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Critiques de Dermot Bolger (145)
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Finbar's hotel

Bonne adresse à Dublin





Ouvrage collectif, comme un hommage à cet établissement célèbre, le Finbar's Hotel à Dublin, initié par Dermot Boger, ce livre sorti en 99 réunit outre ce dernier Anne Enright, Jennifer Johnston, Roddy Doyle, Hugo Hamilton, Joseph O'Connor et Colm Toibin. Chacun a écrit une nouvelle ayant pour cadre le Finbar's Hotel, une institution sur les bords de la Liffey. L'endroit fut fort connu au début du XXème Siècle pour avoir abrité entre autres turpitudes épiscopales et trafics divers de part et d'autre de la floue limite de la légalité. Les sept auteurs ont eu à peu près quartier libre mais unité de temps et de lieu étaient figures imposées. Dermot Bolger a lié ces étranges aventures notamment par un vieux barman amateur de vodka, un comble, ici.



Autre énigme: les textes ne sont pas signés. J'ai crû reconnaître les univers de Colm Toibin et Joseph O'Connor mais rien n'est moins sûr bien qu'ils soient les deux écrivains que j'ai le plus lus parmi ce septuor. Un gangster, un héritier des premiers propriétaires fondateurs, une femme en fin de vie, deux sœurs haïssantes, un homme avec un futur cadavre dans son sac... Voilà les amis irlandais que vous fréquenterez si vous décidez de loger au Finbar's Hotel. Pour les irlandophiles dont je suis ce florilège est séduisant comme un whiskey tourbé, certains verres étant plus savoureux que d'autres. J'y ai retrouvé une phrase magnifique que j'avais lue dans le très beau roman "Inishowen" de Joseph O'Connor. Je la lui avais attribuée à tort. Elle est de William Butler Yeats l'immense poète de là-bas...



"Mon âme est enchaînée à un animal mourant"



Comment voulez-vous écrire le moindre vers après ça? Salauds de poètes!

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Une illusion passagère

Une soirée. Les quelques centaines de pages du livre ne décriront rien de plus. Une soirée, le temps de traverser toute une vie, d’espérer encore, d’entrevoir le futur. Tout sera dit. La plume de Bolger est habile, légère, et juste. Elle nous attache à ce pauvre Martin qui, malgré son statut, ressemble à l’homme le plus banal du monde, à l’aube de cet âge où tout peu basculer à tout jamais. Un bon métier, une épouse aimée, une belle vie de famille. Que demander de plus ? Il n’y a jamais eu d’histoire à raconter, aucune fausse note dans un quotidien parfaitement réglé. Martin est toujours resté à sa place, dans l’ombre, attaché aux valeurs d’une vieille Irlande qui s’éteint, et dont l’économie elle-même voit son heure arriver. Pour son voyage en Chine, il le sait, tout ne sera qu’une mascarade destinée à laisser l’honneur sauf. L’avenir ne brille pas pour le pays, et l’idée de prendre une retraite anticipée sonne aussi le glas pour lui.

Que faire lorsque tout ce qu’on a construit est soufflé par le temps ? Ses trois filles n’ont plus besoin de lui, sa femme a décidé de faire chambre à part, elle estime avoir passé le temps pour « ces choses-là ». L’homme se souvient des bons moments et s’étonne. Comment tout à pu disparaître ? Pourquoi les sentiments d’autrefois ne peuvent-ils plus renaître ? La distance forcée dans son couple est une entaille profonde, une torture perpétuelle. Il pourrait aller voir ailleurs, bien sûr, mais Martin est un homme droit qui ne connaît pas l’excès, qui n’a jamais si s’imposer, même s’il était drôle avant. Seulement, ses traits d’humour aussi ont fini par disparaître avec l’âge et les longues journées sérieuses au travail.



Seul dans une chambre d’hôtel à des kilomètres de son foyer, serait-il temps de céder pour la première fois ? Bolger oppose fantasme et réalité en explorant les doutes, les regrets d’un homme qui, en Chine, engage une dernière lutte contre la vieillesse, l’angoisse de vivre les trente prochaines années dans un même état de stagnation. Une asiatique moitié masseuse, moitié prostituée pourrait-elle mettre fin à une existence d’austère dignité ?

