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Critiques de Dante Alighieri (175)
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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

L'Enfer (début XIVe siècle) est la première partie de la divine comédie, poème épique de Dante Alighieri. Il est composé

en vers hendécasyllabiques regroupés en tercets. En 34 chants, Dante décrit le vestibule et les différents cercles de l'Enfer. Un étonnant voyage fort plaisant.
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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

J'avais téléchargé la Comédie Divine dans son entièreté, œuvre qui me tenait à cœur en regard de son thème et de toutes les réflexions existentielles qui peuvent (auraient pu) en découler, et finalement, je me suis arrêtée après l'Enfer, parce que... et bien parce que ce fut un enfer de lecture.

Je ne parle pas de la plume, que personnellement j'ai trouvée magnifique, plus particulièrement dans les descriptions des différents niveaux des enfers imaginés par Dante.

Non, mon problème, c'est la prolifération, le foisonnement, de références, notamment de personnages, de contemporains liés à l'époque de l'auteur. Personnages pour la plupart inconnus de moi, et dont honnêtement... je me fous royalement. L'œuvre souffre de cette contemporanéité qui la conditionne et la bâillonne à son époque... lointaine, que ce soit au niveau du temps ou de la géographie d'ailleurs (l'Italie du XIVème siècle dans sa majorité) et ne peut en aucun cas être moderne dans sa postérité. J'ai ressenti tout du long les enjeux politiques auxquels l'auteur s'oppose, les dénonciations par l'intermédiaire de son art et du vers.

Pour conclure, je m'attendais à plus de spiritualité, de mythes et de légendes, de philosophie, et non pas d'une gue-guerre politique. Avec cette overdose, je me suis ennuyée, l'intérêt s'est évaporé et j'ai eu bien du mal à terminer.

Très déçue. Plus encore de n'avoir pu aller jusqu'au bout avec le Purgatoire et le Paradis, mais honnêtement quel intérêt à s'infliger un tel supplice digne de l'Enfer de Dante, autant s'autoflageller.
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La divine Comédie, tome 2 : Le purgatoire

Après avoir traversé l'Enfer, l’auteur, accompagné du poète et guide Virgile, va devoir franchir le portail du Purgatoire, le lieu où montent les âmes repenties. Il passe dans les sept cercles où les âmes sont amenées et continue de les interroger sur leur vie terrestre. Ce livre fait suite à « L’enfer » et s’inscrit dans la continuité, avec un lyrisme de premier ordre. Troquer la colère contre la douceur, changer le vice en humilité, ressentir la sagesse et la paix. Ce texte magnifique nous invite à une ascension libératrice tout en poésie et en joies salutaires. Moins connu que « L’enfer », cette deuxième partie se veut beaucoup plus sereine et contribue au processus de consolation souhaité par chaque être humain. Un classique !
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Je cherchais ma consolation sur la terre...

À la mort de sa muse (Béatrice). Dante inconsolable, profondément accablé doit chercher une consolation.

"Le sentiment de ma douleur était trop vif pour ne pas m'engager à chercher ce qui pourrait au moins la modérer "

Puisant dans les ouvrages de Boèce, Cicéron et de divers illustres infortunés. Dante devient persuadé que la philosophie sera le seul chemin, vers sa vie nouvelle.















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La Divine Comédie - Illustration Gustave Doré

Les gravures de Gustave Doré pour la Divine Comédie sont célèbres au point d'imprimer les royaumes de l'au-delà dans l'imaginaire de plusieurs générations.



Pierre Bouretz dans son essai intitulé sobrement "Sur Dante écrit :" Dante raconte avoir lui-même traversé les, trois régions de l'au-delà et propose à ses lecteurs de partager cette expérience ; la dimension pragmatique du livre importe autant que les doctrines qu'il mobilise ; peut-être même davantage, s'il s'agit d'en saisir l'irréductible particularité. Ajoutons enfin que la démesure de cette entreprise doit se mesurer à l'aune d'une différence considérable entre ce que représentait une descente dans l'Hadès pour l'Antiquité grecque ou romaine et ce que suppose un voyage au travers des trois royaumes de l'au-delà chrétien : un genre littéraire tout à la fois populaire et objet de spéculations philosophiques ; la transgression d'un limite imposée à la curiosité et d'un interdit de représentation."



Et pourtant quelques-uns se sont "risqués" à illustrer la Divine Comédie :

Peut-être seul Michel-Ange, dans ses illustrations perdues pour la Comédie, avait-il su rendre avec une énergie comparable la plasticité tourmentée des corps des damnés ? ;

Peut-être seul Botticelli a-t-il su rendre la grâce et la légèreté angélique des bienheureux, réalisée à la pointe de métal sur parchemin, repris à l'encre et partiellement mis en couleurs, permettant de partager la fascination de l'artiste florentin pour ce chef-d'oeuvre de poésie de d'humanisme ? ;

Peut-être seul le poète et artiste romantique William Blake qui produisit 102 illustrations à l'état de croquis au crayon ou d'aquarelles achevées a-t-il sur transcrire le passage des souffrances infernales à la lumière céleste, de l'humain horriblement défiguré à la forme physique la plus parfaite ?.



Mais revenons à Doré

Passionné par La Divine Comédie, le jeune Gustave Doré commence par illustrer L'Enfer.

Aucun éditeur ne voulant se lancer avec lui dans une entreprise aussi risquée, il assume lui-même les frais d'édition de l'ouvrage, publié en 1861, chez Hachette, il  remporte un succès inattendu, qui conforte Doré dans sa vocation d'illustrateur littéraire et d'artiste. Il peut désormais s'écarter des dessins de presse. Sept ans plus tard, en 1868, il publie Le Purgatoire et Le Paradis.



Sa capacité à créer des paysages sans précédent reste inégalée, des cavernes infernales monstrueuses jamais touchées par le soleil à la luminosité raréfiée de la montée du Purgatoire vers la blancheur du Paradis.

Les illustrations de Doré traduisent bien le réalisme de Dante - ce qui explique aussi l'amincissement progressif des gravures entre le Purgatoire et le Paradis

Autre point, les quantités d'illustrations entre les différents chants (respectivement soixante-quinze, quarante-deux et dix-huit gravures) sont à elles seules révélatrices de la manière dont Doré a abordé le texte de Dante : son but n'était pas d'illustrer fidèlement et de manière exhaustive le poème, mais de choisir les épisodes qui enflamment le plus l'imagination, la sienne comme celle des lecteurs, se laissant guider essentiellement par leur propre inspiration. Et c'est réussi....



Ce volume reproduit intégralement les cent trente-cinq planches en les associant à des légendes narratives qui permettent de retracer le parcours de Dante en « lisant » les images : un hommage au génie de Doré et en même temps une invitation à explorer la « forêt » de l'œuvre de Dante.



Si les illustrations de Doré traduisent bien le réalisme de Dante dans la vaste gamme de sujets et de genres figuratifs abordés :

- les scènes romantiques ;

- les scènes sombres où se perdent les figures humaines ;

- l'horreur subtile de la forêt des suicidés ;

- la plasticité des figures de Charon ou de Minos ;

- les corps décharnés inquiétants des errants du Purgatoire ;

- la luminosité abstraite et vertigineuse des scènes paradisiaques  ;

- et le classicisme des figures mythologiques permet de saisir l'extraordinaire variété de la Commedia mais aussi humaine de Dante



Dans cette édition texte et illustrations s'imbriquent tout naturellement la poésie devient visuelle, les illustrations deviennent litteraires...



Seul bémol, à mon sens.

La traduction qui depuis la découverte que j'ai pu faire de celle de Michel Orcel, complètement passée inaperçue. Mais comme toute traduction, ce point est totalement subjectif. Quand on sait que dans la version française de la Commedia, il existe pas moins de 31....

