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Citations de Earl Thompson (111)


Et ils attendaient impatiemment le moment où un bouseux désespéré, dans un tableau fait pour l'objectif de Dorotea Lange, debout devant une baraque en ruine avec sa famille dépenaillée et les bagages autour, allait lever les mains d'un air accablé, en articulant à grand-peine : "Mais qu'est-ce qu'on va faire ?"
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Les planchers étaient tellement de traviole que si l’on mettait une balle au centre d’un pièce, elle roulait contre le mur. Et pas toujours le même.
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Elle refusait de mentir. Cette femme, c'était un kaléidoscope de fragments moralistes, d'éclats de dogmes chrétiens fondamentalistes et de frustrations enfouies, elle qui croyait que c'était bel et bien le Seigneur en personne qui avait dicté à une secrétaire les mots imprimés en rouge dans sa bible de chevet.
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Ils ont des gueules d'enterrement, maintenant, comme tous les autres, se dit-il, déprimé, en avançant dans les vibrations de chaleur qui montaient autours de lui telles les ondes sonores d'un immense gong battant en permanence. Mais bordel, comment on fait pour vieillir sans avoir la trouille ou faire une tronche de carême ? se demandait-il.
"Faut rester dingue !", s'intima-t-il à voix haute, suscitant le regard circonspect d'une vieille femme qui attendait son bus. (p. 683)
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« Je n’avais jamais rien lu de tel. D’accord, c’était rempli de sexe, de salauds, de crasse, d’alcool et d’une profonde pauvreté, mais, à sa façon triste et sordide, c’était également beau. » — Donald Ray Pollock
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Tous leurs projets avaient toujours échoué. Pas faute d'efforts, mais de cruauté. Pas faute de noble ambition, mais parce que, au fond du fond, c'était des gens trop entiers et non des opportunistes, jamais ils n'avaient réussi à faire mieux que trimer pour survivre, et encore. La réalité du monde leur était aussi étrangère que la face cachée de la lune. Toute leur vie, ils avaient creusé à mains nues au fond d'une tranchée écœurante de désespoir où les bienfaits de la médecine était un luxe inabordable et où la règle était de rester debout malgré les blessures. Si Mac avait dû se préoccuper des dents de ses enfants, il aurait fallu qu'il assassine quelqu'un.
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Pris entre le marteau de la pauvreté comme échec moral personnel et l’enclume de ce miroir aux alouettes qu’était la récompense matérielle d’une citoyenneté à laquelle ils ne pouvaient jamais prétendre, ils étaient des réprouvés partout où ils jetaient l’ancre. Toute leur histoire était un kaléidoscope insensé de faits, de fantasmes sur grand écran, de mensonges de protection instinctifs et de vérités un peu arrangées pour entrer dans le moule d’un rêve américain modeste et présentable.
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Le Cooca, c’est ce qu’y a de piiire sur cette Terre, lui dit alors
Oncle Willy, moins soucieux de sa santé que de lui mettre le nez
encore une fois dans son ignorance de Nordiste. Si jamais
j’attrape Allen à boire une de ces saloperiiies, j’y fiche une
voléééée avec un manche de bêêêche. Ça t’bouffe les triipes,
mon gaaars. Un jour, y’a un type d’la coopératiive, il a mis une
dent d’cléébard dans une bouteille d’Cooca, l’a r’bouchéée avec
un chiiffon, laisséée sur une étagèère, et
hop! elle s’est dis-souuute!
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Me descendre! Une retenue! Espèce de fils de pute, de gros
plein de merde! J’teconnais, toi et tes putains de frères, ta putain
de famille, depuis plus de vingt ans, y’a pas un d’entre vous qui
vaut mêmela balle pour vousexpédieren enfer! Espèce d’enfoiré
de lèche-cul, t’es bien comme ton père, en pire, un fermier qui
savait même pas faire du fromage avec sa bite! Si tu tombais
dans l’enclos aux cochons, toi ou un autre de ton espèce, ils voudraient
même pas vous bouffer. Jamais de ta vie t’as fait une
journée de travail honnête. Essaie un peu d’approcher ta main
de ce putain de flingue, fumier, et je te fends en deux, moi !