Non sans humour, le texte tire un portrait grinçant d’un type ordinaire que les convenances ont vieilli avant l’âge et dont l’existence tranquille et sécuritaire n’a plus rien à apporter une fois le noyau familial morcelé. Ce n’était pas prévu, encore moins souhaité. Mais, à cinquante-cinq ans, il n’est pas dit que les convictions de toute une vie puissent changer.



Dermot Bolger est une excellente découverte. Le genre d’auteur à rendre poignant un récit aussi court que simple. Une illusion passagère nous fait partager les pensées d’un « n’importe qui » que l’on finit par trouver familier. On s’y attache, on aimerait sincèrement le soutenir dans sa quête de bonheur désespérée. L’auteur s’est fait connaître pour ses romans critiques d’une certaine bourgeoisie catholique irlandaise. Je pense que je ne manquerais pas de lire un titre plus épais pour avoir un meilleur aperçu plus dense de ses visions acérées.
Lien : http://unityeiden.fr/une-ill..
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Toute la famille sur la jetée du Paradis

Si vous attendez une saga familiale, passez votre chemin. Si vous attendez un rappel sur la "question irlandaise", passez votre chemin. Si vous attendez une dissertation sur les extrémismes du siècle passé, passez votre chemin. Si vous avez envie d'un roman qui vous tienne en haleine, alors foncez!

Le prologue donne le ton: le bombardement d'un convoi de prisonniers russes pendant la seconde GM. Puis saut dans le temps, et par courts chapitres, l'évolution d'une famille protestante originaire du Donegal. Les parents et cinq enfants: tous auront des destins bien distincts, inattendus et déroutants. Idéalistes, dogmatiques ou rêveurs, ils traversent le siècle troublé, sur fond de guerre en Irlande (De Valera, l'IRA , l'Empire britannique, l'Eglise... personne n'est épargné par D.Bolger), de tentation communiste (aveuglement de Art, de Brendan qui le conduit à sa perte), en passant par la guerre d'Espagne, les taudis dublinois, Londres sous la blitzkriek, les tourbières irlandaises. Si vous connaissez l'Irlande, vous reconnaitrez les lieux, tant les descriptions sont nettes et loin du folklore.

A ne pas manquer:

( Un roman conseillé par le prof d'histoire en dernière année de lycée en Irlande: belle ouverture d'esprit!)

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Une seconde vie

Ce livre a été une première fois édité en 1993 et l'édition rapidement épuisé. L'auteur jusqu'alors avait refusé de le faire réédité. Celui-ci a finalement décidé de le faire rééditer mais en modifiant le texte...



J'ai beaucoup aimé ce récit d'un homme qui après avoir échapper à la mort suite à un accident, qui recherche sa mère biologique.

Cet homme doit faire un grand travail pschy sur lui-même avant de trouver sa mère, notament en révélant sa condition d'enfant adopté à sa propre femme.

Au finale, il redécouvre la joie d'avoir une famille et des enfants.



C'est un récit bouleversant...
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Une seconde vie

Rien ne va plus dans la vie de Sean, il vient de subir un grave accident, et une expérience de mort imminente. Ceci est le point de d »part d’une grosse remise en question, d’un retour sur ses origines, et surtout une recherche de sa vraie mère….

Point de départ original qui aurait pu donner un excellent ouvrage…..seulement voilà, on s’y emmerde à deux sous de l’heure. Pas moyen de lire plus de 10 pages sans avoir la tentation d’un bol de thé, d’un paquet de petits gâteaux, d’un coup d’œil à mon forum favori, et autres choses moins avouables…

Bref, un livre que l’on remise assez vite sur l’étagère, en espérant en trouver un nettement plus passionnant.

Visiblement Joëlle Losfeld ne me réussit pas ; c’est le second ouvrage de cette maison qui me tombe des mains. Pour ne pas arranger les choses, la couverture est laide, et inadaptée au sujet du livre.




Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Une seconde vie

Dans sa très belle préface à Une seconde vie, Dermot Bolger explique pourquoi il a repris et entièrement réécrit son roman paru en 1994. Les mentalités ont changé en Irlande depuis lors et il n'est plus tabou, en tous cas pas autant, d'évoquer cette sombre période (les années 50/60) durant laquelle nombre de jeunes femmes ayant "fauté" furent obligées de confier leurs enfants à des institutions religieuses et de passer elles-mêmes par des couvents, qui ressemblaient davantage à des prisons (un thème traité magistralement dans le film The Magdalene Sisters). Le narrateur d'Une seconde vie, Sean, est lui-même est un de ces enfants abandonnés à la naissance, puis adopté, et désormais père de famille. Un accident de voiture, au cours duquel il côtoie la mort, le renvoie à son passé étouffé et l'amène à rechercher sa mère inconnue. Une enquête qui prend la forme d'un véritable exorcisme et dont la plume de Bolger restitue toute la douleur, à la lisière de l'insoutenable. Sur fond de procès implacable de pratiques innommables, encouragées par l'Etat et la morale sociale, que l'Eglise catholique géra sans états d'âme, le livre raconte un parcours intime terrible, une quête d'identité chimérique à la recherche d'une vérité insaisissable, enfouie dans les archives de la mémoire collective. En contrepoint à cette recherche du fils, le romancier trace en quelques chapitres le calvaire de celle qui le mit au monde et ne cessa de chercher à savoir ce qu'il était devenu. Ce mélodrame littéraire serait difficile à supporter sans la pudeur de style et la sensibilité extrême de Dermot Bolger. Avec ce livre poignant, l'auteur ajoute sa voix à la grande confrérie des écrivains irlandais dont la langue rocailleuse fouille jusqu'à l'os les blessures béantes.
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Toute la famille sur la jetée du Paradis

un régal de lecture et une envie. Partir en Irlande retrouver l'histoire de ce pays et essayer de comprendre un peu cette famille et les choix idéologiques des uns et des autres.



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Toute la famille sur la jetée du Paradis

La famille Goold Verschoyle est une famille noble d'Irlande .On y trouve le père, la mère et les enfants , deux filles Maud et Eva ainsi que trois garçons Art, Thomas et Brendan. Dans cette famille aimante , les enfants ont de la place pour trouver leurs intérêts. Les débats d'idée font partie du lien familial et les parents laissent une grande liberté à leurs enfants. L'été réunit famille et amis, au manoir, pour des rencontres, où l'on partage jeux, pique-nique, baignades ...



Le récit se déroule de 1915 à 1946 . Cette période a malmené une Irlande qui se cherche encore,une Irlande qui se veut libre mais n'a pas choisi sous quelle forme politique. La guerre de 14/18 décime le pays comme le reste de l'Europe et apporte une nouvelle idéologie, le communisme via la Russie.



Art l'ainé des garçons et donc héritier de la demeure familiale, se prend de passion pour cette idéologie et mène différentes actions pour instruire le peuple des bienfaits du communisme.Il partira même vivre là-bas. Son petit frère va lui aussi entrer dans la parti communiste et agir aussi pour servir le parti mais d'une autre manière.



Ces choix politiques vont avoir une incidence sur les liens familiaux qui peu à peu se désagrègent dans l'incompréhension entre les uns et les autres.



Dans ce roman on perçoit bien les changements de société, les guerres font bouger les lignes des classes sociales, mais le plus impressionnant reste, pour moi, la foi aveugle d'Art dans le parti. Il s'agit vraiment de foi car rien ne peut parvenir à ébranler ses certitudes, ni le prolétariat qui ne le suit pas, ni l'attitude du parti avec lui, ni les choix fait pendant la seconde guerre mondiale... Il est endoctriné, pris dans la logique imparable d'un discours qui s'appuie sur le complot, comme d'autres rentrent dans une secte . Son frère, Brendan se rend compte plus vite mais trop tard qu'il y a quelque chose de vicié au pays des soviets.



Aujourd'hui le communisme a perdu de son aura, d'autres endoctrinements prennent le relais et en toute bonne foi des hommes et des femmes se mettent à défendre l'indéfendable , rien ne change vraiment ...



C'est un roman triste sur une époque qui se meurt et qui au travers de l'histoire d'une famille nous permet de relire une partie de l'histoire de l'Irlande.
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Ensemble séparés

Oubliez le folklore, l'Irlande rurale avec ses vaches et ses moutons, ses pubs de campagne, les feu de tourbe....