La première date de 1472 et la dernière de 2021... Mais Dante n'a pas dit son dernier mot



À noter en guise d'introduction ces mots magnifiques

"Les images que le seul nom de Dante fait naitre dans les esprits sont très diverses et toutes ont certainement un aspect de vérité. On se souvient de celle que dressait Victor Hugo en ces « vers écrits sur un exemplaire de la Divine Comédie» : il les a placés en tête du troisième livre des Contemplations, intitulé Les Luttes et les Rêves.

Quel patronage pour les luttes et les rêves que celui de Dante !

Voici donc le rêve :



Un soir, dans le chemin, je vis passer un homme

Vêtu d'un grand manteau comme un consul de Rome,

Et qui me semblait noir sur la clarté des cieux.

Ce passant s'arrêta, fixant sur moi ses yeux

Brillants, et si profonds qu'ils en étaient sauvages,

Et me dit: — J'ai d'abord été dans les vieux âges,

Une haute montagne emplissant l'horizon ;

Puis, âme encore aveugle et brisant ma prison,

Je montai d'un degré dans l'échelle des êtres,

Je fus un chêne, et j'eus des autels et des prêtres,

Et je jetai des bruits étranges dans les airs ;

Puis je fus un lion rêvant dans les déserts

Parlant à la nuit sombre avec sa voix grondante ;

Maintenant; je suis homme, et je m'appelle Dante."
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La Divine Comédie - Illustration Gustave Doré

Magnifique édition illustrée par Gustave Doré... Les illustrations accompagnent le texte de sorte que ce que l'on vient de lire nous est montré en dessins. Entre parenthèses, ces dessins sont incroyables ! Biensuuur, cette édition regroupe les 3 tomes : l'enfer, le purgatoire et le paradis. Le texte est composé de différents chants. Dans cette traduction, Lucienne Portier (traductrice) a fait le choix de traduire ces chants en vers ce qui rend la compréhension du texte même, assez ardue, je dois le dire ! Il existe sans doute une traduction beaucoup plus accessible ... C'est non sans mal que je me suis lancée dans cette lecture infernale (dans tous les sens du terme !) Mais quelle expérience ... mon dieu quelle intensité d'émotions ! Je ne sais si j'ai tout compris mais ce que j'ai lu m'a époustouflée ! Lorsque j'ai terminé le livre, j'ai visionné différentes vidéos qui expliquent en intégralité la divine comédie. Je vous conseille de regarder cette vidéo (réalisée sur ARTE) avant de vous lancer dans ces sortes de poèmes imaginaires. Vous saurez où vous mettez les pieds ... euh... les yeux ^^ voici le lien youtube où vous pourrez avoir accès à la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=wdih8bFxYRg&t=933s
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La Divine Comédie

La Divine Comédie de Dante Alighieri est une oeuvre monumentale qui transcende le cadre de la littérature pour devenir un pilier essentiel de la culture et de la pensée humaine. Ce chef-d'œuvre médiéval, divisé en trois parties - l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis - représente bien plus qu'un simple voyage allégorique à travers les différents royaumes de l'au-delà. C'est une profonde exploration de la psyché humaine, une quête de rédemption, et une méditation sur la nature de la justice, de l'amour et de la foi.



L'Enfer, avec ses cercles concentriques de souffrance et de désespoir, offre une vision graphique et inoubliable des tourments éternels. Dante, avec une maîtrise artistique inégalée, peint des scènes d'un réalisme saisissant et d'une profondeur émotionnelle qui mettent en lumière les vices et les faiblesses humaines. C'est dans ce royaume sombre que Dante débute son périple, guidé par Virgile, à travers des paysages infernaux peuplés de créatures et de figures mythiques et historiques, reflétant la complexité et les contradictions du monde humain.



Le Purgatoire, quant à lui, est un lieu de purification et de préparation, où les âmes purgent leurs péchés pour atteindre le Paradis. Ici, Dante explore le concept de repentir et de transformation morale. Cette partie de l'œuvre est marquée par un ton plus doux et méditatif, proposant une vision plus optimiste de la capacité humaine à se racheter et à changer.



Le Paradis, sommet de cette trilogie spirituelle, est une célébration sublime de la lumière, de l'amour et de la connaissance divine. Dans cette partie, Dante, maintenant guidé par Béatrice, s'élève au-delà des sphères célestes, explorant des concepts théologiques et philosophiques profonds. Le langage y devient plus lyrique et symbolique, reflétant l'ineffable beauté et harmonie du divin.



Chaque partie de La Divine Comédie est un univers en soi, riche en symbolisme, en personnages mémorables et en récits captivants. Dante Alighieri maîtrise parfaitement l'art narratif, mêlant habilement réalité historique et mythologie, théologie et philosophie, poésie et politique. Son œuvre, écrite en terza rima, une forme poétique qu'il a perfectionnée, est un tour de force linguistique qui a contribué à façonner la langue italienne moderne.



La Divine Comédie, plus qu'une simple allégorie religieuse, est une exploration intemporelle des grandes questions de l'existence humaine. Dante y examine non seulement les thèmes de la foi et du péché, mais aussi ceux de la justice, du pouvoir, de la sagesse et de l'amour. Son influence sur la culture occidentale est immense, inspirant d'innombrables artistes, écrivains, philosophes et théologiens au fil des siècles.



En résumé, La Divine Comédie de Dante Alighieri est une œuvre d'une richesse et d'une profondeur inégalées, un témoignage de la quête éternelle de l'homme pour le sens et la rédemption. C'est une pierre angulaire de la littérature mondiale, un voyage spirituel et intellectuel qui continue de fasciner, de défier et d'inspirer les lecteurs du monde entier.
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La Divine Comédie

Pour débuter la présentation de ce grand classique de littérature italienne (le premier rédigé en langue vernaculaire_ mais difficilement compréhensible par un italien moderne !) :

voici la 4eme de couverture de l'Edition Points _poésie _ non retrouvée dans la liste des Editions fournies dans Babelio : le n°ISBN de l'Edition Points fait ressortir l'Edition Flammarion !... L'Enfer en quelque sorte...



" Voyage parmi les morts, tableau politique de l'Italie, de l'Antiquité au XIVeme siècle, manuel de théologie , réquisitoire contre la corruption des puissants et la décadence des papes, la divine comédie est aussi un fabuleux roman d'aventures, qui, par ses visions d'horreur et d'extase, a marqué peintres, poètes, romanciers et cinéastes jusqu à nos jours. Pour en permettre une lisibilité rapide, cette nouvelle version en octosyllabes tente de retrouver la légèreté vivante et vibrante d'un style éternellement  moderne, où s'entremêlent noblesse savante et insolence populaire.

Dante Alighieri(1265-1321) est né dans une Florence en guerre, lors d'une des périodes des plus agitées de l'Europe, que se diputaient l'Eglise, l'Empire romain germanique, la France. Son oeuvre poétique , linguistique, theologique et politique a déterminé à jamais la littérature italienne.

René de Ceccatty, à côté de son travail personnel de romancier et d'essayiste, a traduit de nombreux ouvrages classiques et contemporains du japonais, en compagnie de Ryoji Nakamura, et de l'italien (Pasolini, Mofavia, Leopardi, Michel Ange, Saba, Penna)."



J'ai donc lu partie de ce monument de la littérature italienne. Plus précisément : l'introduction rédigée par le traducteur-poète René de Ceccatty, ainsi que le premier tiers : L'Enfer, traduit poétiquement dans trente quatre chants

Je n'irai pas plus loin !

Ces descriptions sont dignes des grands textes fantastiques et noirs (loués par notre babeliote spécialiste :GabyLarvaire) .



Concernant cette descente aux Enfers : Dante, bien vivant est chaperonné par le poète Virgile qui manifestement connait bien les lieux et les résidants : personnels soignants ainsi que pensionnaires , temporaires ?

