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Critiques de David Bosc (36)
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La claire fontaine

Juillet 1873. Gustave Courbet, accusé d'être responsable de la démolition de la colonne Vendôme, est condamné à payer les 323 000 francs nécessaires à sa reconstruction. Son soutien et même sa participation active à la Commune ont fait de lui un paria qui ne voit d'autre solution que la fuite. Flanqué de Marcel Ordinaire, son fidèle élève, il entreprend une longe marche vers un exil suisse. Après un passage à Genève, il s'installe finalement à Tour-de-Peilz, sur les bords du Léman. Là, dans sa maison ouverte à tous les vents, il brûle sa vie par tous les bouts, délaissant l'art au profit d'une peinture ''à la chaîne'', de festins pantagruéliques et copieusement arrosés et de baignades dans des eaux plus ou moins glacées.





Une force de la nature, un bon vivant, voire un noceur, voilà Gustave Courbet tel qu'il apparaît dans cette biographie partielle et romancée que lui consacre David BOSC. Ce proche des anarchiste, élu de la Commune, grand défenseur de la liberté, a décidé de VIVRE, avec emphase, avec extravagance, avec excès. Ruiné, forcé à l'exil, il reste gouverné par ses passions et sa soif de vivre. Se précipite-t-il vers la mort en éclusant des litres de vin blanc et en engrangeant des quantités inhumaines de nourriture ? Provoquée ou non, elle viendra le cueillir dans son refuge helvétique après 58 années dont BOSC nous conte les cinq dernières. Dans une langue poétique, tout en délicatesse et en ellipse, il évoque le grand homme, la nature, la peinture, la vie. Mais il se laisse parfois aller à des envolées lyriques et son style souvent complexe rend la lecture difficile. A moins d'avoir une très bonne connaissance de l'ensemble des œuvres de Courbet, on se perd entre réalité de sa vie et ce qui figure sur ses tableaux. Mais ces inconvénients ne seront sans doute de peu de poids pour les amateurs d'art et les adeptes du Maître. A réserver peut-être à ce public précis...
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La claire fontaine

Solide comme un chêne, il n'a jamais plié, mais a fini par tomber...



David Bosc ressuscite pour quelques pages le peintre Gustave Courbet (1819-1877), bon vivant bedonnant, travailleur frénétique mais éreinté, jouisseur excessif, buveur invétéré, dans son exil suisse des bords du lac Leman.



On est en 1873. Pour éviter de retourner en prison pour son engagement dans la Commune de Paris, Courbet a du quitter la France, tenu pour responsable de la destruction de la colonne Vendôme. Face à une dette financière monstrueuse pour la reconstruction, il attendra en vain, avec d'autres, l'armistice pour les communards.



David Bosc a une palette littéraire poétique et minutieuse, une écriture très travaillée et recherchée dans les images et la formulation, un style qui oblige à la concentration, conduisant à une lecture qui parfois se mérite. Mais la récompense se déguste au fil du récit.



L'auteur nous propose une compréhension, un décryptage pictural. L'artiste est monumental, attachant, glorieusement vivant dans son auto-destruction et dans le plaisir que j'ai eu à découvrir ou redécouvrir les œuvres évoquées. Un homme au tempérament d'exception, généreux et exubérant. Un homme libre, par l'esprit et le corps.



Un écrivain pour un peintre. Belle rencontre.



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La claire fontaine

Juillet 1873. Gustave Courbet passe la frontière suisse avec son élève Marcel Ordinaire. Le maître fuit la France et les tracasseries causées pas sa participation à la Commune de Paris. Condamné par son pays, Courbet trouve d’abord refuge à Genève avant de s’installer à La Tour-de-Peilz, sur les bords du lac Léman. Il y mourra le 31 décembre 1877.



David Bosc ne donne pas dans le portrait précis et exhaustif. La biographie qu’il propose est incomplète, se focalisant sur les dernières années d’un artiste avant tout épris de liberté. On s’attarde sur la passion de Courbet pour la baignade, sa consommation délirante de vin blanc (plusieurs litres par jour) et son goût pour la bonne chère. En Suisse, Courbet ne peint plus rien de bon et se tue à petit feu avec la boisson. Mais l’intérêt est ailleurs. L’écrivain insiste sur le coté joyeux d’un personnage à la constante vitalité. Il montre le peintre au travail, le peintre au bistrot, le peintre au quotidien.



Le style de Davisd Bosc est à la fois élégant et laconique, davantage dans l’évocation que dans la précision. Son texte est magnifique, très visuel. Sa plume brosse un portrait comme d’autres feraient un tableau, jouant sur la lumière, les couleurs, l’atmosphère. Quelques coups de pinceaux tout en concision dont s’échappent parfois de délicieuses envolée proches de la poésie.



Au final, l’hommage est sobre et vibrant : « Courbet a exercé sa liberté. Il était opiniâtre. Sa politique ? Pour tous la liberté, c'est-à-dire le devoir de se gouverner soi-même. » Une biographie comme une rêverie, loin des exercices scolaires proposés d’habitude. Entre son émerveillement et sa joie permanente d’être au monde, Courbet méritait bien ce coup de projecteur en tous points admirable et surtout éminemment littéraire.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Mourir et puis sauter sur son cheval

L'auteur a écrit ce court opuscule à partir de deux extraits de presse relatant le suicide d'une artiste peintre à l'âge de vingt-trois ans qui s'est défenestrée, après s'être totalement dévêtue sous les yeux du concierge de l'immeuble. L'événement se situe à la sortie de la seconde guerre mondiale à Londres, encore sous l'emprise du rationnement.



