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Citations de Delphine Horvilleur (640)


page 30
Pour bénir un enfant, on appose les mains sur sa tête en faisant comme si on le plantait à nos côtés. Nous pourrions nous imaginer que ce geste impose une place à nos côtés, mais pas du tout. Par ce geste nous lui disons exactement l'inverse : nous mimons et nous racontons la chose suivante : sache que tu es suffisamment héritier de notre monde, que tu es suffisamment chargé de trésors que tes parents t'ont transmis, que tu portes le poids de ce que qui t'a été donné grâce auquel tu pourras aller ailleurs, traverser les océans, explorer le monde, entreprendre un voyage.
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page 19
en vérité , nous ne savons ni quand ni comment les Hébreux sont sortis d'Egypte. Mais je n'ai pas besoin d'en avoir la démonstration scientifique ou la preuve historique pour être convaincu de quelque chose. Ces récits n'ont pas besoin de dire la réalité pour peut-être dire la vérité. De fait ils partagent ce point avec bien des contes : ne pas dire la réalité ne signifie pas nécessairement qu'on ne dit pas la vérité.
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Les tueurs ont-ils perçu le paradoxe obscène de leur geste assassin ? Leur croyance en un Dieu qui demande vengeance et se vexe d'être méprisé constitue un gigantesque blasphème. Quel Dieu "grand" devient si misérablement "petit" qu'il a besoin que des hommes sauvent son honneur ? Penser que Dieu s'offusque d'être moqué, n'est-ce pas la plus grande profanation qui soit ? Grand est le Dieu de l'humour. Tout petit est celui qui en manque.
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C'est quand la vie et la mort se tiennent la main, que l'histoire peut continuer.
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La lecture voyeuriste des textes sacrés menace les lecteurs des trois religions monothéistes, qui s'arment souvent des versets de leur texte révélé pour défendre une vision du monde présentée comme indiscutable. Barricadés derrière un sens perçu comme immuable, ils viennent souvent justifier le statu quo social, politique ou religieux, en bâillonnant d'autres interprétations.
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Delphine Horvilleur
Il est passionnant de voir que nos trois religions choisissent pour fondateur un homme qui a brisé les idoles de son propre père. Cette figure d'Abraham s'est inscrite dans un questionnement sur ses origines. Elle est troublante à une époque où les djihadistes de Daech détruisent toutes ces statues. Aussitôt, dans mon imaginaire religieux, cela me renvoie au geste d'Abraham. Pourtant ces actes sont commis dans une idée inverse. Il y a une telle fixité dans la lecture des textes faite par ces fondamentalistes, une telle incapacité à percevoir la complexité des héritages, qu'ils brisent ces statues dans un geste idolâtre et non iconoclaste.

(Le monde des religions n°100)
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Certains pensent qu'on écrit pour se débar- rasser de quelque chose ou de quelqu'un qui vous hante, mais c'est le contraire. On écrit toujours pour retenir, et poursuivre une conversation avec ce qui n'est plus là, un dia- logue que sans ça, la vie vous force à inter- rompre.
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C'est vrai, quoi. Pourquoi serait-on obligé d'avoir l'âge qu'on nous dit qu'on a?

Y a bien des gens qui ont réussi à prouver qu'ils n'ont pas le sexe qu'on dit qu'ils ont, alors pourquoi ce ne serait pas pareil pour l'année de naissance?

Il suffit d'avoir une autre conscience de soi.

Je sais que certains vont me dire que ça n'a rien à voir, que ton âge c'est objectif alors que ton genre, lui, relève de la pure subjectivité, de la culture qui te l'a imposé, etc. Mais depuis quand l'objectivité serait-elle autre chose que la subjectivité de la majorité ?
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Un idolâtre, tu sais, c'est quelqu'un qui croit que Dieu s'intéresse vraiment à ses problèmes, qu'il peut lui demander de l'argent, du succès ou un vélo électrique, du moment qu'il ne le vexe pas et le caresse avec ferveur dans le sens du poil.

Eh bien le père d'Abraham en est un, d'idolâtre. Il n'est pas très connu mais dans la Thora, il porte un nom étrange. Il s'appelle Terakh' ». Pas facile à prononcer. Alors dans toutes les bibles, on lui a légèrement francisé le patronyme. Pour des raisons d'intégration, « Terakh » est devenu « Tharé ». Véridique. Tu peux vérifier: Abraham, le père de tous les croyants, est un « fils de Tharé ».

(...)

Le fait de savoir que tous les fils d'Abraham sont des petits-fils de taré, ça permet de mieu comprendre l'Histoire : ses millénaires de fraternité humaine, et tout cet amour dont on a fait des guerres et des génocides, c'est d'abord un problème congénital.
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Tout le monde sait comment on fait les bébés. Mais personne sait comment on fait les papas.
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La plupart des gens qui te disent qu'il est temps d'en finir avec les catégories et de ne plus être binaires, ils précisent généralement qu'ils ne le sont pas, eux, contrairement à leurs interlocuteurs. Et du coup, il n'y a pas plus binaire qu'un mec qui te dit qu'il ne l'est pas.

