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EAN : 9782377590421
134 pages
In Octavo (16/06/2021)
4.56/5   8 notes
Résumé :
A travers douze histoires fortes, émouvantes, parfaitement ciselées, l'auteur dépeint la vie d'une cité de banlieue ayant pour horizon les quatre blocs d'immeubles la composant et son carré d'herbe interne à destination première des enfants… Se trouvent ici très bien mises en exergue toutes les difficultés dues à la proximité, la situation, la diversité de ses habitants tant par leur origine que par leur mode de vie. Avec une sensibilité toute particulière, l'auteur... >Voir plus
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Un excellent recueil de nouvelles, qui en une douzaine de courts récits, nous fait entrer dans l'intimité d'une variété d'habitants d'une cité d'immeubles à appartements. Les récits sont indépendants mais ils se répondent, offrant différentes vues sur un même personnage ou une même situation. Remarquable, je vous le conseille !

Je remercie très chaleureusement les éditions In Octavio de m'avoir permis de découvrir ce beau recueil de nouvelles, dans le cadre d'une opération Masse critique de Babelio. Je découvre en même temps son auteur, le normand Denis Brillet.

Je l'ai déjà écrit ici: j'affectionne tout particulièrement les nouvelles. C'est un genre que je trouve particulièrement exigeant pour l'écrivain, qui doit se montrer capable d'exprimer beaucoup en peu de mots. Les nouvelles réussies sont de l'orfèvrerie, des ouvrages d'une élégante précision. de la lecture de telles nouvelles, je retire le même plaisir que celui qu'éprouverait un musicien en écoutant un grand soliste.

Denis Brillet m'a donné satisfaction par l'efficacité de son style et de la construction de ses textes. Chaque nouvelle maintient l'attention de son lecteur jusqu'à la dernière ligne. Ce ne sont pas des tableaux ou autres portraits, comme c'est parfois le cas dans d'autres recueils, mais bien des récits, qui ont chacun leur dénouement.

J'ai aussi apprécié que ces histoires se répondent. Elles ont pour cadre une cité, comprenant des blocs d'immeubles à appartements. Je veux dire une même cité pour tous les récits. Certains personnages apparaissent dans plusieurs nouvelles, ce qui permet de les décrire sous divers éclairages, ou d'avoir plusieurs visions d'une même situation. On voit des jeunes, des vieux, des hommes, des femmes, des Français, des étrangers. La cité est un village, rassemblant beaucoup d'habitants sur une surface restreinte. On se fréquente plus ou moins, on devine, ou l'on s'imagine, la vie des voisins au travers des sons qui traversent les cloisons. Des bandes se forment, il faut s'y faire sa place, y compris des ados, qui affrontent les regards de la bande en plus des regards de leurs parents.

En peu de pages, l'auteur fait partager à ses lecteurs l'intimité d'une remarquable variété de personnages, l'immergeant complètement dans l'ambiance de la cité. Une réussite, donc !

