quotidien, les phrases emplies de tendresse et d'humour aussi, avec,en prime une agréable promenade dans une banlieue qui se modernise........

Une belle histoire, bienveillante et douce,un vrai bonheur de lecture avec une fin insoupçonnée,mais logique.....ce n'est que mon avis.
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Belle mère

Relation entre un homme et sa belle mère âgée, belle mère au sens ou c'est la femme de son père.... subtilité des sentiments un livre extraordinaire

Un huir clos
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Belle mère

Eudoxie, 47 ans, veuve, décide de répondre à l’annonce d’Armand, 56 ans. Elle n’aura pas seulement un compagnon mais aussi un beau-fils de 30 ans, Lucien qui est un être fuyant ; elle ne le voit jamais. Il s’isole dans sa chambre. C’est presque un fantôme. Très intelligent, il a des réactions pourtant imprévisibles et infantiles.



Eudoxie s’en accommode et ne pose pas de question. Après quelques années de vie commune avec Armand, Eudoxie se retrouve veuve à nouveau, avec Lucien sur les bras.



Un apprivoisement mutuel, puis une relation d’attachement vont peu à peu s’établir entre Eudoxie et Lucien. Et si Lucien n’a pas toute sa raison, Eudoxie va devenir sa raison d’être.



Un récit très touchant sur la vieillesse et la bienveillance à l’égard des autres.

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