Tu savais qu'en hébreu, le verbe être, ça n'existe pas au présent ? Tu ne peux pas dire: je suis ceci ou je ne suis pas cela. Parce que tu ne peux dire ni « je suis », ni « je ne suis pas ».

Tu peux conjuguer le verbe être au passé ou au futur. Mais au présent, ça disparaît comme le lapin dans le chapeau du magicien. Bref, en hébreu, tu peux « avoir été » et tu peux être , mais tu ne peux absolument pas « être »... ni binaire, ni non-binaire, ni homme ni femme.

Tu as été et tu deviendras, mais tu es forcément en plein dans ta mutation.

En clair, l'hébreu c'est la langue des trans.
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« L'humour est une affirmation de supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive.» (Citant Romain Gary)
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Les textes religieux crient : « Interprète-moi ! Fertilise-moi de ta lecture et ne me stérilise pas d'interprétations passées. » Nul ne peut prier un «Dieu matriciel » s'il ne sait faire de la place dans son monde et dans son livre à des voix nouvelles, celles d'hommes et de femmes dont la parole est fécondante, porteuse de vie.
Ce qui unit les juifs à travers les générations n'est pas pas une génétique, ni une croyance, ni une pratique, c'est un rapport au Texte qui leur sert de matrice. Ce judaïsme matriciel abrite à chaque génération des extensions de sens.
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Aucune tradition n'est exempte de « contaminations », c'est-à-dire de fertilisations. Il en va du judaïsme comme de tous les langages. Son histoire s'est nourrie d'autres cultures, qu'elle a su métaboliser d'une manière particulière, et transformer pour les faire siennes. Toute identité est poreuse et mouvante, tant qu'elle est vivante.
C'est ainsi qu'une tradition peut créer du nouveau et rester pertinente. Elle se doit tout simplement d'être une matrice à partir de laquelle pourront se développer des générations qui se percevront en continuité avec les précédentes, tout en apportant au monde de l'inédit.
En cela, le fondamentalisme est un refus d'expansion, qui prétend que le texte a déja tout dit et que seules les lectures passées sont valides.
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Le fondamentalisme est même précisément celui qui ordonne : ne te mêle pas à l'autre, surtout pas à la femme, et ne renouvelle en rien les traditions ou les lectures passées. Reproduis à l'identique.
Le féminin lui pose problème, en tant que figure de l'altérité par excellence. Il est le genre qui interroge la norme et pose la question aui menace tous les dogmes : es-tu capable de faire de la place à autrui ? Voilà pourquoi, comme incarnation de ce féminin, les femmes sont tenues à distance du culte, par leur corps ou leur esprit.
Tout en elles, à commencer par leur anatomie, dit la membrane, l'ouverture et le passage : précisément ce qui menace une pensée inté- griste, intégralement et hermétiquement clôturée par ses certitudes.
Le féminin dérange parce qu'il est celui qui s'ouvre, et fait en lui de la place pour être fecondé par un extérieur à lui. Or, le fondamen- taliste de toute religion prétend que nul ne peut ou ne doit le contaminer, que sa tradition est pure de toute influence étrangère, et même de toute contextualisation. Il met en garde contre le mélange ou la trop grande proximité avec l'infidèle, l'étranger ou l'hérétique.
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Les hommes violents de l'histoire biblique ont en commun d'être les fils de femmes blessées ou mal aimées. Ces hommes portent la pleine responsabilité de leurs actes, mais ils sont aussi chargés d'une douleur maternelle qui semble puissamment nourrir leur rage. Tout comme Caïn, «s'ils s'améliorent, ils se relèveront ». Il existe pour eux une voie de résilience qui passe par la sortie d'un mutisme hérité. Il leur revient de trouver les moyens d'anéantir en eux cette colère matricielle, tapie à l'ouverture. Mais apaisera-t-on jamais la colère des fils sans soigner la douleur des mères ?
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Telle est l'ambiguïté de la transmission : ne pas appartenir condamne à mourir, et trop appartenir, à ne jamais devenir soi. La conscience d'une appartenance peut créer un sentiment de continuité et de lien entre les générations. Mais elle peut aussi se faire pesante et empêcher l'émergence d'un individu accablé par le poids de son héritage.
Face au fantasme de non-appartenance de certains, il en est un autre qui menace aujourd'hui notre société : celui du repli identitaire et son obsession du collectif. Le communautarisme et le nationalisme en sont des enfants légitimes.
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Sans ancrage, l'enfant qui se développe n'a aucun devenir. Il doit savoir qu'il fait partie d'un "nous" bien avant de pouvoir dire "je". Cette empreinte est même la condition pour lui de l'accès au langage.
Le propre de l'homme n'est pas son langage, une capacité largement partagée dans le monde animal, mais le fait qu'il ait besoin d'un autre pour l'acquérir.
Le paradoxe de la condition humaine est qu'on ne peut devenir soi que sous influence
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Pour moi, Simone et Marceline sont les visages de ce qu'on désigne aujourd'hui sous le terme un peu galvaudé de "résilience".
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À partir de maintenant, le temps n'a plus aucune importance. Il ne se compte plus comme le font les autres. Décrétons ensemble que chaque heure est un millénaire et que la semaine qui vient peut durer un million d'années.
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