David Chauvel

C'étaient des temps difficiles pour l'ile et pour le peuple de Bretagne, ceux que l'on appelait Bretons mais qui se nommaient eux-mêmes Kymry.
De partout surgissaient les ennemis, Lleogriens, Pictes, Scots ou Gaëls, venus d'au-delà des mers, qui convoitaient leur terre et ne pensaient qu'à piller et ravager.

- EH !! DU BATEAU !! Est-ce que vous m'entendez ?
- On t'entend. Et tu ferais bien de rester dans l'ombre si tu ne veux pas te faire trouer la peau !!

- Allons, John, vous n'avez tout de même pas peur ?
- Je ne suis pas un lâche, mais la potence me fait trembler.

Regarde ça, Zzürk, une chrusoetëre, la plus belle et la plus rare de toutes les fleurs. Il faut des milliers d'années pour la façonner. Moi aussi j'en cueillerai une un jour. Et je l'offrirai à Mëlinhh.
Mm... Mëlinhh... Tu es si jolie. Tes yeux sont comme des stalactites au printemps, tes cheveux sentent la confiture de champignons...

Oh, Billina! Comme tu as grossi! Comme ton plumage est luisant!
- Rien d'étonnant à cela, répondit la poule d'une voix claire et haut perchée. Je vis comme une poule en pâte.

- Vous êtes cons les jeunes , vous me faites rigoler ...vous vous croyez marles, hein ?! j'vais t'dire un truc...tu sais où on est, là ?!
- Non, j'ai oublié le nom, le Blue Machin chose ?!
- Non. Je veux dire, tu sais c'que c'est comme endroit ?! C'est une...
- ...Boîte de nuit.
- ....une bergerie, et vous êtes des moutons, qui se prennent pour des loups.
- C'est sûr.
- Rigoles pas ! Tu sais pourquoi on a inventé des endroits comme ça ?! Pour vous endormir, pour vous empêcher de réfléchir à cette merde qu'on appelle la vie. Comme un bébé qui pleure à qui on colle une tétine pour lui fermer son clapet. Voilà à quoi ça sert, aller en boîte et oublier tout le reste ; ça vous fait un but dans la vie, et pendant ce temps-là, vous foutez pas la merde. Et le pire, c'est que vous vous en rendez même pas compte. ça rigole, ça tortille du cul, ça croit que c'est le bonheur. Vous vous croyez libre alors qu'on vous manipule.
- Et vous ?!
- Moi, c'est pas pareil. J'ai un problème avec ça. [il désigne du doigt son verre d'alcool]

- Charmant tableau en vérité... Les lois de la survie s'affranchissent de toutes les évidences et nous obligent tous, un jour, ou l'autre, à regarder nos faiblesses jusque dans le blanc des yeux...

Octave n'aimait pas la mer... c'est froid, c'est mouillé et ça sent mauvais.

- Journaliste : Monsieur Goldstein ?! Une déclaration ?!
- Martin Goldstein : Eh bien, je viens de lire dans la presse que j'étais l'ennemi public numéro six... sachez que je fais tout ce que je peux pour améliorer mon score !!

- Dutch Schultz : Quelle bande de... et puis d'abord qu'est-ce que c'est que ce pays où on demande aux gens de payer des impôts sur des activités illégales ?!
- Dixie Davis (avocat) : Bienvenue aux Etats-Unis d'Amérique !!
- Dutch Schultz : Il faut acheter qui ?!
- Dixie Davis (avocat) : Je me suis rencardé mais pas de bol, le district attorney, un certain Dewey, ne mange pas de ce pain-là.
- Dutch Schultz : 'Suffit de mettre le prix !
- Dixie Davis (avocat) : Non, Dutch, je déconne pas. Cette fois, c'est bel et bien impossible...

- Inspecteur : Et lorsque vous êtes revenu des toilettes ?!
- Lucky Luciano : Tout était fini.
- Inspecteur : Vous n'avez pas vu les tueurs ?!
- Lucky Luciano : Non.
- Inspecteur : Vous confirmez ?!
- Serveur : Oui Monsieur.
" Je leur ai dit : j'étais aux cabinets en train de pisser. Je pisse toujours longtemps." commentera plus tard de façon fort laconique Luciano, à propos de cet événement...

Luciano se souvient : "Nucky et Al ont commencé à s’engueuler en pleine rue."
"Johnson avait une bonne trentaine de centimètres de plus que Capone et ils avaient tous les deux des voix à faire trembler les vitres."
"On devait les entendre jusqu’à Philadelphie, et il n’y avait pas un mot correct dans tout ce qu’ils disaient."

