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Citations de Daniel Tammet (105)


C’était le milieu de l’après-midi, mais les lumières électriques étaient déjà allumés. À des points équidistants, des halos fluorescents se dressaient dans le ciel de plus en plus sombre. Je comptai le temps qu’il me fallait pour aller d’un réverbère à l’autre, à pas réguliers. Huit secondes. Puis je revins en arrière, en comptant à reculons, et j’obtins le même résultat. Un peu plus loin, je vis la lumière s’allumer chez mes parents ; les rectangles jaunes brillaient faiblement entre les briques rouges. Je les regardai distraitement.
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"L’idée que certains sons correspondent à certaines réalités remonte aux anciens grecs. Les onomatopées illustrent parfaitement ce principe : ce sont les mots qui reproduisent le son qu’ils décrivent : fizz, whack, bang, ect. Dans la série des testes menés dans les années 1950, des chercheurs inventèrent des mots selon les principes synesthésiques. Certains étaient censés évoquer des choses agréables, d’autres non. On demanda à des volontaires de leur faire correspondre un mot anglais. Le taux de correspondance fut tel qu’il ne pouvait seulement être attribué à la chance."
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P118: Une amitié naissante
"Lors de ma dernière année d'école primaire, un nouvel élève arriva, un garçon iranien, Babak, dont les parents avaient fui le régime de Khomeyni. Babak était intelligent, il parlait anglais couramment et était très bon en maths. Avec lui, je trouvai finalement mon premier véritable ami. Il fut la première personne à tenter vraiment de regarder au-delà de ce qui faisait ma différence pour insister sur ce que nous avions en commun: notre amour des mots et des nombres en particulier."
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Au milieu de l'après-midi, j'arrivai à la fin de mon voyage numérique. Après cinq heures de récitation, je me sentais épuisé et me réjouissais d'en voir le bout. C'était comme si j'avais couru un marathon dans ma tête. À quatre heures et quart, ma voix trembla de soulagement quand je récitai mes dernières décimales : « 67657486953587 » et je fis signe que j'avais terminé. J'avais récité 22 514 décimales de pi sans faire d'erreur, en cinq heures et neuf minutes, nouveau record d'Angleterre et d'Europe. Le public me fit un tonnerre d'applaudissements et Simon courut vers moi pour me prendre par surprise dans ses bras. Je remerciai les examinateurs d'avoir surveillé l'épreuve. On me demanda de venir dehors, de poser pour des photos supplémentaires et l'on m'offrit le premier verre de champagne de ma vie.
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Pour de grands nombres comme pi, je divise les décimales en plus petites sections. La taille des segments varie, selon la décimale. Par exemple, si un nombre brille beaucoup dans ma tête et que le suivant est très sombre, je vais les visualiser séparément, alors qu’un nombre lisse suivi par un autre nombre lisse sera en continuité avec lui. À mesure que la suite décimale grandit, mon paysage numérique devient plus complexe et plus riche jusqu’à ce que – comme dans le cas de pi – il devienne un pays entier dans mon esprit, exclusivement composé de nombres.
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Tomber amoureux ne ressemble en rien. Il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises façons de tomber amoureux de quelqu'un.
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"Les auteurs français et anglais n'écrivent et ne pensent pas de la même façon. C'est ce que m'a appris Racine. Par exemple, un écrivain anglais ne dirait jamais, comme le fait Racine, "à l'ombre des forêts"; mais "in the shadow of a cedar" ou "in the shadow of an oak tree", "à l'ombre d'un cèdre" ou "à l'ombre d'un chêne".
- Intéressant. Les deux langues façonnent donc la réalité de manière différente. Pourriez-vous m'en dire plus sur cette différence ? Comment la définiriez-vous ?
- Je dirais que les perceptions du français sont plus abstraites - comme si les expériences étaient survolées en montgolfière. C'est pour cela que la pensée française tend à être holistique, et les textes homogènes. Au contraire, en anglais, la perception est plus terre à terre, plus détaillée, pleine de caprices.
- Qu'entendez-vous par des textes "homogènes" ?
- Racine a écrit de nombreuses pièces, mais il emploie peu de mots : deux mille. Celles de Shakespeare en contiennent dix fois plus. Cela vous donne une idée de l'économie de Racine. En français, on peut faire dire plusieurs choses à un même mot. Prenons "attrait" - un mot typique de Racine. Appliqué à une femme, il signifie "charmes"; mais quand il décrit quelque chose de plus vague, comme l'inconnu, il faut le traduire par "lure" : "l'attrait de l'inconnu", "the lure of the unknown". "Attrait" regroupe l'attrait d'une ville (attractiveness), l'intérêt d'un sujet (interest), l'attrait pour telle ou telle chose (to feel drawn to). Cette qualité du français participe à la cohésion du texte."