J'ai découvert l'écriture de l'auteur et suis tombée immédiatement sous le charme. Il l'annonce, son histoire n'est que pure fiction et le surréalisme qu'il attache à l'artiste est digne de ma belgitude.



Reste quand même un malaise constant par rapport à la folie qu'il imagine chez l'artiste et qui ne transforme pas l'oeuvre en chef-d'oeuvre magistral. Mais ce n'en est pas loin. Bravo !
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Mourir et puis sauter sur son cheval

La trajectoire et la chute insensées d’une poète pour évoquer le désir et le refus absolu de se conformer.



À partir de la trace ténue d’un fait divers tragique et mystérieux, tirée d’un passage des carnets du poète surréaliste Georges Henein, le suicide en septembre 1945 à Londres de Sonia A., défenestrée après s’être dévêtue, «suicide ayant donné lieu, selon l’abjecte coutume anglaise, à un procès contre la défunte», le quatrième roman de David Bosc, publié en janvier 2016 aux éditions Verdier, oscille sans cesse entre épouvante et merveille, en évoquant la trajectoire d’une femme broyée par la société, avec ses émotions d’enfant et son instinct d’animal insoumis, avec une curiosité et un appétit immense du monde et une frustration tout aussi démesurée envers les barrières auxquelles elle se heurte.

Ces appétit et frustration féroces la font dériver vers la folie et une sortie de vie par laquelle s’ouvre le livre, suicide dans une impulsion poétique et grandiose mais qui, aux yeux du monde, est un fait divers navrant et répréhensible.



«La fille à bout de souffle, soulevée par son souffle, atteint le palier du dernier étage, elle donne du poing contre la porte, sans cesser de lever les genoux. Le gros homme au visage large, couleur de mortadelle, ouvre la porte, puis la bouche, la fille nue prononce des paroles sans queue ni tête, elle parle dans ses mains, où se mêlent des mèches de cheveux, elle dit je vais me marier, éclore, je vais me marier, donne-moi une livre, les cloisons tombent. Elle dit que nous ferons avec les oiseaux une race d’immortels, elle traverse l’entrée, toute nue sous les yeux de son père, elle s’engouffre dans le couloir et referme derrière elle la porte de sa chambre. Le gros homme est changé en statue de sel. La bouche ouverte et la main levée.»



Les plus belles scènes du premier roman de David Bosc, «La claire fontaine», montraient un Gustave Courbet exultant de vitalité et de liberté en pleine nature, un homme hors du commun tout à la «joie de se gouverner lui-même». Sonia A. est aussi une femme libre, ingouvernable autrement que par ses propres lubies, refusant conventions et barrières aussi bien en société qu’en littérature.



«Seul me porte vers les livres le désir d’y trouver ce que je ne soupçonnais pas, et c’est pourquoi je déteste les faiseurs de bouquins, les romances ficelées, cousues d’astuces, farcies de diables à ressort, de pièges à souris. Je leur préfère le bruit du tram ou les écrits intimes, les chroniques fragmentaires, la philosophie, les recueils d’anecdotes. Ou le décompte que fit de ses chemises, dans la marge d’un sonnet, le pauvre Baudelaire. Il me semble qu’on doit écrire : dire, crier, murmurer, et mille fois s’il le faut. Dit-il, dit-elle, dit-il. Lorsque je lis « expliqua-t-elle » ou « se justifia-t-il », j’en ai le cœur qui se soulève.»



Mais les lubies de cette femme ne sont rien en regard de la folie du monde, que l’on devine dans ses cahiers à l’évocation de la poussière des bombardements de Londres et de l’odeur de brûlé du Blitz, ou dans le destin de son père, ancien ambassadeur républicain espagnol exilé à Londres.



Dans ce roman au titre magnifique, Mourir et puis sauter de son cheval, un vers de l’un des ultimes poèmes d’Ossip Mandelstam cité en exergue (Poème de Voronèje, juin 1937), comme Antoine Wauters avait pu le faire dans «Césarine de nuit», David Bosc parvient à orchestrer, avec son écriture poétique et précise, le récit d’un destin énigmatique en choc avec le monde, et un hommage au refus absolu de se conformer, même au prix de la folie et de la mort.



«Pourquoi la tête du cheval nous émeut-elle si fort ? C’est la douceur de la lèvre et des naseaux de velours gris – tandis que sous l’œil on sent l’os, couvert à peine d’un cuir rêche, le crâne promis à la blancheur. Voilà pourquoi nous attendrit tellement la tête (horrible) des chevaux : le plus doux du vivant sur la promesse infaillible de sa destruction.»