Oubliez : "L'histoire de ce pays se résumait aux anciennes querelles sporadiques que de vieux barbus ressassaient dans les pubs, escarmouches engagées dans des bureaux de poste et tirs visant lâchement les crânes des policiers ne se doutant de rien comme si ces minables assassinats avaient été des batailles devant l'intéresser. Les buveurs irlandais se délecter de révéler ces pépites de leur récit national, semblables aux petits enfants qui montrent les crottes dans leur pot de chambre"....



C'est un roman contemporain (il sort pour la rentrée littéraire 2016, l'action se déroule de 2007 à 2009). Roman urbain, ou plutôt de la banlieue chic de Dublin, là où le terrain vaut de l'or et où on se doit d'avoir sa maison. D'ailleurs, c'est le sujet du livre : la spéculation immobilière et la bulle immobilière pendant les années précédant l'explosion de cette bulle, en 2008 quand l'Irlande était le "tigre celtique" et que les Irlandais pensaient qu'il était facile de s'enrichir.



Il sera beaucoup question de maisons, de celles qu'on achète dans des ventes au enchères survoltées, véritables joutes où l'enjeu est plus une affirmation de virilité qu'un projet de logement. Maisons que l'on construit, au mépris des règlements de l'inspection du travail. Demeures anciennes que l'on brûle, faute de pouvoir les démolir pour construire des immeubles moderne. Crédits, dettes, emprunts qui gonflent la fameuse bulle spéculative. Vertiges, la chute en sera plus dure.



Roman choral, construction habile, récit de Ronan, Chris, deux amis d'école, Alice, la femme de Chris et Sophie leur fille. Histoire de quinquagénaires, à l’approche de la ménopause pour Alice, et de la difficulté de bander pour Ronan et Chris. Histoire de couples qui s'enlisent, de virilité mal placée :



"Combien de secrets fallait-il détenir pour devenir un vrai mec. quels autres tests de virilité fallait-il passer? Savoir contourner les règles, tricher sur ses impôts, ruser avec les représentants de la loi, gérer des affaires et - le plus important - atteindre un niveau d'amnésie où vous vous absolviez de tous vos péchés antérieurs?



Cet aspect du roman m'a un peu agacée, dans leur banlieue chic, les personnages font un peu "série télévisée". Comment le gentil Chris pourra prouver à Alice qu'il a des couilles, tandis que Ronan, le voisin, l'a séduite et abandonnée à 17 ans....Alice qui aime son mari mais ferme à clé la chambre conjugale...



Le personnage d'Alice, complexe, m'a plus intéressée, Alice qui a rêvé du Canada, Alice la fille terne, la bonne fille, la frustrée aussi, mais qui décide de vivre....



Alice introduit le thème de l'émigration. Emigration des Irlandais en Amérique, un classique, mais aussi immigration moderne des travailleurs du bâtiments qui construisent la maison qui doit leur apporter la fortune . En dehors de Jiri, le contremaître, si fiable, si ingénieux, si peu exigeant...Chris et Ronan n'ont guère de relations avec les ouvriers qui viennent chaque jour au fond du jardin. Seule Alice, de sa fenêtre voit en eux des êtres humains. Seule Alice? Non, il y a aussi Kim, la Philippine, la femme de Ronan, émigrée mais belle, si belle, dont on découvre la personnalité. On retrouve "le plâtrier" mort, au pied de l'échafaudage défectueux. Le "plâtrier" a-t-il un nom? Clandestin, il sera facile de le faire disparaître....mais je ne vais pas vous raconter tout le roman.



C'est l'empathie avec ces travailleurs étrangers qui m'a rendu ce livre sympathique après mon agacement précédent.



Autre qualité qui m'a séduite : l'ironie et l'humour de l'auteur. Humour à la limite du blasphème qui m'a bien amusée :



"Dans l'anonymat du cyberspace, le monde entier se transformait en voisin indiscret; A la place des photos encadrées de pèlerinage diocésain à Lourdes, des orgasmes surjoués..." quel raccourci! entre les vidéos pornos que Ronan visionne sur sn ordinateur et les pèlerinages. Le texte est émaillé d'allusions à la culture catholique irlandaise comme cette comparaison hasardeuse entre le Christ et un joueur de rugby.
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Finbar's hotel

Ma trouvaille du mois, au détour d'une librairie parisienne qui vend des livres d'occasion ! Et quelle trouvaille ! :) Je savais que ce roman existait, mais voilà, il y a tellement à lire que parfois on relègue à plus tard. Jusqu'au jour où, en plus, on fait l'affaire du siècle (même que le prix est encore écrit en francs : édition collector ! )