- Gangster 1 : Qu’est-ce qu’il va foutre là-dedans ?!
- Gangster 2 : Si on te demande, tu dis que tu sais pas…
- Gangster 1 : Ça veut dire quoi, ça ?!
- Gangster 2 : Tu jures de pas moufter ?!
- Gangster 2 : Sur la tête de ma mère !!
- Gangster 1 : Il a la chtouille…
- Gangster 2 : Hein ?! La cht… Tu déconnes ?!
- Gangster 1 : J’ai l’air ?! Ça fait presque deux ans. Oncle Sam voulait l’envoyer foutre la dérouillée aux Prussiens. Et c’est le seul truc qu’il a trouvé pour pas y aller. On lui a dégotté un tapin qui l’avait. Nora la Rouquine, qui bosse chez Jennie. Elle lui a fait son affaire et une semaine après, c’était réglé.
- Gangster 2 : Putain de merde…
- Gangster 1 : Exactement. Et tu sais pas le pire ?! Maintenant, faut qu’il aille au toubib pour se faire récurer le bidule. Il paraît qu’il lui enfonce une espèce de truc en métal dans le machin…
- Gangster 2 : Aïe !! Arrête !! Arrête !!
- Gangster 1 : En tout cas, je t’ai rien dit, hein !! Et si jamais t’ouvres ta gueule, je te la coupe et je te la fais bouffer…

Travaillant le jour dans un atelier de carrosserie, il passait ses soirées à des activités autrement exaltantes. Comme cambrioler des particuliers ou des entrepôts. Jouer les gros bras dans la salle de craps tenue par les frères Albert. Ou encore tabasser des jaunes, casser des machines ou arroser des marchandises d’acide lorsqu’on tentait de briser la grève menée par le syndicat qui avait loué ses services.

- Journaliste : Vous étiez sous les ordres du lieutenant Becker, à ce moment ?!
- Agent de police : Moi et pas mal d’autres, oui.
- Journaliste : Et c’est lui qui a commandé la descente ?!
- Agent de police : Non, c’est lui qui l’a ordonnée. C’est pas exactement la même chose. Un lieutenant de police, ça donne les ordres, ça met pas les mains dans le cambouis.

Res publica... « chose publique » en latin.

Cinq années de résistance à la transformation néolibérale du pays et la guerre sociale qui en découle sont racontées par deux témoins du quinquennat du « président des riches » qui s’achève.
Respublica est un pamphlet sous la forme d’une enquête politique exhaustive respectant une stricte chronologie.
Chauvel analyse comment l’image d’Emmanuel Macron a été construite par de grands médias français unanimement enthousiastes, qui consacraient leurs unes à ce “gendre idéal” capable de réaliser la synthèse fatalement « centriste » de la vie politique française. Enserré dans une succession ininterrompue de crises politiques, nov 2018 constitue le point de basculement du mandat : le mouvement des gilets jaunes en réponse à une nouvelle taxe carbone « mal expliquée ».

Enveloppé dans une couverture souple, ce travail journalistique sérieux quoi que partisan confère un aspect ludique à des sujets sociaux et économiques parfois rébarbatifs. Séquencé en 13 actes, comme autant de clins d’œil au mouvement des gilets jaunes qui nommait ainsi les dates hebdomadaires de leurs manifestations, chaque introduction fait apparaître des citations souvent contradictoires mais toujours édifiantes d’Emmanuel Macron.

Dans cette épaisse bd documentaire, le dessin réaliste et sans fantaisie est au service d’une narration chronologique sans failles. Les couleurs jaune vif et noir, empruntées aux gilets jaunes, traversent l’ensemble du récit et servent de marqueur à la violence sociale dénoncée. On mesure si besoin en était encore, à travers la lecture de cette publication, la suite incessante de crises qu’un corps social groggy a dû traverser. Pas certain que la période ait pu apaiser et fédérer la nation autour de projets fédérateurs communs qui restent quoiqu’il en soit, à définir.

L'Etat français se prive de deux milliards d'impôts.

Si seulement j’avais le moindre indice sur l’origine du songe qui vous ronge… peut-être pourrais-je abattre l’abattement, faire pression sur la dépression, mettre une prime sur la déprime… mettre un mot sur les maux ?

Chaque être vivant cache en lui tant de haine pour ce qui lui est dissemblable.
J’ai donc soufflé sur chaque étincelle, lentement, patiemment.
C’est ainsi que le feu de la discorde s’est transformé en brasier de haine et de mort.

Tu es petit et faible d’apparence, mais à l’intérieur, tu es fort et courageux.