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Critiques de Damien Marie (322)
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Ceux qui me touchent

Des cris esquissés en abattoir sur la peau étalent l’encre

L’art se niche jusque dans les mains de ceux qui ne savent pas le langage capitaux

Au boulot il faut tuer et puis vivre comme si de rien

Au boulot il faut et puis

Un cerf prend l’envol et un homme apprend la misère partout tout le temps

Comment garder ses rêves et trêve de vie ?

Une petite fille dessine et de prendre forme à rebours

fuir ou s’adapter

Un groin dans une paume des aiguilles en sourire

On réinvente et si ?

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Ceux qui me touchent

Je remercie Babelio pour l'envoi de ce très beau livre, un roman graphique qui m'a tout d'abord plu par la qualité de son papier et de son format.

J'ai particulièrement apprécié les dessins et les couleurs, le choix de monochromes qui épousent le sentiment des personnages, certaines atmosphères, lieux ou actions.

Concernant le récit, le narrateur nous plonge dans sa réalité quotidienne et celle de sa famille obligée de travailler dur pour de petits salaires qui ne permettent que de survivre. Là où la vie familiale devrait être une fête, celle-ci n'est constituée que de croisements brefs, entre horaires de jour et de nuit, dans un sombre tunnel, celui de la froide routine et de l'épuisement. Ce livre nous évoque aussi le monde de l'art et son côté mercantile dominé par celles et ceux qui font le marché, les galeristes, les stars capricieuses, les médias. le narrateur, artiste lui-même est obligé d'avoir un travail alimentaire comme employé dans un abattoir. Mais grâce à un événement particulier, sa vie va peut-être prendre un autre chemin. Quoiqu'il en soit, il semble que la beauté de l'art soit dans le geste de l'artiste qui suit son désir et qui crée sans chercher nécessairement à être connu. Je ferai un rapprochement avec le récit autobiographique de Joseph Ponthus, A La ligne, qui lui aussi a dû travailler sur des chaînes alimentaires en attendant de trouver mieux. Et c'est grâce au rêve, à la poésie et aux chansons qu'il a tenu le coup pour le bien de son couple. Et comme dans Ceux qui me touchent, l'espoir de pouvoir vivre de son métier et d'accéder à une vie meilleure est permis : « Faut jamais lâcher ses rêves » nous dit le narrateur.

A lire.
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Ceux qui me touchent

La première phrase de la dernière de couverture est attirante : « et si votre imagination décidait de prendre corps pour changer votre vie ? »

Voici l’expérience que nous offrent Damien Marie et Laurent Bonneau à travers l’aventure de Fabien et de sa fille Elisa.

Cette dernière, 5 ans, adore les histoires : une princesse, un chaton, un loup, un château, un bâton arc-en-ciel et trois mignons petits cochons doivent figurer dans celle racontée par son papa lors du coucher.

Pas facile pour ce dernier qui travaille dans un abattoir et passe sa journée à tuer des cochons.

Alors la seule solution pour lui va être d’inventer un monde où les rêves deviennent possibles.

C’est ainsi que dans les jours à suivre, de troublantes coïncidences entre histoire et réalité vont infléchir la vie de Fabien.



De nombreux thèmes de notre société sont abordés : l’élevage intensif, l’autisme, le travail à la chaîne, la paternité, l’art, la force des passions ….

Grâce à un dessin très expressif, des ambiances associées à des couleurs différentes, cet album nous permet à la fois de laisser aller notre imagination et de nous faire réfléchir sur des sujets de fonds.



Petit bémol pour moi : le nombre de thèmes abordés : nombreux, voire trop nombreux, certains ne sont que survolés. J'ai par ailleurs eu du mal à trouver les personnages attachants.



Il n’en reste pas moins que cet album est une belle réussite et je remercie Babelio et les éditions Grand Angle pour cette découverte.

A noter le très bon dossier de presse et la belle qualité de l'objet livre.



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Ceux qui me touchent

Je remercie Babelio et les éditions Bamboo pour m'avoir adressé ce magnifique ouvrage de la collection grand angle. Damien Marie pour le scénario et Laurent Bonneau pour le dessin ont réalisé un livre fort que je recommande vivement.

C'est leur seconde collaboration et je pense que je lirai leur premier livre " ceux qui me restent". On sent une véritable complémentarité dans leur collaboration.



