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Citations de Dima Abdallah (152)


Je ne m'en sors pas si mal, je n'ai qu'à déverser le contenu des cartons où bon me semble, le plus important, c'est que les plantes aient déjà trouvé leur juste place sur la terrasse. C'est bien la preuve de mon ancrage. Je ne me débrouille pas si mal pour ce qui est d'être sédentaire. Planter, c'est la raison même de la sédentarité. Planter, c'est s'installer.
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Plus le temps passe et moins nous regrettons les milliers d'objets restés derrière nous. Nous finissons par les oublier. Ils disparaissent de nos vies puis de notre mémoire, l'un après l'autre, progressivement mais sûrement. Nous ne savons plus ce qu'ils sont devenus et nous tenons de moins en moins à le savoir, ils ont désormais une vie en dehors de la nôtre, ils ne nous appartiennent plus et nous ont peut être, eux aussi, oubliés. Ils ont peut être survécu dans d'autres familles ou se sont lentement éteints de forme d'utilité pour finir comme le reste, endormis dans les décombres.
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Je n'avais aucun plan en tête. Je n'avais qu'une certitude et c'était que je ne remettrais plus jamais les pieds dans l'appartement, plutôt crever. Je me rapprochais du quartier et je réalisais que j'étais désormais à la rue. J'aurais dû paniquer, regretter d'avoir jeté les clefs dans un geste précipité, avoir peur, me demander ce que j'allais devenir, penser à appeler un serrurier, réserver un hôtel pour la nuit. Je n'ai rien pensé de tout ça, je n'ai rien pensé, aucune angoisse ne voulait bien monter en moi. Je n'avais jamais eu la tête aussi libérée de toute forme de panique. Les pensées noires qui siégeaient dans mon cerveau depuis des décennies avaient cédé la place à une douce torpeur.
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Je n'aime pas cette manière qu'on les adultes de parler aux enfants. Je n'aime pas non plus quand ils trouvent n'importe quel dessin extraordinaire et magnifique. Ça se voit et ça s'entend qu'ils mentent, parce qu'ils exagèrent. (...)
Ha c'est merveilleux, je vais l'accrocher au frigo de ce pas.
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Il y a si longtemps que le dernier oiseau qui nichait en moi a pris son envol sans retour. Il y a si longtemps que le vent est venu détruire le nid déserté de ma ramure. Les brindilles se sont détachées de moi et se sont envolées, l'une après l'autre, depuis une éternité. Autrefois, il y a si longtemps, dans mes branches nichait une hirondelle. Je me réveillais au son de son chant du matin et m'endormais au rythme de sa respiration le soir.
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Puis on est allées au jardin des plantes juste à côté de chez elle, pour que je lui montre les plantes que je connaissais. On s'est assises sur un banc et on a fumé notre première cigarette ensemble. Elle l'avait volée dans le paquet de son père la veille et l'avait gardée pour qu'on la partage. Ce jour-là, dans les effluves de tabac, de lauriers, de rosiers et du parfum des cheveux de Sandrine, j'ai pensé à lui. Les plantes, la fumée et les silences qui connaissent le poids des mots m'ont fait fermer les yeux quelques secondes pour me rappeler ses mains que je connais si bien et les chuchotements de la mer.
P.84
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Je finis toujours par regretter d'avoir cueilli des fleurs, je me dis qu'elles étaient bien mieux là où elles étaient, sur la plante, et qu'à présent elles sont condamnées à faner plus vite.

page 40
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S'ils laissent les gens dans la rue, ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas les moyens de les aider, ni de les chasser. C'est pour les laisser là, à la vue de tous, comme un exemple, comme ce qu'il ne faut pas faire, comme un avertissement.
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Je vais écrire parce que c’est la seule façon que j’ai de résister encore un peu. C’est mon combat, c’est ma guerre à moi. Je vais noircir les pages de ce qui reste de moi. Je vais terrasser le manque d’air et anéantir le souffle court. Écrire, c’est la révolte et j’en suis le maître. C’est la seule résistance à l’absurde. C’est le sens. C’est le tangible. C’est écrire l’absurde pour tuer l’absurde. Écrire Sisyphe, c’est tuer Sisyphe. p.109
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Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir.
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Un poème c'est de l'émotion, un poème, c'est une sorte de cri, je crois. Mon poème, c'est un hurlement.
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Partir est un devenir, partir est une promesse.
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Un poème, c'est de l'émotion, un poème, c'est une sorte de cri, je crois. Mon poème, c'est un hurlement. La mer la nuit, ce n'est pas joli, c'est triste et ça fait un peu peur. On a l'impression que les vagues inspirent quand elles se forment et qu'elles expirent en soupirant de chagrin quand elles viennent s'écraser et mourir sur le sable.
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Les mots, les phrases, les pages, sont un pays que je réinvente en permanence. Si je ne parle pas beaucoup, c'est parce que je sais le poids des mots.

