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Citations de Delphine Horvilleur (641)


Ajar fut un des noms que Gary créa pour dire au monde qu'il n'allait pas se résoudre à une mort annoncée, ni celle des hommes, ni celle des mots.

Son pseudo fut un dernier pied de nez au morbide qui vous rattrape toujours, mais qu’on peut tromper un temps avec un peu de panache, avec une maniganœ littéraire qui interdit à l'homme de n'être que lui-même. À travers Ajar, Gary a réussi à dire qu'il existe, pour chaque être, un au-delà de soi ; une possibilité de refuser cette chose à laquelle on donne aujourd'hui un nom vraiment dégoùtant : l’identité.
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Préface

Gary, mon dibbouk

(...)Voilà comment un homme se met à écrire simultanément sous un nom et sous un autre et signe là une stratégie de survie littéraire- ou de survie, tout court.-un stratagème qui rendrait fou tous les désespérés de la terre: renaître de son vivant et déjouer le morbide qui vient toujours de la conscience d'être arrivé quelque part.Gary réussit ainsi à sortir de l'impasse existentielle dans laquelle tombe tout homme reconnu pour son œuvre.Il retrouve un avenir.

( p.9)
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J'étais le fruit de ces arbres brûlés jusqu'à la cendre, ces résineux des plaines de Birkenau où personne ne m'avait jamais emmenée et dont on ne m'avait rien dit.
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Delphine Horvilleur
On a tous besoin de rire de Dieu, et je crois que pouvoir rire du sacré est ce qui le constitue, est sa sacralité. S'imaginer qu'on ne peut pas rire de Dieu, à mon sens, c'est le profaner.

[France Culture 03/03/2021, émission "La grande table"]
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Quand mon grand-père parlait de la France, glorieuse et résistante, il en offrait un récit de gratitude éternelle. Il devenait alors le parfait Juif français, celui qu'on appelait jusque récemment un « israélite ».

L'israélite est un patriote dont le judaïsme est affaire de discrétion absolue, et de pratique exclusivement domestique. Mon grand-père fût ce marrane de la République, un juif parfaitement assimilé, comme on n'en fait plus.
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A la fin de sa vie, le roi Salomon rédige un livre nommé L'Ecclésiaste, un parchemin dans lequel il répète cette phrase, connue de tous: "Vanité des vanités, tout est vanité!" Ce verset est l'un des plus célèbres de la Bible.
Il est aussi l'un des plus mal traduits.
En hébreu, Salomon l'énonce ainsi: "Havel Havalim Hakol Havel". Le roi de Jérusalem ne parle d'aucune vanité, mais dit littéralement: "Buée des buées, tout est buée." Ou plus simplement encore: "Abel des Abel.. tout est Abel!"
Ainsi parle le sage, le propriétaire, le sédentaire, l'homme qui a acquis des biens et a cru en la stabilité du monde. Il reconnaît que tout est Abel.
Tout ce que nous construisons solidement finit par s'user ou par disparaître, tandis que ce qui est fragile, éphémère et faillible, laisse paradoxalement des traces indélébiles dans le monde. La buée des existences passées ne s'évapore pas: elle souffle dans nos vies et nous mène là où nous ne pensions jamais aller.
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Mon fils est rentré à la maison, un peu plus tard. Je me suis tournée vers lui, et j’ai dit :

« Tu sais ce que tu aurais de mieux à faire ? Retirer de ton cou ton étoile de David. J'aimerais bien que tu l'enlèves, quelques jours ou quelques semaines seulement, juste le temps que les choses s'apaisent un peu. Tu veux bien, dis ? »

Mon fils m’a regardée droit dans les yeux. Il s'est approché de moi tout doucement et il m’a prise dans ses bras. Ensuite, il a murmuré à mon oreille : « Pas question, maman ! Je la garde. »

Mon enfant m’a donné une leçon qui jaillit toujours à rebours dans nos histoires, la leçon qu'un fils donne à sa mère, ou que chaque génération offre à la précédente quand elle lui tient tête. Et je me suis sentie terrorisée, angoissée, bouleversée, mais incroyablement fière.