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Le visage de Madame Miller n'était pas tant une caricature de la féminité qu'une insulte à son essence même. Une toute petite bouche écarlate peinte sur une surface qui n'était pas sans évoquer la pâte à pain, et qui semblait, vision obscène, s'ouvrir vers l'intérieur quand elle parlait, comme si la femme allait se dévorer elle-même. Une expression ingrate, incapable de la moindre émotion sauf la cruauté, la cupidité et la peur, le genre que l'on voit si communément derrière les caisses enregistreuses de bouis-bouis infâmes portant des noms comme Dew Drob Inn avec sa spécialité d'escalope panée, ou encore de bouges où seule la levée de coudes des momies silencieuses au zinc vient ponctuer lugubrement les heures qui passent. Et le fait qu'elle utilise des produits cosmétiques et porte de la lingerie semblait être la pire des perversions. Elle avait le cheveu rare et terne, bien que teint en noir de jais au point que même son cuir chevelu en était comme maculé. Quant à ses sourcils, ils se réduisaient à deux fines lignes maladroitement tracées au crayon. Un visage digne d'un Brueghel, d'un Hogarth ou d'un Grosz. Et, selon les canons américains, I'opposé polaire d'une Eleanor Roosevelt. Un furoncle humain.

p.136
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Vous aimez les jardins de sable bien ratissés ? Alors vous allez adorer le Kansas. Côté relief, c'est plat, plat, plat. Ciel immense, océans de blé, William Inge, bars privés, cambuses de bord de route (bière Falstaff ou High Life, chili et énorme juke-box), John Brown, Wild Bill Hickok, Carry A. Nation, Wyatt Earp le tordu, Pretty Boy Floyd et les ombres nombreuses de ces Indiens oubliés. Tous là dans la plaine, au milieu de cet océan de blé, sur ces prairies à bisons sous lesquelles, loin, très loin, les missiles intercontinentaux sont enfouis dans le schiste et le sel d'une mer préhistorique où rôdaient jadis les puissants mosasaures sous des cieux qui n'étaient pas perpétuellement nuageux.

incipit
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Il y a une phrase dans l'autobiographie de Woody Guthrie, En Route vers la gloire, qui dit à peu près: « Où que je sois, j'ai toujours l'impression que je devrais être ailleurs. »> C'est exactement ce que ressentait Carlson. Le pourquoi de cet état de fait, en revanche, était un mystère.
...
-Non. Franchement, je ne comprends pas du tout, sanglota-t-elle à son tour. T'as quelqu'un d'autre?
-Bon Dieu, non! Je t'aime. Y a personne qui a jamais compté comme toi, personne qui m'a donné envie, dans ma tête, dans mon cœur, vraiment envie d'être comme les autres, droit et sincère... même dans l'hypocrisie...
-Arrête, merde! hurla-t-elle en le giflant très fort. J'en ai marre, de ces conneries! J'en ai marre, d'entendre ça! Toi et moi ! C'est de ça qu'il s'agit! Toi et moi.
- Mais on vit pas sur une île déserte, expliqua-t-il. C'est jamais juste toi et moi.
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J'ai jamais été fait pour lécher le cul d'un enviandé avec des godasses de tantouse, qui se pointe chez moi la gueule enfarinée pour me dire que Roosevelt est un génie, alors que cet enfoiré est en train d'emmener le pays à la damnation, et qu'y s'en remettra jamais. C'est nos enfants, nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants qui vont payer pour les conneries de ce taré. Tout ce qu'il essaie de faire, Roosevelt, c'est d'amener tous ces putains d'escrocs à voler juste un peu moins que ce qu'ils pourraient, pour que les gens continuent à gagner ce que les escrocs vont leur voler. Oh, y peuvent se voler entre eux, les escrocs. Mais faut d'abord avoir volé les pauvres. Les bosseurs. Y gagnent pas d'argent, les escrocs. Y font vieillir et crever les gens prématurément. Sur cette Terre, le mal qu'y font, c'est le seul que les hommes peuvent corriger, et pendant ce temps, y'a tes connards de prédicateurs qui radotent en disant que c'est seulement l'affaire de Dieu.
