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Citations de Dima Abdallah (152)


Je regarde le tas de feuilles blanches se noircir au fur et à mesure sur la petite table ronde. Le serveur sait désormais ce que je commande chaque matin et l'heure précise à laquelle je viens m'installer, sur la terrasse chauffée en hiver, à l’extérieur dès que la température est assez douce pour que mes doigts ne s'engourdissent pas sans gants. Je ne peux pas tenir le stylo si j'ai des gants. J'ai mon café habituel maintenant. Je vais aussi toujours chez le même boucher et chez le même libraire. Ils me reconnaissent et on prend le temps de s'échanger quelques politesses et quelques sourires. Lucienne, la fromagère de la place Méthivier, me salue parfois quand je passe par là, même si je ne lui achète pas souvent du fromage. Elle a près de quatre-vingt-dix ans et toujours le sourire au coin des lèvres. Hier je suis passée prendre un morceau de vieux comté et on a papoté deux ou trois minutes. Elle m'a dit qu'elle pensait sérieusement à partir en pré-retraite et on a ri avant de se dire à bientôt.
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Mon poème, c'est un hurlement. La mer la nuit, ce n'est pas joli, c'est triste et ça fait un peu peur. On a l'impression que les vagues inspirent quand elles se forment et qu'elles expirent en soupirant de chagrin quand elles viennent s'écraser et mourir sur le sable.
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J’ai pris la décision de lire tout ce qui me passait sous la main. J’ai décidé que lire seul, à voix haute, était moins pathétique que de parler à mon steak pendant qu’il cuisait pour lui demander s’il était suffisamment saignant sans être bleu. En plus des nombreux livres, que je décidai de lire à voix haute désormais, je lisais toutes sortes de notices explicatives, je lisais les ingrédients sur les emballages alimentaires, je lisais les articles de presse. Une grande partie de ma journée était consacrée à cet exercice qui visait à ce que je ne perde pas ce qui définit par essence l’être humain.
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La poésie, c'est peut-être ce qu'on écrit quand on arrive pas à pleurer comme les autres.
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Dima Abdallah
La poésie c'est peut être ce qu'on écrit quand on arrive pas a pleurer comme les autres.
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La main du géant est tellement immense qu'un seul doigt me suffit
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Hier quelqu'un m'a demandé ce qui pourrait me faire aller mieux [...] Il n'y a pas grand chose de plus indélicat que quelqu'un qui vous pousse à aller bien [...] Je ne savais absolument pas quels mots trouver pour les mettre dans le bon ordre et en faire une phrase réponse(P.188)
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Une fois en route, je me retournais souvent pour voir si elle avait peur, mais elle est restait calme, comme d'habitude, et me souriait de temps en temps. A mi-chemin de la maison, je lui ai dit que le marchand de glace était sûrement fermé à cette heure-ci. Demain on irait tous les quatre prendre un gros cornet de glace italienne au bord de la mer. Elle n'a pas insisté. Elle ne m'a pas répondu. Après une énorme détonation, je l'ai vue dans le rétroviseur, toujours aussi calme, les deux mains sur les oreilles. Je me suis dit qu'il fallait que je lui parle, que je dise n'importe quoi, que je trouve des mots pour en faire une phrase et je lui ai demandé comment sa journée s'était passée. "Très bien." Je lui ai demandé ce qu'ils faisaient en classe pour que ce maudit cartable soit aussi lourd et je lui ai proposé de le jeter par la fenêtre pour la faire rire. Elle a beaucoup ri. Puis on a gardé le silence de longues minutes avant que je ne me résolve, après une énième détonation, à lui dire de baisser la tête.
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Les pollens des jasmins ont été éparpillés aux quatre coins du pays, quelque chose de nous, quelque chose qui nous ressemble, est devenu sédentaire, a pris racine, a trouvé une terre. Quelque chose de nous a trouvé quelques parcelles de terreau propre pour s'y enfoncer.
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Partir, ça aide à éradiquer les mauvais souvenirs. Chaque lieu a ses cauchemars à lui, qui restent emprisonnés dans les murs quand on s'en va. Partir, c'est la seule manière de s'en débarrasser une bonne fois pour toutes, alors moi, j'aimais toujours partir.
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Ces mots, c'est tout ce qu'il lui reste pour dire qu'il a lui aussi laissé un plant de marjolaine quelque part sur une terrasse abandonnée.