L'histoire est celle de Fabien qui, bien qu'ayant fait des études d'art appliqué, voit ses rêves anéantis par un quotidien qu'il faut assurer. Son travail dans un abattoir est bien évidemment terrible et interroge. Celui de sa compagne à l'hôpital public en service de soins palliatifs n'est guère épanouissant. C'est donc un pamphlet sur le monde du travail déshumanisant. Le moteur de leur vie c'est leur petite fille de 5 ans, Élisa, tant attendue. Elle demande des histoires un peu magiques et parfois les coïncidences obligent à s'arrêter et à penser autrement. Fabien veut changer le cours de leurs vies et s'engage dans une remise en cause, qui lui donne a entrevoir la misère avec l'Armée du Salut et à côtoyer le snobisme puant de galeristes et de pseudo artistes parisiens. On sent un vécu et une vraie réflexion sociétale.

Quant au dessin, il est magnifique. L'encre de chine ou le posca pour les noirs, les encres lumineuses s'enchaînent et nous proposent des planches dont la force est décuplée par cette bichromie. Le dessin est élégant et très réaliste. J'ai parfois eu l'impression que des images ont été utilisées avec un effet de solarisation. J'aurais aimé en savoir plus sur les techniques utilisées par le dessinateur. L'enchaînement des couleurs permet de changer de contexte avec aisance. De nombreuses astuces narratives sont intéressantes : la première page, les longs enchaînements sans texte, la page blanche après la douche pour marquer un nouveau départ... Le dessin n'hésite pas à prendre des angles et cadrages sophistiqués et tout ce travail artistique donne de la vitalité a l'album.

La fin est ouverte ou ambiguë pour moi. J'aurais bien aimé que les trois dernières pages n'existent pas...

Un livre que je recommande vivement.



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Ceux qui me touchent

Un grand merci aux éditions "Grand Angle" et aux organisateurs de l'opération masse critique privilégiée qui m'ont envoyé ce magnifique ouvrage. C'était un très grand plaisir à la réception comme à la lecture.



Quelques informations issues du (très joli) dossier de presse : "Ceux qui me restent" est vendu comme un deuxième volet à la suite de "Ceux qui me touchent". Pas de panique pour ceux qui ne l'ont pas lu : les deux histoires sont indépendantes et peuvent être lues séparément.



Je vous vois venir, vous allez me demander "Quel est donc le lien entre ces deux œuvres" ? Voici la réponse de Damien Marie : « Ces histoires sont tout à fait distinctes et tout les relie. Elles sont un maelstrom de sentiments et de ressentiments. Dans les deux cas, des situations extrêmes viennent « exhauster » un regard assez contemplatif d’un père sur sa fille. Elles sont surtout des regards sociaux sur ce qui nous entoure ; une lecture de nos craintes contemporaines. »



Personnellement, je ne connaissais pas le travail de ces deux auteurs mais j’ai maintenant envie d’aller plus loin et je me suis réservé « Ceux qui me touchent » à la médiathèque départementale. Affaire à suivre.



Mais revenons-en à « Ceux qui me touchent ». J’ai clairement été beaucoup plus « touchée » par le scénario que par le dessin même si je souligne un travail très intéressant sur la colorisation. Cette histoire sonne extrêmement juste sur plusieurs plans : la relation père-fille mais aussi la place du couple au milieu des défis de la parentalité, le processus de création artistique, la condition animale et l’abrutissement de l’humain dans le travail à la chaine, en l’occurrence, dans un abattoir (ce n’est pas sans rappeler le magnifique « A la ligne : feuillets d’usine », du regretté Joseph Ponthus).



Encore un grand merci pour cette magnifique découverte graphique. L’objet en lui-même est un petit bijou. 
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Ceux qui me restent

Trés émouvant... Un beau défi que susciter autant d'émotions avec si peu de textes. 'Dessin superbe. Bravo
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Ceux qui me touchent

Il était une fois.



C’est l’histoire d’un homme qui tue des cochons. Un boulot provisoire qui dure , une contribution à la chaîne alimentaire pour boucler les fins de mois.

On pourrait parler de l’odeur des bêtes qui se vident , mais c’est celle de la peur qui domine à l’usine. Ce goût de métal des petits matins qui collent à la peau des taulards des trois-huit.



C’est l’histoire d’un ami fidèle, d’un mari aimant , d’un bon père qui a égaré ses rêves de jeunesse dans la carcasse du temps.



