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Critiques de Denis Brillet (41)
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La diagonale Anderson

J’ai eu le plaisir de découvrir ce roman grâce à la Masse Critique qui très souvent me permet de me plonger dans des univers vers lesquels je ne vais que très rarement ou pas du tout.

La plume de l’auteur est fluide et précise, chaque mot a son importance et sa place toujours bien réfléchit, avec des descriptions claires, parfois trop dans le détail à mon goût.

Cette roman très axé sur la psychologie de ses personnages, qui m’a déroutée et je dois le dire également perturbée. Personnages attachants, mais à la fois inquiétants. S’ils sont nombreux, on peut facilement comprendre que chacun à une place à part dans cette histoire, mais aussi et surtout son importance. Dans le désordre et parmi tant d’autres, des enfants, un vieil homme malade, une infirmière, que l’on découvre et suit sur 3 périodes ( plus un épilogue) bien définies et distinctes de leurs vies.

Cependant, une magnifique balade sur les terres normandes que l’auteur nous fait découvrir, nous permettant ainsi de faire un très beau voyage.

Il m'a tout de même manqué ce petit truc en plus qui fait qu’un roman reste en mémoire, un effet WAOUH que j’aime retrouver lors de mes lectures.

Je ne saurais que vous conseiller, mais si vous aimez les romans originaux où les personnages ne vous laissent pas indifférents alors cette histoire est faite pour vous.

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La diagonale Anderson

Ma lecture de La Diagonale Anderson a été déplaisante. Le livre fait à peine plus de deux cent pages, découpé en trois parties, et en une vingtaine de courts chapitres, pourtant, c'est à chaque fois à contrecœur que je reprenais le livre en mains.



D'abord et principalement en raison du style. Tout peut se résumer en un terme : laborieux. J'ai eu l'impression de lire la rédaction d'un bon élève sans esprit. L'action, les descriptions, les dialogues eux-mêmes sonnent complètement factices, vides et sans âme. Les phrases alourdies d'adverbes et de proposition s'enchaînent, ne nous épargnant rien de chaque geste du petit déjeuner, par exemple : où l'on prépare sa cafetière, verse son café, s'asseoit dans sa chaise, sirotte son café en tirant sur sa cigarette, que l'on écrase, puis on s'étire et on va mettre sa tasse dans l'évier. Tout ça... sans quasiment rien raconter.



Un tel vide, si pénible à lire, est un peu compliqué à critiquer. Je n'ai d'antipathie ni pour l'auteur, ni l'idée de cette histoire, mais je ne peux honnêtement pas relater mon expérience de lecteur sans souligner ce ressenti qui m'a tenu de la première à la dernière page. Cette lourdeur sans fantaisie, sans rythme, sans souffle ; ses actions vides, inutiles et souvent sans conséquences, semblent être un remplissage artificiel pour donner corps et chair au récit, mais sans aucune adhérence avec celui-ci. On glisse sur les mots, on comprend ce qu'il se passe mais rien ne nous donne l'occasion de s'inquiéter, de se réjouir, de s'énerver... Rien ne nous permet d'en avoir quelque chose à faire.



Les personnages ne semblent avoir aucune existence propre. Leurs choix, ponctuant leur trajectoire personnelle, semble ici aussi ne devoir que servir l'avancée d'un récit tout tracé. Leurs dialogues et leurs pensées souffrent de la même lourdeur que le reste, mais, pire encore, chacun s'exprime de la même manière, comme s'ils étaient tous interprétés par le même mauvais comédien. Même la tentative (un peu trop visible) de donner de la vérité aux paroles des enfants n'est pas convaincante. On ne voit en définitive que des coquilles vides évoluant sur les rails d'un scénario dont l'intérêt nous semble fort lointain.



Je suis d'avis, probablement assez classique, que toute intrigue peut être fascinante ou chiante à mourir, dépendant de la manière dont elle est racontée, mais aussi amenée au lecteur.



