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Citations de David Lopez (II) (140)


Je lui pose une question sur la meilleure façon de rejoindre telle route et il me coupe en me disant qu'il n'est pas d'ici. Je me demande comment on se retrouve là quand on n'est pas d'ici.
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il se prend pour un marginal parce qu'il est inactif et vit de la débrouille, en moi il voit un genre de modèle, il n'a pas encore l'âge de distinguer la rébellion de la démission.
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J’affirme vouloir tout savoir d’elle et elle dit non, non c’est faux, personne ne veut la vérité des autres, c’est pour ça que ça existe, la politesse. Je crois comprendre mais je reste perplexe comme pour l’inviter à développer. Elle me fixe d’un œil impassible. Tu resteras avec moi tant que tu penseras avoir un mystère à élucider, elle dit. Elle ajoute que les autoportraits sont fallacieux. On n’est jamais qu’un récit. Ce récit peut changer de narrateur."
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Depuis que je suis sur ce vélo les autres me parlent tous de leurs désirs inassouvis. Ils sont beaucoup à se construire un horizon, pas si lointain, qu’ils parent d’une aura d’impossibilité, comme pour pouvoir le garder en réserve, sous le coude, un possible, un recours, une promesse. Ça abrite du désespoir, de l’usage de ses dernières forces, lové dans un confort projeté, excusant de rester là. On ne peut être totalement désespéré si l’on conçoit une autre vie possible, là quelque part, derrière la peur. Le verrou est difficile à crocheter. Et le but n’est certainement pas de l’ouvrir, sinon de l’avoir toujours à l’œil.
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Il y a des oiseaux qui chantent, je les entends. Je ne crois pas qu'ils s'adressent à moi.
Dix minutes sans que rien ne se passe, ça me frustre. ça fait quelques minutes que je n'écoute plus les oiseaux, ils se répètent.
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Moi-même, je suis un genre de mauvaises herbe. Pas de plan. Pas de calendrier. Juste être. Contrairement aux ronces je peux échapper au jardinier. A celui qui a une vision de ce à quoi je devrais ressembler pour être présentable. Pour ça il faut savoir rester bien caché, et ça je sais faire. Les mauvaises herbes, elles m'inspirent. Il n'y a que chez elles que je prends de la graine.
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On n'est pas là pour se faire des cadeaux, même si ça m'arrive souvent de m'arranger avec la vérité. Un mec te pète la gueule, et tu lui dis merci. Merci de ne pas être complaisant. Merci de me traiter en égal. Merci de respecter mon courage en me montrant ce que c'est que de se tenir entre 4 cordes. Merci de m'avoir rappelé à quel point je suis fragile.
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Les meufs elles sont toujours là à dire que nous les mecs on ne peut pas faire plusieurs choses à la fois, mais s'agirait de prendre en compte le nombre de zones érogènes qu'elle trimballe. Faut être partout. Alors qu'elles, tout au plus elles peuvent se targuer de penser à nous caresser les boules pendant qu'elles nous sucent. Faut pas charrier. Quant à leur donner une plus grande marge de manœuvre, je laisse ça à ceux qui aiment qu'on leur rentre une phalange.
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Je suis certain qu'on pourrait avoir plein de conversations sérieuses. Mais ce n'est pas quelque chose qui se fait, entre nous. Et surtout pas devant les autres. Dans ces ambiance, dès qu'il y en a un qui se met à parler de ses problèmes, il y en a un autre pour trouver que ce n'est pas marrant ce qu'il raconte, et puis ça passe à autre chose. Ou alors on fait des blagues dessus. Ça ne court pas les rues les oreilles. Pourtant, il paraît qu'il y en a plein les murs.
