Dès les premières pages vous sentez l'odeur sucrée des haricots confits (pas confus). Dès les premières pages vous avez comme les doigts collés aux pages, comme si vous aviez vous-mêmes pétri la pâte, mis à bouillir les haricots et le sucre dans l'étuve ou goûté à ces pâtisseries japonaises.
En lisant ce très court roman, j'ai eu l'impression d'avoir lu une douceur sucrée et tendre. Si le récit semble plein de bons sentiments au départ, ce qui peut vite déranger, on est surtout captivé par les personnages, très attendrissants. On ne reste pas insensible à la vie de Sentaro, qui se voudrait une ambition, une vie de succès et d'écriture, mais qui échoue dans cette pâtisserie, cette petite boutique près d'un grand cerisier, fréquentée par des étudiantes un peu étranges et tenue par une propriétaire exigeante et indifférente.
Et puis il y a Tokue. C'est là la révélation du roman. Cette vieille femme, au visage certes parcheminé mais doux, qui cherche une main tendue. Et quelle main! Une main qu'elle tente de dissimuler parce qu'elle est différente. Pourtant ses mains sont magiques car elle sait mieux que quiconque cuisiner des Dorayaki aux haricots azuki confits.
Fondant en bouche, ce roman traite d'un sujet difficile : celui des rescapés de la lèpre au Japon, vivant dans un sanatorium. Mais les plus grands thèmes de ce récit sont la solitude, la postérité après la mort, la peur de mourir, la famille, la loyauté, l'amitié, la différence, la maladie, le respect des anciens... ça n'est aucunement un récit s'appitoyant sur ses personnages. C'est au contraire solaire et souriant. A travers les injustices subies, ce roman nous fait remarquer que la vie est un immense carrefour empli de hasads et de rencontres importantes.
Une histoire de générosité qui frappe par le grand coeur de ses personnages.
Lien :
http://www.unefrancaisedansl..