Citations de Colette Roumanoff (28)
Pour entrer à l’école de la bienveillance, il faut faire preuve d’indépendance d’esprit et avoir confiance en son expérience.
La nuit suivant la révélation des yeux de l’orpheline, j’ai rêvé que Swamiji m’avait donné trois perles, qui symbolisaient ce que j’avais compris de cette expérience.
La première est que « tout effet a une cause ».
La deuxième est que « cette cause est dans le passé ».
La troisième est que « de cette cause il est possible de se libérer ».
Dans l’océan des difficultés de la vie, la ligne du bonheur se confond toujours avec une ligne d’horizon qui s’éloigne sans cesse.
La maladie d’Alzheimer a ceci de précieux qu’elle nous confronte à toutes les dimensions de l’être humain ; elle nous oblige à accroître grandement notre savoir-vivre.
Ce que tu es crie si fort que je n’entends pas ce que tu dis.
Proverbe chinois.
Dans toutes les relations le non-dit est ce qui donne sa couleur, son sens et sa chaleur à l’échange.
Le patient Alzheimer est voué au présent et à l’essentiel. On a beaucoup à apprendre de lui, nous qui sommes toujours entrain de fuir dans un passé reconstitué sous des discours fallacieux ou dans un avenir incertain qui reste le lieu privilégié d’un bonheur insaisissable.
Bien sûr, il ne faut jamais réduire le malade à sa maladie. Certes tout ce qu’il vit, tout ce qu’il éprouve, tout ce qu’il désire est impacté par la maladie. Mais cela ne l’empêche nullement d’avoir des désirs, des préférences, des plaisirs et de vouloir vivre la vie qui est la sienne.
La maladie évolue en général lentement, très lentement… Le stress et la non-prise en compte des besoins du patient ont pour effet de la faire évoluer brutalement.
Alzheimer nous a déjà remariés un millier de fois. Après des années, nous ne savons toujours pas où nous allons, ni de quoi demain sera fait, mais nous vivons intensément le présent.
Être heureux ne signifie pas que tout est parfait, cela signifie que vous avez décidé de regarder au-delà des imperfections.
Aristote.
La grande plaie de la vieillesse comme de la maladie d’Alzheimer est la passivité obligatoire et forcée infligée à nos aînés. C’est une double peine, car les capacités diminuent d’autant plus vite que l’on ne s’en sert pas.
Si je devais recommencer ma vie, je ferais les mêmes erreurs… mais plus tôt.
Groucho Marx.
La bienveillance est un parfum qui se perçoit de loin.
Si on a opéré la conversion du temps et pris l’habitude de vivre au jour le jour, si on sent que le temps est compté, il devient précieux et on ne peut plus faire n’importe quoi de ses journées. Alors il y a des chances pour que l’on se regarde soi-même avec bienveillance et qu’on aménage sa vie à son goût.
C’est un polytechnicien qui prend une puce. Il lui dit « Saute ! » Elle saute. Il lui coupe les pattes. Il lui dit « Saute ! » Elle ne saute pas. Il note sur son carnet : « Quand on coupe les pattes à une puce, elle devient sourde. »
C’est ainsi que l’intelligence, quand elle ignore le ressenti, peut arriver à affirmer et à prouver à peu près n’importe quoi.
Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.
Albert Camus.
Pour éviter le drame, il suffirait d’un geste simple, se saisir d’une vraie tranche de pain, d’un biscuit ou d’un fruit et l’échanger avec la fausse tartine en prenant l’air le plus naturel du monde : « Tiens voilà, c’est bon, tu peux le manger. »
Comment en finir avec la peur ?
Il faut juste inverser tout ce que l’on fait et tout ce que l’on pense d’Alzheimer.
Arrêter d’avoir peur de la maladie, en faire son amie.
Arrêter d’avoir peur du malade, il a tout à nous apprendre.
Au lieu de le mettre à distance, s’approcher de lui.
Au lieu de l’enfermer, le faire sortir.
Au lieu de l’abrutir, lui faire des propositions.
Au lieu de le stimuler, le laisser vivre.
Au lieu de l’inquiéter, le rassurer.
Au lieu de le forcer à revenir dans notre monde, apprendre à connaître le sien.
Il faut bien comprendre que le plongeon dans le passé est un refuge contre un présent insupportable.