Ici, la première partie est d'un ennui sans nom. J'entends qu'on veuille introduire les personnages par une situation relativement simple, les enjeux qui sous-tendent leurs relations, leur passé compliqué. Mais ici, pendant toute la première moitié du bouquin, l'auteur s'échine à détailler le quotidien assommant de cette infirmière et de son fils s'installant au service d'un vieil écrivain malade et tombant peu à peu amoureuse de l'homme à tout faire. Et c'est looong... et ça n'a rien suscité en moi. La deuxième et troisième partie, se déroulant respectivement huit et vingt-trois ans plus tard, relatent de rares évènements suscitant l'intérêt, mais seulement par contraste face à l'ennui qui nous a éreinté jusque-là, tant l'écriture y est aussi pesante que depuis le début.



Là où on aurait besoin de profondeur, on ressent de la superficialité. On assiste au quotidien de ces personnages qui semblent n'être que des outils vides servant de prétexte à une histoire dont on peine à saisir les enjeux. Et comme on n'apprécie ni ne déteste ces personnages, comme on y est indifférent, on ne les connaît pas, ils n'existent pas à nos yeux. Et la tentation d'abandonner la lecture est grande. On a l'impression de ne voir que la trame du récit, sans authenticité, sans intensité non plus.



L'un des personnages, Alban Steiner, est un vieil écrivain ayant perdu sa femme, Iris, avec laquelle il écrivait des romans à quatre mains. Lui créait "des histoires, des plans, des scénarios, des intrigues", mais c'était elle qui les mettait en forme, qui leur donnait vie. Outre l'intrigue qui pourrait être plus aboutie et cohérente, l'auteur aurait bien eu besoin d'une Iris Steiner pour sa Diagonale Anderson.
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La diagonale Anderson

Roman découvert par Masse Critique. Je trouve ce dispositif vraiment épatant. C'est comme ouvrir une pochette surprise. Ou dire au chef de cuisine : allez-y, servez-moi ce que vous voulez !

Alors, il était comment ce menu intitulé La Diagonale Anderson ? le titre est alléchant et malin déjà.

Le prologue en guise de mise en bouche augurait d'une histoire où le narrateur allait révéler quelques secrets bien croustillants de sa jeunesse. Ensuite, ce fut un service en 3 plats : 1976, 1984 et 1999, avec un petit épilogue bien serré en 2020 pour finir en beauté.

Globalement, l'écriture était fluide, avec des descriptions claires et sans chercher à en faire trop. C'est déjà beaucoup.

Alors oui, on se glisse ainsi facilement aux côtés des personnages, dans cette maison ensuquée par l'été caniculaire de 1976. Il y a le vieil homme malade, l'infirmière qui vient vivre sur place pour s'occuper de lui et pour fuir Marseille où le père de son fils récemment parti laisse un trop grand vide. Il y a la voisine qui deviendra la bonne copine, le jardinier qui deviendra...non je ne vais pas tout raconter. Et les autres enfants qui grandiront plus ou moins ensemble, avec un évènement qui va affecter leurs vies. Il y a aussi la relation privilégiée que le vieil homme et le jeune garçon vont tisser, autour de l'imagination, la littérature. Bref, tout est réuni pour se régaler.

Au final c'est bien, mais un peu trop école hôtelière. Il m'a manqué un peu de saveur, de caractère, de recherche psychologique, d'épices, de charisme dans les personnages. C'est comme dans la cuisine, avec les mêmes ingrédients selon les cuisiniers, on fait un repas insipide ou un festin.

Là on est dans le repas normal qui manque un peu de sel. C'est bon, équilibré, mais pas inoubliable.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Si vous voulez. Difficile de manger dans un restaurant gastronomique tous les jours.
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La diagonale Anderson

Je viens de terminer le dernier roman de Denis Brillet, La diagonale Anderson, un roman publié aux Éditions In Octavo en mars dernier.

Encore une fois, c’est une très belle rencontre.

Avec un titre, d’abord, qui m’intriguait. Avec les méridiens et les parallèles, j’y voyais un terme géographique qui m’a tout de suite « emportée », un peu comme le méridien de Greenwich. Je me souviens que gamine, j’avais trouvé ça un peu loufoque mais très poétique de « découper la planète en lignes imaginaires !