La deambulation des 2 poètes s'effectue dans les neuf cercles concentriques de l'entonnoir au fond duquel Lucifer broie avec ses 3 têtes les pires représentants des condamnés : leur crime : avoir compromis pouvoir religieux et pouvoir temporel. Crac ! Aucune excuse.

Dante parait éprouver peu de compassions pour les suppliciés, et se comporter même en total collaborateur des autorités religieuses _donc morales_de son siècle.

Le principe de proportionnalite des peines est appliqué selon la perception oecumenique de ce XIIIeme siecle.

Si les descriptions des tortures nous sont compréhensibles ou imaginables _ tel une gravure de Gustave Doré _ les damnés cités, nous sont pour la plupard inconnus ou sont condamnés pour des raisons obscures par les autorités morales ou politiques de ce XIIIeme siecle. Et c'est bien dommage ! : aucune note en bas de page.... Il a fallu référer une fois de plus à l'encyclopédie Wikipedia _ merci encore.

Par exemple, qui d'entre nous connaît Nemrod et la perception de sa faute par les contemporains de l'auteur ?...(*)



Et quatre-vingt pages d'introduction, rédigées par René de Ceccatty, auquelles j'avais cru échapper !

Impossible. Et c'eût été bien dommage. Enfin, partiellement . Car cette déambulation est restituée avec charme grace à sa traduction simple et poétique . Ce traducteur nous fait découvrir sa démarche , et nous persuade bien qu'une traduction trop littérale eut été incompréhensible . Difficulté à laquelle se sont heurtés nombre de spécialistes.



J'ai ainsi pu rechercher les gravures de Gustave Doré et en apprécier le romantisme noir...



Concernant le purgatoire et le paradis _trente trois chants chacun,.... je lirai plus tard..... réservant mon peu d'énergie restante pour découvrir Proust... (**)



(*) Descendant de Cain et Abel il fut accusé d'avoir fait perdre la langue universelle et fédératrice. Contribuant ainsi à la discorde des peuples .

(**) encore un auteur incontournable ? Giraudoux affirme que l'on peut le (re)lire en sautant des passages différents !



Donc, pour cet écrit :L'Enfer _pas si pénible que ça :4/5.

Je doute que les 2 autres parties me séduisent tant que ça.... J'ai peur d'y laisser des plumes....
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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

Qu’il semble difficile de se replonger dans les « classiques » !! Ils font certes partie de notre bagage littéraire mais sont souvent associés à une période d’apprentissage, de formation qui nous paraît lointaine !

C’est cependant un très bon exercice de se questionner sur celui qui nous a le plus marqué et de le « retrouver ».



Pour ma part, l’ouvrage qui a marqué ma vie étudiante est « La Divine Comédie » de Dante Alighieri, et plus particulièrement « L’Enfer ». Lorsqu’on étudie la langue et la culture italiennes à l’université, c’est une lecture incontournable, tant par sa richesse linguistique et stylistique que par la mine de références et de messages philosophiques que ce chef-d’œuvre véhicule.

Grâce à mes études, j’ai pu lire ce poème « dans le texte », ce qui permet une immersion plus approfondie dans la Florence du XIVème siècle. C’est le premier texte véritablement en italien.

Composé de trois « livres » (Enfer, Purgatoire et Paradis), c’est la première partie (ou cantica) qui a ma préférence.

Débutant par le célèbre vers « Nel mezzo del cammin di nostra vita mi ritrovai per una selva oscura, che la diritta via era smarrita », Dante évoque d’emblée une problématique intemporelle : le sentiment de l’être humain de se sentir perdu, en constante lutte pour trouver ou retrouver la lumière.

Ce voyage initiatique en Enfer va nous permettre de rencontrer tous les péchés de l’Homme et de croiser des figures emblématiques de la mythologie, de l’Histoire médiévale et du domaine des arts de l’époque. A l’image de Virgile qui guide Dante, nous pouvons penser que par l’écriture de ce texte, Dante guide à son tour son lecteur.

La célèbre illustration de Botticelli de ce monde souterrain rend concret ce voyage et nous permet, tout au long de la lecture, de nous situer (géographiquement et intellectuellement).

Nous rencontrons ainsi, entre autres, les philosophes et savants grecs et latins contraints de séjourner dans les limbes puisqu’ils ont vécu avant l’avènement du Christ, Paolo et Francesca da Rimini, Cléopâtre emportés par la passion.

Les lieux, les sentiments et les notions sont décrites de façon si précise que le lecteur peut littéralement visualiser cette visite de l’Enfer. Le même procédé sera employé pour le Purgatoire et le Paradis.



Cette œuvre majeure a traversé les siècles, les sujets étant transposables à n’importe quelle époque.

À elle seule, elle représente une mine inestimable d’informations culturelles et les artistes de tous les temps en ont fait une source d’inspiration qui semble intarissable.

Pour l’avoir relu par la suite en français, c’est la traduction de Jacqueline Risset qui m’apparaît comme étant la plus fidèle.

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La Divine Comédie : L'Enfer - Le Purgatoire -..

Une fois n'est pas coutume faisons les choses à l'envers, ou marchons à reculons.



L'objet de ce billet n'est pas à proprement parler, une critique de la Commedia, mais plutôt une volonté mettre en lumière cette traduction de la Commedia passée complètement inaperçue, et c'est donc l'occasion pour moi de faire l'éloge de cette traduction. Qui à mon humble avis est la plus belle qu'il m'ai été de lire ces dernières années. Car pour posséder en plusieurs traductions, celle-ci fut pour moi une découverte comme une redécouverte... 



À défaut de partir de l'Enfer, de passer par le Purgatoire et de finir au Paradis, partons par un cheminement inverse. Un peu comme les ombres des devins et des prophètes qui sont condamnées à marcher à reculons et surtout ne peuvent regarder devant elles. Dure condamnation pour des âmes qui lisaient et prédisaient l’avenir lorsqu’elles étaient humaines. Ces ombres sont celles du chant XX de l'Enfer. 



Des traductions de la Commedia, il en existe des centaines, et c'est bien un paradoxe pour une œuvre dont certains éditeurs ont fait le choix traduire uniquement l'Enfer, pour certains lecteurs dont la lecture se résume simplement à quelques passages parmi les plus connus. 

Michel Orcel écrit dans son avertissement : " le temps dira ce que vaut cette nouvelle traduction de Dante. Mais aucun auteur ne livre son travail sans y croire ; qu'on me permette donc de la publier sans prétention, mais non sans confiance". 



Alors afin que chacun puisse se faire son avis j'ai décidé de mettre en regard de cette traduction, ainsi que deux autres parmi les plus récentes : celle de Jacqueline Risset et celle de Danièle Robert. À chacun de se faire son opinion... 







PARADIS / CHANT 1



La gloire de Celui qui meut le monde 

pénètre et resplendit dans l'univers 

plus en quelques régions qu'en d'autres parts.



Au ciel qui prend le plus de sa lumière 

je fus et vis des choses non dicibles 

par celui qui descend de tout là-haut,



car s'approchant de son propre désir, 

notre intellect s'abîme si profond 

que ne saurait la mémoire le suivre.



(traduction Michel Orcel - Édition La Dogana) 



La gloire de celui qui meut toutes choses

pénètre l’univers, et resplendit 

davantage en un point, et moins ailleurs.



Dans le ciel qui prend le plus de sa lumière

je fus, et vis des choses que ne sait ni ne peut 

redire qui descend de là-haut ;



car en s’approchant de son désir

notre intellect va si profond que

la mémoire ne peut l’y suivre.



(Traduction Jacqueline Risset - Éditions Flammarion et la Pléiade) 



La gloire de Celui par qui tout est mû

pénètre l’univers, resplendissant

en chaque part et plus ou moins reçue. 