Entretien entre Daniel Tammet et Sir Michael Edwards
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D'après ce guide ["Dire, ne pas dire" sur le site de l'Académie française], on ne dit pas "Il est sur la short list"; "short list", trop anglais, est exclu. On dit en revanche : "Il est parmi les derniers candidats susceptibles d'obtenir tel prix". Une façon pour le moins détournée de dire les choses. Le guide se poursuit ainsi, de manière tout aussi alambiquée.
On ne dit pas : "une newsletter", on dit : "une lettre d'informations".
On ne dit pas : "une single", on dit : "une chambre pour une personne".
On ne dit pas : "éco-friendly", on dit : "respectueux de l'environnement".
Tant de prescriptions. Ne pas, ne pas, ne pas. Sa lecture est plutôt désagréable.

Mais sir Michael me dit que j'ai mal compris le guide. Il ne combat pas l'anglais. Nombre d'académiciens sont anglophiles, ils admirent les romans britanniques et américains, les mots de Wordsworth et d'autres. Non, dit-il, c'est une question de clarté. Beaucoup de mots anglais prêtent à confusion. C'est "l'anglais artificiel", bizarre et rabougri, que véhicule la mondialisation. Dans le métro parisien, sur les affiches près de Notre-Dame, dans les publicités radio qui résonnent le long des boulevards : "Just do it"; "Nespresso, What Else?"; "Taste the Feeling"; "This is Her! This is Him!"
Sir Michael le voit tout autour de lui, dans un paysage défiguré par des slogans vides de sens. "C'est quelque chose qui ulcère à juste titre mes collègues, et ce depuis longtemps." La santé d'une nation, dit-il comme s'il récitait, dépend de la santé de sa langue.
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Gagner aux échecs, c’est simple : la victoire appartient à celui qui commet l’avant-dernière erreur.
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Chaque flocon, aussi unique que chaque nombre, nous apprend quelque chose sur la complexité. Voilà peut-être pourquoi nous ne nous lasserons jamais de les admirer.
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Si on sait les regarder, les nombres font de nous des humains meilleurs.
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Progressivement, je devins plus conscient de ma solitude et j'eus très envie d'avoir un ami. Tous mes camarades de classe en avaient au moins un... Et pour la plupart plusieurs. Je passais des heures éveillé la nuit à regarder le plafond et à imaginer ce que ce serait d'avoir un ami. J'étais sûr que d'une manière ou d'une autre, cela me rendrait moins différent. Peut-être alors, pensais-je, les autres enfants ne trouveraient pas que je suis bizarre. Que mon petit frère et ma petite sœur aient des amis, avec qui ils jouaient après l'école ne m'aidait pas. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi ces enfants ne parlaient pas entre eux de choses vraiment intéressantes comme les pièces de monnaie, les marrons, les nombres et les coccinelles.
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Quand je me sentais très stressé, je comptais les carrés de 2 : 2, 4, 8, 16, 32... 1024, 2048, 4096, 8192... 131072, 262144... 1048576. Les nombres correspondaient à des formes qui me rassuraient.
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"Acquérir une information n'est pas apprendre ou penser. On ne vit pas pour être informé"
Tout à fait d'actualité.
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P70: Les autres encore
" Certains des enfants me houspillaient ou me taquinaient parce que je n'avais pas d'amis. Heureusement, ils finissaient toujours par s'ennuyer et par partir parce que je refusais de me battre avec eux. De telles expériences renforçaient mon impression d'être d'ailleurs et de ne pas faire partie de ce monde-là."
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Quels que soient le moment ou l'endroit où je me trouve, les nombres ne sont jamais loin de mes pensées.
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Le savoir est dynamique, se modifie, se transforme sans cesse, et nous transforme - il n'est jamais stable. Ce qui est stable, fini, enclos, n'est qu'un ersatz de savoir.
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C'est quelque chose de rassurant pour les autistes de communiquer avec d'autres personnes par internet.
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La beauté d'une partie d'échecs n'est pas celle d'une femme ou d'une fleur. Les formes et les harmonies qu'elle engendre sont imprévisibles, spontanées, réfractaires aux idées et catégories préconçues. Y compris aux notions de la beauté que s'est forgées l'être humain. Slavsky le savait, ne s'était abaissé à aucune explication et j'avais réagi moins au mot qu'à l'enthousiasme de sa voix. Prononcé d'une certaine façon, "belle" restituait la beauté de cette première partie. C'était sans doute là toute l'interprétation qu'un amateur pouvait espérer obtenir.
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« Le sentiment de ne jamais être tout à fait à l'aise ou en sécurité, d'être toujours d'une certaine manière à part ou exclu, me pesait toujours. » (p. 69)
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