La diagonale Anderson… J’ai été tentée de demander à l’auteur ce que signifiait ce titre. Je ne l’ai pas fait, et j’ai eu raison. D’abord, parce qu’il ne m’aurait pas répondu (!), ensuite parce que l’émotion aurait été moins forte. Quelle belle trouvaille ! Mais je n’en dirai pas plus ; si ce n’est que j’ai été très touchée, émue.

Rencontre avec des personnages. Émouvants, sympathiques mais aussi troubles, un peu inquiétants aussi… des personnages qui ne laissent pas indifférents et avec une intrigue efficace. L’auteur nous promène, au sens propre comme au sens figuré ; à travers cette Normandie que j’aime tant d’une part, et milieu de tous ces fils qui se tissent entre les différents personnages. Un roman psychologique, déroutant, perturbant…

Enfin, il y a la plume de l’auteur. Toujours concise, « affutée » ; on devine chaque mot « pensé », « réfléchi ». Pas de place pour le hasard.

Un très beau roman.

Mais je n’en dirai pas plus…

Forcément.
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Zone sensible

C’est un square au milieu de 4 tours, en banlieue.

Sous forme de nouvelles, Denis Brillet nous raconte la vie de ces habitants en banlieue.

C’est piquant, vif, tendre, triste. Il y a un peu de vocabulaire qui montre que Denis a cherché le mot juste.

On y voit des jeunes, des travailleurs, des femmes, des frères, des sœurs, des amis, le chef et le bloc 3C…

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Trois jours

j'ai adoré :

Un ado décide d’aller camper dans un village en plein hiver.

D’où vient-il qui est-il ?

Sa présence est vraiment singulière. Il est inclassable et… dérange…

Pendant cette histoire qui se déroule sur trois jours,

Nous allons faire la connaissance

- Du Maire

- Du Beuillot qui devient ensuite Rémi

- De Camille la mère de Rémi

- De Rose l’épicière et de son mari Gaëtan

- De Joe le barman

- De Jean

- Il y aura aussi les « deux petites vielles »

Notre ado, cherche à nettoyer son âme… son corps doit devenir simplement une enveloppe pour son âme.

Il le nourrit mais juste au minimum…

Les rencontres qu’il va faire n’est pas un aboutissement de sa recherche.

Cela peut entrainer une réflexion sur soi, une réflexion sur les autres.



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Trois jours

Quelle idée de planter sa tente au mois de février au cœur d'un village? Eh oui, quelle idée saugrenue! un jeune homme dont on ignorera le prénom tout au long du récit bouscule les habitudes de cette petite bourgade bien isolée. Il fait un froid de canard, et voilà notre héros en train de sa geler sous la tente. Il cultive sa solitude, entraine son corps à endurer la faim et la soif. Que fait-il là? En fait, on se pose cette question tout au long du récit. Il m'a fait penser au héros de Paul Auster dans Moon Palace: Marco Stanley Fogg. Notre homme se retrouve stigmatisé par une population qui voit d'un mauvais œil l'arrivée d'un étranger, qui plus est en plein hiver. Personne de normal ne fait du camping au mois de février.

L'écriture de Denis Brillet est belle et poétique, on vit avec le jeune homme dans ce bled paumé, on a froid, on a chaud, on aime et on déteste les personnages, ils sont là, ils sont vivants. Tout es résumé dans ce roman sur ce que peut-être le comportement humain face à l'intrus. La communauté se resserre autour de l'étranger, le noyau dur cherche à l'expulser en lui trouvant tous les défauts de la terre. Même si les questions restent entières concernant ce mystérieux jeune homme, j'ai passé de bons moments en sa compagnie.
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Asylum

Quand le 7 juin 2014, cent écrivains de diverses nationalités se retrouvent à Tredjeck, à l’invitation du président Mordjick pour célébrer le centenaire de la fondation de la capitale, aucun d’eux ne peut imaginer que son destin va basculer dans les toutes prochaines heures. Ces auteurs, survivants suite à une tempête dévastatrice se retrouvent coincés sous des milliers de tonnes de gravats dans le tout nouveau palais des Congrès.



La survie doit s’organiser. En milieu clos se dévoilent alors les tempéraments et les caractères, les défauts, les fantasmes et la cruauté. Jusqu’où peut-on aller ?

Un très bon roman qui analyse avec justesse, les conditions de vie en captivité, sous l’égide d’un tortionnaire.