Retrouvez cette note de lecture sur mon blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2016/01/07/note-de-lecture-mourir-et-puis-sauter-de-son-cheval-david-bosc/



Pour acheter ce livre chez Charybde, dès sa parution le 7 janvier 2016, c’est par là :

http://www.charybde.fr/david-bosc/

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La claire fontaine

La claire fontaine est un texte où David Bosc fait brièvement revivre Courbet durant les quatre dernières années de sa vie (1873-1877) dans une écriture à bout portant. Au plus près de sa "cible". J'avais tout récemment découvert et aimé Courbet ou La peinture à l'oeil, sous la plume érudite de Jean Luc Marion, ce petit livre, lui, apporte en complément une vision plus littéraire et personnelle d'un peintre qui reste encore trop exclusivement étiqueté chef de file de l'école réaliste. Ce texte court, resserré, modelé autour de fragments biographiques de la vie d'un artiste est un exercice de création qui a la faveur de l'édition actuellement. Dans le même esprit, le "Vertige Danois de Paul Gauguin" est également à recommander.



En présentant ici les motifs les plus récurrents de la peinture de Courbet, dans ses années fastes, tel le sommeil, l'eau, le désir, les femmes, les forêts, les animaux, la chasse, la nature non domestiquée, comme éléments de sa volonté de se gouverner lui-même, David Bosc ouvre la possibilité d'une méditation sur le sens et la force de la représentation en peinture. Si ce texte approche avec bonheur la matière avec des mots il consacre au passage les affinités qui s'établissent souvent entre peinture et poésie. Roman ? pas si sûr.



Courbet est déjà tout entier contenu dans les premières pages qui sont d'une grande portée poétique, teintée de mélancolie, car la fin de la vie de l'artiste est tristement connue, poignante même, et magnifiquement relatée par David Bosc. Image première de ce regard du peintre jeté en arrière qu'accompagne la fumée bleue de sa pipe (clin d'oeil anticipateur à celui qui a peint son autoportrait sous la forme d'une pipe). Courbet, tout autant contenu dans l'évocation des "Trois baigneuses", 1868, qui vient clore le dernier chapitre, une transposition audacieuse de la douleur qui n'aurait d'autre but que de célébrer la vie.



Avec Marcel Ordinaire, son acolyte depuis 1872, quittant Ornans et son Jura natal, mais surtout sa famille, en juillet 1873, laissant la Loue, la rivière dont il a représenté maintes fois la source, Courbet va s'établir à la Tour-de-Peilz, sur les bords du lac Léman, en Suisse, où il meurt le 31 décembre 1877 entravé par l'hydropisie, détruit par la cirrhose. Après la Commune, il a purgé une peine de six longs mois de prison à Sainte Pélagie où il a réussi malgré tout à peindre des natures-mortes, mais c'est le long procès, injuste, qui l'oppose ensuite à l'Etat au sujet de la démolition de la colonne Vendôme et dans lequel il laissera une grande partie de son énergie et de sa fortune, qui a décidé de cet exil, sujet du livre.



Dans le canton de Vaud qui l'a accueilli, il se choisit bientôt la maison de "Bon-Port" en janvier 1874 dont il confie l'intendance à un ancien proscrit de Marseille et son épouse, le couple Morel. Certaines de ses toiles ont pu discrètement franchir la frontière. Il réalise "Helvetia" (sculpture) en 1875, "La dame à la mouette" en 1876, "Le Grand panorama des Alpes" en 1877, inachevé qui orne à présent le musée de Cleveland et bien d'autres vues de Chillon et des environs. Courbet reste en Suisse tel qu'il a toujours voulu être, libre, sans entraves. Il est dans ses toiles comme il agit dans la vie : frontal, sans regrets ni arrangements superflus. La Semaine sanglante est passée par là.



On le suit au plus près, dans son intimité et ses appétits, se baignant dans le Léman ou dans sa baignoire en zinc, orchestrant ses tablées, ses beuveries aux terrasses des estaminets ou s'intéressant à des femmes élégantes, chantant, heureux malgré les emmerdements, entouré d'anciens communards ou de nouveaux amis démocrates. Il parle d'Ornans bien sûr, revoit son père qu'il portraiture encore une fois, sa soeur Juliette qu'il affectionne. Sa mère est déjà morte, l'ami Max Buchon Gustave Chauvey aussi. Zélie, son autre soeur, les rejoindra bientôt.



Ses oeuvres surgissent spontanément, bien vivantes, de sa mémoire, encore plus belles sous la poussée de l'écriture de Bosc : souvenirs d'un séjour en Saintonge accompagné de Corot, des falaises d'Etretat, des plages de Trouville ou de la côte à Palavas, baigneuse émergeant des vagues, femmes alanguies, immensité marine, hallali d'un cerf, paysage d'hiver.



« Ni nostalgique, ni moderne » Gustave Courbet, écrit avec justesse David Bosc, dont "la conscience du temps présent recouvrait bien davantage que l'époque", reste un artiste puissant, intemporel.

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La claire fontaine

Lorsque David Bosc débute son récit, nous sommes en 1873, le peintre Courbet vient de vivre l’épisode difficile de la Commune, il a été arrêté et condamné à six mois de prison pour l’histoire de la colonne Vendôme et l’auteur vient le surprendre dans cette année où il décide de partir se réfugier en Suisse, non loin de sa Franche Comté natale.