Historien de formation, Denis Brillet est un enseignant retraité; l'écriture occupe une partie de ses loisirs. On lui doit plusieurs romans et recueils de nouvelles. Je suis ravi d'avoir fait ici sa connaissance. Certes, je n'ai pas trouvé chez lui les mots raffinés d'un grand auteur de nouvelles, mais cela ne m'a pas coupé l'envie de le garder en bonne place sur ma pile, bien au contraire ! Je suis curieux de lire aussi l'un de ses romans. Si vous avez des suggestions, je suis preneur !
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On ressort bluffée de la lecture de ce recueil de nouvelles court (130 pages) mais si dense, par sa vision d'un monde et par son écriture. Un recueil, certes, mais que je conseille de lire d'une traite, presque comme le petit roman de la vie de la Cité, personnage central du livre, tant sa construction et sa cohérence sont impeccables : les histoires s'y répondent, on retrouve des personnages, à différents stades ou âges de leur parcours (qui pourraient parfois être celui d'autres), comme des chapitres d'une seule Vie.
On pénètre en plein dans cette zone sensible, ce quartier HLM, on entre dans les appartements, dans le fonctionnement des corps et des esprits de celles et ceux qui la composent, personne n'est oublié : jeunes, moins jeunes, ouvriers, femmes, hommes, d'origine étrangère ou non. Avec un sens de l'observation très juste, fin, remarquable, Denis Brillet décrypte leur quotidien, des états d'âme, des gestes, des attitudes, presque des symptômes d'une vie subie, et voit chez chacun le bout de fenêtre ouvert vers un ailleurs, le doigt pointé vers un coin de rêve illusoire, l'envie d'une parenthèse loin de la routine et de la galère. Une rêverie, douce ou plus rebelle, pour échapper à un sort tout tracé, par une famille, une tradition, un déterminisme social, un lieu peut-être, où tout le monde épie, où certains cherchent à imposer leur loi. Denis Brillet ne fait pas dans l'angélisme, ne juge pas, ne moralise pas. Il fait le constat de vies, au plus près de la réalité, et on ne saurait pas dire finalement (et c'est très bien) quels sont ses sentiments à l'égard de personnages auxquels, comme à son habitude, il donne beaucoup d'humanité et une vraie consistance, et ce malgré le format court de la nouvelle. Et là même est le tour de force : savoir construire de vrais personnages en quelques lignes, grâce à la contrainte parfaitement maîtrisée de la brièveté. La phrase est ciselée, de manière à dire beaucoup, par un agencement travaillé de mots justes, précis, un foisonnement de détails sans impression de surcharge. Bravo Denis !
Un portrait de la Cité sans complaisance, avec humanité, dans une langue admirable, et une belle construction du recueil. Quand la beauté de l'écriture vient habiller la réalité nue, difficile, sans la maquiller, j'adore !
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Une cité, des immeubles en vis en vis, comme des récifs où viennent s'échouer, s'agglutiner des êtres en quête de survie, d'un ailleurs, d'une altérité.
En une douzaine de courtes nouvelles, Denis Brillet construit la chronique de cet espace commun où tous s'épient, et où pourtant les secrets sont légion. Les époques, les possibles, les individus et les destins s'y entremêlent pour composer un réseau fatal, image en abîme de la toile d'araignée dans laquelle tous sont venus, sciemment ou non, s'engluer. D'une histoire à l'autre, les personnages se croisent, les époques changent, les visions de la cité évoluent selon les regards. Jeune hommes inquiétants, enfants rêvant de devenir des caïds, filles rebelles promises à la soumission, vieilles femmes acariâtres ou résignées, tous s'affrontent, se surveillent, se craignent ou bâtissent des rêves inutiles, car chaque récit les renvoie méthodiquement à leur propre enfermement. La cité, entité au départ bienveillante, loin de les abriter, les possède, et elle constitue le véritable personnage principal de ce recueil, implacable, imparable, jungle urbaine faisant régner la loi du même nom et broyant peu à peu les individus qui ne désiraient rien tant que de la dominer.
Denis Brillet décrit fort bien les introspections, les ressentis, les situations des personnages. L'écriture est précise, parfois volontiers précieuse, avec une élégance qui tranche sur les situations décrites dans cet univers glauque et dangereux. Tous les récits s'enchâssent les uns dans les autres, le tableau ne devenant complet qu'à la fin de la dernière nouvelle où se clôt une magistrale boucle temporelle.
On ne peut que recommander la lecture de ce recueil qui, à partir d'un sujet que l'on pouvait craindre rebattu ou convenu, a l'intelligence de créer, au moyen d'un style rigoureux et précis, une vivante image d'un entrelacs de destins qui tisse la trame de ce fragment du monde où nous voyons se débattre une incertaine humanité.
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Une cité, ses habitants: jeunes, moins jeunes.
Entre espoirs et désoeuvrements.
Entre indépendance et entrelacs des histoires.
Entre confusion et cohérence.
Shaker tout ça et vous êtes en zone sensible.
Une écriture bluffante et terriblement efficace.
C'est en terminant le dernier chapitre que je suis revenue au premier pour comprendre le fil rouge qui lie ces habitants les uns aux autres, dans l'indifférence apparente de cette vie de cité.
Denis Brillet un auteur à découvrir qui m'a scotchée par le réalisme de ces personnages dans leur quotidien et surtout dans la manière très fluide de les relier les uns aux autres.
Une belle surprise en ce qui me concerne sur l'art de manier l'intrigue sans y paraître.
Un très beau recueil et je remercie sincèrement Babelio et les éditions In octavo, de m'avoir permis de faire cette superbe découverte et qui donne envie de découvrir l'oeuvre de cet ancien professeur.
Bravo !
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C'est plutôt bien écrit. le livre est présenté comme un recueil de nouvelles et il commence effectivement comme cela avec un 1er récit qui, comme toute nouvelle qui se respecte, a une chute bien trouvée qui fait le lecteur revisiter ce qu'il vient de lire. Ensuite les récits - du "un peu triste" au franchement glauque" - braquent leur attention sur différents personnages parfois croisés auparavant. L'ensemble construit donc peu à peu un portrait fort morose de ce carré de 4 immeubles "enfermant", qui est comme isolé du monde ainsi que les personnes y vivant (qui ne s'échappent pas au-delà de 2 boulevards et ne vont jamais à Paris tout proche) et difficile à situer dans le temps (c'est après la construction de ces tristes "ensembles" - donc après les années 1950 - et ça peut aller jusque dans les années 1990 je dirais, quand tout ça a mal vieilli), le livre bouclant une boucle au final assez déprimante et malheureusement assez exacte ( le livre m'attirait car je vis dans un "décor" assez proche). L'écriture est juste, l'auteur discret. C'est un triste constat et quasi un procès des "grands ensembles".
Le livre commence et finit fort mais ma note est limitée car je m'attendais à mieux (l'auteur a reçu plusieurs prix) , à être plus touché, ému et à mieux comprendre les raisons de cet échec.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Il appartenait à cette sorte d’êtres qui, où qu’ils se trouvent, occupent l’espace, confisquent à leur profit l’air ambiant, ne concédant aux autres que le strict nécessaire.
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C’est dans ces moments-là, de solitude autant que de mélancolie, qu’affluaient les images refoulées du passé, ravivées d’odeurs et de sons oubliés. La larme a l’œil, il leur venait la conscience douloureuse d’avoir laissé quelque chose au profit d’autre chose, elles ne savaient trop quoi en définitive. Plus encore d’avoir rompu le fil de leur propre histoire et, ce faisant, d’avoir effacé une part de soi. De cette rupture, elles conservaient à fleur de peau la trace excoriée, presque honteuse. Une zone sensible sur laquelle elles se gardaient de poser les yeux. Le doute les étreignait alors et, quoi qu’elles pussent prétendre et clamer d’ordinaire, entre la vie d’hier et celle d’aujourd’hui, elles n’étaient plus aussi certaines d’avoir gagné au change.
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Elle avait gardé, chevillée en soi, l’idée ancienne que le temps se doit d’être utilement employé. À tel point qu’elle avait fait du travail l’un des fondements de son existence, sur lequel, suivant ce principe, repose la dignité de l’être humain.
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