Ça pourrait être l’histoire de tout le monde, une tranche de vie. Ni toute blanche, ni toute noire.



Ça pourrait être une tranche d’espoir dans les yeux d’une petite fille à l’imaginaire débordant, qui, tous les soirs, demande à son père de lui inventer un conte.



Le texte de Damien Marie (que je découvre) et les dessins de Laurent Bonneau (que j’adore) sont symbiotiques.

L’alchimie fonctionne. Voilà de quoi décliner le titre : eux qui me touchent.



Cet album graphique m’a pris par le ventre. Sa sincérité à parler des gens et du quotidien bouffé par les injonctions sociales.

Sa touche de poésie presque improbable, posée là par surprise comme des points de suspension, une respiration.



Je me suis demandé ce que j’avais fait de mes rêves. Est ce que j’en avais assez pris soin, est ce que j’avais pu?

Parce qu’il est question de cette frontière qui nous fragilise entre choix et obligations.

De ce point d’équilibre qu’on passe parfois toute une vie à trouver.
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Après l'enfer, tome 2 : Le bayou d'Oz

J’avais eu beaucoup de mal avec le premier tome et malheureusement le deuxième est pour moi une déception.

Je ne suis pas arrivée à m’accrocher à l’histoire. Bien que les dessins soient très bien réalisés j’ai trouvé le scénario un peu trop confus. Le côté vaudou et magie m’a un peu dérangé.

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Ceux qui me restent

J'avais découvert ces auteurs grâce à une Masse Critique, avec leur dernière sortie, "Ceux qui me touchent". J'ai donc souhaité poursuivre l'expérience avec ce roman graphique qui aborde des thématiques auxquelles je suis particulièrement sensible.



Tout en douceur, ils abordent la maladie d'Alzheimer du point de vue de celui qui en souffre : Florent. Tantôt au début de sa parentalité, tantôt à la fin de sa vie, il évoque la perte de sa femme et l'éloignement de sa fille à cause de ses choix de vie. Les époques s'entremêlent, tout comme les souvenirs, pour former une tranche de vie touchante et aborder cette pathologie neurodégénérative avec une certaines forme de poésie.



Les dessins, agrémentés de subtiles touches de couleurs, retransmettent beaucoup d'émotions.



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Ceux qui me touchent

Merci à Babelio et à Bamboo édition pour m’avoir fait découvrir ce fabuleux roman graphique paru dans la collection Grand angle dont le scénario est signé Damien Marie et les dessins, particulièrement réalistes, ainsi que les couleurs Laurent Bonneau.

Dans un style épuré, les deux auteurs abordent des thèmes profonds et durs tels que la difficulté à avoir un enfant, puis à l’élever, la difficulté à trouver du sens à un métier ingrat, purement alimentaire, la difficulté à rester soi-même au sein d’un couple, mais aussi la différence à travers l’autisme. Des sujets variés, mais compliqués, abordés sans pathos, laissant le lecteur libre de sa réflexion.

La relation père-fille est particulièrement prégnante avec également une réflexion sur le rapport à l’art et la place accordée à nos rêves.

Le jugement des auteurs sur notre société de plus en plus déshumanisée semble sans appel…

Un vrai coup de cœur pour ce roman graphique plein de poésie, malgré la noirceur du sujet, et qui donne envie de se poser les vraies questions des priorités à donner à nos existences.
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Ceux qui me touchent

Je remercie Babelio et Grand angle pour l'envoi de cette bande-dessinée.

Elle n'est pas désagréable à lire mais je reste mitigée pour plusieurs raisons.



Je pense comprendre ce qui a voulu être mis en avant (l'importance de la relation père/fille) mais ce n'est pas du tout ce que je retiens malheureusement puisque ce sont les autres sujets forts (la perte d'emploi, la difficulté à s'en sortir, la réalité du traitement des animaux...) qui m'ont le plus parlé. Quand on lit la 4e de couverture, on s'attend à un lien fort entre ces deux personnes et une histoire qui va s'animer.

Le lien est là mais assez classique finalement, agréable à suivre mais pas particulièrement marquant. le père est d'ailleurs assez absent et c'est surtout les discussions qu'il a avec sa femme qui sont le plus marquantes. Ces conversations et la réalité de la précarité, du fait de devoir survivre plus que vivre et devoir se contraindre à faire des choses qu'on ne veut pas par nécessité. Un message très fort est passé dans cette bande-dessinée : pas de monde merveilleux idéalisé mais une réalité crue et forte qu'on prend parfois en pleine face.



