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Critiques de Delphine Arbo Pariente (31)
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Une nuit après nous

Mona, la quarantaine, vit un quotidien quasi-idéal près d’un compagnon aimant et aidant, peut-être un peu trop lisse. La rencontre avec Vincent, lors d’une première séance de Tai chi est un coup de tonnerre dans un ciel serein. L’attirance est réciproque, mais plus spirituelle que sexuelle et l’oreille attentive de l’homme ouvre un accès pourtant jusque là bien clos à un passé douloureux. L’exil, l’emprise d’un père abusif, la dépression d’une mère perdue, l’enfance refait surface au gré des confidences.





Même si le pouvoir d’empathie de Vincent semble un peu étrange, dans cette histoire d’amour-amitié, le roman séduit pour ce qu’il parvient à faire surgir de la mémoire de Mona, dont l’apparente adaptation cache de douloureux secrets. La nostalgie n’est ps d émise lorsque l’enfance est peuplée de fantômes malveillants







Un premier roman riche de promesse, porté par une écriture subtile et habilement travaillée.
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Une nuit après nous

« Je croyais que ma mémoire était un lieu sans importance, je saurais plus tard qu’elle est une eau qui bout. Nous avons eu deux enfants. À trente-deux ans, j’avais émacié mes rêves jusqu’à en dépeupler mon existence tout entière, j’étais aussi perdue qu’une photo mal cadrée prise entre les pages d’un dictionnaire. »

J’ai commencé le livre sur la pointe des pieds, sans vraiment savoir où l’histoire allait m’embarquer : un adultère ? (l’héroïne, mariée, rencontre un autre homme qui la subjugue). Une saga familiale sous fond d’exil ? Une chronique de la violence par un père abusif ? Le portrait d’une écrivaine en devenir ? Finalement ce texte est tout ça et bien plus encore ; c’est un pur condensé d’émotions porté par une plume à fleur de peau. Avec des phrases superbes. Bouleversantes. Et des pages qui se tournent vite.

Une très belle découverte 🤩
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Une nuit après nous

Vincent, Paul et un autre



Delphine Arbo Pariente signe son entrée en littérature avec Une nuit après nous. Ce roman qui retrace la vie de Mona, une femme qui cherche à oublier un traumatisme d'enfance, est servi par un style étincelant.



«Je m’appelle Mona, j’ai quarante-six ans, je suis en couple avec Paul depuis douze ans, j’ai trois enfants dont deux d’un précédent mariage, et il y a quelques mois j’ai rencontré Vincent. J’aime mon mari, qu’il s’endorme à mes côtés chaque nuit, en glissant sa jambe sous ma jambe comme une cale, qu’il gère le quotidien en sifflotant parce que cela ne lui pèse pas comme à moi, qu’il suspende son manteau à côté de mon manteau dans l’armoire et l’imprègne de son odeur, qu’il laisse ses chaussures près de la porte d’entrée à côté des miennes et de celles de Rosalie, j’aime l’homme qui m’a donné son nom, son temps, ses hivers, je l’aime ; et j’aime le temps que je passe avec Vincent, dont je ne sais presque rien et qui entre ici les mains nues.»

Mona partage désormais sa vie entre deux hommes, son mari Paul et son amant Vincent. L'un est calme et rassurant, l'autre est passionné et attentionné. Une sorte de double-vie parfaite, car Paul ne se doute de rien et Vincent n'est à Paris que quelques jours par semaine, allant rejoindre sa femme et ses enfants du côté de Montélimar en fin de semaine.

Une double-vie qui cache aussi un traumatisme qui réapparaît avec cette liaison. Un traumatisme qui remonte à l'enfance, quand ses parents ont quitté leur Tunisie natale pour venir s'installer en banlieue parisienne, quand ils luttaient contre la misère. Ils se débrouillaient pour se nourrir dans les supermarchés avant de devenir les rois des larcins, notamment quand sa mère est devenue enceinte. Sous la robe de grossesse elle cachait de nombreuses courses et, quand Mona est née, le landau a pris le relais. C'est donc tout naturellement que la fille a suivi les pas de ses parents. Son plus beau coup ayant été de réussir à voler un autoradio et de gagner le regard admiratif de son père. Et à propos de regard, le drame va se jouer quand son père comprend le pouvoir de sa fille quand elle prend son petit air qui lui permet d'obtenir ce qu'elle veut. "c’est comme ça qu’elle fera tourner les têtes, à oublier le nom des fleurs, c’est comme ça qu’elle lui échappera, qu’elle ira se faire aimer ailleurs. Les garçons la veulent quand elle a cet air-là, plus tard ils auront envie d’elle, de lui bouffer les seins, surtout ses seins à elle, les plus beaux de l’école, la douceur des pêches. Quand le père lui tombe dessus, à cause du sang qui bout dans son corps, qu’il lui dit c’est pas la peine de prendre ton petit air, elle comprend qu’elle a ce visage soudain. C’est un visage pour échapper à la foudre, pour gagner du temps, peut-être celui d’une prière. Elle sait que le jour de la naissance du petit frère, il n’a pas suffi à barrer la folie, à éteindre l'incendie, à moins que ses seins, ce jour-là, le père les ait voulus pour lui tout seul."