Commençons comme lui, lorsque nous nous arrêtons auprès de l’eau de la Loue, celle que Courbet a beaucoup peint par temps d’orage par exemple :

« L’eau de la Loue, au bleu de l’aube, a le renflement de l’huile. La maison ventrue du père y trempe de tout son long, miche dure mise à mollir pour les oies ou les coquecigrues. Et Courbet prenait la route avec la confiance heureuse, impensée, de qui a chez son père un port où faire relâche, un port-salut en cas de gros temps ou de mortelle fatigue, un repaire, enfin, où se protéger du vacarme et du silence. »

David Bosc va dévider ainsi son style au fil de l’eau. Il va nous fait revivre les derniers moments du grand peintre avec beaucoup de réalisme.

Entrecoupé d’extraits authentiques de rapports de police (Courbet est probablement espionné), le récit met en scène, dans l’attente du fameux procès concernant la colonne Vendôme, ses deux passions dans la vie : la peinture et le bain.

Par son style, l’auteur tente de couler son style au plus près de celui du peintre du réalisme français :

« Courbet sauta dans l’eau à la façon d’un cheval, le nez en l’air et la poitrine en avant. L’orage de la veille avait grossi la rivière, qu’un encaissement de roche faisait tonique en toute saison. »

Néanmoins, pas de panégyrique sous la plume de D. Bosc, juste une évocation très réaliste de la vie quotidienne.

En effet, le peintre se doit d’« honorer un nombre considérable de commandes et s’est mis dans la tête de changer en or l’énorme scandale de son nom ». Car Courbet est tout sauf un imbécile. Il a opté très tôt pour la stratégie que lui confère le scandale : beaucoup d’ambition pour sa peinture mêlée à une très grande confiance en soi le conduisent à tout mettre en œuvre pour se faire connaître. Dans quelques années, on appellera cette stratégie du Marketing…

Et donc Courbet, dès mars 1872, après avoir purgé sa peine d’emprisonnement, « avait engagé des aides pour accélérer sa production de paysages avec ou sans gibier (..) ils préparaient les couleurs, montaient les châssis qu’ils tendaient parfois de toile mais plus souvent de papier fort, brossaient les fonds de brun, de rouge sombre. »

Alors, Courbet serait-il un peintre industrieux qui peint une vingtaine de tableaux en deux mois et demi seulement ? Les Bourgeois veulent des Château de Chillon ? Il en peindra des dizaines s’il le faut. Il peindra des lacs, des châteaux et des montagnes, tout ce que les gens aiment avoir sur leur cheminée de salon.

Il y a encore quantités de trésors dans ces cent seize pages où rayonnent la bonhomie et la joie de vivre malgré la maladie : les relations entre le père Régis et son fils, les relations aux femmes bien sûr – très belles pages à propos des représentations des dormeuses chez Courbet - , ou encore son goût de la boisson ou les virées dans les bars.

Personnellement je l’ai lu et relu, une anthologie de ses tableaux à la main, guidée par le récit de cette Claire fontaine.

« Courbet avait besoin qu’on s’occupe de lui parce qu’il aimait qu’on s’occupe de lui ». Tout est dit et David Bosc réussit magistralement cette évocation du peintre, quitte à utiliser tous les trésors de la ponctuation pour dire la gouaille et la verve du peintre français. Une belle tentative de traduire par la plume ce que Courbet a tenté de peindre toute sa vie, un style superbe et un vrai succès à ressusciter le peintre et à le faire revivre pendant quelques pages, en nous donnant l’impression d’avoir assisté en direct à ses dernières années.



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Mourir et puis sauter sur son cheval

Quel titre étrange et cependant si poétique. Cité en exergue du roman « Mourir et puis sauter de son cheval » est un vers de Ossip Mandelstam (Poème de Voronèje, juin 1937).

Londres, 1945, une jeune artiste espagnole vient de se jeter, entièrement nue, du haut de l’immeuble dans lequel elle vivait, peignait, écrivait. Son père cherche à comprendre ce qui a bien pu lui arriver. L’auteur nous entraine immédiatement dans les pas de Sonia, dans ses délires, ses rêves, ses aspirations et ses craintes, à une époque sombre de notre histoire récente, ponctuée par le bombardement et les tickets de rationnement.

Nous découvrons alors le journal de Sonia, et à travers ces lignes, son déséquilibre, ses délires surréalistes et son refus des conventions qui régissent son monde. Elle a découvert que soudain tout va changer, elle n’est plus la même, le monde devrait être émerveillé de cette transformation, elle laisse éclater sa soif de liberté, ses recherches sur l’évolution des êtres, des espèces, les mutations de son propre corps, ses envies de tout tenter, le plus beau comme le plus sordide. Délire poétique d’une jeune femme schizophrénique ? Il y a effectivement de la poésie mêlée d’hallucination dans son égarement, ce qui la rend à la fois étrange et attachante.

« Mourir et puis sauter sur son cheval » est librement inspiré d’un fait divers. Une jeune femme, S.A, s’est suicidée en se jetant d’un troisième étage… et le suicide, absolument pas admis par les différentes religions, donne lieu à un procès. Les poètes d‘alors y trouvent une occasion de rendre un hommage à S.A. Alors oui, il y a une certaine poésie dans ces pages, qui se lisent vite, poésie qui mêlée à un sentiment de liberté et de folie douce, laisse un petit goût étrange d’instabilité et d’égarement.