Ce roman a été publié en Irlande en 1997 et publié en France deux ans plus tard. Dermot Bolger a eu une idée de génie : un roman à 7 mains écrit par la crème de la littérature irlandaise contemporaine : Roddy Doyle, Anne Enright, Hugo Hamilton, Jennifer Johnston, Joseph O'Connor, Colm Toibin (et lui). Dermot les a enfermés tous les six avec lui dans le Finbar's Hotel. La quatrième de couverture explique que "dans les années 20 le Finbar's Hotel à Dublin abritait derrière une façade respectueuse les rencontres furtives entre prostituées, membres du clergé et politiciens."

L'hôtel va fermer définitivement ses portes.

Grâce à nos écrivains à la plume bien trempée, le lecteur va rencontrer foule de personnages, dont chacun occupe la scène à tour de rôle, dans les sept chapitres qui composent le roman et les sept chambres de l'hôtel. L'exercice était un peu risqué, on aurait pu craindre une sorte de "catalogue" : un roman avec des chapitres mal accordés, un manque de lien et de liant dans l'histoire. C'est tout le contraire : un roman dont les chapitres sont différents dans le ton et dans le style, où les personnages ne sont pas les mêmes, mais où l'on (re)croise chacun des occupants de cet hôtel plein de vie derrière sa façade morne au bord de la rivière Liffey. Mais à chaque fois perçu sous un angle différent. Un roman-kaléïdoscope en somme. La novella chère à la littérature irlandaise s'en donne à coeur joie tout en donnant une impression d'unité comme si le livre était l'oeuvre d'un seul auteur.



Et, cerise sur le gâteau, Dermot Bolger et son éditrice française, Joëlle Losfeld, garde volontairement le secret sur les auteurs respectifs des chapitres. Un jeu de devinettes d'enfer pour les fans de littérature irlandaise comme moi !!

Dans cet hôtel, on croise des personnages aussi hétéroclites qu'un gangster, une femme mourante, deux soeurs, un homme qui a décidé de zigouiller le chat de sa copine; l'héritier des propriétaires ancestraux de l'hôtel, un pauvre gars déprimé et en mal de sensation qui rentrera chez lui avec des histoires à raconter...

Le roman est tour à tour drôle, triste, sérieux, fantasque, et parfois tout ça à la fois. Je me suis éclatée avec cette lecture, vous l'aurez compris !

Evidemment, je me suis amusée à essayer de deviner qui a écrit quoi (même avant d'avoir lu le message de l'édition française, j'étais déjà invitée à le faire un jour de pluie, mais il a pas plu et je l'ai quand même fait :) )

Voici donc mes pronostics et deux spoilers (mais je garderai le secret) !

1. Une virée à Dublin = Roddy Doyle

(parce que je ne vois pas qui d'autres peut écrire : "A la maison il mettait toujours un tee-shirt pour aller de la chambre aux chiottes au milieu de la nuit, au cas où un inconnu l'attendrait sur le palier pour le regarder" et mettre en scène un personnage obsédé par les minibars) ;

2. Pieux mensonges = Jennifer Johnston

(Pour le regard sur le passé

"Le vin avait le goût du heavy metal. Il rappelait à rose l'époque de son extrême jeunesse, les bouteilles de gros rouge algérien capables de vous rendre aveugle ou handicapé pour le restant de vos jours")

3. Animaux interdits = Hugo Hamilton

(quand on a lu Déjanté, on connait l'humour d'Hugo, du genre, "Céline Dion se mit à se secouer les amygdales comme des chiffons sur le ghetto-blaster". On sait qu'il peut écrire ça.

4. La nuit du directeur = Dermot Bolger

(j'ai pensé que c'était lui le boss pour ce roman, et puis j'avais dans la tête le titre de La musique du père, que je n'ai pas lu)

5. L'examen = Joseph O'Connor

(l'absolue certitude pour qui a lu Inishowen ! tout en me disant que Jojo aimait bien les fausses religieuses mourantes qui font perdre la tête aux hommes en leur racontant des sornettes).