Comment se construire après l'inceste? Comment ne pas voir dans la fragilité de sa mère un signe de complicité? Comment aimer ce frère né quelques heures avant cette douloureuse épreuve?

Delphine Arbo Pariente va patiemment tisser tous les fils de cette histoire, raconter la misère sociale, la peur du lendemain, la honte aussi qui s'attache à elle comme une seconde peau. Tous ces jours où, pour faire plaisir à son père, elle déroule la spirale infernale.

Il faudra la rencontre avec Vincent pour qu'enfin les mots viennent combler le vide, dire la souffrance, même si là encore on sent combien il est difficile, voire impossible de se construire un avenir sur le secret et la dissimulation.

En s'appuyant sur un style brillant, constitué d'images fortes et empreint de poésie, ce roman prouve une nouvelle fois combien la littérature est une thérapie. Magnifique et tragique.


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Une nuit après nous

Un premier roman qui retrace l’histoire d’une femme qui a enfoui son passé au plus profond de sa mémoire.

« S’efforcer d’oublier n’est pas l’oubli, je faisais de mon mieux. »



Elle retrouvera la mémoire du passé, suite à un sentiment naissant révélateur de lumière ; une chape d’immense chagrin posée sur ses souvenirs traumatiques.

« (…) sur ce chemin qui me menait à lui j’ai retrouvé la mémoire, j’ai remis les mots à leur place ».



Lors d’une rencontre, passion amoureuse qui la révèle à elle-même, Mona va lever le voile sur une époque de sa vie à jamais abîmée à cause d’un père tyrannique et toxique, violent et ignoble, aux côtés d’une mère effacée et marquée par l’exil, incapable de la protéger.



Comment, à l’âge adulte, vivre des instants lumineux après avoir connu, dans l’enfance, les ténèbres douloureuses, le cercle infernal, la honte, l’humiliation, et pire encore…

« (…) J’écrirai bientôt à bout portant, l’intact sanctuaire ».

La traversée d’une femme devenue, fillette meurtrie. Quels désirs peut-elle avoir aujourd’hui ?



L’auteure a réussi le contraste entre la prose poétique et la violence sordide.



Belle écriture ciselée et recherchée.

Néanmoins, je reste sur l’impression d’avoir survolé certains personnages.

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Une nuit après nous

Mona, 46 ans, architecte d'intérieur, est en couple avec Paul, 56 ans, depuis 12 ans; elle a 2 enfants d'un précédent mariage et une fille de son union avec Paul. La vie coule paisiblement et harmonieusement.

Et cela ne peut faire un roman, on s'en doute...

Apparaît alors Vincent, marié, 2 enfants; son cœur s'affole, sa vie tremble. Cette irruption de sentiments forts est le catalyseur d'un retour vers son enfance, dont elle avait soigneusement enterré les douleurs et les cicatrices. Seule l'écriture et l'écoute que lui offre Vincent lui permettront de renaître à elle-même, de pouvoir avancer en toute conscience.

On retrouve le thème des blessures transgénérationnelles, ici l'exil des grands-parents et des parents de Mona; ils ont dû quitter la Tunisie, précipitamment, dans les années 60, en laissant tout derrière eux, dans la peur, à la fin du protectorat français, car juifs dans un pays musulman. Mona en porte la trace et le poids inconscients même si elle n'a pas vécu personnellement cet arrachement. Autre thème, très présent, l'absence d'amour pour la petite fille qu'était Mona de la part d'une mère dépressive et d'un père violent, rempli de colère face au statut social qu'il ne peut avoir et qu'il jalouse chez les autres. Enfin, le thème de l'inceste, de la sensation de souillure, du sentiment de honte de la victime, des tendances auto-destructrices plus tard.