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La claire fontaine

Ce récit est un délice, on le savoure et on le dévore pour peu que l’on s’intéresse à la peinture et à l’effervescence de cette fin du XIXème.



Ce récit, c’est Gustave Courbet, le peintre » réaliste » – » ni nostalgique ni moderne [...] Le réalisme de Courbet est une riposte à la fable sociale, au fameux modèle de société, à la civilisation, au programme des écoles des classes asservies, au programme des écoles des classes dirigeantes, aux recueils de lecture à l’usage des jeunes filles. Le réalisme de Courbet lacère les décors derrière lesquels on accomplit la sale besogne, il déchire les toiles peintes : les bouquets d’angelots par-dessus les théâtres, les fées clochette, les diables, les allégories en fresque dans les écoles et dans les gares, où l’on voit les déesses de l’industrie et de l’agriculture, les splendeurs des colonies et les prodiges de la science. » – ; c’est Gustave Courbet le communard- bien que « jamais on ne l’entendit faire l’ancien combattant. La Commune était dans son cœur comme un amour défunt. » -, les quelques années, les dernières années de sa vie au bord du Léman et les » emmerdements » qu’a entraînés la destruction de la Colonne Vendôme; c’est la nature et sa nature, son plein appétit, son intempérance. Et ce récit est servi par une écriture fameuse, une écriture gourmande et virile, vive et charnelle qui sait vous croquer une description en deux coups de plume.



» Avec son bout de lac en cravate de pierre, avec sa campagne tout aussitôt française, Genève lui fut un repoussoir; elle était trop politicienne, loin des forêts; la fumée y stagnait sous les plafond bas. «



Une centaine de pages foisonnantes d’images et de camaïeux qui donnent vie, par touches, à l’époque, la violence de ses révolutions politiques et artistiques autant qu’aux tableaux; une centaine de pages sur lesquelles on croise des extraits de documents authentiques – correspondances et rapports de police – et les chemins de poètes, Rimbaud, Baudelaire.
Lien : http://www.lire-et-merveille..
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La claire fontaine

David Bosc raconte les dernières années de Courbet alors que, condamné par l'Etat français pour avoir contribué à la chute de la colonne Vendôme, il s'est exilé en Suisse. A partir de témoignages et surtout de la description de ses tableaux, l'auteur nous plonge dans les particularités de son art. Oeuvre grandiose, éblouissante, souvent incomprise parce qu'en prise directe avec la nature. A la Tour-de-Peilz, il use et abuse de tout : les bains, l'alcool, la peinture, la fête. Les médecins lui avaient pourtant recommandé l'abstinence : était-ce pour ce jouisseur une façon d'en finir ?

Je découvre avec plaisir l'écriture de David Bosc, précise, imagée, juste, allant à l'essentiel.
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La claire fontaine

Petit livre sur un personnage qui en impose. Ces quelques 150 pages m'ont donné du fil à retordre. J'ai lu et relu les phrases et les chapitres, je me perdais dans la trame de l'histoire. Ce Courbet est très attachant et bien vivant. C'est dans les dernières années de sa vie qu'on l’accompagne ici. Il est en Suisse à la Tour de Peilz au bord du Léman. Pour moi ce livre a révélé sa puissance et sa profondeur par une lecture à voix haute pour le présenter à un proche. La langue est belle, ce pourrait être un texte pour le théâtre. On sent la puissance du peintre, sa revendication d'un besoin total et absolu de liberté. Un livre qui se mérite. Un livre à relire.
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Mourir et puis sauter sur son cheval

C’est à partir de rien ou de si peu : deux articles de journaux, une photo et un extrait des carnets du poète Georges Henein que David Bosc réinvente une femme, Sonia Araquistáin, vingt-trois ans, artiste peintre d’origine espagnole, qui s’est suicidée le 3 septembre 1945 en se jetant nue d’un troisième étage.

Réinvente, oui c’est cela. L’auteur avoue : « Quant à la vraie Sonia, Sonia Araquistáin, vraiment je ne sais d’elle à peu près rien, des bribes, et ce ne sont ici que fantaisies, brûlures de contes pour enfants. ». David Bosc s’appuie sur, selon son expression, des « points de fixation ». Puis, l’invention donne vie au personnage. Il se peut qu’elle ait pensé cela, peut-être pas, on ne sait pas.

Après sa mort, imagine l’auteur, son père trouve dans son atelier un roman, sur lequel, en croisant les lignes, Sonia a écrit son journal. Ecrire sur un roman, sur un texte qu’elle n’avait peut-être pas lu ou pas aimé, pour lui coller sa vie, plus belle, plus fantasmée, avec des mots qui fracassent les murs, déchirent l’ordre établi, réglé, étriqué, suffocant. Elle a barré, rayé les lettres imprimées de son écriture sans entraves, de ses mots intimes et sensuels. Elle l’a fait taire. Le roman s’est tu et elle s’est mise à nu.