Un roman que j'ai apprécié.
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Zone sensible

On ressort bluffée de la lecture de ce recueil de nouvelles court (130 pages) mais si dense, par sa vision d'un monde et par son écriture. Un recueil, certes, mais que je conseille de lire d'une traite, presque comme le petit roman de la vie de la Cité, personnage central du livre, tant sa construction et sa cohérence sont impeccables : les histoires s'y répondent, on retrouve des personnages, à différents stades ou âges de leur parcours (qui pourraient parfois être celui d'autres), comme des chapitres d'une seule Vie.

On pénètre en plein dans cette zone sensible, ce quartier HLM, on entre dans les appartements, dans le fonctionnement des corps et des esprits de celles et ceux qui la composent, personne n'est oublié : jeunes, moins jeunes, ouvriers, femmes, hommes, d'origine étrangère ou non. Avec un sens de l'observation très juste, fin, remarquable, Denis Brillet décrypte leur quotidien, des états d'âme, des gestes, des attitudes, presque des symptômes d'une vie subie, et voit chez chacun le bout de fenêtre ouvert vers un ailleurs, le doigt pointé vers un coin de rêve illusoire, l'envie d'une parenthèse loin de la routine et de la galère. Une rêverie, douce ou plus rebelle, pour échapper à un sort tout tracé, par une famille, une tradition, un déterminisme social, un lieu peut-être, où tout le monde épie, où certains cherchent à imposer leur loi. Denis Brillet ne fait pas dans l'angélisme, ne juge pas, ne moralise pas. Il fait le constat de vies, au plus près de la réalité, et on ne saurait pas dire finalement (et c'est très bien) quels sont ses sentiments à l'égard de personnages auxquels, comme à son habitude, il donne beaucoup d'humanité et une vraie consistance, et ce malgré le format court de la nouvelle. Et là même est le tour de force : savoir construire de vrais personnages en quelques lignes, grâce à la contrainte parfaitement maîtrisée de la brièveté. La phrase est ciselée, de manière à dire beaucoup, par un agencement travaillé de mots justes, précis, un foisonnement de détails sans impression de surcharge. Bravo Denis !

Un portrait de la Cité sans complaisance, avec humanité, dans une langue admirable, et une belle construction du recueil. Quand la beauté de l'écriture vient habiller la réalité nue, difficile, sans la maquiller, j'adore !

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Mille Raisons d'Aimer Lilo

J’ai lu d’une traite Mille raisons d’aimer Lilo, de Denis Brillet, un roman de 2014 réédité en 2020 aux éditions Ella.

Et j’ai aimé Lilo, à plus d’un titre…



Lilo a une maladie orpheline, qui le condamne au mutisme et à l’immobilité d’un fauteuil roulant ; il bave quand il est content ; il a 6 ans et n’atteindra pas les 12 ans. Il n’est pas le seul à connaître un destin scellé. Sa mère entraîne sa famille dans une fuite qui tourne en rond et la ramène toujours à son point de départ. Elle fait semblant de croire qu’elle décide de partir, qu’elle dirige sa vie alors que les déménagements sont une errance, et que rien ne bouge dans son triste quotidien : elle ne cherche qu’à être invisible au regard des autres qui rejettent le handicap de son fils, où qu’elle aille. Un nouveau départ sera-t-il possible dans l’isolement de la campagne ? Cette mère, seule, sans travail, aimante, peine à s’occuper de ses trois enfants : une fille de 16 ans, entre colère et quête d’affection, de la mère, du père, des garçons qu’elle séduit, un fils de 11 ans investi de grandes responsabilités auprès de son petit frère « différent » qu’il adore et qu’il est seul à comprendre vraiment, ce fils qui lutte pour apporter un peu de mobilité, un peu de joie à Lilo, qui veut relever la tête face au regard des autres sur son frère… Mais ne pas cacher Lilo, cela veut dire aller au-devant de graves problèmes, entre services sociaux, et voisin haineux… Le poids de la Vie, la force de l’Amour aussi, vont conduire les uns et les autres à des décisions irrémédiables, proches d’une forme de folie ou de courage des désespérés…