La force de ce primo- roman réside dans la beauté de l'écriture, la poésie du style, la puissance des images. J'ai d'ailleurs ressenti le besoin de lire des passages à voix haute pour m'imprégner de la musicalité de la langue.

Une belle réussite pour un premier roman.

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Une nuit après nous

Mona est une jeune femme bien dans sa peau, un métier qui lui plaît, elle est architecte, un mari amoureux, Paul, trois enfants, et une vie pleinement heureuse et réussie. À un cours de tai-chi, elle rencontre Vincent et immédiatement la relation entre eux est une évidence, comme s’ils se connaissaient depuis toujours.



Cette rencontre que lui offre le hasard n'est pas un éveil à l’amour ou un banal adultère, mais au contraire une confiance et une écoute qui lui permettent de s’éveiller à elle-même. Comme si Vincent lui permettait d’ouvrir les vannes secrètes de l’enfance oubliée, des sentiments et du passé enfouis, la relation au père, l’indifférence de la mère, les douleurs jamais racontées, pas même verbalisées pour elle-même.



Alors il faut revenir en arrière, remonter trois générations, celles de Juifs séfarades qui chassés d’Espagne à la fin du XVe siècle ont émigré en Tunisie. Puis le départ de Tunisie des grands parents dans les années 60 pour arriver à Marseille. Enfin, la rencontre de ses parents. Il faut cela pour comprendre l’enfance, la pauvreté, la douleur et l’incompréhension de la différence. Pour comprendre, sans forcément les accepter le père tyrannique et la mère à la dérive.

Pour se désoler de ce que doivent faire les enfants sans percevoir la portée, l’influence sur leur vie future, le pouvoir de destruction massive de certains actes pourtant consentis lorsqu’ils sont réalisés par amour filial et désir de plaire.



Mona raconte, et avec les mots s’exprime la relation au père, complexe, dévastatrice, pouvoir et pression psychologiques exercés pendant des années et qui sont parfois plus destructeurs que les violences physiques. Les violences physiques elles aussi sont extrêmes. A peine esquissée, la relation incestueuse est prégnante, l’horreur absolue pour la petite fille. Si l’enfant a longtemps essayé de contenter le père, l’adulte a aujourd’hui envie de savoir qui elle est au plus profond d'elle-même.



chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2022/08/23/une-nuit-apres-nous-delphine-arbo-pariente/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Une nuit après nous

Mona 46 ans coule une vie agréable avec Paul et leur fille Rosalie, d’un premier mariage, elle a eu deux fils dont il ne sera pas question dans le roman. Elle rencontre Vincent, son professeur de Tai Chi également marié, avec deux enfants, et une relation, au moins amicale s’établit entre eux, ils se racontent leur passé. On découvre progressivement l’histoire de Mona depuis celle de ses grands parents chassés de Tunisie en passant par celle de ses parents qui n’offriront pas un cadre de vie agréable à leur fille. Sa mère, fréquemment dépressive subit les lubies d’un mari violent qui la touchent également de façon frontale. L’écriture est brillante, très poétique, très descriptive, rendant très bien les émotions et l’ambiance délétère de l’absence d’éducation de la petite fille qui n’aura guère l’occasion d’accueillir de façon joyeuse l’arrivée d’un petit frère lorsqu’elle aura 11 ans. Excellent premier roman, une autrice à suivre…..
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Une nuit après nous

Un livre tout en délicatesse et d’une grande douceur sur le sujet pourtant très douloureux du viol et de la violence intra familial.

Les mots sont emprunts de poésie, les phrases font chavirer, le récit faussement simple et léger, retrace une vie faite d’une grande violence psychologique.

C’est le récit, à destination de toutes les femmes, d’une femme qui se raconte et se retrouve enfin.

Les mots peuvent être des armes, Delphine ARBO PARIENTE par sa grande maîtrise d’une langue pleine de poésie, en fait des oreillers de plumes sur lesquels laisser enfin couler les larmes du passé afin de vivre un présent lumineux et apaisé.

Je recommande vivement ce livre où chacune d’entre nous peut s’y retrouver à un moment où à un autre de sa vie.