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Denis et moi on s'est rencontrés quand Renata est partie et que j'ai arrêté de travailler. La première fois je n'ai pas été très sympa, ça l’a convaincu que j'avais besoin d'aide. Nous étions voisins à l’époque. Sa femme, Denise, a insisté pour qu'il m'apporte des petits plats qu'elle cuisinait, car selon elle je maigrissais à vue d'œil. Depuis ils ont déménagé, pas loin du tout j'y vais à pied le plus souvent, mais Denis continue de veiller sur moi. Pour autant il ne me comprend pas. Selon lui j'ai toutes les raisons du monde d’être heureux car je suis payé à rester chez moi. p. 29
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À la terrasse, le type à la gueule osseuse, physique de cycliste, j’ai repéré qu’il m’a repéré. On se lance quelques regards d’abord, et puis je donne de ce sourire qui n’en est pas vraiment un, genre de contrition du bas des lèvres, ça dit je t’ai vu, je te considère, mais je ne vais pas aller jusqu’à te sourire non plus. Lui par contre il a souri, juste avant que je déplie la carte et qu’elle recouvre la table au point d’en déborder, comme une nappe trop grande. Ca indispose le serveur qui ne sait pas trop où poser le café. Suspendu dans l’air, le bras attend de ma part que place lui soit faite, impatient devant mon absence de réaction, jusqu’à ce que le serveur articule un monsieur s’il vous plaît se voulant explicite. Comme ramené à la réalité je m’empresse de tirer la carte vers moi, sur mes cuisses plus ou moins, avant de la voir basculer et s’étaler à moitié au sol. Ça n’incommode nullement le serveur pour qui une table rase vaut mieux qu’une carte routière en bon état. Je lui pose une question sur la meilleure façon de rejoindre telle route et il me coupe en me disant qu’il n’est pas d’ici. Je me demande comment on se retrouve là quand on n’est pas d’ici. Il me reste des viennoiseries du matin, écrasées dans une poche latérale du mon pantalon, à hauteur du genou, et tandis que je pose le sachet sur la table le serveur me fait comprendre que je ne suis pas censé consommer des produits venant de l’extérieur vu qu’ils servent à manger, dans cet établissement. Je lui commande donc deux croissants au beurre, s’il lui plaît, mais il est désolé de me répondre qu’il est trop tard, à cette heure-ci je pourrais prétendre au plat du jour, blanquette de veau. Je dis ah et laisse mon regard explorer le vide comme si je réfléchissais à sa proposition. Il ajoute qu’il serait préférable que je range mes viennoiseries, il ne voudrait pas avoir à me surveiller du coin de l’oeil, et je le trouve très investi ce garçon. T’inquiète pas je lui dis tandis qu’il me regarde saisir mes croissants, me lever puis balancer le sachet en l’air jusqu’à Séville de l’autre côté de la route, contre le mur du fleuriste. En reprenant ma place je sollicite la faveur d’une autre bûchette de sucre, à condition bien sûr que cette requête ne brise aucune règle de bienséance. Ça ne le fait pas rire.
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Si les plaques d’égout venaient à se desceller ça ferait plein de petits pièges disséminés, j’hésite à considérer que ça rajoute à l’aventure. Dans cette rue que j’arpente les commerçants ont pris cher. Ils souffraient déjà de l’émergence des zones commerciales en périphérie de la ville, où l’on se rend en voiture. Ici, au centre, dès qu’un commerce ferme il est remplacé par une sandwicherie ou un coiffeur à dix balles. Je me suis arrêté devant la librairie et j’ai collé mon visage contre la vitrine. L’eau arrive juste sous les tables qui proposent les dernières sorties. Les rayonnages, partant du sol, voient leurs volumes noyés sous plus d’un mètre de flotte. En vitrine ils ont posé des étagères de chaque côté, et restent émergés, sur la gauche, des livres pour enfants, si colorés qu’on peine à en lire le titre, ainsi que des ouvrages de développement personnel, trois ou quatre volumes. À droite de la vitrine, un bouquin de politicien ainsi qu’un roman. Et puis, tout en haut, un livre carré, gros et lourd, de ces beaux livres qui, quand on les offre, font bien plus office d’objets de décoration que de matière à s’instruire. La couverture montre une chaîne de montagnes, les pics enneigés sont encore éclairés d’un soleil couchant orangé, tandis que la nuit s’installe à leurs pieds. Le titre, écrit en gros contre la chaîne de glaciers, S’émerveiller. Sous ce titre, en tout petit, le mot photos. J’entends des pas dans l’eau, ou plutôt de l’eau en déplacement selon un rythme qui semble être celui du pas, je me retourne et trouve un jeune homme portant une vieille dame sur son dos, trottoir d’en face. Derrière lui et au-dessus des boutiques qu’il longe, aucun glacier à contempler. Le garçon a les traits tirés, comme s’il en était à sa énième vieille dame à trimbaler. Elle a la tête rentrée dans le cou du jeune homme, je ne distingue pas son visage. Il dit bonjour du chef comme s’il n’avait plus la force de se montrer plus avenant. Je ne propose pas mon aide, me contente de les regarder passer.