Après lecture, j'ai un sentiment d'étouffement quant à la condition précaire de l'être humain et des animaux, ce qui est paradoxalement ce que j'ai le plus apprécié dans cet ouvrage (tout comme la conclusion, inattendue et cohérente avec tout ce que les auteurs ont mis en avant pendant toute la bande-dessinée). Les auteurs auraient pu plus creuser de ce côté là, y compris sur la personnalité de la tatoueuse que j'aurais aimé voir plus mise en avant.

Le dessin est intéressant mais ce n'est pas non plus ce genre de traits vaporeux que j'aime le plus. J'ai par contre beaucoup apprécié les changements de couleurs selon les situations et lieux.

En bref, des idées intéressantes mais une réalisation qui me laisse un goût de brouillon.
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Ceux qui me touchent

Fabien tue des porcs à l’abattoir toute la journée, et Aude, sa femme, ne compte pas ses heures à l’hôpital. Le seul rayon de soleil qui perce à travers ce quotidien effréné et fatiguant, c’est Elisa, leur fille de 5 ans. Imagination, joie de vivre et naïveté, dont s’imprègne Fabien en lui lisant l’histoire du soir. Mais, ce soir, pas de livres. Il invente et l’histoire s’impose à lui, se mêlant à sa réalité, pour en faire quelque chose d’autre. Quelque chose de beau.



Un récit unique, porteur de messages forts.

L’histoire est sublimée par des illustrations singulières, originales. Le choix de couleurs, différents pour chaque situation, mais toujours très foncées, contrastées, apportant une certaine morosité ambiante qui est presque suffocante, oppressante. Ce trait noir amplifie presque la réalité et exprime intensément les émotions, autant que les dialogues.

Si l’espoir et la joie ne sont pas dominants ici, point de mièvrerie et de clichés. On nous plonge la tête la première dans la vraie vie, avec les boulots alimentaires, les fins de mois difficiles, l’exigence de la parentalité, les désillusions adultes… et d’autres sujets encore mais qui, à mon sens, sont trop nombreux pour être réellement tous approfondis, s’écartant du thème initial. Le tout était peut-être pour moi un peu déprimant à l’extrême, se retrouvant presque englué dans ce triste quotidien, avec peu d’espoir et de lumière…

On ressort de cette lecture légèrement désorienté, (et le moral à zéro!) mais avec de nouvelles réflexions, perceptions. C’est un roman graphique tout à tour sombre, percutant, lucide, sensible.
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Ceux qui me touchent

Tout d’abord merci à Babelio et Grand Angle pour cette brique reçue dans le cadre d’une Masse Critique.

Je ne savais pas trop à quoi m’attendre et au vu de la couverture, j’avais imaginé un énième recueil sur le retour à la terre. On est loin de ça. Bien que… Il s’agit sans doute d’un retour, non pas à la terre, mais aux rêves perdus, aux idéaux abandonnés.

Le personnage central, artiste de formation, travaille dans un abattoir et va, suite aux histoires du soir échangées avec sa fille, changer le cours de son existence.

Le dessin est beau, soigné, avec l’utilisation d’une palette de couleurs différentes selon l’univers côtoyé par le personnage (le dehors vert, sa fille orange, l’art rose…).

Le récit est prenant, intrigant parce qu’on se demande comment tout cela va se terminer. Et puis familier aussi car il se situe dans un contexte familial et amical assez ordinaire, dans lequel beaucoup de lecteurs pourront se retrouver.



Les thématiques abordées pointent un système qui dysfonctionne : les jobs mal payés, les horaires de travail incompatibles avec une vie de famille, le secteur public en pleine déliquescence, l’indécence du monde de l’art contemporain.



Pas forcément réjouissant mais beau.
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Ceux qui me touchent

Dans le cadre d'un masse critique, j'ai eu l'occasion, de découvrir en avant première, le roman graphique « Ceux qui me touche» de Damien Marie et Laurent Bonneau.

Il sort le 23 août prochain chez @grandangle_editions



Je remercie @babelio_ et la maison d'édition pour leur confiance et cette opportunité de découvrir cet ouvrage.



Je ne savais pas trop à quoi m'attendre en lisant cette BD...



Le résumé laissait présager un changement de vie, un déclic et surtout un lien père-fille important...