Denis Brillet a la maîtrise de la langue, ce n’est pas une découverte ; il emploie au besoin ici des mots durs, adaptés à la situation, et montre l’intérêt que je lui connais dans d’autres ouvrages pour les cabossés de la vie, les petites gens, les invisibles qui souffrent, qu’il pare d’une dose d’humanité profonde et de toute sa tendresse, ce qui les rend particulièrement touchants, même si l’on peut parfois ne pas être d’accord avec leurs comportements. Par son attention à la psychologie des personnages, Denis Brillet leur donne la dignité de ses mots, nous amène à les comprendre. On accompagne cette famille pauvre avec empathie, on est ému par l’amour qui les unit, sans romantisme, avec le lien d’une vie rude qui crée des heurts mais avec la force de difficultés communes à surmonter, contre le monde entier. Faire bloc, même avec des fêlures, des maladresses, pour aimer Lilo, le protéger… Mais est-ce qu’aimer suffit face à la cruauté des autres ?

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Zone sensible

Une cité, des immeubles en vis en vis, comme des récifs où viennent s’échouer, s’agglutiner des êtres en quête de survie, d’un ailleurs, d’une altérité.

En une douzaine de courtes nouvelles, Denis Brillet construit la chronique de cet espace commun où tous s’épient, et où pourtant les secrets sont légion. Les époques, les possibles, les individus et les destins s’y entremêlent pour composer un réseau fatal, image en abîme de la toile d’araignée dans laquelle tous sont venus, sciemment ou non, s’engluer. D’une histoire à l’autre, les personnages se croisent, les époques changent, les visions de la cité évoluent selon les regards. Jeune hommes inquiétants, enfants rêvant de devenir des caïds, filles rebelles promises à la soumission, vieilles femmes acariâtres ou résignées, tous s’affrontent, se surveillent, se craignent ou bâtissent des rêves inutiles, car chaque récit les renvoie méthodiquement à leur propre enfermement. La cité, entité au départ bienveillante, loin de les abriter, les possède, et elle constitue le véritable personnage principal de ce recueil, implacable, imparable, jungle urbaine faisant régner la loi du même nom et broyant peu à peu les individus qui ne désiraient rien tant que de la dominer.

Denis Brillet décrit fort bien les introspections, les ressentis, les situations des personnages. L’écriture est précise, parfois volontiers précieuse, avec une élégance qui tranche sur les situations décrites dans cet univers glauque et dangereux. Tous les récits s’enchâssent les uns dans les autres, le tableau ne devenant complet qu’à la fin de la dernière nouvelle où se clôt une magistrale boucle temporelle.

On ne peut que recommander la lecture de ce recueil qui, à partir d’un sujet que l’on pouvait craindre rebattu ou convenu, a l’intelligence de créer, au moyen d’un style rigoureux et précis, une vivante image d’un entrelacs de destins qui tisse la trame de ce fragment du monde où nous voyons se débattre une incertaine humanité.
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Zone sensible

Il y a des livres qui marquent… Je sais déjà, au moment de refermer ce Zone sensible, que je relirai ce livre.

Zone sensible m’a laissée KO. Genre « Uppercut littéraire ».

Ce recueil de nouvelles fait partie de ces ouvrages dont je me dis secrètement que j’aurais aimé l’écrire. Une cité, ses tours, ses squares, et ses habitants, qui vivent, s’aiment, se haïssent, souffrent, rient… Des jeunes, des moins jeunes mais une seule respiration, un souffle. Quelle idée géniale ! Ces destins qui se croisent, ces personnages tellement vrais, tellement humains, désespérément humains… je les entends, je les connais, je les reconnais, je les ressens.



J’y retrouve une Mebrat en devenir, jeune fille qui s’élève contre une réalité qui la révolte.



Oui, bravo Denis. Cet ouvrage est d’une extraordinaire humanité, sans concession, sans carricature, sans excès. Riche et sobre, l’écriture est précise ; chaque mot est à sa place. Mes élèves liront une de ces nouvelles, parce que cet ouvrage, quelque part, est une leçon de vie.



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Zone sensible

Une cité, ses habitants: jeunes, moins jeunes.

Entre espoirs et désoeuvrements.

Entre indépendance et entrelacs des histoires.

Entre confusion et cohérence.