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Une nuit après nous

Tout d'abord, je remercie le magasine Version Femina pour l'envoi de cet ouvrage à paraître lors de la rentrée littéraire.

J'ai beaucoup apprécié la lecture de ce roman. Ce n'est pas une belle histoire : il s'agit de Mona qui à travers une relation amoureuse se perd dans les souvenirs malheureux de son enfance.

Tout y passe : une mère dépressive, un père abusif et brutal, qui a un mode de vie non conforme en incitant la petite fille à commettre des vols auprès de magasins ou de restaurants. Une fois le fil des souvenirs remonté, l'histoire est vraiment prenante.

En revanche, je n'ai porté que peu d'intérêt à la relation Mona/Vincent et je suis restée un peu sur ma faim car malgré quelques pistes, je n'ai pas complètement compris le comportement du père, ni celui de la mère. Il manque des détails sur certains événements. Tout cela est peut être délibéré de la part de l'auteure.

Malgré cela, je recommande la lecture de ce premier roman.
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Une nuit après nous

"J'ai cru que l'événement de ces dernières semaines, c'était ma rencontre avec Vincent, mais sur ce chemin qui me menait à lui j'ai retrouvé la mémoire, remis les mots à leur place. Et en ouvrant la trappe où j'avais jeté mes souvenirs, la petite est revenue, elle attendait, l'oreille collée à la porte de mon existence.[...]

Et dans les mots qui viennent, puisque la vie sait des choses que nous ne savons pas, c'est elle que voilà,  dans son petit maillot rouge retenu par un noeud sur les hanches, debout, devant moi   parfaitement nette.

Cette enfant, c'est moi,  je viens te chercher."



"Car il y a des rencontres qui sauvent..."(Laurence Tardieu), Une nuit après nous raconte une de ces rencontres. Mona est mariée et mère de trois enfants et Vincent est professeur de tai-chi. Il y a entre ces deux là une attirance irrépressible au premier regard et pourtant, ne vous attendez pas à une banale histoire d'adultère passionnel, vous seriez très loin du compte.



Vincent au fil de leurs rencontres dans un café va libérer la parole de Mona. Il sera pour elle le passeur qui fait surgir les souvenirs d'une enfance fracassée des tréfonds de son âme, pour enfin s'en libérer...



"J'ai compris soudain ce que venait faire cet homme dans ma vie. Il m'a semblé être celui à qui je pouvais confier l'origine de tous mes errements. J'allais poser ce fardeau, cette fiction de moi-même que je traine comme un vieux chiffon d'enfance. Il a demandé l'addition, et en boutonnant mon manteau j'ai pensé à toutes les trajectoires qu'il m'avait fallu prendre  pour cette collision avec moi-même."



La libération ne sera pas à sens unique...

"En me parlant, tu m'as donné à voir ce qu'exige de se réconcilier avec son histoire. Je t'ai vue te délivrer, j'ai compris à mon tour tout ce à quoi j'avais renoncé."



Coup de coeur absolu pour ce roman porté par une plume poétique et ciselée, un travail de dentellière et d'orfèvre...

Des livres sur l'enfance saccagée,  il y en a des quantités, des bons, des moins bons, des très bons.

Celui-ci est :

Beau

Lumineux

Éblouissant





Conseil d'amie, ne passez pas à côté !

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Une nuit après nous

💫 Ce premier roman est tout à la fois rude et délicat, abordant des thèmes douloureux avec beaucoup de poésie, se servant littéralement des mots pour panser nos maux.



👨‍👩‍👧 La vie de Mona est bien rangée, entre le cabinet d’architecte et la vie de famille avec Paul - jusqu’au jour où elle rencontre Vincent.



⏳ De cafés en dîners, la passion qui se noue leur laisse la place de se dire, de se livrer. Vincent lui parle de sa famille et de son amour frustré pour la musique: il a toujours rêvé de composer au piano. Mona, elle, “a retrouvé la mémoire, remis les mots à leur place”: elle se retrouve face à face avec la petite fille qu’elle a été.



🇹🇳 Elle commence par explorer le passé de ses parents, issus de familles juives tunisiennes, réfugiées en France dans les années 1960. Ce passage sur la détresse de sa mère, arrachée sans une explication à la vie cossue de Tunis pour se retrouver à grelotter sur un matelas dans les courants d’air d’un couloir à Marseille, est d’une grande force. L’humiliation déjà, et le vacarme du silence qui vont se transmettre à la génération suivante.