6. Une vieille femme = Anne Enright

(par déduction, car je ne l'ai jamais lue)

7. Portrait d'une dame = Colm Toibin

(parce que Colm Toibin aime bien les histoires de gangsters)



Et vous, si vous avez lu le livre, à qui attribuez-vous les chapitres ?



Un roman où l'on s'amuse comme jamais ! Et il y a une suite : youpi ! :)
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Une illusion passagère

Un homme seul dans une ville étrangère fait le bilan de sa vie : son métier, son mariage, sa fille en même temps qu'il reprend contact avec son corps lors d'un massage.



Un roman sur la solitude, les illusions, les questionnements comme souvent dans les romans de Dermot Bolger. L'écriture est un peu brouillonne comme le flux des pensées sans queue ni tête parfois avec de beaux passages sur les sensations éprouvées lors d'un massage. L'ambiance est un peu triste surtout lorsque les 2 solitudes, celle du narrateur et de la massage se font face sans vraiment se comprendre.
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Le ruisseau de cristal

Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce ruisseau n’a pas la pureté qu’il prétend ! Son lit tortueux traverse les êtres, s’alourdissant au passage du limon de plus en plus opaque de leurs vicissitudes. Ses courants traîtres nous jettent sur des berges inhospitalières où s’entrelacent des destins tragiques. Témoin muet s’exprimant au travers du personnage récurrent de Johnny, le ru verse dans le sordide et le malsain.



Mais en filtrant ses eaux turbides, celui qui était autrefois un jouvenceau bondissant dépose sur le tamis du lecteur des reliquats d’amour et d’innocence. On y devine aussi des scories, obsessions de l’auteur pour les grands évènements qui ont marqué l’Irlande : la famine, la lutte des classes, l’urbanisation galopante.



Bouleversant.
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Le ruisseau de cristal

Ce livre mérite peut-être plus que deux etiles car j'ai rencontré dans cet rroman de très belles pages sur l'Irlande, et l'évolution de la vie irlandaise.

Toutefois, il m'a souvent déconcertée, me contraignant à de nombreux retours en arrière pour suivre correctement le fil de l'histoire.
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Une seconde vie

D'Irlande en livres je suis très rarement revenu déçu. Ce n'est pas encore pour cette fois. Dermot Bolger, l'un des plus connus auteurs de l'île, revient avec Une seconde vie sur les noirceurs de cette île,qu'on connait maintenant,notamment depuis le film The Magdalene Sisters. Sean Blake, photographe, cliniquement mort,survivra à son accident de voiture.Mais il n'est plus le même et se met en quête de retrouver sa mère biologique,l'une des si nombreuses filles mères au destin misérable d'humiliation.Pourtant on ne retourne pas cette gangue de silences et de boue sans risque.Mais Une seconde vie est aussi une curiosité littéraire.Il s'agit d'une deuxième version d'un livre publié en 94 sous le titre Le ventre de l'ange.Mais voilà,ce pays a quand même évolué et Dermot Bolger a complètement réécrit son récit en 2010.C'est somme toute une bonne nouvelle pour les irlandophiles dont je suis.



Il s'appelait Francis,sa mère,Lizzy,l'avait appelé ainsi avant de le laisser aux soeurs de si sinistre mémoire.Le roman explore aussi bien la quête de Sean,maintenant père de famille,sur les traces de celle qui l'a abandonné en une époque où il était presque impossible de faire autrement pour une jeune fille "fautive",que les derniers mois de sa mère biologique,qui a vécu l'exil en Angleterre,trois autres enfants,des filles,mais qui n'a jamais totalement assumé ce passé si lourd.Dieu (mais où était-il?),comme la vie était dure! A propos, l'Irlande de maintenant c'est pas encore tout à fait ça.Bref, j'ai lu des critiques assez mauvaises sur Une seconde vie,accusé d'une certaine mièvrerie clichetonneuse.Ce n'est absolument pas mon avis.



Dermot Bolger n'oublie pas le thème résurgent de l'adoption et trace le portrait de parents de substitution de bonne volonté, de braves gens qui, comme beaucoup, ont fait de leur mieux. La dualité de Sean/Francis se ressent douloureusement mais le chemin finira par s'éclaircir.On peut reprocher une sorte de" catalogue irlandais", football, pubs, oncle prêtre douteux, forcément douteux. D'accord. Il n'en reste pas moins qu' Une seconde vie est un roman qui colle à cette Irlande où la musique, la bière et la foi ont parfois couvert le pire.Pas toujours.Et un peu moins maintenant.