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Ah mince, j’ai tué. Je n’ai même pas eu le temps de me demander d’où ça venait. C’était là, dans mon cou, venu de nulle part. À peine mes doigts se sont refermés dessus que j’ai senti comme c’était fragile. J’ai appuyé fort, à croire que j’aurais voulu y imprimer mes empreintes. L’énergie qu’on peut concentrer entre deux phalanges ça semble peu de chose, et pourtant je viens de démantibuler un corps. Je devine une fourmi, ce qu’il en reste, en regardant mon index. Des résidus sur le pouce, parties que je ne saurais raccorder à la dépouille. Elle a d’abord dû être sectionnée sous la pression, en son milieu j’imagine, séparée puis entremêlée sous le roulement du pouce contre l’index. C’est là qu’il repose, le corps, car la fourmi n’est plus. Je le regarde quelques secondes, un peu triste et surtout coupable, avant de l’expédier d’une pichenette que j’avais pensée plus adroite, puisque je le perds de vue dans sa chute. Je balaie le sol du regard et abandonne assez vite l’idée de le retrouver. Après m’être demandé en quoi consisterait une sépulture digne de ce nom je comprends que, malgré la considération que je pourrais montrer envers son cadavre, je ne rachèterai pas le mépris que j’ai eu pour sa vie. Je suis tenté de plaider la surprise. Alors que je vais pour tremper le pinceau dans le pot de peinture blanche j’aperçois une petite tache noire, c’est là qu’il était le corps, aggloméré en une petite boule. Je l’observe un peu, me réjouis que la peinture soit assez épaisse pour qu’il ne coule pas, puis je trempe le pinceau pile sur lui, avant de badigeonner le mur, en haut sous la gouttière.
J’ai attaqué la partie au-dessus de la fenêtre de la cuisine. La façade autour de la porte du garage c’est fait, ça m’a pris deux jours. J’avais tablé sur davantage, au moins trois, mais j’ai eu beau consacrer la moitié de mon temps de travail à faire des pauses, c’est allé plus vite que prévu. Ça fait beaucoup rire Denis, le garçon qui passe me voir de temps en temps. Tous les jours en fait, pourvu qu’il fasse assez beau pour s’installer à la petite table du jardin. Ça le rassure de me fréquenter, il se prend pour un marginal parce qu’il est inactif et vit de la débrouille, en moi il voit un genre de modèle, il n’a pas encore l’âge de distinguer la rébellion de la démission. Souvent c’est en début d’après-midi qu’il vient, et je devine à ce qui lui traîne dans les yeux que mon café lui fait office de petit déjeuner. Ça le fait rire que je mette autant de temps à repeindre ma maison étant donné que j’utilise un pinceau à brosse plate de même pas quatre centimètres de largeur, à poils durs. Pour lui ce serait déjà insuffisant pour peindre une table basse, alors une maison. Il m’a rapporté l’autre jour un rouleau tout neuf, où est-ce qu’il a trouvé ça, avec un petit bac adapté, parce que accessoirement j’en fous partout, et quand je vois une goutte de peinture sur le point de couler mon réflexe en général c’est de mettre ma cuisse en dessous, ou de ramener le pinceau à moi jusqu’à parfois me le poser sur la poitrine. Ça peut donner de belles créations. À vrai dire le résultat m’intéresse bien moins que la manière. Et c’est là qu’il ne peut pas me comprendre Denis. Il reste persuadé qu’on a toujours les ressources nécessaires pour savoir quoi faire ensuite.
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Je me suis ennuyée à la lecture de ce roman tout comme s'ennuient la bande de garçons de ce livre. Le style ne m'a pas plus et vraiment pas convaincue, d'ailleurs pour moi il n'y a aucun style. Seules les scènes de boxe ont eu un petit intérêt mais pas suffisant pour que j'apprécie ce livre.
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Ce n'est pas un bourrin Lahuiss, il sait choisir ses mots. Assez caillera pour ne pas se renier, assez distingué pour ne pas s'enfoncer. J'imagine bien que dans d'autres milieux il ne parle pas comme à nous. Il sortira d'ici tout propre. Alors que nous ce sont des bleus, des poumons encrassés et quelques neurones qu'on sème sur un chemin qui ne fait rien que tracer une boucle.

p. 51
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On a beau s'aimer de toute nos forces, on poussera volontiers l'autre dans le vide si ça peut nous éviter d'y tomber.
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Ce n'était plus nos soirées qu'on passait à fumer, mais aussi nos journées. Nos nuits. Nos heures de cours. Peu à peu on n'avait plus un joint, mais trois, et puis est venu le temps où on a eu chacun le sien. Fumer n'était plus l'occupation, on fumait en de demandant ce qu'on allait bien pouvoir foutre. On n'était plus dehors. On s'est enfermés. On a opté pour d'autres jeux. Des jeux auxquels on peut jouer assis. On ne se lance plus de glands. On ne se lance plus de boules de neige. On ne se balance plus des ballons de basket dans la gueule. On ne se lance plus que des insultes.
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L'unique moyen de ne pas souffrir d'un entraînement de boxe, c'est de ne pas y aller. Moi, je suis là. Alors qu'on vienne pas me dire que je suis incapable de faire des sacrifices.
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On devient rapidement vieux, et de façon irrémédiable encore. On s'en aperçoit à la manière qu'on a prise d'aimer son malheur malgré soi.
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La feuille, notre nom en haut à gauche, la date, le stylo dressé, ce silence juste avant que le prof commence à dicter.
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