Je découvre un roman graphique portant des messages notamment l'oubli de ses rêves, la désillusion d'un travail purement alimentaire dans un abattoir, la précarité, la mercantilisation à l'extrême de l'art,...



Ce graphique est une jolie satire sociale, bien ancrée dans notre société où le travail devient une priorité sur nos envies, rêves parfois même sur nos vies de familles, où la précarité n'est jamais loin, le business est omniprésent dans tous les domaines, et qui laisse pour compte les marginaux...



J'ai aimé le style graphique mais aussi le choix des couleurs qui retranscrivent l'état d'esprit et les émotions de Fabien... Par exemple, il y a des couleurs lumineuses en présence de sa fille, du rouge lorsque la situation l'énerve, du vert lorsque cela le dégoûte....



Même si je n'ai pas été touchée ni réellement transportée par ce roman graphique, je trouve que les auteurs ont très bien retranscrit un quotidien éreintant dans cette société qui nous fait oublier nos rêves, nos passions...

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Ceux qui me touchent

Quel roman graphique étonnant.

J'ai été, dans un premier temps, déstabilisée par la rigueur et la sécheresse du dessin et du traitement coloré.

Le dessin est assez anguleux, use des ombres avec une dramatisation forte mettant mal à l'aise le regard du lecteur. Les cadrages sont parfois radicaux (plongée, contre-plongée avec hors champs) rognant personnages et décors, poussant parfois l'exploration d'un détail d'action (soupir dans une fumée de cigarette, sortie d'une bouteille d'un placard etc)... tous ces effets nourrissent une ellipse interprétative d'un scénario très resserré. J'y ai eu lu une influence d'un cinéma assez radical type Lars von Tries ou nouvelle vague.

La couleur joue sur des aplats de teintes tantôt rabattues, tantôt dégradées et changent selon l'action ou la période de la journée : vert sourd, orange bruni, jaune foncé, terre de vienne éclaircie... là où une polychromie aurait réchauffée une ambiance déjà oppressante dans l'action, le dessinateur a, ici, choisi de prolonger la métaphore d'un enfermement lumineux, d'une inquiétude laissée en sourdine.

Il s'agit d'un album tout en introspection, celui d'un père, Fabien, face à sa fille Elisa. Enfant chérie et longuement désirée par ses deux parents qui ont eu du mal à la concevoir et l'ont accueilli avec force de joie et d'inquiétudes. Fabien et Aude luttent comme tant d'autres parents, courant après les heures de travail et de garde d'enfant avec des métiers ingrats, mal payés, aux éthiques parfois complexes. Elisa a son métier de coeur, dans un hôpital public brisé par le manque de moyen. Fabien, lui, après des rêves de dessin et une école d'arts appliqués s'est résolu à travailler dans l'alimentaire. L'abattoir. Il accueille, abrutie, tue ou découpe du cochon tout au long de la journée ou de la nuit.

Mais voilà que naît sous l'imagination fertile de sa fille un conte aléatoire. D'une princesse menacée et enfermée aux cochons zombies à tuer, le prince doit trouver sa place car le loup n'est pas là. Le pouvoir du rêve va pousser le jeune père à réinterpréter son réel et un bestiaire fantastique, une action délirante à venir et à explorer se créé.

Sans vous spoiler il s'agit d'une quête de sens sur ce que la vie propose et offre réellement et comment transformer le monde même quand les moyens manquent. Le milieu de l'art contemporain se fait méchamment égratigner au passage (j' y ai vu une sorte de clin d'oeil à The Square et un hommage, forcément, à Wim Delvoye)... Heureusement pour moi, les galeristes et les artistes ne sont pas tous ainsi.

Merci à cette masse critique exceptionnelle et à la maison d'édition pour cet envoi généreux. Je m'en vais, de mon côté, explorer avec attention l'oeuvre de ces deux artistes.

Belles lectures à tous.
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Ceux qui me touchent

Un roman graphique de 223 pages qui illustre dans un épisode de vie, une série d’événements qui seront, au-delà du rêve éveillé, déterminants pour l’équilibre du narrateur et sujet du récit.

Un père de famille, dont la fille unique fut, osons le dire, l’aboutissement d’un long parcours de FIV, est le magicien de son endormissement grâce aux lectures du soir, livres lus ou contes inventés. Cette gamine de 6 ans brille de vivacité, d’imagination, et entraîne son père dans une épopée lyrique qui, par des aléas de circonstances, le décideront à remettre en cause ce qui est le gagne pain du quotidien familial.