page 108
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La peur, c'est le sentiment qui prend le dessus sur toutes les autres émotions. La peur, c'est le signal de la présence d'un danger. Et le danger, ça s'affronte ou ça se fuit. il n'y a pas . Il n'y a pas de demi-mesure, pas d'alternative.
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Chaque soir, on trouvera la force d'oublier ce qui s'est passé pendant la journée et chaque matin on trouvera une parade pour oublier la nuit passée. Je crois que l'oubli est la meilleure des solutions, je suis en train de développer une sorte de super-pouvoir pour ce qui est de l'oubli. je travaille à effacer de ma mémoire toutes les images qui dérangent, que je ne supporte plus de voir. Je ne garde que les souvenirs d'avant, avant que tout cela n'arrive.
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Si je ne parle pas beaucoup, c'est parce que je sais le poids des mots. Je sais que le choix et la place de chaque mot dans la phrase comptent. C'est pour ça aussi qu'elle parlait de moins en moins. C'est parce qu'elle sait, elle aussi, que les mots ont de l'importance, que les mots sont un outil sérieux, que chacun a un sens précis et que le sens importe. Elle sait que les mots ont des conséquences. (...) Je sais le poids de chaque mot, l'importance de la mesure, des consonances, l'harmonie du tout, l'écho des voyelles. La poésie supporte encore moins l'approximation et les bavardages que le reste. Un mot de trop et le rythme est perdu. Un mot de trop et la grâce fout le camp.
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Près de la bibliothèque, il y a un vieux monsieur qui fait la manche et dort dans la rue. Hier, je lui ai donné un de mes bonbons et il m’a souri et longuement remerciée. On a discuté un peu. Il y en a plein, ici, des gens comme lui. C’est ici que j’ai vu la vraie misère, la misère de quand on n’a plus personne. La misère, ce n’est pas ne rien avoir, c’est n’avoir personne. Et ce monsieur n’a personne, il me l’a dit. J’ai longuement réfléchi à la raison pour laquelle il y a tant de clochards dans un pays si riche. Je crois que s’ils laissent les gens dans la rue, ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas les moyens de les aider, ni de les chasser. C’est pour les laisser là, à la vue de tous, comme un exemple, comme ce qu’il ne faut pas faire, comme un avertissement. p.112
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Je les connaissais, moi, les gens, là, dehors, je n'avais pas besoin de sortir de chez moi pour aller voir ce que les jeunes étaient devenus, ni les vieux, ni ce que nous étions, nous, devenus. Je faisais encore semblant que l'amitié importait et je répondais au téléphone, de temps en temps, de moins en moins souvent. Quand ils insistaient, parfois je cédais et je sortais de ma chambre pour quelques verres. Je faisais semblant qu'il y avait encore deux ou trois copains qui n'ont ni tué ni torturé. Qu'il y avait deux ou trois copains qui n'étaient d'aucun parti, qui n'étaient pas encore vendus, qui n'étaient pas corrompus, ou si peu.
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Je prie le ciel et tous les dieux pour que les bombes se mettent à siffler et à pleuvoir comme un orage d'été. Un orage qui nous laverait de nos peurs solitaires, un orage qui nous réunirait. Je me dis que si les bombardements s'intensifient, on saura, pour une nuit, de quoi on a peur. La peur de chacun sera légitime, elle aura un objet précis, elle sera logique. Dans l'urgence de la situation, les angoisses de chacun s'effaceraient, on mettrait chacun toutes nos peurs intimes de côté pour, l'espace d'une nuit, avoir une peur commune, la même que celle de tous les autres gens. Pour une fois, on serait comme tous les autres gens. Les bombes, ça me fait moins peur que les fantômes.
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