🏡 Dans ce retour du passé qui ne passe pas, Mona s'immerge le climat familial, les économies, le chauffage à quinze, les mensonges aux amis. Elle revit aussi ces séances improbables de vol au supermarché avec son père, ses exploits semblant être la seule chose qui apaise sa colère et cette violence sourde qu’il porte en lui.



❤ Cette rencontre avec Vincent et leur complicité vont libérer Mona, qui se met à écrire. Ce processus libérateur va enfin lui permettre d’atteindre la petite fille qu’elle avait laissée dans la cave à 11 ans et de dépasser ses cauchemars.



📝 J’ai trouvé ce premier roman très réussi, à l’écriture effectivement “ciselée” - comment annoncé en quatrième de couverture. Delphine Arno Pariente nous entraîne dans un passé glauque et visqueux, duquel le personnage de Mona ne sort que grâce à l’écriture et à la puissance de son amour.

Une belle découverte!
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Une nuit après nous

Une femme rencontre un homme, cette rencontre fait remonter à sa mémoire les souvenirs de son enfance glauque, sans rire et sans joie, entre une mère effacée et dépressive et un père brutal et incestueux qui dresse la fillette à voler dans les magasins, seule activité qui procure joie à l’une, fierté à l’autre.



L’écriture est pleine de sensibilité, souvent lyrique voire exaltée, au diapason des sentiments qui animent la fillette puis la femme qu’elle est devenue et qui se souvient.



Des éclairs d’amour traversent le récit, par la présence d’un amant qui écoute et d’un mari qui aime envers et contre tout.



Cette « nuit après nous » n’est définitivement pas une lecture de plage, il faut s’accrocher pour naviguer dans ce récit aussi touchant que suffocant et qui chamboule de la première à la dernière page.



Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure
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Une nuit après nous

Une nuit après nous de Delphine Arbo Pariente

Gallimard



« Je sais pourtant que rien n’arrête les incendies ».



Mona mène une vie paisible avec Paul, son amoureux qui est aussi son ancrage, un compagnon idéal et un père parfait pour leur petite Rosalie.

Quand elle rencontre Vincent à son premier cours de Tai Chi, elle ne comprend pas. Il est une évidence, une reconnaissance mutuelle plus qu’un coup de foudre, le genre de rencontre qui change la donne...



Cet homme va devenir une parenthèse dans sa vie. Tandis qu’il lui offre une oreille et elle va s’épancher et ouvrir la trappe des souvenirs, celle qui barricadait l’enfance qu’elle voulait oublier, l’enfance douloureuse et meurtrie auprès d’un père abusif et maltraitant et d’une mère rongée par la dépression.

« J’ai cru que j’aimais Vincent pour oublier mais c’était pour me souvenir ».

Une rencontre comme une béquille pour l’aider à affronter les fantômes du passé.

Réparer l’enfance salie, meurtrie.



C’est par l’écriture que Mona va se libérer. Le pouvoir des mots, l’un après l’autre.

Ce n’est pas une histoire d’adultère mais c’est surtout une histoire de réparation.

C’est aussi l’histoire d’un déracinement, de ses renoncements et de ses ravages, quand il faut reconstruire une vie ailleurs...

Un livre sombre avec des trouées de lumière rendues par une écriture imagée, belle et puissante.



« J’étais aussi perdue qu’une photo mal cadrée prise entre les pages d’un dictionnaire ».

L’histoire de Mona, un premier roman talentueux.







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Une nuit après nous

Mona rencontre Vincent. Et ce nouvel amour va précipiter la narratrice dans son passé. Victime de la violence d'un père et de l'indifférence d'une mère, ses mots cherchent à nous faire partager l'indicible. Cette petite fille va grandir dans la terreur d'un père qui la forcera à voler et qui ira jusqu'à l'inceste envers sa fille.

La narratrice retrouve avec l'écriture cette petite fille qu'elle a volontairement enfouie au fond d'elle pour survivre. L 'auteure cherche les mots, écrit au plus proche d'une vérité sans complaisance, nue. Si on a parfois du mal à comprendre ce drame familial comme cette passion naissante, le lecteur embarque dans ce premier roman découvrant un style, une écriture à la fois belle et pure. Il y a dans ce roman une simplicité et une élégance, une violence terrible et la douceur des mots qui cicatrisent.



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Une nuit après nous

Un roman qui aborde un sujet qui m'indispose au niveau émotionnel : celui de l'inceste et de la maltraitance infantile.