Shaker tout ça et vous êtes en zone sensible.

Une écriture bluffante et terriblement efficace.

C'est en terminant le dernier chapitre que je suis revenue au premier pour comprendre le fil rouge qui lie ces habitants les uns aux autres, dans l'indifférence apparente de cette vie de cité.

Denis Brillet un auteur à découvrir qui m'a scotchée par le réalisme de ces personnages dans leur quotidien et surtout dans la manière très fluide de les relier les uns aux autres.

Une belle surprise en ce qui me concerne sur l'art de manier l'intrigue sans y paraître.

Un très beau recueil et je remercie sincèrement Babelio et les éditions In octavo, de m'avoir permis de faire cette superbe découverte et qui donne envie de découvrir l'oeuvre de cet ancien professeur.

Bravo !
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Zone sensible

Un excellent recueil de nouvelles, qui en une douzaine de courts récits, nous fait entrer dans l’intimité d’une variété d’habitants d’une cité d’immeubles à appartements. Les récits sont indépendants mais ils se répondent, offrant différentes vues sur un même personnage ou une même situation. Remarquable, je vous le conseille !



Je remercie très chaleureusement les éditions In Octavio de m’avoir permis de découvrir ce beau recueil de nouvelles, dans le cadre d’une opération Masse critique de Babelio. Je découvre en même temps son auteur, le normand Denis Brillet.



Je l’ai déjà écrit ici: j’affectionne tout particulièrement les nouvelles. C’est un genre que je trouve particulièrement exigeant pour l’écrivain, qui doit se montrer capable d’exprimer beaucoup en peu de mots. Les nouvelles réussies sont de l’orfèvrerie, des ouvrages d’une élégante précision. De la lecture de telles nouvelles, je retire le même plaisir que celui qu’éprouverait un musicien en écoutant un grand soliste.



Denis Brillet m’a donné satisfaction par l’efficacité de son style et de la construction de ses textes. Chaque nouvelle maintient l’attention de son lecteur jusqu’à la dernière ligne. Ce ne sont pas des tableaux ou autres portraits, comme c’est parfois le cas dans d’autres recueils, mais bien des récits, qui ont chacun leur dénouement.



J’ai aussi apprécié que ces histoires se répondent. Elles ont pour cadre une cité, comprenant des blocs d’immeubles à appartements. Je veux dire une même cité pour tous les récits. Certains personnages apparaissent dans plusieurs nouvelles, ce qui permet de les décrire sous divers éclairages, ou d’avoir plusieurs visions d’une même situation. On voit des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des Français, des étrangers. La cité est un village, rassemblant beaucoup d’habitants sur une surface restreinte. On se fréquente plus ou moins, on devine, ou l’on s’imagine, la vie des voisins au travers des sons qui traversent les cloisons. Des bandes se forment, il faut s’y faire sa place, y compris des ados, qui affrontent les regards de la bande en plus des regards de leurs parents.



En peu de pages, l’auteur fait partager à ses lecteurs l’intimité d’une remarquable variété de personnages, l’immergeant complètement dans l’ambiance de la cité. Une réussite, donc !



Historien de formation, Denis Brillet est un enseignant retraité; l’écriture occupe une partie de ses loisirs. On lui doit plusieurs romans et recueils de nouvelles. Je suis ravi d’avoir fait ici sa connaissance. Certes, je n’ai pas trouvé chez lui les mots raffinés d’un grand auteur de nouvelles, mais cela ne m’a pas coupé l’envie de le garder en bonne place sur ma pile, bien au contraire ! Je suis curieux de lire aussi l’un de ses romans. Si vous avez des suggestions, je suis preneur !
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Zone sensible

C'est plutôt bien écrit. le livre est présenté comme un recueil de nouvelles et il commence effectivement comme cela avec un 1er récit qui, comme toute nouvelle qui se respecte, a une chute bien trouvée qui fait le lecteur revisiter ce qu'il vient de lire. Ensuite les récits - du "un peu triste" au franchement glauque" - braquent leur attention sur différents personnages parfois croisés auparavant. L'ensemble construit donc peu à peu un portrait fort morose de ce carré de 4 immeubles "enfermant", qui est comme isolé du monde ainsi que les personnes y vivant (qui ne s'échappent pas au-delà de 2 boulevards et ne vont jamais à Paris tout proche) et difficile à situer dans le temps (c'est après la construction de ces tristes "ensembles" - donc après les années 1950 - et ça peut aller jusque dans les années 1990 je dirais, quand tout ça a mal vieilli), le livre bouclant une boucle au final assez déprimante et malheureusement assez exacte ( le livre m'attirait car je vis dans un "décor" assez proche). L'écriture est juste, l'auteur discret. C'est un triste constat et quasi un procès des "grands ensembles".

