AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de David Le Bailly (84)


[...] Chacun de nous a au coeur une plaie plus au moins profonde ; ma plaie à moi, me paraissait beaucoup plus profonde que celle des autres. [...] Je sentais mon mal et ne sentait pas celui des autres.
Commenter  J’apprécie          00
Mais pourquoi ? Dans l'immeuble, les voisins n'étaient pas aveugles; ils auraient témoigné. Personne n'aimait maman, elle faisait des histoires à tout le monde.
Commenter  J’apprécie          30
Très tôt, confusément, j'ai senti la présence de la mort. Elle était là, déjà serrée contre ton corps, à te murmurer des mots faciles.
Commenter  J’apprécie          30
Tu as laissé la ville derrière toi, sa lumière unique, sa baie spectaculaire et son ange gardien tyrannique, le Vésuve et ses giclées de lave, l'eau immobile, huileuse, lourde, l'eau tentatrice, marécage assassin qui recouvre les fuyards de son manteau fatal.
Commenter  J’apprécie          10
De ta vie et de celle de maman, je retiens ceci : en dépit des espoirs, des illusions, des prières, la folie est irrémédiable. Elle est partout, dans toutes les familles, viols, incestes, meurtres. Hommes et femmes. La folie est banale, contagieuse. Elle brouille la pensée, détruit les têtes les mieux faites. Elle salit, pervertit ce qu'il y a de mieux en nous, la générosité, la bonté.
Commenter  J’apprécie          10
Le lundi sept décembre mille neuf cent quatre-vingt sept, les coups de maman ne voulaient pas seulement te faire mal. C'était dans le salon et cela a duré longtemps. De fatigue, de lassitude, parce que tu ne claquais toujours pas, elle a desserré son étreinte et est retournée dans sa chambre. Tu saignais, le nez, la bouche, tes lunettes brisées, ton dentier à terre, et cette fois-ci tu n'as pas dit
"c'est pas ma fille ! Je l'ai trouvée dans la rue, pendant la guerre !"
Non, tu es restée silencieuse, stoïque, comme si tout ça était normal, qu'il n'y avait pas lieu de m'inquiéter mémé.
J'ai voulu te consoler, te dorloter, mais je sentais bien que ce n'était plus pareil, je n'étais plus un enfant, je ne pouvais plus me jeter dans tes bras monter sur tes genoux te baver dessus. Même te faire jurer tu ne le fais pas... je n'ai pas osé.
"Mémé". (...)
J'ai voulu te consoler, te dorloter, mais je sentais bien que ce n'était plus pareil, je n'étais plus un enfant, je ne pouvais plus me jeter dans tes bras monter sur tes genoux te baver dessus. Même te faire jurer "tu ne le fais pas"... je n'ai pas osé.
Mémé. (...)
Commenter  J’apprécie          30
Tu voulus "caser" maman, lui trouver un mari. Malheureusement, et tu ne pouvais t'en prendre qu'à toi-même, dans la tête de maman, à cause peut-être de l'exemple de Pyrrhus, tu avais semé des rêves de grandeur, de fortune, de prestige. Hors de question pour elle d'épouser une "sous-merde, un "peigne-cul, un raté", comme elle appelait les hommes sans statut social qui osaient la regarder. La tâche était rude. Un soir qu'Onassis, homme le plus riche du monde, avait laissé sa décapotable à la sortie d'un casino, maman s'était planquée sous la banquette arrière à l'insu du chauffeur. Elle croyait, la naïve, que le milliardaire, dès qu'il la découvrirait, l'emmènerait sur son yacht et, pourquoi pas ?,la demanderait en mariage. Quand, à son retour, Onassis la vit surgir près de lui, il lui ordonna de foutre le camp.
Commenter  J’apprécie          10
Elle avait beau aimer les livres, sa libération, elle l’envisageait par les hommes, exclusivement par les hommes. Elle visait les étrangers, un marchand d’armes saoudien, le frère d’un dictateur africain logé à l’année au Plaza. Et comme toi elle se méfiait de ces Français qui, disait-elle, « avalent leur chiasse et croquent leur merde ».
(page 162)
Commenter  J’apprécie          212
Maman refusait de travailler, de se marier et tu étais inquiète. L’argent que tu lui donnais aussitôt s’envolait (mais pourquoi continuer à lui en donner ?). Tu l’avais couvée, tu l’avais gâtée, élevée sur un piédestal, et tu avais fini par créer un monstre, un monstre à la physionomie douce et innocente.
(page 137)
Commenter  J’apprécie          210
Humilié, spolié, expérimentant à ses dépens les petits désagréments d’une dictature. Il se garde bien de dire du mal de son maître. Il cible ses sbires, les militaires, cette engeance, et toi qui crains la politique plus que la gale tu comprends le subterfuge, l’aveuglement, son besoin de continuer à croire en cet homme (Fanco) qu’il sert depuis dix ans avec le dévouement d’un laquais.
(page 126)
Commenter  J’apprécie          221
Himmler, personnage des plus infâmes, qui bientôt orchestrera l’extermination des Juifs d’Europe, et aussi des Tziganes, des homosexuels… Pyrrhus eût pu le poignarder au cœur, l’égorger, l’empoisonner, devenir un héros. Il a préféré casser la croûte avec lui. À sa condamnation morale, pas de circonstances atténuantes.
(pages 95-96)
Commenter  J’apprécie          250
Tu sais la fugacité du moment. Tes mains s’accrochent aux siennes, et ce n’est pas seulement lui que tu essaies de retenir mais aussi le temps qui passe. Le temps qui passe, s’assombrit, le temps qui inquiète, le temps qui fait peur puisque, la guerre inévitable, il ne pourra que vous séparer.
(page 71)
Commenter  J’apprécie          191
Pourquoi il faut absolument rentrer, supporter la fureur de maman dont tu dis toi-même « elle est folle, il faudrait la faire interner ».
(page 42)
Commenter  J’apprécie          211
Pourquoi et comment es-tu venue en France ? Par quels moyens as-tu réussi, toi, huitième d’une fratrie de treize, sans un diplôme, sans travail déclaré, des parents ruinés, oui, par quels moyens as-tu réussi à constituer ce patrimoine dans les beaux quartiers de Paris ?
(page 38)
Commenter  J’apprécie          210
Tes photos sont un leurre : elles racontent une vie merveilleuse, sublime, de villégiature en villégiature, de fêtes en moments de joie. Tu donnais le change, solaire et exubérante, à ton aise quand il s’agissait de prendre la pose. Si sûre de toi que je peine à faire le lien avec la grand-mère que j’ai aimée.
(page 18)
Commenter  J’apprécie          240
Tu étais née à l’Hôtel de la Folie, et ce grand appartement du triangle d’or, cet appartement censé te protéger, gage d’une vie prospère, respectable, loin de la fureur napolitaine, des scènes, des cris, des pleurs, devenait ton caveau. 