C'est trés certainement pour cette raison que j'ai eu du mal à accrocher à l'histoire.

Toutefois je salue l'écriture de l'autrice qui a su transcrire les émotions du personnage principal qui revit son enfance à cause du bouleversement émotionnel d'une passion extra-conjugale.

Merci à mes 68 premiéres fois de m'avoir permis de lire ce livre.
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Une nuit après nous

❝ La matière première de l'écriture doit venir de là, non ? De ces trous de l'âme d'où s'écoulent nos souffrances.❞

Anne-Laure Bondoux et Jean-Claude Mourlevat, Et je danse, aussi



❝ Il est des plaies comme des portes, impossibles à refermer.❞



Voilà un roman qui a bien failli m'agacer dès les premières phrases. Lisez plutôt :



❝ Je m’appelle Mona, j’ai quarante-six ans, je suis en couple avec Paul depuis douze ans, j’ai trois enfants dont deux d’un précédent mariage, et il y a quelques mois j’ai rencontré Vincent. J’aime mon mari, qu’il s’endorme à mes côtés chaque nuit, en glissant sa jambe sous ma jambe comme une cale, qu’il gère le quotidien en sifflotant parce que cela ne lui pèse pas comme à moi, qu’il suspende son manteau à côté de mon manteau dans l’armoire et l’imprègne de son odeur, qu’il laisse ses chaussures près de la porte d’entrée à côté des miennes et de celles de Rosalie, j’aime l’homme qui m’a donné son nom, son temps, ses hivers, je l’aime ; et j’aime le temps que je passe avec Vincent, dont je ne sais presque rien et qui entre ici les mains nues.❞



Une femme, deux hommes.

Mona, Paul le mari posé mais transparent, observateur presque étranger, et Vincent rencontré à un cours de Tai-Chi. Une nuit après nous, premier roman de Delphine Arbo Pariente paru l’été dernier aux éditions Gallimard, ne propose-t-il qu’une visite guidée de tous les lieux communs du triangle amoureux au moment de la crise de la quarantaine ? Ne serait-il qu'une lecture délébile ?



Non, heureusement il n'est rien de tout cela. Certes, Mona ment à Paul, invente des rendez-vous professionnels tardifs, alors même que Vincent, ❝ une quarantaine d’années, son visage […] doux, les traits […] fins, pas une beauté spectaculaire❞ n’est pas son amant. Enfin... pas vraiment, comprenez pas sexuellement. Mais alors qui est-il ? Vincent est l’homme qu’elle n’attendait pas, ne cherchait même pas. Parce qu’au fil des rencontres, ils se découvrent si semblables,



❝ Parfois, je me demandais si Vincent n’était pas entré dans ma vie pour aller prendre la main de la petite fille que j’abritais, il savait la puissance des bourrasques sur les champs de magnolias.❞



Mona se sent en confiance, suffisamment pour lui révéler ses traumatismes d’enfance qu’elle a toujours tus à Paul, le bien lisse, le presque irréel Paul (seul reproche que je ferai), malgré leurs douze ans de vie commune.



❝ J’ai cru que j’aimais Vincent pour oublier, mais je l’aimais pour me souvenir.❞



Leurs rencontres le soir dans les cafés proches du domicile de Mona vont libérer les mots emballés ❝ dans du papier journal❞, mettant au jour la mémoire familiale sur trois générations, du départ précipité de Tunisie lors de la fin du Protectorat français (1956) à la difficile intégration en France. Elle décrit la douceur de la vie dans la fraîcheur de la grande maison tunisienne que pourtant elle n’a pas connue, l’opiniâtreté de ses grands-parents venus en France après s'être dépossédés de toute une vie, et la morsure de l’exil.



❝ Ils pleurent son air épicé et ses parfums moites, les fins de journée sur la terrasse d’où remontent les senteurs de chèvrefeuille et de figuiers touffus, ils pleurent la torpeur ovale des matins d’été et des siestes alanguies les jours de canicule, c’est leur vie tout entière qui coule par leurs yeux.❞



Elle raconte comment sa mère désemparée par sa vie française s'est jetée à la tête du premier venu, le mariage de ses parents, son enfance à elle entre cette mère atone, prisonnière de la vacance de ses journées et un père dont la violence éructe l’amertume de ne pas vivre sur le grand pied qu’il pense mériter. Mona ne cache rien des vols à l’étalage qu'ils commettent dans les grandes surfaces, remplissant à ras bord le coffre de la voiture chaque samedi pour avoir de quoi manger et s’habiller, elle confesse les notes de frais qu'elle aide son père à contrefaire pour flouer son patron et constituer un petit magot. Tout est bon pour arrondir les angles vifs des fins de mois et, pour la fillette, tout est bon pour que son père soit fier d’elle.