Le livre commence et finit fort mais ma note est limitée car je m'attendais à mieux (l'auteur a reçu plusieurs prix) , à être plus touché, ému et à mieux comprendre les raisons de cet échec.
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Trois jours

« Parce que la faiblesse des autres peut vous détruire tout autant que leur force. Les gens faibles ne sont pas inoffensifs. Leur faiblesse peut justement être leur force… » Philippe Roth, Indignation.

Trois jours et tout change à jamais. Ce roman est une destinée. Lire « Trois jours » c'est atteindre les profondeurs infinies. Apprendre l'alphabet essentialiste. La force de l'invisibilité, le pouvoir intrinsèque des merveilleuses vertus. Chaque mot de Denis Brillet enclenche un processus, un signe. Ici, c'est la double lecture qui lève le voile sur l'advenir d'un roman hors pair. L'errance pour sac à dos, l'endurance aux souffrances d'une saison hivernale glacé, rude et sauvage. Un jeune homme dont on ignore le nom arrive dans un village en plein midi de février. D'aucuns s'étonnent. Tous observent sournoisement cet étrange (er). Dans un hors champ ordinaire, ce jeune homme devient non pas un dérivatif aux habitus, mais le point d'appui d'une hostilité. Dans ce lieu emblématique, sa toile de tente gorgée de vent et de méprises, il est dans une attitude hédoniste, olympienne. Un magicien théologal qui va de par son stoïcisme et sa discrétion bousculer chacun (e) dans leurs convictions les plus ancrées. La solitude encerclée sur chacune de ses prouesses. le magnétisme de ses capacités qui oeuvre en silence. Ce jeune homme est la baguette du magicien. Il contre les vents contraires, la faim, le froid, la fragilité de son corps frêle comme un roseau et sa vulnérabilité qui est juste une écorce. L'apparence physique d'une faiblesse qui n'est pas le Rocher de Sisyphe. Il déambule dans le village, trois jours de quête résiliente, l'altruisme en porte-voix dans l'invisibilité de ses bravoures. Qui est ce jeune homme ? Trois jours et le village va s'éveiller, s'offusquer, craindre et comprendre le dépassement de tout entendement. L'énigme qui dévore subrepticement ce jeune être en mission. Il va tel un mage donner un souffle rédempteur à ses élus, choisir ses destinations symboliques et fédératrices. Nous sommes dans l'Ére des Petits Riens à l'instar d'Amélie Poulain ou de Philippe Delerm.

« La vie m'avait appris à me tenir debout, à regarder devant, sans orgueil et sans modestie. Ma place était ici, ailleurs, n'importe où bon me semblait, nul ne pouvait me dénier ce droit… Je vivais à rebours des autres et où l'on ne me cherchât, on ne me trouvait pas. »

Trois jours, et rien ne sera plus comme avant la dernière aurore. Il va tel le Petit Poucet semer des cailloux dans un labyrinthe à bout de souffle. Trois jours et l'énigme bascule. La crainte n'est plus. le mystère reste dévorant, signifiant. le secret des oeuvres souterraines de ce jeune inconnu qui ne sortira jamais de terre.

Ce roman magistral, salvateur est une chance. Un outil spéculatif pour chacun un jour ou l'autre il sera le mot de passe des existences réalisées dans le charme des suprêmes. Ce livre est une pépite d'or, sac à dos, et destinée. Bienfaisant, thérapeutique et grave. Trois jours pour retourner le sablier et vous verrez comme tout change. En lice pour le prix Hors Concours des Éditions indépendantes 2021. Publié par les Éditions de La Rémanence.