J’ai été dans le ciel qui le plus prend

de sa lumière, et j’ai vu ce que dire

ne sait ni ne peut qui de là-haut descend ; 



parce qu’en approchant de son désir,

notre intellect en lui s’immerge tant

que la mémoire ne peut rien retenir.



(traduction Danièle Robert - Éditions Actes Sud) 



Tout d'abord quelques mots sur l'auteur loin d'être un néophyte en matière de traduction, à fortiori lorsqu'il s'agit de littérature/poésie ou prose italienne. Il a à son actif ou plutôt palmarès devrais-je dire : Les Chants de Leopardi, Roland furieux de l'Arioste, Jérusalem libérée du Tasse. Autant de traductions pour lesquelles il a reçu des prix récompensant la qualité de son travail et enfin le Grand Prix de poésie de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre poétique. 

Alors dans ce volume, d'un magnifique mais sobre coffret qui en compte trois. Il nous emmène au Paradis avec une fluidité dans la lecture, un sobriété dans la métrique des vers, j'y reviendrai... 

A noter également une mise en page aérée, le texte italien en regard de son équivalent français, et une modération au niveau des notes. 

Car quoi de plus bloquant dans une lecture que de devoir faire des allers et retours incessants entre texte et note. Sur son Paradis, 36 pages de notes là où certaines éditions en comptent à minima 50.... 



Ce qui est plus que raisonnable quand on sait que le Paradis recèle des aspects théologiques plus présents. Michel Orcel de s'adresser au lecteur qui "pourra faire à son tour l'expérience véritablement visionnaire des ces pages où le vocabulaire de la vue et de la lumière envahit progressivement tout le tissu du poème pour s'achever en un fugitif - mais poétiquement éternel  - anéantissement en Dieu

L'auteur dédie tout en retenue, son travail au regretté Philippe Jacottet (auteur d'une magnifique traduction de l'Odyssée). 





PURGATOIRE / CHANT 1



Or pour courir sur des ondes plus belles, 

de mon génie la nef hisse les voiles, 

laissant derrière soi mer tant cruelle;



je chanterai le deuxième royaume 

où l'âme des humains se purifie 

pour mériter de s'élever au ciel.



(Traduction Michel Orcel - Éditions La Dogana)



Pour courir meilleure eau elle hisse les voiles

à présent la nacelle de mon génie

qui laisse derrière soi mer si cruelle :



et je chanterai le second royaume

où l’esprit humain se purifie

et devient plus digne de monter au ciel.



(Traduction Jacqueline Risset - Éditions Flammarion et La Pléiade) 



Alors lève ses voiles la nacelle

de mes facultés pour des flots plus heureux,

laissant derrière elle une mer si cruelle ; 



et je chanterai ce royaume deux

où l’âme se purge de ses faiblesses

et devient digne de monter aux cieux.



(Traduction Danièle Robert - Éditions Actes Sud) 



Le purgatoire si on le prend au sens figuré peut être un lieu ou un temps d'épreuve, voire d'expiation. Prenons le dans l'acception d'épreuve car traduire Dante est une épreuve. 

Et pour cause il y a les partisans de la terza rima cette structure rimique particulière des strophes intercalant dans un tercet une rime issue du tercet suivant. Dante fut le premier à l'utiliser. Schématiquement voici peu ou prou ce que cela donne : ABA-BCB-CDC-DED-EFE-FGF-GHG-HIH-I. 

S'ajoute à cela que le fait que la Commedia est écrite en hendécasyllabe (onze syllabes), c'est le vers cardinal de la poésie italienne qui métriquement parlant, il équivaut au décasyllabe français.



Autant dire que lorsqu'un auteur s'attaque à une montagne telle que la Commedia, c'est comme son purgatoire. L'enfer étant une descente, le purgatoire étant son contraire avec son île, le traducteur seul sur son île face à sa page, son Antépurgatoire, et puis viennent ses 7 terrasses. 

Michel Orcel a fait des choix pour sa traduction. Qu'il précise dans le préambule de son Purgatoire après qu'un (re)censeur comme il le nomme soit venu lui "donner" quelques leçons sur sa traduction... 

A noter sur ce cantique 24 pages de notes. 





ENFER / CHANT 1



A mi-chemin de notre vie mortelle, 

je me trouvai dans une sylve obscure 

où la directe voie s'était perdue.



Dire ce qu'elle était, c'est chose dure, 

cette sylve sauvage, et âpre, et forte, 

qui dans l'esprit renouvelle la peur :



amère est tant, que mort ne l'est plus guère. 

Mais pour traiter du bien que j'y trouvai, 

je parlerai de tout ce que je vis.



(traduction Michel Orcel - Édition La Dogana) 



Au milieu du chemin de notre vie

je me retrouvai par une forêt obscure

car la voie droite était perdue.



Ah dire ce qu’elle était est chose dure

cette forêt féroce et âpre et forte 

qui ranime la peur dans la pensée !



Elle est si amère que mort l’est à peine plus ;

mais pour parler du bien que j’y trouvai,

je dirai des autres choses que j’y ai vues.



(traduction Jacqueline Risset - Flammarion et La Pléiade) 



Étant à mi-chemin de notre vie,

je me trouvai dans une forêt obscure,

la route droite ayant été gauchie. 



Ah ! combien en parler est chose dure,

de cette forêt rude et âpre et drue

qui à nouveau un effroi me procure ! 



Si aigre que la mort l’est à peine plus…

Mais pour traiter du bien que j’y trouvai,

je parlerai des choses que j’ai vues.



(Traduction Danièle Robert - Éditions Actes Sud)



Ces premiers vers de l'enfer seront pour moi l'occasion de citer ce que disait le grand écrivain italien Mario Andrea Rigoni à propos de cette traduction dans un périodique italien : 

"Je crois que personne n'a autant contribué à la diffusion de la connaissance de notre littérature, et en particulier de notre poésie, dans un autre pays que la traduction française des classiques italiens de Michel Orcel. Génie polyédrique, parce que poète, romancier, essayiste et aussi éditeur, grand amoureux de l'Italie et de l'opéra, il a traduit au fil des décennies les 38 736 vers d'Orlando Furioso dell'ariosto et les 15 336 Jérusalem Liberata del Tasso, avec la particularité d'avoir toujours utilisé le décasyllabique, de plus avec le tour de force de recréer systématiquement la rime embrassée à la fin de l'octave dans laquelle les deux poèmes sont écrits: un véritable tour de force.[...] L'impossibilité évidente de maintenir la rime de Dante en français, comme le plurilinguisme linguistique et tonal du poème (du réalisme violent de l'Enfer à l'aura raréfiée du Purgatoire et à l'extase extatique du Paradis) posait des problèmes difficiles, qu'Orcel tentait de surmonter avec la recherche minutieuse d'assonances et de consonances, de certains archaïsmes lexicaux ou syntaxiques. Le résultat était une traduction flexible même dans "l'obscurité" de Dante, mais toujours claire et fluide, le tout visant à recréer l'effet poétique. 



Bien sûr, des mots ou des vers individuels permettent des solutions alternatives, mais c'est l'ensemble qui forme la valeur distinctive et déterminante de la traduction, la meilleure dont dispose le public français aujourd'hui."



À tout seigneur tout honneur, je termine ce billet par une figure de style italienne, "Traduttore, traditore" cette paronomase italienne, qui est très vite sortie du langage transalpin.

Pour deux raisons sa clarté de compréhension et son aspect jeu de mots...

Mais bien au delà de cela le fait de comparer un traducteur à un traître signifie que la traduction d’un texte d’une langue dans une autre ne peut jamais respecter parfaitement le texte de l’œuvre originale. 

Beaucoup de polyglottes préfèrent lire une œuvre en version originale car ils veulent la découvrir telle qu’elle a été créée par l’auteur. 

Dans un cas extrême, traduire un poème en le modifiant pour garder les rimes altère singulièrement l’œuvre du poète.