Toujours j’étais bouleversé, tremblant, bouffé par la peur. Cette pensée, tu n’en réchapperas pas. Mais la fureur passait et tu étais là devant moi, frêle mais encore debout. A peine t’entendais-je quand tu gueulais c’est pas ma fille ! Je l’ai trouvée dans la rue pendant la guerre !
Commenter  J’apprécie          21
Il y a aussi ton nez et je ne comprends pas pourquoi l’avoir mutilé par la suite si ce n’est pour marquer ton embourgeoisement, devenir la femme respectable que tu avais rêvé d’être, tandis que tu quittais le monde des meublés pour ta prison de l’avenue Montaigne. 
Commenter  J’apprécie          10
A onze ans, tu as la tête d’un garçon manqué, visage angoissé, tignasse ébouriffée, regard noir, presque rageur, la rage d’un boxeur. A dix-huit, radieuse, tu prends la pose sur un tapis de danse, tes cheveux épais enveloppant des traits purs et un sourire angélique. C’est le portrait d’une madone, et je pense à cette phrase de l’écrivain Jean-René Huguenin 

Elle est de ces êtres qu’on a envie d’aimer, simplement pour les rendre heureux.
Commenter  J’apprécie          20
Ton prénom viendrait du Grec et voudrait dire nymphe de la mer. Il te va bien donc, si j’en juge par le nombre de photos de toi sur une plage ou en train de te baigner. Par sa sonorité, son étrangeté, il évoque un monde qui serait déjà l’Orient, sinueux, voluptueux, bordélique, un monde qui toujours était regardé de haut par les Lombards, les Vénitiens, les Piémontais, ces gens du Nord à la peau pâle et aux cheveux clairs.
Commenter  J’apprécie          20
Ma trouille, cette trouille inavouable que toi seule peut comprendre. Si je porte en moi les histoires, les vies, les maux d’Ilda, d’Orazio, de la petite Nerina, je porte aussi, et même davantage, l’histoire, la vie et les maux de maman. Sa folie. Cette trouille diffuse mais bien réelle, au plus profond de moi, d’être comme elle. Rien ne me révulse autant que d’entendre quelqu’un me dire

Tu lui ressembles

Tu n’as pas idée, je crois, de mon dégoût. 
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de David Le Bailly (474)Voir plus

Quiz Voir plus

Harry Potter (1 à 4) difficile

Qui est le contrôleur du Magicobus ?

Ernie Mcmillan
Stan Rocade
Zacharia Smith
Denis Crivey

15 questions
8652 lecteurs ont répondu
Thème : Harry Potter : Coffret, Tomes 1 à 4 de J. K. RowlingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}