Sonia est une femme libre. Elle a passé quatre années, de quinze à dix huit ans à Summerhill, école « sans grilles, sans serrures ». Elle s’y abreuve de liberté, d’amour mais prend rapidement conscience que Neill a sa petite idée sur la question : il « défend sa méthode en affirmant que le plus antisocial des voyous, une fois soumis à cette forme de liberté maximale, devient rapidement « un partisan de l’ordre et de la loi ». Donc lui aussi, il ne travaille qu’à l’adaptation des gosses au monde comme il est, comme il va. Forceries, porcheries, bordels, casernes, jardins d’acclimatation. On n’en sort pas. »

Oui, mais Sonia veut en sortir, franchir les limites, faire un pas de côté, s’envoler, refuser les conventions. Son émancipation sera totale.

« Si l’on a vécu son enfance dans une absolue liberté et que l’entrée dans l’âge adulte ne s’est assortie d’aucun harnais, d’aucune obligation ni désir de servir, de consacrer les bonnes heures du jour au travail, aux soins des enfants ou des animaux, alors la faim de liberté se déplace, elle mute, elle trouve aussitôt d’autres murs à quoi se heurter, d’autres insuffisances : la société bien sûr, la liberté qu’on n’a pas d’y faire ceci, d’y être cela, mais aussi la limitation du corps et la limitation de l’esprit. »

Sonia veut aussi libérer son corps, elle marche la nuit dans cette ville de Londres d’après guerre, rencontre des hommes, va dans les cafés, fréquente des artistes. Elle est mouvement, rien ne l’arrête, ne la contraint. Si on la retient, si on l’empêche, alors elle se fait eau, coule ou s’évapore. « Et je repars. Je suis une jonchée de feuilles, qui dévale, tourbillonne, s’élève, retombe, s’arrête, s’élance à nouveau, se divise, se mêle à d’autres tas de feuilles, plus jeunes ou plus anciens, accueille un papier gras, une page de journal, un morceau de ficelle, se laisse acculer dans une impasse, rebrousse chemin, explose en gerbe folle sur une bouche d’aération, paie son écot à l’eau de la rigole, espère et trouve les jambes nues d’un enfant, n’est aucune des feuilles pas plus qu’elle n’est le vent, elle est la danse, elle est dansée. »

Sonia veut aussi libérer son esprit en parlant plusieurs langues, en vivant de ses rêves, en brisant ce qui nous sépare des plantes, des animaux et des pierres. Elle s’imagine vivant et se multipliant à l’infini, envahissant tout l’espace, mutant à chaque seconde : « La liberté n’est plus que chez les tout-petits, les parasites, les levures, les bacilles. » Elle se veut crabe plein d’humour, gazelle, hirondelle aux ailes déployées. S’envolant. Afin qu’ait lieu « le miracle… la libération fortuite de ce flux primordial que l’on conspire à endiguer, à empêcher, afin que chacun reste à sa place dans le manège. »

Sonia fera ce « pas supplémentaire », ce « saut hors de la chose » pour ne jamais cesser d’être libre, proliférant encore et encore, devenant mouvements brusques et incontrôlés, métamorphoses éternelles et jaillissantes, vies illimitées, grouillements incessants…

Un texte sublime, intense, un poème où se plonger dans les visions hallucinées et obsessionnelles de cette femme, dans son langage libéré jusqu’au surréalisme et la folie.

« Ça n’était pas toujours facile à lire » constate le père découvrant le journal. Non, ça ne l’est pas car la parole de Sonia est fragments, éclats, miroirs démultipliant le réel à l’infini, ellipses. Elle se souhaite éparpillée, sans ordre ni classement, son texte en est le reflet : « … je déteste les faiseurs de bouquins, les romances ficelées, cousues d’astuces, farcies de diables à ressort, de pièges à souris. Je leur préfère le bruit du tram ou les écrits intimes, les chroniques fragmentaires, la philosophie, les recueils d’anecdotes. Ou le décompte que fit de ses chemises, dans la marge d’un sonnet, le pauvre Baudelaire. »

Le vers de Mandelstam : « Mourir et puis sauter sur son cheval » dit le mouvement d’une femme libre et qui tient à le rester, l’ultime élan en dehors des limites, dans cet ailleurs où doit se passer la vie.

Mourir pour mieux renaître.


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Mourir et puis sauter sur son cheval

Voilà un titre qui donne à lui seul envie de se plonger dans le quatrième roman de David Bosc, comme une promesse de poésie et d'originalité. Il prend pourtant racine dans un sordide fait divers : le suicide, à Londres, au lendemain de la guerre mondiale, de Sonia A, jeune artiste espagnole, qui s'est jetée nue par la fenêtre du dernier étage de la résidence où elle vivait en compagnie de son père. La presse londonienne expliqua son geste par "sa curiosité morbide pour la psychologie et un déséquilibre mental causé par une liaison amoureuse".



Le texte de David Bosc ne s'attache pas à la dimension publique, sensationnelle de l'événement. Il l'occulte complètement, pour nous livrer l'intime et rugissant cri d'amour pour la liberté d'une jeune femme atypique.



C'est en visitant l'atelier de sa fille que le père de Sonia trouve, après son décès, un journal rédigé entre les lignes des dernières pages d'un roman de gare. Le lecteur découvre alors en même temps que lui ces quelques pages dans lesquelles la défunte exprime, avec un curieux mélange de maîtrise et d'intensité, pensées et émotions.



