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Citations de David Malouf (52)


elle lisait, ou disons plutôt qu'elle relisait. Débusquant d'anciens compagnons dans les pages de ses livres préférés afin de voir qui d'eux ou d'elle avaient le plus changé au fil des années, ou pour redécouvrir, avec un petit choc attendri, son moi d'antan, qui, à seize ans ou trente, avait pour la première fois été touché par eux.
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Les ennemis, comme les amis, vous apprennent qui vous êtes.
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They went up to Bailleul in cattle trucks, forty to a car. Eight horses or forty men, the notice proclaimed. It seemed, even for the army, a rough equation and you wondered who had made it.
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Voilà ce que signifiait la vie, une présence unique, et elle était essentielle en toute créature. Placer quoi que ce soit au-dessus, naissance, condition ou même talent, revenait à dénier à tous sauf quelques-uns parmi les millions infinis ce qui était commun et réel, et ce qui était aussi , en fin de compte, le plus émouvant. Une vie n'était pas faite pour quelque chose. Elle était, simplement.
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Cela l'émerveillait. Une chose pareille. De pouvoir, par une chaude journée de novembre, avec le soleil lui brûlant le dos, la terre fourmillant sous lui et le paysage tout entier étincelant et stridulant, observer une créature qui, à peine quelques semaines plus tôt, se trouvait de l'autre côté de la Terre et avait trouvé sa route jusqu'ici en traversant toutes les cités d'Asie, franchissant des lacs, des déserts, des vallées encaissées entre de hautes chaînes de montagnes, survolant des océans sans le moindre point de repère, pour se poser précisément sur cette berge et entrer dans le cadre rond de ses jumelles : complètement contenue là dans sa petite vie - poitrine et flancs rayés, ventre blanc, pattes jaunes, le long bec explorant une flaque d'eau en quête de nourriture, soulevant la tête de temps à autre pour émettre ce cri singulier sur trois notes- et contenant complètement, invisible quelque part au-dedans, ce monde blanc et virginal de la calotte glaciaire du Nord et la connaissance, profondément inscrite dans la cervelle minuscule, des voies aériennes et des trajectoires qui l'avaient amenée ici.

Page 36 du livre de poche
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Il attend la déchirure. Que quelque chose survienne qui rompra le sortilège qui le lie, la fureur dévorante qui l'anime et ruine de désespoir son esprit. Quelque chose de neuf et d'inimaginable encore, dont la rencontre viendra le confronter à la nécessité de s'arracher à l'étouffante toile grise qui l'enserre.
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Il tentait en s'infligeant ces punitions, d'éradiquer une affliction. Mais il n'avait réussi qu'à la souligner : à faire ressortir le bleu métallique de ses yeux, à révéler, sous sa peau et son réseau de fêlures la qualité poignante- c'est ainsi qu'elle le voyait- de ses os.
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La terre là-bas s'élevait progressivement en direction de montagnes lointaines, d'un bleu intense, qui à cette heure de la journée étaient bleu pâle mais se rapprocheraient plus tard du pourpre. Les marais étaient bordés d'arbres à thé dont certains se dressaient en eau peu profonde, qu'ils teintaient d'un brun tabac. Leur lumière était ternie par l'ombre des nuages; puis comme une main invisible les eût essuyés d'un linge, ils s'illuminèrent, flamboyèrent, et l'argent disparut.

Page 11 du livre de poche
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Il n'y avait aucune honte - aucune au moins qui fut assez forte pour le condamner à mort - à avoir eu dix-huit ans un jour et à avoir presque tout ignoré de ce que le monde pouvait vous infliger.
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La vérité le frappa alors avec une force plus énorme encore que le souffle de la Minnie. Il voulut hurler, mais aucun son ne sorti. Son cri lui fut renfoncé droit dans les poumons par un coup de masse et il cru qu’il allait étouffer.
Clancy, dans l’explosion, avait été rayé de l’existence. C’était le sang de Clancy qui le recouvrait, et l’étrange viscosité dont il était enduit n’avait rien à voir avec sa renaissance dans une autre vie ; c’était ce qui avait été dispersé lorsque Clancy avait été retourné comme un gant.
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« Je crois que ce qu’il faut pour toucher ce nœud dans lequel nous sommes tous pris, c’est quelque chose qui n’a jamais encore été fait ni pensé. Quelque chose de nouveau. » (p. 58)
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"Tu es, je le sais, père d'un garçon que tu n'as pas revu depuis plus de la moitié de sa vie. Un fils qui grandit dans la maison de son grand-père dans la lointaine Scyros. Pense à ce que cela signifierait pour toi, Achille, si c'était son corps qui gisait là-bas, toujours privé de sacrements après onze jours et nuits dans la poussière. Le corps d'un fils pour lequel tu nourris la douce affection d'un père, auquel tu dois les devoirs sacrés que rien au monde ne peut annuler. Crois-tu que j'eusse un jour imaginé, lorsque j'étais un homme jeune comme tu l'es aujourd'hui, dans l'orgueil et la vigueur de ma jeunesse, que j'en arriverais là en mon grand âge ? Me tenir ainsi désarmé devant toi, sans aucun signe sur moi de ma dignité royale, à te supplier, Achille - en père, et en pauvre mortel s'adressant à un autre pauvre mortel - d'accepter la rançon que j'apporte et de me rendre le corps de mon fils. Non parce que ces coupes, et autres babioles, en sont un juste équivalent - comment le pourraient-elles ? - pour quelque valeur que tu pourrais leur attribuer, mais parce qu'il nous fait grand honneur, à tous deux, d'agir ainsi que nos pères et nos grands-pères l'ont fait avant nous au cours des âges, et de montrer que nous sommes des hommes, enfants des dieux, et non point des fauves. Je t'en supplie, n'exige pas davantage de moi. Accepte la rançon et laisse-moi rassembler enfin ce qui reste de mon fils."
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Il y avait chez son père une espèce de sauvagerie dont Jim se tenait prudemment à l'écart, non parce qu'il redoutait d'en être physiquement la victime-il l'avait été bien souvent et ça n'était pas la mer à boire, c'était purement physique-mais parce qu'il ne souhaitait pas être contaminé.
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Cela l'émerveillait. Une chose pareille. De pouvoir par une chaude journée de novembre avec le soleil lui brûlant le dos, la terre fourmillant sous lui et le paysage tout entier étincelant et stridulant, observer une créature qui, à peine quelques semaines plus tôt, se trouvait de l'autre côté de la Terre et avait trouvé sa route jusqu'ici en traversant toutes les cités d'Asie, franchissant des lacs, des déserts, des vallées encaissées entre de hautes chaînes de montagnes, survolant des océans sans le moindre point de repère, pour se poser précisément sur cette berge
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« – Mais tu n’es pas n’importe quel homme.

