Citations de Daniel Tammet (106)
Le mot anglais "surprise" est d'origine française. De même que "election", "history", "armies" et "origin". On estime qu'environ un mot anglais sur quatre a été importé de France. Parler l'anglais britannique, c'est parler un quart français. (L'anglais des Etats-Unis, c'est autre chose. Les Américains remplissent leurs réservoirs de "gas" et non de "petrol"; ils cuisinent des "zucchinis" et des "eggplants", pas des "courgettes" ou des "aubergines"; ils font leurs courses au "drugstore", pas à la "pharmacy". A New-York ou à San Diego, l'automne qui fait jaunir les feuilles s'appelle "fall" et non "autumn".)
Je suis né le 31 janvier 1979. Un mercredi. Je le sais parce que dans mon esprit, le 31 janvier 1979 est bleu. Les mercredis sont toujours bleus, de même que le nombre 9 ou le bruit d’une dispute.
(Daniel Tammett, adulte, effectue voyages à buts scientifiques et interviews ; ex. : un voyage en Islande pour valider son apprentissage de la langue en 8 jours et une interview à New York par David Letterman sur Discovery Science Channel)
Cette visite en Islande avait été à la fois stupéfiante et émouvante et j’avais ressenti comme un privilège que le peuple islandais m’accueille avec autant de chaleur et d’enthousiasme. Voilà la chose la plus étrange : c’étaient les mêmes aptitudes qui m’avaient tenu à l’écart de mes pairs lorsque j’étais enfant et adolescent, qui m’avaient isolé du reste du monde, qui m’aidaient désormais à communiquer avec d’autres personnes à l’âge adulte, et à me faire de nouveaux amis.
(…)
A la fin de l’interview, Davis me serra vigoureusement la main et à ma sortie toutes les coulisses applaudirent. Beth (ndlr : la représentante de Science Channel) me complimenta et me dit combien j’étais calme et plein de sang-froid à la télévision. Cette expérience me montrait plus qu’aucune autre que j’étais désormais capable d’avancer dans le monde, de faire tout seul des choses que la plupart des gens considèrent comme acquises : voyager à l’improviste, rester seul dans un hôtel ou marcher dans une rue animée sans avoir le sentiment d’être submergé par les différentes visions, les bruits et les odeurs tout autour de moi. Je me sentais ivre à la pensée que tous mes efforts, loin d’être vains, m’avaient emmené au-delà de mes rêves les plus fous.
(Daniel Tammett combine syndrome d’Asperger et synesthésie -phénomène neurologique par lequel deux ou plusieurs sens sont associés- souvent évoquée dans son livre).
Le Pr Ramachandran pense que les connexions synesthésiques entre la vue et l’ouïe ont été une étape importante dans l’histoire de la création des premiers mots par les hommes. D’après sa théorie, nos ancêtres ont dû commencer à parler en utilisant des sons qui évoquaient l’objet qu’ils voulaient décrire
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Quand je regarde une suite de nombres, ma tête se remplit de couleurs, de formes et de textures qui s’accordent spontanément entre elles pour former des paysages. Ceux-ci sont toujours très beaux pour moi.
Je n'ai jamais joué au Loto et je pense ne jamais le faire. Qui a déclaré que c'était "un impôt sur la bêtise"? Je crois qu'il s'agit plutôt d'un impôt sur notre méconnaissance des statistiques. Les chances de gagner au Loto sont infimes. Elles sont si petites qu'il nous est souvent difficilede comprendre et de nous les représenter.
Si un ami me dit qu'il se sent triste ou déprimé, je m'imagine assis au creux de la cavité noire d'un 6, et cela m'aide à faire l'expèrience d'un sentiment similaire et à le comprendre.
Je me souviens: je suis debout, tout seul, à l'ombre des arbres qui entourent la cour d'école, regardant les autres enfants qui courent, qui crient, et qui jouent. J'ai dix ans et je sais que je suis différent d'eux, d'une manière que je ne peux exprimer ni comprendre. Les enfants sont bruyants et bougent rapidement, se heurtent et se poussent. Je suis constamment effrayé d'être touché par l'une des balles qui sont fréquemment lancées dans les airs, et c'est l'une des raisons pour laquelle je préfère rester debout dans un coin de la cour, assez loin de mes camarades de classe. Je n'y manque jamais, je le fais à chaque récréation au point que c'est vite devenu une plaisanterie récurrente et qu'il est de notoriété publique que Daniel parle aux arbres et qu'il est bizarre.