Une chose est certaine Michel Leiris a dit « Traduire, c'est avoir l'honnêteté de s'en tenir à une imperfection allusive. », avec le travail titanesque - pour ne pas dire Dantesque -  de Michel Orcel on a entre les mains une traduction d'une perfection explicite...



J'ai volontairement écrit dantesque avec une majuscule, car j'abhorre l'utilisation de l'adjectif dantesque à tout bout de champ pour définir tout et n'importe quoi ... Qui reste l'apanage de ceux qui ne doivent pas connaître l'œuvre de Dante ou à tout le moins la Commedia.... 

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La Divine Comédie

Qu’il semble difficile de se replonger dans les « classiques » !! Ils font certes partie de notre bagage littéraire mais sont souvent associés à une période d’apprentissage, de formation qui nous paraît lointaine !

C’est cependant un très bon exercice de se questionner sur celui qui nous a le plus marqué et de le « retrouver ».



Pour ma part, l’ouvrage qui a marqué ma vie étudiante est « La Divine Comédie » de Dante Alighieri, et plus particulièrement « L’Enfer ». Lorsqu’on étudie la langue et la culture italiennes à l’université, c’est une lecture incontournable, tant par sa richesse linguistique et stylistique que par la mine de références et de messages philosophiques que ce chef-d’œuvre véhicule.

Grâce à mes études, j’ai pu lire ce poème « dans le texte », ce qui permet une immersion plus approfondie dans la Florence du XIVème siècle. C’est le premier texte véritablement en italien.

Composé de trois « livres » (Enfer, Purgatoire et Paradis), c’est la première partie (ou cantica) qui a ma préférence.

Débutant par le célèbre vers « Nel mezzo del cammin di nostra vita mi ritrovai per una selva oscura, che la diritta via era smarrita », Dante évoque d’emblée une problématique intemporelle : le sentiment de l’être humain de se sentir perdu, en constante lutte pour trouver ou retrouver la lumière.

Ce voyage initiatique en Enfer va nous permettre de rencontrer tous les péchés de l’Homme et de croiser des figures emblématiques de la mythologie, de l’Histoire médiévale et du domaine des arts de l’époque. A l’image de Virgile qui guide Dante, nous pouvons penser que par l’écriture de ce texte, Dante guide à son tour son lecteur.

La célèbre illustration de Botticelli de ce monde souterrain rend concret ce voyage et nous permet, tout au long de la lecture, de nous situer (géographiquement et intellectuellement).

Nous rencontrons ainsi, entre autres, les philosophes et savants grecs et latins contraints de séjourner dans les limbes puisqu’ils ont vécu avant l’avènement du Christ, Paolo et Francesca da Rimini, Cléopâtre emportés par la passion.

Les lieux, les sentiments et les notions sont décrites de façon si précise que le lecteur peut littéralement visualiser cette visite de l’Enfer. Le même procédé sera employé pour le Purgatoire et le Paradis.



Cette œuvre majeure a traversé les siècles, les sujets étant transposables à n’importe quelle époque.

À elle seule, elle représente une mine inestimable d’informations culturelles et les artistes de tous les temps en ont fait une source d’inspiration qui semble intarissable.

Pour l’avoir relu par la suite en français, c’est la traduction de Jacqueline Risset qui m’apparaît comme étant la plus fidèle.

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La divine Comédie, tome 3 : Le Paradis

Il n'y a pas de limite au nombre de relectures que l'on peut faire de la Divine Comédie, et peut-être davantage encore du Paradis, la troisième partie de ce grand poème. C'est un texte essentiellement didactique, puisque Béatrice explique à Dante la mécanique des sphères, et répond aux questions de toute sorte que lui pose son compagnon. Il est difficile de tout suivre, de tout comprendre, même avec l'aide de notes. Mais ce que le didactisme pourrait avoir de trop sec et d'abstrait est animé par deux qualités poétiques et humaines : la première, c'est l'insatiable désir de savoir qui anime le poète et le plaisir visible que prennent les habitants du Paradis à lui expliquer ce qu'il ne comprend pas ; la seconde qualité, c'est qu'à mesure qu'il monte plus haut, accède à des mystères encore plus sublimes, Dante se transforme, son regard se fait plus aigu et ses facultés augmentent pour le rendre capable de voir, et de supporter la vue, de ce qui lui est montré, même quand c'est indicible. La magnificence du vers, de la phrase, du tercet, est à la mesure du sujet.



On pourrait croire futilement qu'il n'y a pas de lieu plus ennuyeux que le Paradis, puisque tout ce qui manque à l'homme lui est offert et qu'il n'a plus qu'à s'endormir dans la satisfaction béate. Or le poème nous administre la preuve du contraire : ce lieu est un tourbillon de lumières, de chants, de visions sans cesse renouvelées, et surtout, ici, de désirs insatiables de connaître Dieu et d'aimer Béatrice. Or l'objet de ces désirs de connaissance et d'amour est infini : l'homme qui veut connaître Dieu doit, pour s'accorder à l'objet de son désir, tendre vers l'infini. Son aspiration, par nature, ne sera jamais satisfaite, mais il n'en éprouvera nulle douleur, nulle frustration, puisqu'il jouit de la proximité de Celui qui l'aime et qui se donne à lui à la mesure croissante de ses capacités. Dante ici, dans ce Paradis entièrement fait de désirs ardents et de voluptés affectives et intellectuelles (Baudelaire, "où tout ce que l'on aime est digne d'être aimé... Où dans la volupté pure le coeur se noie") , se place dans la tradition chrétienne la plus orthodoxe, parvenue jusqu'à lui depuis les écrits du Père grec cappadocien St Grégoire de Nysse, qui écrivait au IV°s dans sa "Vie de Moïse" : " Si le beau en soi est infini, nécessairement le désir de celui qui aspire à y avoir part sera coextensif à l'infini et ne connaîtra pas de repos. Et donc il est tout à fait impossible d'atteindre la perfection, puisque, comme on l'a établi, la perfection n'est pas comprise dans des limites et que la vertu n'a qu'une limite, l'illimité. Comment parviendrait-on à la limite cherchée, si elle n'existe pas ?" (I-7)



On pourrait se croire bien éloigné des réalités terrestres avec pareilles sublimités. Or il n'en est rien : Dante est bien le "poète du monde terrestre" et les saints et saintes qu'il rencontre, même enveloppés d'éblouissante lumière, sont fermement incarnés. D'ailleurs, il distingue, jusque dans sa contemplation finale de la sainte Trinité, le visage humain du Christ. Son Paradis est donc chrétien, incarné, et surtout - comme dans le Purgatoire et l'Enfer - très politique. L'âme de son ancêtre Cacciaguida l'entretient de la corruption de Florence et lui prédit son exil ; celle De Saint Pierre déplore l'état de la papauté ; celle de Saint Benoît se plaint de la décadence monastique. Ce Paradis ne serait pas chrétien s'il n'était rempli d'êtres humains qui, du milieu de leur béatitude, veillent, attristés et consternés, sur les affaires de la terre et espèrent, attendent, désirent la restauration d'un ordre théologico-politique juste ici-bas : à savoir, la concorde et le mariage harmonieux de l'Eglise et de l'Empire.



Donc le Paradis dantesque n'est en rien immobile et statique : les sphères tournent, emportées non par la gravité mais par l'amour, les humains continuent de chercher Dieu et la justice, et il convient enfin de ne pas rester sourd à la dimension sonore, musicale et symphonique de ce poème médiéval qui a tant à nous dire sur la relation du spirituel et du temporel.
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La Divine Comédie

« La Divine Comédie » de Dante Alighieri… J’avoue ressentir une forme de soulagement, de plaisir à me rendre compte que j’ai lu un tel livre… Il me faisait peur, parce qu’il était connu pour sa difficulté, sa précision, sa richesse. C’est une œuvre littéraire qui traverse les époques et les frontières culturelles pour devenir l'une des pièces de la littérature mondiale reconnue et saluée. Écrite au XIVe siècle, cette épopée poétique en trois parties, composée de l'Enfer, du Purgatoire et du Paradis, dépeint le voyage de Dante à travers l'au-delà, guidé par le poète romain Virgile. Cette œuvre offre une profonde méditation sur la condition humaine, la moralité, la rédemption et la quête spirituelle.