– C’est vrai.Dans un certain sens, je ne le suis pas. Mais dans un autre, un sens plus profond, je le suis. J’y trouve une sorte de liberté. C’est un sentiment qui me plaît, me séduit. Et qui sait, parce qu’il est inattendu, le séduira peut-être lui aussi : une chance de se libérer de l’obligation d’être toujours le héros, comme on attend toujours de moi que je sois le roi. Pour enfin assumer la charge plus légère d’être simplement un homme. C’est peut-être ça le vrai cadeau que je dois lui faire. La vraie rançon. » (p. 59-60 – dialogue entre Hécube et Priam)

« Il m’apparaît, dit-il (Priam) presque comme dans un rêve, que nous pourrions nommer autrement ce que nous appelons la fortune et attribuons au caprice ou à la volonté des dieux. Et nous offrir ainsi une sorte d’ouverture. La chance de pouvoir agir par nous-même. De tenter quelque chose qui pourrait forcer les événements à emprunter un cours différent. » (p. 61)
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L'enfer... n'était-ce pas, tout simplement, le mot qu'ils avaient trouvé pour écrire tout ce qu'on pouvait imaginer de pire, pour dire le pire qui puisse jamais vous arriver? Eh bien oui : le pire arrive toujours, un point c'est tout. Et personne ne le mérite. Et ça, fiston, tu ferais mieux d'y croire tout de suite parce que tout ce que tu pourrais croire d'autre ne serait que folie.
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C’est ainsi que la guerre la toucha pour la première fois. C’était un mois après leur arrivée, un samedi de février. Il ne put jamais en parler. Et jamais, dans son esprit, le nettoyage au jet ne lui rendit sa propreté. Il faisait des cauchemars et se réveillait trempé d’une humidité collante qui était bien plus que sa propre sueur.
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"Il y a des choses, dit-il presque à mi-voix, dès lors que nous les avons touchées, dès lors qu'elles nous ont touchés, nous ne pouvons plus nous en défaire, quelle que soit la frénésie avec laquelle nous nous frictionnons pour les éliminer, quelle que soit la hauteur à laquelle les dieux nous placent. (...)
Et mon autre histoire ne signifie rien. Dans celle-ci, le miraculeux dénouement ne s'est jamais produit. Je ne suis qu'un esclave comme les autres, un meuble, un parmi la multitude. Je regarde mes mains et mes pieds noircis, les hardes dont je suis vêtu, et je sais que je ne pèse pas davantage en ce monde que les déjections du plus humble mendiant ou balayeur de rues. Tout ce qui m'avait été promis par les poètes de la cour de mon père lorsqu'ils nommaient mes ancêtres et chantaient leurs hautes menées avec les dieux, tout ce que les dieux eux-mêmes m'avaient promis, a été rayé, annulé, et le petit seigneur de tous les plaisirs pour lequel je me prenais, Podarcès, fils de Laomédon, est aussi mort que s'il s'était étouffé avec une bouchée de gâteau au pavot trempé dans du vin, ou que l'un de ces bouchers souillés de sueur lui avait tranché la gorge, là-haut avec tous ses frères, et qu'il était tombé assis sur le sol du palais, pétrifié, regardant son sang bleu se répandre sur les dalles et s'écouler dans une rigole.
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Ils montèrent à Bailleul dans des wagons à bestiaux, quarante hommes par voiture. Quarante hommes ou huit chevaux, proclamait l’écriteau. Même pour l'armée, cette équation semblait sommaire, et l'on se demandait qui l'avait établie.
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« La guerre finit par arriver, à la mi-août, mais discrètement, l’écho d’un coup de feu tiré des mois en arrière qui avait pris tout ce temps pour faire le tour du monde et les atteindre. »
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