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Odd avait garé le cabriolet marron sur lequel il avait versé un premier acompte dans la cour latérale de Mac. Déjà, le vieux était passablement irrité que son gendre ait pu trouver de bonnes raisons de l'acheter avant même d'avoir de quoi déménager, mais en plus, à chaque fois qu'il voulait le faire travailler, il devait l'arracher au véhicule ; il commença donc à se convaincre qu'Odd en particulier, et les Suédois en général, se situaient dans son échelle personnelle de valeurs juste un cran en dessous de la merde de baleine, produit qui, une fois séché, vaudrait très exactement ce que vaut un pet dans un ouragan.
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Et elle ouvrit la porte pour se glisser dans le couloir. Entre deux murs en faïence verte à la patine terne, la moquette au centre du corridor était usée jusqu’à la corde, comme par le passage quotidien d’un troupeau. Il n’y avait guère que le long des murs que l’on pouvait distinguer les vestiges crasseux du revêtement mauve et marron. À arpenter ce chemin élimé, elle se sentait bovine. Ce couloir, il n’était pas différent d’autres qu’elle avait empruntés à Milwaukee, Peoria, Indianapolis, Springfield, Kansas City ou Joplin, pas plus en tout cas qu’un train de marchandises ne diffère d’un autre. Tout au bout de ce passage obscur, près de la sortie de secours, trônait, sous la vague lueur d’une ampoule rouge nue, un tonneau d’incendie rempli d’eau stagnante, avec des seaux accrochés au bord, tel l’autel profane d’un culte vaudou secret d’arrière-boutique ou d’une secte spiritualiste. Le tonneau, c’était pour tous les déracinés comme un rappel, constant, impersonnel, universel, de leur condition, à la manière d’un autel dans une paroisse perdue à minuit, où l’on oscille le plus souvent entre abnégation d’esprit totale et explosion de fureur incendiaire, sans juste milieu.
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Me payer? Et quel bien que ça pourra faire, les quatre sous que vous allez m’payer, une fois que les fermiers, ils auront enterré tous leurs trucs, abattu toutes leurs bêtes? Mais enfin merde, l’argent, ça se bouffe pas! Un morceau de viande, ça va devenir si cher que j’te donne pas une semaine pour que les seuls capables de manger de la viande, ça soye ces millionnaires de mes couilles! Et c’est les mêmes, ces enfoirés, qui nous ont mis dans ce pétrin au départ! Des génies qu’ont même pas été foutus d’empêcher leurs banques de faire faillite, avec tout le monde dans la combine et tous les pouvoirs de leur côté. Mon gars, y’a forcément un tas d’voleurs quelque part. Et ce truc de soja, ça ressemble bien à une arnaque montée par les mêmes enfoirés.
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Des voleurs, des menteurs, des enfoirés ! Pas un pour
rattraper l’autre! Rois, ducs ou tzars! La NRA et le WPA. La VFW,
tous les syndicats! Ces putains d’armée de terre, de marine et
tous les militaristes. Toutes les loges, les Églises, les boy-scouts,
les girl-scouts, Campfire Girls, les contrôleurs des trains. John
D. Rockefeller, la famille Ford, la famille Mellon, la famille
Carnegie, John Jacob Astor, le Pape et le Barbu là-haut. Le
Teapot Dome, et Tammany Hall ! Les trusts, les monopoles!
Le gang de Wall Street et le gang Pendergast, le gang de la guerre
et celui des arnaqueurs à la petite semaine! Jamais j’ai vu plus
grands voleurs!
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"C'est quoi, une pute, de toute façon ? S'interrogea-t-elle. Toutes ces petites pucelles qui se figurent que leur cul vaut de l'or et se marient, c'est juste des putes avec la bague au doigt, au fond. Elles se vendent pour une alliance et des promesses rose bonbon."
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Y 'a jamais eu qui qu'ce soit qu'a jamais fait pousser trop de choses. Si ce putain de système peut pas absorber c'que les fermiers font pousser quant y' a tant de gens qui crèvent la dalle sous les yeux des politicards alors c'est le système qu'y faut enterrer. p55
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On peut toujours battre des ailes contre les barreaux de sa cage, se cogner la tête au mur invisible de sa prison, se débattre à l'aveugle, de toutes ses forces, jusqu'à être couvert de sang, jusqu'à ce que chacune de vos armes soit brisée, ou bien on peut livrer sa bataille calmement et méthodiquement, en choisissant son chemin.
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