Fabien, ancien étudiant des arts appliqués, comme ceux de sa promotion et au-delà, est hors circuit du milieu artistique. Père de famille, esthète et épicurien, mais tueur de cochons, il est pris dans l’engrenage du boulot aliénant qu’il dénonce, marre d’être regardé et définitivement casé dans cette CSP. Travail d’équipe en alternance jour-nuit, il travaille dans un abattoir de porcs, 25 000 pièces/semaine. Inspirations artistiques brisées. L’épuisement physique et moral provoque des tensions affectives dans son couple. Puis, grâce à sa fille et aux scénarios changeants de ses fables, arrive le déclic : tout lâcher. Un cœur tatoué sur un cochon par une jeune fille autiste, l’engage à contacter les tenant de l’art contemporain « so amazing, so exciting » (à qui, sous l’apparence humoristique, il a réservé une critique acerbe). De l’idée surréaliste de créer de l’art en utilisant les deux supports et en y ajoutant des produits dérivés, est né le Buzz !

Le graphisme des vignettes est beau, très élaboré, représentatif, où l’émotion est palpable parfois sans le recours aux bulles explicatives. Les différents coloris des planches symbolisent les ambiances décrites. Les couleurs chaudes du jaune orangé sont réservées à l’intimité, le cocon heureux, la famille et les amis.

Les couleurs froides vert-noir, sont utilisées pour représenter les environnements de la nuit, du travail, et l’usine de mise à mort, de l’angoisse et du désespoir ; le rouge, celui de la colère, de l’artificiel et de la désillusion. Cet album dégage une grande humanité et en même temps est un examen pertinent de notre société peu égalitaire, où les démunis n’ont pas de place, où les paysans sont des bêtes à produire, où l’ultra consommation au moindre coût est devenu sottise. Un album d’une grande qualité, une réussite, à recommander.

Merci à Babelio masse critique et les éditions GrandAngle de m’avoir permis de découvrir ces auteurs, avec plaisir.



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Après l'enfer, tome 1 : Le jardin d'Alice

De nos jours, certaines oeuvres sont remises en question. C'est par exemple le cas avec le roman et film Autant en emporte le vent qui est jugé pro-raciste pour sa vision romantique d'un Sud esclavagiste. Que dirait-on d'une série bd qui fait la part belle aux sudistes en traitant les présidents Abraham Lincoln et Ulysse Grant de bouchers de guerre ! Certes, on sait que le général Sherman n'a pas fait dans la dentelle mais il se devait en fin stratège de l'armée de l'Union de gagner ce conflit fraticide.



On sait bien que dans chacun des camps, il y a eu de terribles exactions et c'est malheureusement le propre d'une guerre. Cependant, il faut savoir distinguer ceux qui se battent pour une cause vraiment inadmissible et les autres emplis d'un idéal. Les révisionnistes ont par exemple tenté de réhabiliter les nazis. En l'occurence, c'est assez limite même si le contexte est bien la guerre de Sécession. Des statues de Christophe Colomb ou d'autres généraux sudistes sont actuellement déboulonnées par une foule en colère sur ces questions hautement polémiques. Bref, j'ai été choqué par cette vision des auteurs qui constitue sans doute une maladroite réécriture de l'histoire. Mais bon, on peut l'accepter en tant qu'oeuvre mais pas forcément cautionner.



Le Nord convoitait peut-être les richesses du Sud mais ce sont bien ces états sécessionnistes qui ont attaqué les premiers en voulant préserver à tout prix l'esclavage dans leurs champs de coton. Le président Lincoln a tenu sa promesse à la fin de la guerre en essayant de mettre fin à cette barbarie. Cela lui a d'ailleurs coûté la vie lors d'un attentat. Bref, je n'ai aucune sympathie pour le Sud, je pense que vous l'aurez compris.



Cette bd prend le personnage d'Alice au pays des merveilles et celui de Dorothy du Magicien d'Oz pour les faire évoluer à la fin de la guerre de sécession en compagnie de trois anciens confédérés traumatisés par ce conflit meurtrier qui a détruit le sud vaincu. Ce sont 5 âmes brisées qui vont errer à la recherche d'un hypothétique trésor pour oublier toute cette barbarie. J'avoue m'être un peu ennuyé à cette lecture à la limite du témoignage de guerre et du conte dans un paysage de désolation.