L'Enfer, la première partie, est une descente aux enfers littéraire, où Dante explore les cercles infernaux peuplés de pécheurs condamnés à des châtiments spécifiques en fonction de leurs péchés. C'est une vision saisissante et terrifiante de la damnation éternelle, où Dante nous rappelle les conséquences de nos actions sur notre destin. Les personnages rencontrés s’approchent de lui et se confessent, partageant ou déposant un peu de leur souffrance. On fait la connaissance de nombreuses personnalités, ayant réellement existé.



Le Purgatoire, la deuxième partie, offre un contraste d'espoir. Les âmes purgées de leurs péchés travaillent à leur rédemption dans l'attente de l'entrée au Paradis. Dante utilise cette étape pour explorer la nature de la repentance et de la purification, montrant que même les âmes les plus égarées ont une chance de rédemption. S’agit-il de pardonner, de se pardonner… ? À plusieurs reprises, Dante est observateur, mais aussi reçoit la parole des âmes.



Enfin, le Paradis, la troisième partie, nous emmène dans les sphères célestes où Dante atteint la vision béatifique de Dieu. C'est une exploration de la félicité éternelle et de la connaissance divine. Dante exprime ici une beauté céleste indescriptible, qui contraste avec les horreurs de l'Enfer. En même temps, on y sent une forme de félicité, en même temps le poids de cette « perfection » souhaitée. Je l’ai ressentie ainsi.



Ce qui rend "La Divine Comédie" encore plus fascinante, c'est sa richesse culturelle et sa profondeur intellectuelle. Dante a peuplé son œuvre de personnages historiques et contemporains, principalement italiens, créant ainsi une fresque vivante de la société et de la politique de son époque. La maîtrise de Dante du langage, à la fois soutenu et poétique, ainsi que son utilisation de références religieuses, mythologiques et philosophiques, ajoutent une couche de complexité à l'œuvre. Cela a pas mal alourdi ma lecture, l’édition que je possède présente chaque personne, ou presque, nombre d’âmes, nombre d’histoires, difficile de les retenir. Quant aux références, je pense que se lancer dans « La Divine Comédie » demande un certain bagage de connaissances générales et spécifiques.



La lecture demande qu’on lui consacre du temps, de la patience et même un bon dictionnaire à portée de main pour ma part tellement il regorge de vocabulaire recherché et soutenu, mais c'est une expérience gratifiante également que de se plonger dans ce voyage. Les gravures et la qualité de l'édition peuvent faciliter la compréhension, tout en offrant une dimension visuelle à l'œuvre. Et les gravures de Gustave Doré, un réel plaisir visuel pour ma part, car j’aime ce choix de noir et blanc, brut, ces traits fins, ces ombres… J’ai vraiment regretté qu’elles ne soient pas plus présentes et nombreuses.



En bref : "La Divine Comédie" est une lecture intemporelle qui continue d'inspirer la réflexion sur la nature humaine, la spiritualité et la condition de l'âme. Elle nous rappelle que nos actions ont un impact durable et que la quête de la rédemption et de la connaissance peut être à la fois exigeante et profondément gratifiante. Une lecture au calme et une immersion dans l'univers complexe de Dante révèlent l'essence même de cette œuvre magistrale. Elle apporte une réflexion, peu importe notre religion ou nos croyances, les réflexions sont supérieures et individuelles. Une très belle découverte.



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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

Que l'on adhère ou pas à l'oeuvre, elle reste un monument de la littérature mondiale, et fait parti de l'Histoire, en étant considéré comme une pièce charnière de l'émergence de la nation italienne par l'avènement et la vulgarisation de la langue italienne.



Cette traduction concerne l'entièreté de "La divine comédie ", et non uniquement la partie la plus célèbre du triptique, "L'enfer" ; " le purgatoire " et " Le paradis" y sont aussi.

Un enfer particulier d'ailleurs puisque très peu enflammé, et dont le 9eme et dernier cercle, paradoxalement glacé, inspirera, en sus de gravures d'illustrations, une splendide et monumentale toile de l'artiste Gustave Doré.



Cette version moderne élimine beaucoup de lourdeurs, des noms propres, ne sauvegardant pas spécialement la structure des rimes , et aboutit in fine à un poème en prose fluide et lisible, bien que les annexes explicatives nécessaires restent très nombreuses.



L'œuvre reste en priorité un manifeste politique, la situation des antagonismes florentins (les familles guelfes) constituant l'ossature du voyage de Dante à travers le post-trépas, en faisant ainsi un quasi pamphlet par moments.

La charge anti papale, virulente, en fait ainsi partie.

Outre la politique locale, la culture gréco-romaine, marqueur des personnalités érudites de l'époque, rythme aussi ce voyage à travers les strates de l'au-delà.



La structure même des trois étages post-mortem obéit à un modèle organisationnel très strict, en cercles, hiérarchisé telle une grande entreprise moderne.



Il est difficile de "noter" ce monument littéraire qui reste évidemment régulierement abscons maintenant, mettant en scène des personnages certes localement importants à l'époque mais oubliés depuis, et sans les annexes de la traduction la plupart des chants seraient ésotériques.

Même en version allégée, la lecture, demandant une attention soutenue, n'est pas toujours facile.

L'intérêt est culturel et historique, et l'on peut aisément se laisser entraîner dans ce romantisme poétique et ces descriptions oniriques.

Personnellement, pour alléger, j'ai coupé entre chaque strate post mortem, avec un petit roman classique.



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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

J’ai eu la chance de travailler, il y a quelques années, sur les réceptions modernes de Dante, notamment sur le recours à son Enfer pour illustrer les moments de grandes crises historiques, quand les questions que le poète médiéval formulait sur le mal, la mise en mots de l’indicible, l’équité des châtiments, sont reprises, avec une terrible actualité, par des auteurs d’aujourd’hui.



C’est donc avec beaucoup de plaisir que je me suis replongée dans ce magnifique poème, publié en 1314, après huit ans d’écriture, à l’occasion de l’écoute d’une baladodiffusion sur France Culture, une série des « Chemins de la philosophies », intitulée « Dante, bienvenue en enfer » :

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/serie-dante-bienvenue-en-enfer



Quel monde infernal fascinant que celui imaginé par Dante, sans flammes, le centre étant prisonnier des glaces…

Le motif du cheminement dans un monde troublé…

Le critère punitif du « contrapasso »…

Les rencontres avec de nombreux personnages référentiels, certains que nous ne pensions pas forcément trouver là, comme Ulysse ou des amoureux célèbres…

La mise en avant de la notion de libre-arbitre…

Mais aussi une écriture en langue vulgaire, plus accessible.



J’ai refeuilleté avec un immense plaisir mon édition de La divine Comédie illustrée par Gustave Doré, me suis remémoré des allusions célèbres à L’Enfer de Dante par de nombreux auteurs, Primo Levi, Pablo Neruda, Victor Hugo, Nurrudin Farah, Akhmatova, Mandelstam…



Un texte à connaître.




Lien : https://www.facebook.com/pir..
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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

Formidable traduction d'une œuvre majeure de la littérature.

