Il y a des livres qui vous touchent, qui vous marquent, qui changent votre vie de lecteur à tout jamais.
Celui-ci en fait partie.
Dans « Les délices de Tokyo », nous allons faire la connaissance de Sentarô, un homme qui tient une boutique de dorayaki, ces fameux pancakes fourrés à la pâte de haricots rouges.
Alors que son travail ne le passionne pas et qu'il mène une vie de dépravé, son quotidien va être rapidement chamboulé par l'arrivée de Tokue, une vieille femme qui lui propose de travailler pour lui. Selon ses dires, elle sait parler aux haricots rouges et fait la meilleure pâte de haricots qu'il n'ait jamais gouté.
Tokue, d'abord réticent, va finir par accepter. Cependant, il va vite se rendre compte que cette vieille femme lui cache quelque chose.. Et ce ne sont pas ses mains déformées qui lui prouvent le contraire.
Au vu de la couverture et du titre du livre, je pensais entrer dans un univers léger.
Bien que l'on ressent un sentiment de bien-être en lisant cette histoire, de lourds sujets sont abordés.
Notamment les sanatoriums dans lesquels étaient enfermés les personnes lépreuses au Japon.
On apprend un peu leur quotidien, leur condition de vie, mais aussi que ce n'est que depuis la fin du vingtième siècle qu'ils ont pu sortir de ce lieu. En effet, toute personne contaminée était envoyée dans ces enceintes.. Pour ne jamais en ressortir, qu’elle soit malade ou guérie.
En plus de cela, nous apprenons aussi comment les Japonais ont accueilli ces personnes lorsqu'elles ont enfin pu sortir des sanatoriums. Pas du tout accueillants pour un sou, ils ont érigé une nouvelle barrière entre eux, les emprisonnant de nouveau dans une nouvelle cage.
C'est dur et triste. C'est inhumain et nous ne voulons que crier face à cette injustice. Mais à l'image de nos personnages, crier ne sert à rien car nous n'avons aucune oreille qui nous écoute. Nous ne pouvons donc que compatir et pleurer.
Ayant déjà eu la chance d'être allée au Japon, j'ai retrouvé à chacune des pages ce pays qui m'avait séduite. Haricots rouges, bienséance, uniformes d'écolières et cerisiers. À chaque phrase, nous en prenons plein les yeux et avons presque l'impression de faire parti de cette histoire.
Et que dire de tous ces passages où nos personnages cuisinent ce fameux ‘an’, cette pâte de haricots rouges. J'avais presque l'impression de la sentir, d'avoir moi aussi mon nez au-dessus du chaudron bouillant.
L'écrire de Durian SUKEGAWA est un délice. Nous goûtons chacun de ses mots, savourant chaque phrase. Il se contente de la simplicité du minimum, typique de la culture japonaise, mais c'est incroyablement beau et parfait.
Je me suis énormément attachée à Tokue. Cette vieille femme qui nous paraît sereine et pleine de joie de vivre n'a absolument pas été épargnée par la vie. Sa rencontre avec Sentarô va lui permettre de s'évader de son quotidien, de lui permettre d'être enfin ‘utile’ à la société, comme elle le souhaitait.
La fin est déchirante.
C'est l'apothéose de cette histoire. Bien que triste, nous ne pouvons qu'être émerveillé par tous les beaux messages qui sont véhiculés.
Sortez vos mouchoirs et munissez-vous de vos pâtisseries favorites avant de lire ce livre. Émotions fortes garanties.
En conclusion, « Les délices de Tokyo » est un livre qui va vous faire voyager au pays du soleil levant. Durian SUKEGAWA nous émeut, nous bouleverse, nous fait découvrir une facette de l'histoire de son pays qui est loin d'être tendre.
Un énorme coup de cœur.
Un livre à lire.
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