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Une seconde vie

En écrivant cette histoire d’un orphelin en quête d’identité, Dermot Bolger tente d’exorciser le sombre passé irlandais : celui d'une société qui, soumise au "culte de la respectabilité", laissa l'Eglise organiser la disparition de milliers de bébés arrachés des bras de "pécheresses" à qui, disait-on, on offrait ainsi une seconde vie... Seconde vie du héros après un accident, seconde vie pour ces femmes, seconde vie du roman (paru en 1993 sous le titre Le ventre de l’ange, interdit par Bolger et réécrit), et même seconde vie après la mort… Tout un programme que ce roman poignant.
Lien : http://www.reseau-colibris.fr
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Toute la famille sur la jetée du Paradis

je me permets de rajouter une critique d´un autre lecteur anonyme, critique que ne saurais approcher dans sa justesse.

"un chef d'oeuvre à plus d'un titre, la narration est époustouflante, les contextes historiques et politiques fouillés, les personnages sont d'une justesse profonde, un livre d'une immense humanité, un livre âpre, noir; dur et pourtant magnifique, un roman sans artifices sans concessions ,simplement illuminé par instants fugaces par la personnalité d'un de ses personnage central, Eva"

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Une seconde vie

Sean Blake réchappe de justesse à un accident de voiture à la suite duquel il a été, pendant quelques secondes, déclaré cliniquement mort. À son réveil, bouleversé, Sean perçoit le monde tout à fait différemment, comme s'il débutait une nouvelle existence. Mais ce n'est pas la première fois que Sean voit sa vie modifiée. À six semaines, il a été retiré à sa mère, une jeune fille forcée par la société et l'Église de le laisser à l'adoption. Avec le sentiment d'être devenu étranger à sa femme et à ses deux enfants, et très certainement en premier lieu à lui-même, Sean décide de partir à la recherche de cette mère dont il ne sait rien.

Un livre avec beaucoup d'émotions et de sensibilité avec sa très belle préface Dermot Bolger explique pourquoi il a repris et entièrement réécrit son roman paru en 1994. Les mentalités ont changé en Irlande depuis lors et il n'est plus tabou, en tous cas pas autant, d'évoquer cette sombre période (les années 50/60) durant laquelle nombre de jeunes femmes ayant "fauté" furent obligées de confier leurs enfants à des institutions religieuses et de passer elles-mêmes par des couvents, qui ressemblaient davantage à des prisons (un thème traité magistralement dans le film The Magdalene Sisters que je vous conseille vivement de voir ).

Un tres bon roman très intéressant, poignant sur les tourments d'une identité, les secrets, et la découverte de son passé.
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Une seconde vie

Je suis fascinée par l'histoire sordide des Magdalen sister's en Irlande. Peut-être parce que leurs histoires trouvent un certain écho à la mienne.

Les filles mères ont très longtemps subit l'opprobre de la société. Bien souvent, elles étaient rejetées par leurs familles ou mariées de forces pour étouffer le scandale ( CF : FANNY de Marcel Pagnol).

Dermot Bolger fait référence aux filles mères en Irlande, cachées dans des couvents où elles travaillaient jusqu'à mettre au monde leurs bâtards.

Puis, étaient contraintes à l'abandon ou adoption.

Sean Blake se réveille après un terrible accident de la route. Il part en quête de ses origines, de ses vrais parents. Les chemins du passé sont souvent semés d'embûches.



Le roman se lit très bien. Les points de vue se succèdent, enrichissant l'histoire. Mais je n'ai pas eu de coup de coeur.

Le cœur a ses raisons que la raison ignore.
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Le sort en est jeté

Envoutant.

C'est le premier mot qui vient à l'esprit pour décrire ce roman et, au vu des sujets qu'il aborde, c'est plutôt raccord.



Dès les premières pages, le ton est donné : ça commence comme un conte ou une légende, on nous parle de changelings, ces personnes qui peuvent voler le corps d'autres personnes, de la musique du diable, des poupées russes, figurines creuses et qui en renferment d'autres à l'intérieur, et de l'importance de préserver son âme pour éviter qu'on ne nous la vole...