❝ J’ai compris soudain ce que venait faire cet homme dans ma vie. Il m’a semblé être celui à qui je pouvais confier l’origine de tous mes errements. J’allais poser ce fardeau, cette fiction de moi-même que je traîne comme un vieux chiffon d’enfance.❞



Mona dit aussi la lâcheté de la mère accablée, claquemurée dans son monde de myope, les coups du père et enfin l’indicible, la souillure, l’humiliation. Ces aveux apaisés donnent à Vincent le courage de se retourner sur ses années adolescentes, quand la mort prématurée du père est venue anéantir ses rêves d’avenir, et la résignation qui s'en est suivie.



❝ En me parlant, tu m'as donné à voir ce qu'exige de se réconcilier avec son histoire. Je t'ai vue te délivrer, j'ai compris à mon tour tout ce à quoi j'avais renoncé.❞



Nouveau départ, pour l’une comme pour l’autre. Il n’est d'ailleurs pas anodin que Delphine Arbo Pariente ait choisi de faire de Mona une architecte d’intérieur, elle que la confession a rendue capable de repenser et organiser le chaos de sa vie passée, autant familiale que professionnelle, par l’écriture. Sûrement son chantier le plus ambitieux.



❝ J’écris parce que j’ai cessé de croire que je pouvais laisser cette histoire hors de moi, grandir n’a pas suffi. Chaque matin persévère mais le passé partout bondit. J’avançais dans la vie avec les yeux de ma mère, un œil qui regarde et l’autre qui oublie. Je croyais qu’il était inutile de s’attarder, je n’avais rien compris. Je me demande si j’ai habité cette vie ou si j’ai juste attendu quelqu’un devant un robinet d’eau froide.❞



Voilà qui m’amène à dire quelques mots de l’écriture en état de grâce de Delphine Arbo Pariente. Les heureuses trouvailles imagées (on émacie les rêves, la torpeur des matins d’été est ovale, et tant d'autres que j'ai notées !) et le rythme apaisé font de ce roman un bonheur à lire bien qu'il raconte le chaos/les cahots de l’enfance, de la perte, de l’exil et du pire. Cette écriture-là, en autorisant la lumière à percer les ténèbres, fait que l’on partage l'émotion de Mona et Vincent au moment où leurs mots prennent leur essor après avoir été longtemps retenus.



❝ À la question posée : "Pourquoi écrivez-vous ?" la réponse du Poète sera toujours la plus brève : "Pour mieux vivre".❞

Saint-John Perse



Un très beau premier roman sombre, magnifié par la grâce rédemptrice de l’écriture.



Lu dans le cadre de la sélection 2022 des #68premieresfois




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Une nuit après nous

Mona , 46 ans , architecte d'intérieur , partage la vie de Paul , 56 ans . Elle a deux garçons d'un premier mariage et une fille avec Paul . La vie banale d'une famille recomposée .

Jusqu'au moment où Mona rencontre Vincent , qui , lui aussi , vit en couple avec deux enfants . Une passion amoureuse peut-être , mais sans les coucheries qui y sont afférentes . Cette histoire va réveiller les souvenirs que Mona croyait avoir enterrés définitivement : "s'efforcer d'oublier n'est pas l'oubli" .

Il y a des blessures qui ne s'effacent pas , il y a l'exil : ses grands-parents et ses parents ont été obligés de quitter la Tunisie en laissant tout derrière eux , la belle villa et le confort . Une famille juive dans un pays musulman qui vient d'accéder à l'indépendance , c'est rédhibitoire .

Il y a surtout la violence du père et l'absence d'amour qu'a vécu Mona , sa mère était quasi constamment dépressive . Un père qui terrorise tout le monde , un homme jaloux du statut social auquel il ne peut accéder , un père qui la contraignait à voler dans les supermarchés et dans les restaurants . Un père qui l'humilie constamment et qui pratique des attouchements sexuels que Mona appréhende à chaque fois qu'elle prend une douche (avec de l'eau tiède , l'eau chaude coûte trop cher ) .