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Je veux du vide, je veux du silence, je veux que tout s'arrête. Je continue de vider mes verres dans l'espoir d'y arriver, mais mon maudit instinct est plus fort que je ne le pensais. Il continue à envoyer le sang au cerveau, à faire fonctionner les synapses et à irriguer mon corps entier. Je voudrais juste un peu de paix. Quelques secondes. Pour un instant seulement. Je voudrais le silence, ses yeux noirs, et ses deux mains sur ma tête. Je voudrais ses deux mains pour moi une toute dernière fois. Ses deux mains qui tiendraient fermement ma tête et chasseraient toutes ces images et toutes ces pensées.
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Je suis assis là, sur les ruines de ce qui a existé. Je suis l'ombre. Je suis le fantôme gardien d'un royaume tombé. Je ne suis que l'encre qui s'acharne encore à couler sur cette feuille blanche. Pareille aux dernières convulsions d'un mourant, l'encre gicle spasmodiquement et dessine, une ligne après l'autre, l'absurde. Ces lignes me martèlent ce qui reste de moi. De nous. Il n'en reste pas grand-chose.
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Dans ses yeux, je revois sans cesse qui j'ai été, qui j'aurais dû être, qui j'aurais dû rester et ce que j'aurais dû devenir. Trente-six ans plus tard, c'est toujours avec les mêmes yeux qu'elle me regarde. Ses yeux sont l'apothéose de la tendresse. Ses yeux sont la tendresse ravagée par quinze ans de guerre civile et le reste, mais elle n'a rien cédé. La tendresse qui survit à tout, aux déflagrations, aux odeurs de poudre, aux cris, aux fantômes, aux terreurs nocturnes, aux pyjamas trempés, aux silences, aux murs nus, aux missiles et à moi. Ses yeux sont la tendresse qui me pardonne tout.
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Désormais je lui appartenais. J'allais être sien avec mon amour infini et inconditionnel et avec tout le reste. Tout le reste. J'allais être sien avec mes mains qui tremblent, le dos de ma chemise trempée et mes tics nerveux. J'allais être sien avec mon pays, avec ma ville, avec mon village, avec ma langue, avec mon nom, avec ma confession, avec mon accent du Sud, avec mon ADN, avec mes milices, avec mes portraits placardés dans la ville, mes snipers, mes kalachnikovs, mes bombes à fragmentation, mes corps, mes voitures piégées et mes cages d'escalier. J'allais être sien avec mes yeux et mes abysses. Je me tenais là, à la regarder, petite chose minuscule aux yeux immenses, à lui sourire, sans rien pouvoir lui promettre. J'aurais voulu être de ces gens qui savent faire semblant.
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Ca fait trente-cinq ans que je m'exerce à trier les cartons de ma mémoire. Je fais à chaque instant le grand écart entre ce qu'il faut oublier et ce qu'il faut se rappeler. Entre ce qu'il faut jeter et ce qu'il faut garder. Je fais ma sélection avec soin, j'ai mes critères à moi. (..) Je repense à ma grand-mère paternelle et je la revois dans son salon en train de trier les grains de riz. (...) Je repense à ses mains habiles et me dis que je trie mes souvenirs comme elle triait son riz.
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Je vais noircir les pages de ce qui reste de moi. Je vais terrasser le manque d'air et anéantir le souffle court. Ecrire, c'est la révolte et j'en sus le maître. C'est la seule résistance à l'absurde. C'est le sens. C'est le tangible. C'est écrire l'absurde pour tuer l'absurde. Ecrire Sisyphe, c'est tuer Sisyphe.
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Son mutisme s'est installé au rythme où le sens désertait nos vies pour laisser la place à l'absurde. Les mots quittaient sa gorge sur le tempo où je m'effondrais et où les corps tombaient. Les mots partaient avec les morts.
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Dans mille ans, des archéologues venus fouiller le toit du monde s'étonneront de trouver dans toutes les anciennes strates d'occupation toujours le même pollen, de la même famille de cerisiers. (...) Ils ne sauront jamais que ma grand-mère sème tellement de souvenirs, qu'elle sait si bien se rappeler, qu'elle a bouleversé toute la chimie de la terre des cimes et des vallées.
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Je ne sais pas ni quand ni comment on a glissé, jour après jour, semaine après semaine, année après année, vers la démence. Je ne sais plus ni quand ni comment elle a arrêté de me parler. Moi, tout ce que je sais, c'est que j'ai ouvert la fenêtre un matin et j'ai trouvé une guerre civile.
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