Une étoile en moins pour le confort de lecture : non pas pour la mise en page qui est excellente et met en relief la traduction française avec la version originale mais plutôt pour avoir passé mon temps à atlerner entre récit et notes explicatives. En effet, si l'œuvre est révérée pour la vision dantesque (facile, je sais) des enfers, elle est aussi très ancrée dans l'histoire politique italienne contemporaine de l'auteur... Plus d'une centaine de personnages (tré)passent sous le regard critique et cynique de Dante, lesquels m'ont plus d'une fois fait perdre le fil d'une lecture rendue ardue par leur accumulation











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La divina commedia / Paradiso

Il serait un peu ridicule de "critiquer" la Divine Comédie de Dante : entre ce poème, l'un des plus grands et des plus beaux de la littérature universelle, et nous, il y a une distance et une inégalité telles qu'un compte-rendu de lecture contemporain doit observer certaines formes et le rédacteur rester prudent. Ce mot, inégalité, devenu insupportable aujourd'hui, est pourtant la clé de lecture, non seulement de tout le poème (et de toute oeuvre classique), mais en particulier du Paradis, troisième partie peu lue et peu aimée de la Divine Comédie. Dante poursuit son voyage dans l'Au-Delà, sous la direction de Béatrice (l'amour est la voie de Dieu), acquiert la vision du paradis et finit par voir Dieu lui-même, après une multitude de degrés, de lieux, de hiérarchies de saints, de héros, de théologiens, et d'anges. Chaque étape correspond à un stade, à un progrès, dans la vie spirituelle. Autrement dit, l'extase, l'éblouissement et l'amour se construisent à partir de l'humilité, de l'admiration, du sentiment de petitesse et d' indignité du poète. A de multiples reprises, il se trouve absolument incapable de dire ce qu'il a vu, de le comprendre et d'en rendre compte : il faut donc une intervention d'En-Haut pour le rendre apte à voir et à comprendre les hauts mystères de la Foi catholique auxquels il est initié. Humilité, révélation, vérité, font de ce texte un rébus incompréhensible pour nous, dont la culture se fonde sur leur inverse exact : orgueil, individualisme illusoire, relativisme, pluralisme. Pour avancer dans cette lecture, il faut se reconnaître inapte à comprendre le texte et à l'apprécier pleinement. C'est une expérience morale, autant que littéraire.



Mais comme toujours, on peut tenter de franchir le seuil interdit, à l'opposé de l'homme du Procès de Kafka. En France, on sait peu (selon les dires d'Alessandro Barbero, biographe de Dante) que tous les grands écrivains européens se sont mesurés à Dante et l'ont lu et commenté : T.S. Eliot, Ezra Pound, Ossip Mandelstam, Anna Akhmatova, Ismaïl Kadaré, et tant d'autres. Les circonstances et le siècle de ces grandes figures les ont rendues sensibles à l'Enfer plus qu'aux autres parties du poème, qu'aimaient déjà les Romantiques français pour son caractère dramatique. Dante est donc aussi un important personnage de la littérature occidentale. Souvent, on va vers lui parce qu'on l'a rencontré dans les pages d'un auteur moderne, qui joue pour nous le rôle de passeur et d'initiateur.



Quant à la lecture du Paradis, une version française versifiée est toujours indispensable pour s'assurer du texte original, souvent fort difficile. Grâce à son abondante annotation et à ses commentaires, l'édition italienne de Daniele Mattalia est un excellent outil. La Divine Comédie, et le Paradis plus particulièrement, ont une dimension encyclopédique : toute la théologie thomiste, toute l'astronomie médiévale, toute la mystique sont présentes dans ce poème qui, par endroits, semble une anthologie des idées du temps, incarnées en des figures lumineuses, des sourires, des danses de joie. Nous avons besoin d'explications, mais le prodige est que le texte reste toujours poétique en ses plus arides endroits, et que le lecteur, même résigné à ne saisir que fort peu de chose, s'expose lui-même à des éblouissements et à des récits d'extase, qui m'ont parfois surpris par leur ressemblance avec certaines pages du Zohar, rédigées en Espagne à la même époque.
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Dante et son itinéraire spirituel selon la Vi..

On associe le plus souvent Dante à "la Divine comédie". Italianisant, cette œuvre me rappelle douloureusement les exercices de versions que le prof d'italien nous donnait . Epreuves cauchemardesques, infernales, tant les références à la mythologie, aux personnages et aux événements de l'Antiquité sont nombreux (et obscurs pour qui n'est pas un spécialiste). En exil , âgé (il terminera le texte trois ans avant sa mort), il règle également ses comptes avec ses ennemis qu'il expédie dans son enfer.

Je mets à part l'épisode de "Francesca da Rimini", si touchant.

J'avoue, 60 ans après , qu'un jour j'achetai l'édition Marabout poche de la Commedia. Traduction par le chevalier Artaud de Montor. Je repérai le passage donné, et fis , pour un devoir de version, une paraphrase de son texte. J'obtins 3 sur 20!



On m'a fait cadeau, récemment, du volume de la Pléiade: "Anthologie bilingue de la poésie italienne". J'ai lu , pour la première fois, ses poèmes de jeunesse : "La Vita nuova "et les "Rime"

On découvre un poète célébrant l'amour , l'amitié, avec parfois une fantaisie fort plaisante comme dans ce" voyage enchanté":



Guy, je voudrais que toi et Lapo et moi

Fussions tous trois enlevés par magie,

Et mis dans un vaisseau qui par tout vent

Voguât sur mer à mon gré et au vôtre,



De sorte que tempête ou mauvais grain

Ne pût en rien troubler notre voyage

Mais que, vivant en parfaite concorde,

Crût toujours plus le désir d'être ensemble.



Et que le bon enchanteur, avec nous,

Mît dame Jeanne et dame Lise

Et celle qui se trouve au chiffre trente,



Et là sans fin deviserions d'amour;

Et chacune en serait tout emplie d'aise

Comme je crois, nous-mêmes le serions.



En notes , j'ai relevé ces éclaircissements:

Guido (Guy) et Lapo sont les prénoms de deux poètes amis de Dante.

Le bon enchanteur est Merlin.

"celle qui se trouve au chiffre trente". Dante avait écrit un texte (aujourd'hui perdu) où il célébrait les soixante plus belle femmes de Florence. Je pense qu'il a choisi ce chiffre 30 (trenta, en italien) pour la rime avec "contenta."
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La divine comédie, tome 1 : L'enfer

Bam ! Chers amis, j'ai terminé ce matin de lire L'Enfer, premier volet de la célébrissime Divina Commedia, en langue originale et je n'en suis pas peu fière. Tous les Italiens l'ont étudié à l'école et mes amis en gardent un souvenir fasciné pour certains, écœuré pour d'autres. Il m'aura fallu un peu plus d'un mois pour arriver au bout de ce premier voyage mais quel plaisir de faire un pas de plus dans la connaissance de la culture italienne.



Mais revenons un peu à l'histoire elle-même...

"Chi è costui che sanza morte / va per lo regno della morta gente?" interrogent les diables au Chant VIII. Celui-ci, c'est Dante lui-même qui a entrepris une étrange expédition, guidé par Virgile. Oui oui, l'auteur de l'Enéide, qui d'autre? D'étage en étage, Virgile va montrer à Dante les différentes catégories de damnés et l'on croisera, outre des contemporains de l'écrivain protagonistes des innombrables querelles entre les villes toscanes, quelques illustres personnages : Ulysse, Judas... et même Mahomet, figurez-vous ! A chaque type de péché sa punition : les coléreux sont immergés dans le Styx, les flatteurs dans les excréments (quand même, il faut bien qu'on sourie de temps en temps), les hypocrites sont couverts d'une chape de plomb, les hérétiques gisent dans des tombes enflammées, les voleurs se transforment en serpent, etc.

Le tout est écrit en vers et dans un magnifique "italien" du début du XIVème siècle. Evidemment, il m'était impossible de tout comprendre mais mes amis italiens m'ont assurée qu'eux-mêmes ne pouvaient se passer des très nombreuses notes. On en apprend aussi un peu sur la situation politique de la Toscane à ce moment-là et, surtout, on a la preuve que les désaccords entre les villes de cette région ne date pas d'hier !