Au fil de brefs épisodes du quotidien qu'elle dépeints, de réflexions qui s'apparentent à des aphorismes, elle nous fait ressentir l'ampleur de son désir de liberté, dont la force la consume. Sonia ne supporte pas le prosaïsme avec lequel la plupart des individus se contentent d'interpréter l’existence, de comprendre les autres. Passionnée par la complexité des mécanismes qui président à la moindre manifestation, y compris le plus bénigne, de la vie, elle s'efforce de pénétrer le sens profond, intrinsèque, de toute chose et de tout être. Elle aspire ainsi à renouer avec une sorte d'animalité primitive, extrasensorielle, qui lui permettrait d'accéder à une émancipation absolue, aussi bien physique que psychologique, et de percer le mystère fantasque que recèlerait chaque portion de réalité. Elle accomplit cette démarche dans une ouverture totale d'esprit, repoussant toute limite, refusant de se laisser enfermée dans quelque carcan.



Son journal dénote son hyper sensibilité, mais aussi une certaine rigueur : ses propos révèlent une femme au bord de la démence, qui éprouve de plus en plus de difficultés à concilier la hauteur de ses aspirations spirituelles et la médiocrité du monde, mais ils sont formulés dans une langue riche et construite, traduisant une aptitude au raisonnement intacte. Du coup, j'ai eu l'impression que cette lecture sollicitait davantage mes facultés de compréhension, qu'elle ne suscitait de réelle émotion. Et bien que poétique, très imagé, "Mourir et puis sauter sur son cheval" est un texte dont la complexité m'a souvent empêchée de m'attacher à son héroïne.


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Sang lié

C'est une grosse claque que j'ai pu recevoir lors de cette lecture.

Récit intérieur et introspectif d'un adolescent devenant adulte et en proie à son incompréhension du monde et de lui-même.

Les notion d'enfermement sur soi, d'enfermement dans ses limites, de recroquevillement face aux contraintes du monde et ce dans une stricte opposition à la liberté sont le fil conducteur de ce livre.

Deux philosophies s'affrontent, celle de Descartes avec cette prise de conscience que le personnage existe, cette "souffrance" de cette prise au réel et de la confirmation de ses propres limites.

Celle de Spinoza pour se connaître et connaître les causes qui nous déterminent afin d'être davantage libre.

Connaissance et amour sont les solutions pour aller mieux, vivre mieux, exister pleinement.

Le style est magnifique, parfois abscons afin de transmettre fidèlement la perdition du personnage. Beaucoup de métaphores notamment autour du thème de l'eros au sens platonicien.

Une certaine violence qui s'adoucit nous transmettant un panel d'émotions très riche.

Une claque.
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Relever les déluges

Quatre hommes contre l’ordre du monde, pour leur liberté, l’égalité ou la fraternité. Quatre nouvelles somptueuses.



Les personnages de David Bosc apparaissent comme des rêveurs démesurés ou des fous, épris d’un idéal ou d’une liberté qui souvent se refusent.

Après la vitalité enfiévrée et généreuse de Gustave Courbet dans «La claire fontaine», le geste illuminé et inexplicable de Sonia Araquistáin dans «Mourir et puis sauter sur son cheval», David Bosc orchestre, avec sa densité coutumière, dans ce court recueil paru en mars 2017 aux éditions Verdier, les portraits de quatre hommes qui ne se laissent pas abattre en dépit des déluges. Trois de ces quatre textes placés sous le signe des «Illuminations» d’Arthur Rimbaud étaient déjà parus en 2015 dans L’Humanité, Décapage et La couleur des jours.



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La claire fontaine

En 1873, Gustave Courbet, qui avait déjà purgé une peine de six mois de prison à Sainte-Pélagie deux ans auparavant, pour sa participation active à la Commune, fut abusivement condamné par Mac-Mahon à rembourser les frais de reconstruction de la colonne Vendôme, frais estimés à 323 000 francs.



Il préféra alors se refugier en Suisse, où il mourut en 1877, un exil et une fin de vie évoqués dans ce récit, sous une plume au toucher précis et soyeux de pinceau, par un écrivain qui a l’œil d’un peintre. Ces dernières années ne furent sans doute pas les meilleures du peintre Gustave Courbet, tentant sur les bords du lac Léman de trouver des sujets «vendables» et peignant à la chaîne.



Mais David Bosc donne chair à un homme qui, lorsqu’il ne peint pas – isolé et englouti dans la grande Nature, devient un fanfaron, vantard certes, mais généreux et drôle, qui dévore la vie avec exubérance, un amoureux des baignades et de la vie sociale, un homme qui ne demande rien, mais qui est avant tout épris de liberté.



«Courbet porte témoignage de la joie révolutionnaire, de la joie de l’homme qui se gouverne lui-même, et c’est une source vive. Il chérissait le souvenir des heures de la Commune où le gros ver de la peur, enfin, creva sous le talon des femmes en cheveux, des hommes en bras de chemise, et des enfants sur lesquels chacun veillait.»