Quand le stress est trop important et que j’ai du mal à respirer, je ferme les yeux et je compte. Penser à des nombres m’apaise. Les nombres sont mes amis, ils ne sont jamais loin de moi.
Le changement nous semble mystérieux parce qu'il est invisible. II est impossible de voir un arbre grandir ou un homme vieillir, sauf par le biais précaire de l'imagination. Un arbre est d'abord petit, puis il est grand. Un homme est jeune, puis il est vieux. Un peuple est en paix, puis il est en guerre. Dans chaque cas, les états intermédiaires sont à la fois infiniment nombreux et infiniment complexes, c'est pourquoi ils dépassent nos perceptions finies.
Parfois, d'autres enfants de la classe tentaient de me parler. Je dis "tentaient" parce qu'il était difficile pour moi d'interagir avec eux. L'une de ces raisons, c'est que je ne savais ni quoi faire ni quoi dire.
J’ai découvert l’hiver de mes dix ans ma mort certaine.
L'une des questions récurrentes que l'on me posait était celle-ci : Pourquoi apprendre autant de décimales qu'un nombre comme pi? Ma réponse était - et est encore aujourd'hui - que pi est pour moi quelque chose de très beau et tout à fait unique. Comme Mona Lisa ou une symphonie de Mozart, pi est sa propre raison pour être aimé.
Comme si de minces rayons de lumière traversaient le brouillard du temps.
Je sais que la nuit est favorable à l’imagination; à cette heure, dans toute la ville, des artistes taillent leurs crayons, mouillent leurs pinceaux et accordent leurs guitares. D'autres, avec leurs théorèmes et leurs équations, s'adonnent de la même façon aux possibilités du monde.
« Parfois, on me demande si cela me gêne d'être un cobaye pour la science. Je n'ai aucun problème avec cela parce que je sais que je contribue à une meilleure connaissance du cerveau humain, ce qui est quelque chose de bénéfique pour tout le monde. C'est aussi gratifiant pour moi d'en apprendre plus sur moi-même, et sur la façon dont mon esprit fonctionne. » (p. 168)
il faut connaitre les échecs pour apprécier ce livre à sa juste valeur
Je ne me souviens ni du nom, ni du visage d'aucun des enfants de mes premières années d'école. J'ai toujours eu le sentiment qu'ils étaient quelques chose dont il fallait s'accommoder et se contenter, quelques chose au large de quoi il fallait naviguer plutôt que des individus à connaitre ou avec lesquels jouer.
J'avais atteint l'âge où le passé devient si grand et si profond qu'il exerce sur notre esprit une attraction de plus en plus intense.
[...] dans un jeu de 49 numéros, la probabilité que les 6 numéros que vous avez choisis [...], soit 1 chance sur 13 983 816 (environ 1 sur 14 millions). Pour mieux prendre conscience du peu de chances que vous avez de gagner, je vous propose quelques comparaisons: la probabilité qu'une pièce de monnaie lancée tombe 24 fois de suite sur le côté pile (ou face) et de 1 sur 16 millions. Le risque de mourir des suites d'une piqûre d'abeille est de 1 sur 6 millions, et celui d'être tué par la foudre "seulement" de 1 sur 2 millions. Etre foudroyé est donc 7 fois plus probable que de remporter le gros lot!
C’était le milieu de l’après-midi, mais les lumières électriques étaient déjà allumés. À des points équidistants, des halos fluorescents se dressaient dans le ciel de plus en plus sombre. Je comptai le temps qu’il me fallait pour aller d’un réverbère à l’autre, à pas réguliers. Huit secondes. Puis je revins en arrière, en comptant à reculons, et j’obtins le même résultat. Un peu plus loin, je vis la lumière s’allumer chez mes parents ; les rectangles jaunes brillaient faiblement entre les briques rouges. Je les regardai distraitement.