« II était une fois. .. les mères juives. »
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Il jubile(Gary), surtout lorsqu'il constate que les plus grands critiques littéraires de son temps n'y voient que du feu, et affirment qu'avec Ajar est né un vrai écrivain, une "grande plume", un auteur qui a tout de même autre chose à apporter au monde que la petite littérature "ringarde et surestimée" d'un Gary dépassé.
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Le dibbouk, c'est un revenant qui vous colle à la peau ou à l'esprit, un être dont l'âme s'est attachée à la vôtre pour une raison mystérieuse, et qui ne vous lâche plus. Il s'accroche et ne vous quitte pas. Il vous accompagne simplement et hante votre existence, pour la parasiter ou l'agrandir, l'encombrer ou la soutenir.
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Suggérer qu'on est l'Alpha du monde, cacher l'origine, la tentative est louable, bien sûr. Mais, y'a rien à faire, on vient tous de quelque part et l'origine, elle vous rattrape toujours à la fin.
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[D]eux rescapés des camps […] font de l’humour noir sur la Shoah. Dieu, qui passe par là, les interrompt : « Mais comment osez-vous plaisanter sur cette catastrophe ? », et les survivants de lui répondre : « Toi, tu ne peux pas comprendre, tu n’étais pas là ! »
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Delphine Horvilleur
Le monde ne se répartit pas entre ceux qui croient et ceux qui ne croient pas, mais entre ceux qui font dans leur monde de la place à l'autre et ceux qui refusent d'en faire.

[France Culture 03/03/2021, émission "La grande table"]
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J'ai décidé de lutter par tous les moyens. J'ai écrit des slogans, des programmes politiques qui disent tous merde à la croyance. Merde à l'identité. Merde à tout ce qui te fait croire que t'es rien d'autre que ce que tu es.

« Make America fake again »

« I believe I can lie »

« Le père, y en a pas deux ! »

« Karl Marx répare. Karl Marx remplace. »

« Vive la République et surtout... Vive la transe »
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Au cœur de cette tragédie nationale [la tuerie à Charlie Hebdo] et d'un deuil collectif, tandis que des millions de personnes rejoignaient des manifestations populaires, et que des chefs d'Etat venus du monde entier marchaient dans Paris, nous avions peut-être oublié l'essentiel: expliquer à une fille que sa mère [Elsa Cayat, la "psy de Charlie"] était partie pour toujours. Dans un deuil collectif ou national, quelque chose est toujours confisqué aux familles et aux proches des victimes, un peu de ce qu'ils sont en droit d'exiger, la reconnaissance d'une douleur dont nous n'avons pas même idée, et des paroles de vérité.
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Je sais bien ce que vous vous dites : tout cela est absurde et terriblement narcissique. Ça suffit de tout ramener à soi, de s'imaginer que ceux qu'on admire indexeraient leur vie ou leur mort sur notre biographie ... ou pire, sur nos petits besoins de lecteurs ou d'écrivains. Ça suffit de s'imaginer des liens privilégiés avec des auteurs sous prétexte que leurs œuvres nous touchent. De croire que leur vie et leurs écrits nous adressent un message que nous serions seuls capables de décoder. (p.10-11)
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Qui veut réaliser la volonté de Dieu ? Qui ? Qui veut venger l'honneur du prophète ? Qui veut évangéliser l'Amérique ? Qui veut poser des petites maisons en Cisjordanie ? ... Qui ,
Et soudain, on est entouré de gens qui ne manquent pas d'air : une foule de gens hyper-connectés à la volonté de Dieu, qui saventparfaitement te l'interpréter comme s'ils faisaient partie de Sa garde rapprochée.
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Delphine Horvilleur
Chacun de nous a beau savoir qu’il va mourir, le fait d’ignorer quand et comment fait toute la différence. L’immensité des possibles nous fait croire qu’on pourrait encore y échapper.
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Quelle contradiction qu'au sein des traditions monothéistes, ceux qui se revendiquent aujourd'hui seuls lecteurs légitimes des sources religieuses soient toujours précisément ceux qui refusent d'opérer une relecture. La religion est usurpée par des "textôlatres", ces simples "lecteurs" qui ne peuvent revendiquer la démarche religieuse au sens pur du terme puisqu'ils ont figé le texte. Leur refus de revisiter leurs héritages relève souvent de la superstition, à une nuance près : ils ne prient pas seulement pour que leurs enfants leur survivent mais pour que les interprétations passées ne meurent jamais.
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« Quel Dieu « grand » devient si misérablement « petit » qu’il a besoin que des hommes sauvent son honneur ? Penser que Dieu s’offusque d’être moqué, n’est-ce pas la plus grande profanation qui soit ? Grand est le Dieu de l’humour. Tout petit est celui qui en manque. »
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Certains pensent qu’on écrit pour se débarrasser de quelque chose ou de quelqu’un qui vous hante, mais c’est le contraire. On écrit toujours pour retenir, et poursuivre une conversation avec ce qui n’est plus là, un dialogue que sans ça, la vie vous force à interrompre. On écrit parce que les mots consolident toujours les liens. Ça fait famille, beaucoup plus solidement que le sang et la filiation biologique.
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