Connaissez-vous ce phénomène étrange que certains livres procurent à la lecture ; ce phénomène qui se résume en très peu de mots et qui, pourtant, est très rare en littérature : le plaisir de lire. Juste ça. Pas la satisfaction de vivre une histoire incroyable. Ni même de rencontrer des personnages hors normes, profonds et parfaitement dessinés. Pas non plus le plaisir d’un dénouement extraordinaire, rare, grisant. Non. Juste le plaisir de lire les mots, les enchaîner, y devenir accro et ressentir leur absence lorsqu’ils ne sont plus devant nos yeux. Ce sentiment qu’un texte coule plus qui ne défile, qui se veut simple mais terriblement prenant. Cette impression que l’auteur vous chuchote et vous raconte son histoire à l’oreille ; ça chante, ça danse, ça s’accélère, on ne s’arrête plus et… oh, déjà 150 pages lues ? Incroyable ! Il ne faut pas grand-chose, simplement une harmonie et beaucoup d’authenticité. Et bien on est dedans.
16 ans après est un thriller juridique et, étonnement, je n’avais pas senti cette préférence de l’auteur pour le juridique dans le premier livre que j’ai lu de lui : La comédie des menteurs. En revanche, je l’ai ressentie en parcourant rapidement les résumés sur Amazon lorsque j’ai voulu m’acheter un autre livre de David Ellis. Des souvenirs de série télévisées américaines sont remontées à la surface ; j’ai adoré l’idée d’être replongée dans cette ambiance juridique et c’est pourquoi j’ai lu ce livre très rapidement après réception.
16 ans après reprend un personnage de La comédie des menteurs : Paul Riley. Au début du roman, en 1989, Riley est un assistant du procureur mis sous les feux des projecteurs grâce à l’affaire Burgos, un homme condamné à mort pour le meurtre de six jeunes filles. Seize années plus tard, Riley est devenu un brillant avocat et on n’est plus très sûr, lorsque la tuerie reprend, que Burgos était réellement le coupable. A-t-on mis la bonne personne derrière les barreaux ou s’agit-il d’un copycat ? C’est en réalité plus d’une question que va soulever cette nouvelle affaire.
16 ans après n’est pas un de ces thrillers au suspense insoutenable, au rythme haletant et aux révélations qui tombent à chaque fin de chapitre. Il ne joue pas sur les émotions et ne détient pas l’intrigue de l’année qui chamboule ou en met plein les yeux. Il est en réalité quasiment à l’opposé de cela. Le rythme est lent : 430 pages représentent 5 jours d’intrigue, sans compter les sauts dans le passé, c’est très lent pour un thriller je trouve, surtout lorsque l’enquête n’est pas à rebondissement ni à révélation ; l’intrigue traîne et l’auteur prend son temps. Certains lecteurs ont d’ailleurs dit de ce livre qu’il tourne en rond : c’est vrai. On avance pas à pas, l’auteur se répète parfois, alors j’admets volontiers que l’on peut s’ennuyer avec ce livre et arriver à la conclusion qu’il est ennuyant et surtout, très long. Vous voilà prévenus.
Cependant, ça n’a absolument pas été mon cas et je ne saurais pas vraiment dire ce que j’ai autant aimé dans ce livre pour le dévorer de la sorte car, à vrai dire, je n’ai pas encore cerné avec précision ce qui me plaît tant chez David Ellis qui, concernant l’immersion, peut rivaliser avec John Hart. Ellis a la même façon de m’embarquer dans ses histoires, cette même faculté de créer une bulle autour de moi qui empêche l’extérieur et la réalité de pénétrer.
Entre le texte qui se lit tout seul ; les personnages auxquels on s’attache ; les dialogues que j’ai adorés parce que je les trouve très bien tournés et écrits ; le pan juridique dont je me suis délectée ; l’enquête pas à pas et lente qui m’a passionnée (oui, alors que je n’aime pas ça d’habitude !) ; l’angle juridique choisi par l’auteur pour nous entraîner au cœur des investigations et des déductions qui change beaucoup de l’habituelle enquête policière, et le dénouement que je n’attendais pas, je ne saurais dire ce que j’ai préféré. Tout, probablement et, forcément, le tout a diablement bien fonctionné.
Je ne vais évidemment pas parler de l’histoire puisqu’en dire un peu, c’est déjà en dire trop compte tenu de la construction du roman, de son rythme et de son dénouement final. C’est à découvrir pas à pas, à déguster si on adhère au procédé et à l’écriture.
Une histoire est en train de s’écrire entre cet auteur et moi, et j’espère un jour pouvoir l’exprimer de façon plus claire – à condition que l’on ne divorce pas avant, on n’est jamais à l’abris. Pour les amateurs de thrillers juridiques et à ceux qui veulent découvrir le genre et/ou l’auteur, je conseille bien évidemment 16 ans après, que j’ai préféré à La comédie des menteurs.
Lien :
https://surlestracesde.wordp..