Au final, L'Enfer est loin d'être la très longue poésie barbante que croient certains. Dante exprime des émotions très variées selon les passages ; il est tour à tour effrayé, amusé, intrigué. Certains des personnages sont détestables et d'autres, au contraire, suscitent une grande sympathie, comme par exemple Francesca ou Ugolino.

Je vais m'accorder une petite pause avec des lectures moins difficiles mais compte bien, dans les mois qui viennent, m'attaquer au Purgatoire.



Challenge ABC 2022/2023
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La divine Comédie, tome 3 : Le Paradis

La dernière étape du Purgatoire, c’est le jardin du paradis terrestre, lieu intermédiaire, où Dante est spectateur d’un étrange représentation allégorique au sens discuté. A l’arrivée de Béatrice, que Dante espérait, Virgile disparaît : le seuil du Paradis céleste vient d’être franchi, et le poète latin ne peut y accéder.



Le Paradis se compose de 10 parties, 9 sphères mobiles et de l’Empyrée. Les sept premières sphères mobiles correspondent aux neuf planètes connues à l’époque de Dante : Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars Jupiter, Saturne. Au-delà, il y a la sphère des étoiles fixes, puis le ciel cristallin (Premier Mobile). Ces sphères sont mues par des anges, chaque sphère par une catégorie d’anges spécifiques, il existe une hiérarchie angélique avec 9 niveaux. Je rappelle que la Terre étant au centre de l’univers dans la représentation médiévale, toutes ces sphères tournent autour de cette dernière. Enfin, au-delà de l’espace et du temps, il y a l’Empyrée, le Ciel transcendant où réside Dieu.



Même si le Ciel et la Terre sont deux réalités distinctes, il y a un lien, une relation forte. Le Ciel agit constamment sur la Terre, les astres ont une influence sur les hommes. Les astres expriment la volonté divine, sont un instrument de cette volonté, leur mouvement provoqué par les anges en est la conséquence, les hommes subissent l’influence de ces mouvements, qui les poussent vers une direction, des actions. Mais l’homme garde toujours son libre arbitre, la décision finale de suivre ou non l’influence céleste lui appartient.



Dante va traverser les différentes parties du Paradis, dans les 7 premières sphères mobiles, correspondantes aux planètes, il va rencontrer les bienheureux. A chaque ciel correspond une disposition particulière vers le bien, par exemple au Ciel de Vénus, il y a les âmes de ceux qui sont soumis à l’amour, non plus terrestre, mais divin. Au Ciel de Saturne, on trouve les esprits qui ont pratiqué une vie contemplative. Le huitième Ciel, celui des étoiles fixes, est réservé au triomphe du Christ, avec la Vierge. Les anges et les bienheureux résident en réalité dans le dixième Ciel, l’Empyrée, près de Dieu, ils sont disposés au sein de la rose sempiternelle, qui est la dernière étape du voyage de Dante.



Raconter le Ciel est bien plus difficile que raconter l’Enfer et le Purgatoire. Tout est à la limite de la compréhension humaine. La lumière éblouissante brouille la vision, les musique célestes saturent l’audition, il est difficile de voir, de saisir, et surtout de mettre en mots ce qui dépasse notre entendement. D’où l’invention par Dante d’un vocabulaire spécifique, dont le plus emblématique est le mot « transumanar » : c’est ce qui est au-delà de l’humain, et c’est le mot qui convient le mieux pour caractériser l’expérience du Paradis. Le poète ne peut qu’essayer de donner une image approximative, imparfaite, de ce qu’il a vu et entendu.



Dante fait différentes rencontres dans sa montée céleste. Une des plus importantes, est celle d’un de ses ancêtres, un certain Caccaguida, qui serait parti en croisade, et aurait été fait chevalier par l’empereur. Dante le rencontre dans le Ciel de Mars, celui des combattants pour la foi. Il révèle à Dante son destin, son exil prochain :



« Tu laisseras tout ce que tu aimes

le plus chèrement ; et c’est la flèche

que l’arc de l’exil décoche pour commencer.

Tu sentiras comme a saveur de sel

le pain d’autrui, et comme il est dur

à descendre et monter l’escalier d’autrui. »



Mais il fixe aussi sa mission, qui est de révéler au plus grand nombre ce qu’il a vu, de communiquer la volonté divine par la parole, pour aider les hommes à accéder au Paradis, à devenir des bienheureux. Dante n’est plus seulement un poète, il devient un prophète, il doit rendre sensible aux autres hommes une vision divine pour leur permettre de prendre le bon chemin.



D’autres rencontres ont lieu, certaines très déconcertantes. Ainsi dans le Ciel du Soleil, celui des Esprits inspirés de sagesse, Thomas d’Aquin montre à Dante les onze sages de la première couronne, en quelque sorte le gratin de l’esprit. Et parmi ces 11 figure Sigier de Brabant :



« C’est la lumière éternelle de Sigier,

qui, en lisant dans la ruelle au fouarre

syllogisa des vérités enviées. »



Sigier avait pourtant été condamné par l’archevêque de Paris pour averroïsme, il a du fuir, a fini assassiné, et Thomas avait combattu certaines de ses idées. Ce passage a d’ailleurs donné lieu à de nombreux commentaires, Dante a été soupçonné d’averroïsme, le passage a servi a étayé l’hypothèse d’un séjour parisien du poète, qui aurait pu y rencontrer certains disciplines de Sigier. Mais en réalité Dante met en évidence une sorte de transcendance : ce qui paraît opposé aux hommes, ne l’est pas forcément pour la sagesse divine, deux grands penseurs comme Thomas et Sigier ont pu chacun exprimer un aspect de la vérité, en apparence inconciliables pour l’esprit humain, mais qui ne le sont pas pour l’intelligence divine. Et ils se reconnaissent comme égaux au Ciel, dépassant leur différents terrestres.



Dans le même état d’esprit, l’éloge de Saint-Dominique est prononcée par Saint-Bonaventure, franciscain et celui de Saint-François par Saint-Thomas, dominicain. Alors que les deux ordres s’opposent sur Terre sur le plan de la théologie, ils sont en mesure de reconnaître la vérité dans le propos d’imminents membres de l’autre ordre. Tous les antagonismes sont dépassés, la vision s’élargit, c’est l’un des sens du « transumanar ».



Nous arrivons ainsi progressivement à la fin du voyage, à la Rose céleste de l’Empyrée, l’amphithéâtre des âmes des bienheureux, dont presque tous les sièges sont pleins, ce qui annonce la proximité de la fin des temps. Et Dieu se révèle comme un cercle, qui englobe l‘ensemble de la création.



Au Paradis a lieu l’intégration finale de la philosophie dans la vérité de Dieu, l’élévation de l’amour en principe de tout bien et de tout mal, la résolution des problèmes politiques par la doctrine de la légitimité universelle et éternelle de l’Empire. Dante arrive petit à petit à ces conceptions, en traversant l’ensemble de ce qui humain, l’Enfer et ses damnés, le Purgatoire et ses pénitents, c’est au Ciel qu’il peut tout comprendre et tout embrasser et nous livrer sa vision éclairée par la lumière divine.



Ce n’est pas un voyage facile pour un lecteur, tant le poème de Dante est riche et complexe, tant il est truffé de références. Plus que de lire un livre, il s’agit de pénétrer un monde, un univers. Essayer d’en saisir quelques éléments, se pénétrer d’images, d’idées, se laisser prendre à la beauté des vers. En se disant qu’il faudra sans doute y revenir, relire, y trouver autre chose, puis autre chose encore. Car il est sans doute impossible d’épuiser tous ses sens, explorer tous ses possibles.
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