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Trois jours

Le commentaire de Martine :

Un roman qui sort de l’ordinaire, qui se passe du côté psychologique. Un jeune homme arrive dans un village avec un regard d'introspection, une communauté qui semble aussi froide que l’hiver dans laquelle la nature est, en ce mois de février. Il va passer trois jours au sein de ces gens, et repartir comme il est arrivé. Un jeune homme mystérieux, que personne ne connaît.

Ce séjour de trois jours, on comprend qu’il est dans une quête pour se trouver ou la vie va l’amener, il réfléchit sur des sujets très importants pour lui, l’amour, la confiance, la vie, l’âme, les croyances, tout en rencontrant des personnages spéciaux et étranges. Au cours de son séjour, il va se produire des événements assez bizarres, nous entrons dans la tête de cet adolescent qui vit dans un état assez difficile, il mange peu, il souffre, il cherche une purification de son corps, de son esprit et de son âme.

Un roman surprenant, qui est hors normes, une belle lecture !
Lien : https://lesmilleetunlivreslm..
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Trois jours

#Troisjours

#NetGalleyFrance



Excellent roman que j'ai dévoré, je remercie l'auteur Denis Brillet pour m'avoir autant divertie.

Nous suivons un adolescent, dont nous ne savons absolument rien, pendant les trois jours où il décide de s'installer dans un petit village pour y planter sa tente.

Il sait qu'il ne restera que 3 jours, pas un de plus, ni un de moins, pourquoi ? nous ne le savons pas. Pendant ces trois jours, il va faire la connaissance de Rémy, Rose, Gaëtan, Joe, Madame Clément, Jean, Camille, le maire et peut-être d'autres que j'ai oublié, il va soit troubler, soit ravir, soit agacer, mais quoi qu'il en soit, il ne laissera personne indifférent.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur, j'ai trouvé les personnages rencontrés très crédibles et pour la plupart très touchants, l'histoire se tient bien et l'auteur a su mettre du suspense dans cette histoire, ce qui fait que l'on a envie de tourner les pages rapidement afin de connaître la fin de l'histoire.

Grande amatrice de thriller, policier, roman noir, j'ai passé un excellent moment de lecture qui m'a fait sortir de mes sentiers battus pour découvrir d'autres livres tout aussi passionnants.
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Trois jours

C’est l’histoire de l’arrivée d’un étranger dans un petit village. Il va y séjourner 3 jours, puis repartir.

Adolescent, nous dit la quatrième de couverture. Son âge reste relativement indéterminé. Il est jeune, certes.

L’époque n’est pas très précise non plus. On fume dans le café, mais il semble qu’on soit à l’époque des téléphones portables. On ne se situe pas précisément dans une époque.

Un récit quelque peu intemporel, des personnages aux contours flous, le sentiment durant le récit qu’on ignore l’essentiel : il y a une grande part de mystère dans ce roman.

On le traverse plein de questionnements. Ce roman serait-il l’histoire d’une tentative de vie ascétique ? Clairement, le héros, qui n’est pas nommé, s’y essaie. Ceux dont il croise le chemin sont renvoyés face à eux-mêmes : Rémi, le simplet ; Rose, l’épicière ; Gaétan, l’accidenté ; Jean, l’employé municipal ; Joe, le cafetier ; Stéphane, le Maire : Mme Clément, la bibliothécaire.

Et on referme ce livre avec des questionnements, l’imagination balançant entre métaphores et fantastique. C’est un récit assez inclassable, surprenant. J’ai très envie de lire d’autres avis sur cette lecture. Je pense que j’y reviendrai.

Merci à l’édition Masse critique de Babelio et l’éditeur Rémanence pour cet envoi. J’avais déjà lu L’entaille du même auteur. Asylum, que je possède également était descendu dans ma pile, il remonte : Denis Brillet est un auteur qui mérite qu’on y retourne.
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Trois jours

Un jeune homme débarque dans un village où personne ne le connait et plante sa tente au camping alors que l’hiver bat son plein. Il a prévu de rester trois jours.



L’inconnu intrigue, irrite ou fascine. Jamais il ne laisse indifférent.



Un roman mystérieux.



A lire sous la tente.
Lien : https://lucioleetfeufollet.c..
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