«Après avoir dûment constaté la mort du peintre, le 31 décembre 1877, le docteur Paul Collin rédigea pour mémoire un témoignage honnête, un examen du corps et de l’esprit de son patient, le rapport minutieux des circonstances de l’agonie. Décrivant Bon-Port, il s’émut de ce que, «détail assez triste», le lit de Courbet «n’avait qu’un seul matelas». Une ou deux chemises, un matelas, point de breloques au gilet comme en portait Bruyas, point de montre, ni flanelle sur les reins ni zibeline au col. Ils furent nombreux à relever le dénuement de cet étrange contemporain. On en était d’autant plus frappé, et pour tout dire, blessé, qu’il semblait volontaire, ou pire, la conséquence d’une liberté. Les pauvres avaient au moins le tact d’avoir envie de toutes les choses dont ils étaient privés. Tandis que celui-là vous gâchait le plaisir par son indifférence, par ce ni chaud ni froid que lui faisait toute marchandise.»

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La claire fontaine

Exact, il faut être un tant soit peu initié à l'oeuvre de Courbet pour trouver de l' intérêt à ce livre. Et encore. Pour ma part, bien qu'admiratrice des tableaux de cet artiste, repue de lectures et d'anecdotes le concernant, je n'ai pas aimé cette "mini biographie". A chacun ses goûts !
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Le pas de la Demi-Lune

"Après avoir démoli des murailles et brisé des idoles, chacun, bonhomme ou bonne femme, se réhabitua peu à peu à la petite force de ses propres mains. La joie de ne plus être soumis au spectacle du pouvoir se changea bientôt en une solide satisfaction." C'est David Bosc qui l'écrit dans son roman intitulé Le Pas de la Demi-Lune, un conte de l'après catastrophe - mais laquelle ? le lecteur ne le devinera que par bribes puisqu'après tout, le narrateur l'affirme sans joie ni tristesse : "Nous avons été ravagés tant de fois." Si le lieu est bien le Japon, le temps reste flou. Le lieu du roman est une ville - Mahashima - de taille modeste, se trouvant en bord de mer, coupée du monde ou presque, même si on est bien loin des romans dystopiques et apocalyptiques ici : le chaos a très vite laissé la place à la vie en commun et l'organisation douce du quotidien. On confectionne à la main, par exemple, des livres pour enfants auxquels on fait la lecture sur le pas de porte des maisons. Les protagonistes, peu nombreux dans ce roman, sont souvent énigmatiques et chaleureux, comme Akamatsu, rencontré lors d'une excursion, qui a "beaucoup lu dans (sa) jeunesse" mais qui a fini par réduire sa bibliothèque à quelques livres essentiels qu'il connait maintenant par cœur, comprenant que ce qu'il aimait dans la poésie c'était "une certaine attention aux choses". Et si l'on se sent rapidement chez soi dans cette lecture qui a tendance à ralentir le temps, David Bosc sait nous secouer de-ci delà avec des scènes cocasses.

Le pas de la Demi-Lune est presque une utopie, il s'en dégage de la poésie, de la légèreté, beaucoup de talent aussi.
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La claire fontaine

Quel régal ! Un très beau livre, d’une écriture très travaillée et poétique. J’ai vraiment été séduit par le style de l’auteur, même s’il faut s’accrocher : malgré sa petite taille, le roman est exigeant et prend du temps. Il se déguste.



Le livre aborde les quatre dernières années de la vie du peintre – communard et libertaire – Gustave Courbet. Il est alors en exil forcé en Suisse, car dénigré et poursuivi par l’Etat français pour son rôle dans la Commune de Paris et dans la destruction de la Colonne de Vendôme. Courbet ne peint presque plus, il vit de la liberté que lui procurent le vin, les conquêtes et les baignades dans les lacs et rivières.



Outre le sujet qui est passionnant – avec une entrée dans l’intimité du peintre et de ses oeuvres, tout comme dans l’esprit d’une époque, ce livre est une grande réussite au niveau du style. Les phrases sont longues, mélodieuses et précises : elles éclairent le lecteur d’images et de métaphores. On est littéralement plongé dans le décor et imprégné des couleurs et des odeurs. Par exemple, une phrase au hasard du premier chapitre : « Après l’avoir tirée, perdue, piétinée, ils poussaient à présent leur ombre devant eux – et le spectacle en était si caricatural et baroque, qu’ils en rirent de bon coeur. » C’est magique.



Les réflexions sur le sens de l’Art et sur la notion de « réalisme » m’ont également fortement intéressé (« Fais ce que tu vois et ce que tu ressens »). C’est donc un livre d’une qualité exceptionnelle, que je conseille pleinement.
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Mourir et puis sauter sur son cheval

Je ne répéterai pas ici ce que mes prédécesseurs critiques ont écrit sur l'origine de ce livre, quelque peu modianesque (l'évocation du suicide par un collègue poète, deux articles de journaux, incorporés dans ce roman). Après une première partie construite comme une narration classique dans laquelle le père cherche à comprendre le suicide de sa fille et conclue par la découverte du journal écrit par elle, David Bosc développe les trois-quarts de son roman sous la forme de ce journal intime. C'est donc volontairement fragmentaire. L'écriture est très raffinée, poétique, riche de formules inventives. J'ai eu pourtant du mal à cerner le personnage de Sonia A. jusqu'à enfin trouver la lumière dans les deux dernières pages. Sonia A. est insaisissable car tel est son désir. Au travers de son journal inventé, ce roman est le portrait d'une femme qui rêve de métamorphose permanente, d'un passage de chrysalide à papillon, une femme qui refuse l'étroitesse des cases assignées.
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