Je reconnais par contre un graphisme de très bonne qualité avec un trait fort précis et des couleurs aux tons adéquates. Cependant, j'avoue n'avoir guère été convaincu par l'ensemble même si les intentions des auteurs sont louables pour dénoncer l'horreur de la guerre. Il faut juste savoir choisir son camp.
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Ceux qui me restent

Album magnifique sur un sujet oh combien difficile, effrayant: Alzheimer.

Coup de foudre entre Florent et Jenny, une anglaise durant mai 68. Florent va prendre le train, Jenny va le traiter de "completely" crazy, lui dire qu'elle n'est pas une fille facile : elle veut "un bébé fille who's called Lilie and une maison dans la Normandie pour manger le camembert toute la vie"

Florent dira oui, "voilà comment j'ai quitté la terre ferme".

Mais Jenny va mourir laissant Florent, un papa de 39 ans, avec une petite Aurélie, sa Lilie de 5 ans.

Le retour d'Angleterre, sur le bâteau, panique, Florent ne trouve plus la petite Lillie partie acheter un soda, il cherche, il court, il va la retrouver....

Mais non, Monsieur Vastel, "vous devez prendre vos médicaments". Florent a 70 ans, il n'est plus sur le bateau, il cherche Lilie mais ne parvient pas à se rappeler. Ses souvenirs le fuient, lui jouent des tours, le trahissent.

Lilie a grandi. Elle va voir son père toutes les semaines, ce père qu'elle a toujours fui... ce père qui n'a peut être jamais su être le père qu'elle voulait, un père qu'elle a préféré appeler Florent, mais un père dont elle s'inquiète lorsqu'en arrivant dans la maison de soins, de repos... son père qui a toutes ses facultés motrices, mais elles seulement, a disparu.

Car on ne guérit pas d'alzheimer.

On s'isole juste dans de vieux souvenirs et Fabrice Vastel n'y échappe pas, malgré la révolte de sa fille qui voudrait empêcher une fin qu'elle sait inéluctable, synonyme "d'isolement dans ses putains de vieux souvenirs à la con"

Alors Lilie comprend, son père a fui pour retourner chez lui, retrouver les restes de sa vie en lambeaux, et surtout la retrouver elle, sa petite fille, de 5 ans, perdue dans le bateau.

Cet album est l'histoire touchante de la vie et des rapports tumultueux entre un père et sa fille, tous deux marqués par une douleur innommable, tous deux n'ayant pas su comprendre l'autre mais qui, la fin venant, vont tenter de se dire des choses et peut-être se retrouver, s'apaiser l'un et l'autre.



Tout est dit avec pudeur, avec force. Le dessin suit la violence des émotions, la couleur, très peu utilisée, vient accentuer les non-dits.`

Oui, à lire

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Ceux qui me restent

Sous-titré « voyage en Alzheimer », cet album aux lignes épurées et couleurs volontairement mates nous plonge dans la vie de Florent et Lillie. Le premier perd peu à peu la mémoire, son passé se bouscule dans son esprit. La seconde, sa fille, tente y remettre un peu d’ordre en dépit de toutes ses réticences et par là même d’amener un peu de sérénité à ce père pas forcément parfait mais qui l’a élevé tout seul.

Par la sobriété et la simplicité du dessin, une mise en scène irréprochable et un usage sophistiqué des couleurs, les auteurs arrivent à traiter avec pudeur et grâce cette maladie qui désoriente tant le patient que ses proches et qui nous met tous face à une démence qui peut nous toucher de quelques façons que ce soit. Une bande dessinée qui s’accroche à notre mémoire.

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Ceux qui me restent

C'est un album magnifique sur un sujet douloureux puisque Florent, souffrant d'Alzheimer, est en maison de retraite où il ne cesse de rechercher sa petite fille Lilie qu'il croit avoir perdue sur le Ferry le ramenant d'Angleterre, après le décès de sa jeune femme. Lilie avait alors cinq ans. Ils se sont perdus par la suite mais désormais Lilie revient le voir chaque semaine sans que son père la reconnaisse. Il poursuit indéfiniment la quête de sa petite fille dans son ciré jaune.



Tout est juste et saisissant dans ce roman graphique parfaitement maîtrisé. Les dessins de Laurent Bonneau y sont pour beaucoup Une grande réussite!
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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