Citations de Denis Faïck (36)
Je me dis qu’il faut toujours accompagner quelqu’un qui part avec de la joie, c’est cela qu’il doit recevoir, ni larmes ni cris, juste une passerelle faite de rires, d’épaules et de souvenirs sereins dispersés sur le dernier souffle.
Ne nous laissons pas écraser par des exigences qui font de la vie un calvaire plutôt qu'une joie.
Pendant tout le début de ma vie je suis passée au travers des années, mais c’était tout juste, comme dans un couloir très étroit, mes épaules frôlaient les bords de l’existence et je devais forcer un peu pour passer. Juste à peine. J’ai vécu passable.
On sait bien que les peines et les souffrances transforment les regards, et les joies aussi. C'est la marque des humains.
Les problèmes ont leur résolution en nous-mêmes et non à l'extérieur.
L'Histoire cède la place à leur histoire, à leur vie de gosses qui s'empare de tout à l'instant. Je les regarde et le milicien a enlevé son béret, il a une tête comme tout le monde, il rit, ils parlent tous les deux, la cour, les bêtises, les parents, les filles, les sourires de Jean-Mi sont authentiques, pleins de bouts d'enfance. Mais voilà, le souvenir de leur ancien camarade David, juif, sort Jean-Michel de la conversation heureuse. Petit à petit des enfants à l'étoile jaune surgissent dans la cour de l'école Victor-Hugo. Le monde présent revient. Ses sourires se font plus difficiles, difficiles parce que le poids des tourments empêche les lèvres de monter. L'Histoire s'impose.
Un soir j'étais chez moi, sur mon lit, assise en tailleur, ma couverture sur les épaules je mangeais un yaourt aux fruits, de la framboise, toute seule je regardais une émission à la télé, des gens parlaient, le sujet c'était: "Familles nombreuses, j'en veux encore." Une femme en avait six, l'autre sept, huit et neuf, elles étaient ravies et je ne crois pas qu'elles étaient au courant qu'on est sept milliards sur Terre, alors continuer à accoucher ce n'est peut-être pas la meilleure idée quand on a une vue globale de la situation.
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Cette guerre il n'était pas question qu'on passe à côté sans rien faire, on pouvait toujours prendre une décision, agir, mourir ou non, mais quand on doit combattre une maladie on ne peut rien, on est englouti par l'impuissance, toutes les armes qu'on a font long feu et fondent dans nos mains. Toute une armée ne peut rien alors il faut juste compter sur la chance.
La vie, enfin la sienne, c'est plein d'objets ordinaires avec, partout, un passé qui lui rit au nez.
On dit que dans mon regard il y a l'habitude de la douleur qui a renforcé ma volonté.
Sortir de l’échec dans notre quête, c’est s’ouvrir à une façon différente de voir les choses, qui s’oppose à notre habitude de comprendre, de juger, d’expliquer.
Il m’a dit « on verra ça une autre fois » et a insisté pour que je lise « lis, la culture, c’est important ».
Prenez un raté, un "petit" homme que la société pousse sur les bords, un mec à la traîne, qui n'a pas les moyens de réussir quoi que ce soit, frustré, tout aigri, et là vous avez un possible tortionnaire. Pas tous, bien sûr, on est d'accord.
Mais attention, évidemment il ne se sent pas responsable de son ratage, ce sont les autres qui le privent de la gloire qu'il mérite. On le spolie et en plus il est moche, dedans, le complexe le fait suffoquer. Il y a des moments précis où un raté d'envergure peut monter enfin monter non, on le prend et on le met en haut, on lui donne un pouvoir et ça commence.
Elle ne m’a jamais frappée, pas une seule fois, mais sa violence était plus grammaticale, ça a plus de style non, plus de classe, sans doute car elle me cognait à coups de phrases avec sa bouche magnifique pendant que moi je l’aimais.
Les illusions ne facilitent pas toujours la vie, parfois c'est le contraire, elles nous bloquent, elles s'acharnent à nous pourrir le temps, histoire d'avoir l'illusion d'exister.
La saison est magnifique, tout autour il y a de la beauté que les yeux embelissent en la désirant plus que d'habitude.
Parfois des choses incongrues se fraient un chemin dans notre monde, enfin incongrues ce ne serait pas le cas en temps de paix, mais là si. Ces choses elles surgissent dans nos vies sans qu'on s'y attende, elles donnent une couleur étrange et pourtant familière à la grisaille des regards fatigués.
Les choses ne sont que des choses, c'est le seul moyen de vivre un instant alors je lis un livre, je rêvasse un peu, accoudé à la fenêtre, je laisse mes yeux glisser sur les passants.
Mais un jour, un petit matin, les choses cessent de n'être que des choses.
On ne sait pas trop pourquoi, mais on le sentait tous les deux qu'on était faits pour être des amis intimes et non des amants qui finiront un jour par se séparer. On ne voulait pas de cette séparation, on voulait une éternité pour nous.
Je sais que ma volonté d'en découdre avec l'ennemi grossit ce portrait, mais bon, on sait que les peines et les souffrances transforment les regards, et les joies aussi. C'est la nature des humains.