Derrière les relations incestueuses et les humiliations , il y a un sentiment de honte irrécupérable .

En volant des bricoles dans les supermarchés , Mona croit pouvoir prouver l'amour qu'elle éprouve pour son père et ainsi capter le sien . En vain , car , comme le dit Delphine Arbo Pariente , "un enfant de cet âge-là ne sait pas que ce que lui est ainsi demandé ne se fait pas" . Quand , à l'âge de 6 ans , son père la traite de "putain" , elle cherche le sens de ce mot dans le dictionnaire et trouve l'étymologie latine "putidus" , puant , sale , des mots qu'elle comprend et qui ne font que l'humilier davantage .

Le tour de force que réalise notre primo-romancière , c'est de décrire de façon poétique un cauchemar absolu , l'inceste sous la douche . Cela crée un sentiment de malaise irrépressible chez le lecteur .

Le sentiment fort qu'elle éprouve pour Vincent libère tous ces souvenirs enfouis , cette enfance sans amour et sans joie . Heureusement , l'oreille attentive de Vincent lui permet de relativiser et d'avancer dans la vie , elle évacue toute cette horreur en se confiant à cet homme qu'elle connait à peine , alors qu'elle vit avec Paul depuis 12 ans .

Ce premier roman est une belle découverte , avec une écriture poétique et ciselée , avec la musicalité de la langue et une richesse des sentiments d'une force prodigieuse .

Merci au groupe des 68 premières fois de m'avoir fait découvrir cette autrice
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Une nuit après nous

Mona, la quarantaine, en couple, tombe amoureuse de son professeur de yoga. Avec cette relation, c'est son passé qui resurgit. Elle va nous raconter sa vie entre une mère ailleurs et un père tyrannique qui s'est servi d'elle sans lui donner l'amour qu'elle aurait aimé avoir.



Afin de comprendre ce qui fait sa vie, Mona va la retracer ainsi que celle de ses parents. Mais cela sera-t-il suffisant pour s'accepter ? L'écriture l'aidera -t-elle à avancer, à gérer son mal-être ?



Je suis dubitative quant à ce que j'ai ressenti de ce roman. Cette litanie, cette plainte de Mona est vite devenue urticante. Mais j'ai été prise par les personnages des parents que j'aurais volontiers bousculer. Le père, pour lui faire comprendre que sa fille n'est pas un objet qu'on utilise pour obtenir plus facilement quelque chose allant jusqu'à l'humiliation. La mère, pour la sortir de cette torpeur afin qu'elle vienne au secours de sa fille. C'est en cela que je me dis que l'auteur a réussi car j'en suis arrivée par moment à détester ces parents.



Cette introspection a le mérite d'ouvrir la porte sur la question de sa propre vie car il y a toujours des non-dits, des attitudes qui blessent sans que cela soit fait intentionnellement. En prendre conscience ne peut être bénéfique.



Ce n'est pas un coup de coeur mais il peut mériter qu'on s'y arrête.
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Une nuit après nous

Il fallait une onde de choc pour que Mona retrouve son enfance.

Sa passion pour Vincent et leurs confidences partagées vont l'aider à retrouver la petite fille et l'aider à grandir, comme un déclic . Elle se confronte enfin à son père tyrannique et à sa mère soumise et terrorisée. Une façon d'essayer de s'affranchir enfin de ses démons du passé.

#68premieresfois

#unefemmequilitenvautdeux
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Une nuit après nous

Je ne m’attendais pas du tout à ça, à être si bouleversée. Pas uniquement en terminant ce roman, non, non, mais bel et bien durant toute la lecture.

Dès le début : uppercut! Puis à nouveau à terre quelques pages plus loin!

Impossible de me relever avant la fin. Et encore, je dis ça mais il y a eu un temps de récupération obligatoire ensuite. Assez long même.

J’ai aimé découvrir le style de Delphine Arbo Pariente, sa justesse, la beauté de ses phrases.

Je laisse derrière moi cette petite fille qu’elle nous raconte, cette enfant innocente que j’aurais tellement voulu prendre dans mes bras et secourir. Son histoire a déchiré mon coeur et j’espère qu’aujourd’hui elle va bien, qu’elle va mieux…

Le quatrième de couverture ne révèle qu’une partie des sujets du roman, et ils sont édifiants.
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