Citations de Duong Thu Huong (362)
Les décrets royaux cèdent le pas aux coutumes du village.
Je me frottai les paupières, j'écarquillais les yeux.
D'un seul coup, la baie d'Along m'apparut dans sa splendeur.
Une mer étale se dissolvant dans la brume. Pas une ride, pas une voile, pas un murmure de feuillage, pas un clapotis.
Un silence infini dans le vert infini des eaux.
Les rochers ressemblaient à des blocs d'encre de Chine se mirant dans l'eau, couvrant de leurs ombres on ne sait quelles merveilleuses légendes, quelles énigmes de l'histoire, quels douloureux témoignages, quels ,trésors perdus
Les cavernes jetaient sur le monde leur regard borgne. Chaque oeil semblait se
refermer sur des milliers de visages ceux des héros disparus, des hommes de talent assassinés des pirates barbares.
Des nuages de jade trainaient sur un horizon déchiré par des rochers solitaires. C'était la couleur des nuages à l'aube.
Longtemps je les regardai, immense collier de jade jeté sur terre.
Cette couleur de· jeunes feuilles teintées de fumée, filtrée par la lumière naissante, ce merveilleux vert ne peut exister qu'une seule fois, en seul endroit de l'univers.
Je ne compris pas pourquoi cette beauté me fit souffrir.
Mairitenant, c'est cette neige tombant sur une terre étrangère. La beauté ne connait pas de frontière, séduit sans discrimination. Ici la neige, comme un ciel de fleurs éphémères s'épanchait sur la terre.
- Vous êtes vraiment généreux. A dépenser comme cela, vous auriez dû vous ruiner, mais le Ciel vous protège. Quel salaud, le Ciel§ Chaque fois que je passe devant une pagode, j'allume des encens, je lui adresse cinq ou sept prières. Pourtant, je tourne comme une lanterne magique à longueur d'année sans pouvoir m'enrichir.
Les faibles ont leurs forces et leurs ruses. Cette force repose sur la pitié d'autrui.
La jeunesse est un bien sans prix, nul ne peut l'acheter.
La curiosité des gens n'est pas aussi innocente que vous le dites. Elle s'accompagne toujours de préjugés, de cruauté. Souvent, elle tue, un homme, un amour. Elle détruit une famille sans risquer le tribunal ou la prison. Elle n'a même pas de visage sur lequel on puisse cracher... Ce qu'on appelle la curiosité, l'opinion, la rumeur de la foule, est une chose invisible et pourtant terrifiante.
Les mois et les années semblent longs, interminables et, pourtant, quand on se retourne pour les regarder, ils semblent aussi brefs qu'une pluie, l'ombre d'un nuage, le rêve d'une nuit d'été...
- Le peuple. Ce n'est qu'un pion sur l'échiquier de l'histoire. Son rôle est d'être utile dans le jeu. S'il devient inutile, il faut le sacrifier.
On ne peut se forcer à aimer. L'amour ne ressemble pas à un fardeau, à un bol de médicaments amers, à un plat avarié. (…) On aime ou on n'aime pas, (…).
Pleurer, c'est honteux, gémir, c'est lâche, supplier c'est de la faiblesse
Et se taire, c'est être naïf...
" Le buffle qui arrive en retard boit l'eau boueuse. "
Dicton vietnamien.
On peut adopter deux sortes de comportement. Soit on oubliie la réalité pour se tromper soi-même, éviter la tristesse, et ne pas commettre d'actes de folie sous le coup du désespoir. c'est la solution de repli. Mais face aux autres, fiare abstraction de la rélité reviendrait à se suicider. Alors, pour survivre, mieux vaut avoir deux visages, un devant et un derrière. Les anciens disent que les yeux ne poussent pas dans la nuque. C'est juste pour la majorité des gens, ceux qui vivent une vie normale. Si on n'est pas environné de barbelés et de pièges, on n'a besoin que de deux yeux. Nous, il nous en faut quatre. S'il ne nous pousse pas des yeux derrière la tête, c'est la mort qui nous attend à coup sûr.
Ma belle, il faut que je te dise clairement que je ne t'aime pas. Pas une once d'amour, si on mesure en or ; pas un centime, si on mesure en argent ; pas un grain, si on mesure en céréales. Tu es aussi orgueilleuse en matière de richesse qu'en matière de beauté. Seulement, pour moi, tu n'es qu'une fleur en papier qui ne peut ni s'épanouir, ni se faner, ni s'altérer. Une fleur factice, sans parfum, sans éclat, qu'on peut laver quand elle devient sale. Pas du tout le genre de fleurs que j'apprécie.
[...] Sa femme devient plus tendre que jamais, non pas de la tendresse d'une femme paisiblement installée dans son bonheur, mais de la tendresse désespérée, démente de celle qui sera bientôt chassée du paradis et qui le sait.
Femme ayant un enfant use les yeux, use les hommes.
Le rêve ! C'est ce qui nourrit encore l'humanité, qu'on soit dans les bas-fonds de la société ou dans le gouffre du désespoir. L'homme, même le plus misérable, le plus humilié, peut supporter sa vie parce que dans son âme brille encore une lueur d'espoir.
Si on doit se souvenir mille ans d'un bienfait, la rancœur doit durer au moins cent ans.
Croyez-le, il est mille fois plus difficile d’aider les gens à s’épanouir que de les écraser dans la boue.
Ils.avaient la peau lisse et rose, la peau de gens bien nourris. Japonais. On eût dit que ce seul nom valait certificat d'honorabilité ...
Un passeport leur ouvrant toutes les portes de ce monde. Simplement.
Qu'avaient-ils de plus que nous?
...Dans ma mémoire surgirent des centaines de visages, ceux de mes amis, ceux des gens de ma génération.
Visages rongés par le souci, délabrés, effondrés,grimaçants, poussiéreux. Visages éperdus, craintifs.
Visages de la peur ...
La peur de ne pouvoir acheter quelques marchandises, la peur de ne
pouvoir les envoyer, la peur d'apprendre qu'un vieux père, qu'une vieille mère n'avaient pas résisté à la misère en attendant ces misérables
subsides ...
La peur qu'un dignitaire de l'ambassade...
Visages du calcul. Il fallait penser à tout, tout calculer,. tout le temps. Penser à survivre penser à nourrir les siens, penser au salaire d'une journée de cueillette, faux gages d'une journée de balayeuse dans les trains,
Penser aux lendemains douteux, à un avenir de brume sur l'océan.
... Comment pourraient-ils se confondre, dans la rue, aux visages des humains, de ceux qui jouissaient tranquillement de la paix,de la liberté ?
... Avoir vingt ans et sentir les rides des années, sur son front, les cernes, de la
autour de ses yeux ... Des yeux tristes, désespérés.
Des yeux de, bêtes féroces, agressifs, luisant dans les bagarres devant les comptoirs
... Et la honte,et le mépris de soi sous le regard des autres ... Une
déchirure sans fin.,,.
Pour charger les marchandises, ils dormirent trois nuits à Dông Mo. L’auberge était surprenante, située dans une rue dont chaque maison avait sa propre physionomie. Il n’y en avait pas deux semblables, pour l’aspect comme pour le matériau. C’est seulement pendant la nuit qu’elles devenaient pareilles, dans l’ombre noire et opaque. L’espace immense se transformait alors en un océan sombre et on aurait dit que la vie ne se concentrait plus que dans les lueurs des lampions qui se balançaient comme autant d’yeux rouges.