Le tire original était "New town soul", et je trouve qu'il correspond bien mieux, parce que c'est bien d'âmes dont il est question dans ce roman, au point que le mot revient hanter les pages en permanence. Comme si l'on essayait de nous faire passer un message, de nous avertir que les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent. Des âmes perdues, des âmes hantées, des âmes volées, mais aussi des lieux qui ont une âme...



On navigue entre passé proche, passé lointain et présent, mais aussi entre les points de vue des personnages, et on se retrouve vite complètement embarqué dans l'intrigue. L'alternance des points de vue selon les chapitres donne du rythme et on dévore le roman sans voir le temps passer.

Il y a d'abord Joey, un garçon de seize ans, fan de musique, qui débarque dans une nouvelle école et qui devient tout de suite très ami avec Shane, un adolescent mystérieux dont les parents sont morts dans un incendie. Très sûr de lui en toute circonstance, il semble déjà tout savoir de la vie. Les deux jeunes gens passent tout le temps ensemble et Joey va petit à petit devenir comme l'ombre de Shane, à moins que ce ne soit le contraire ?... Joey est aussi très attiré par Geraldine, dont il aimerait se rapprocher, mais la jeune fille tient à rester le plus loin possible de Shane, comme si elle avait peur de lui.

Le deuxième point de vue est celui du Shane de deux ans plus tôt, un garçon timide dont le caractère réservé ressemble pas mal à celui de Joey. Il rencontre Geraldine et ils deviennent très proches. Un jour, ils entrent dans une maison réputée hantée et font la rencontre d'un vieil homme étrange.

Le troisième point de vue est celui du fameux vieil homme, Thomas McCormack : dans les chapitres qui lui sont dévolus, on apprend ce qu'il lui est arrivé en 1932, alors qu'il avait à peu près l'âge de Shane et Joey.



Que cache Shane ? Que lui est-il arrivé qui ait pu autant le changer ? Que veut-il à Joey ? Quels secrets renferme la maison de Thomas McCormack ? Autant de questions dont on brule de connaître la réponse, et dont les clefs nous sont dévoilées petit à petit.



L'auteur s'inspire du classique pacte avec le diable et l'enrobe de superstitions pour nous offrir une histoire originale et tout bonnement passionnante.

Bolger parvient habilement à nous entortiller dans cette histoire, à nous donner l'impression d'être présent aux côtés des personnages. C'est comme un piège qui se referme sur nous et, une fois le livre entre les mains, impossible d'en sortir. Même lorsqu'on parvient à le reposer, les personnages restent présents à notre esprit.



C'est un gros coup de cœur pour moi que ce roman formidablement bien écrit, avec une belle écriture à la fois sombre et mélancolique, pour une histoire qui nous parle de jeunesse, de deuil, de la mort et de l'immortalité.

Je ne sais pas si Dermot Bolger a volé mon âme, mais il l'a sans le moindre doute ensorcelée.
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La musique du père

Ce récit raconte la quête d'une jeune femme a la recherche de son père qu'elle n'a jamais connu.Anglaise, élevée par ses grands parents autoritaires, elle n'a connu sa mère que lors de ses rares sorties de l'hôpital psychiatrique ou elle était internée. Suite au décès du frère de son amant irlandais Luke,elle part en quête de son père, musicien fantôme vivant dans la campagne irlandaise. Une quête pas si simple, car la vérité sur ses origines s'avérera être effrayante, bouleversante.Le rôle joué par Luke, sans déflorer l'histoire, est majeur, car il sera à la fois cause, déclencheur et aide majeure dans cette quête, tout en nous faisant perdre tous reperes .

C'est un grand récit que nous livre ici Dermot Bolger, et ce malgré un début un peu poussif. La romande de l'héroïne, et surtout ses tourments, m'ont

happée. Jusqu'au bout (et même apres)le lecteur ne sait à qui se fier, et plonge tête baissée avec l' héroïne dans l'enfer familial. Seule la musique, omniprésente (une pays liste aurait même été bienvenue) permet de refaire surface,d'espérer une renaissance. La dernière partie, bien que potentiellement invraisemblable, passe parfaitement.

Je ne suis pas sûre d'avoir bien su écrire le plaisir que j'ai pris à cette lecture, mais je ne souhaite surtout pas déflorer cerécit, que je conseille vivement. Niveau lycée et adulte.
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