Citations de Ed McBain (338)
J’aimerais mieux être homme-grenouille et aller accrocher des bombes atomiques sur les navires de guerre russes, plutôt que d’annoncer à quelqu’un la mort d’un être cher. La mort n’a rien d’amusant. Sa nouvelle vous atteint toujours en plein entre les yeux ; c’est un coup épouvantable qui vous coupe le souffle et vous fait subir le martyre. Et la réaction n’est pas différente quand on joue la comédie. Il est pour ainsi dire impossible de distinguer entre l’émotion authentique et l’émotion bidon ; de sorte que l’annonce d’une mort provoque toujours la même réaction.
Christine était une grande fille à la poitrine magnifique, aux hanches bien rondes ; elle avait la taille et les jambes un peu épaisses peut-être, mais c’était en tout cas une belle femme, aux mains vigoureuses, à la mâchoire énergique, à la bouche charnue et expressive. Ses yeux rappelaient l’acier bleuté d’un automatique.
Mon père était un grand Irlandais à l’accent caractéristique, venu en Amérique pour gagner sa vie. Il avait épousé une petite Irlandaise qui croyait encore aux histoires de fées, de lutins et de dryades qu’elle avait apprises sur le vieux continent. Ce n’était pas facile, d’être Irlandais. Ce n’est jamais facile de n’être pas absolument comme tout le monde.
Quand les flics verront ces initiales, ils vont s’imaginer que c’est du tout cuit. Ils vont t’écrouer en deux temps trois mouvements. Ce qui fait que toi, tu seras en taule, et le véritable assassin en liberté. À ce moment-là, la police va ouvrir son enquête. Les services du D. A. feront de leur mieux pour déterrer des indices capables d’étayer l’accusation ; ils disposent déjà de ce qui équivaut à la déclaration d’un mourant. À quoi viendront s’ajouter probablement deux balles provenant de ton revolver. Ayant déjà un meurtrier en cabane, ils ne vont pas se donner beaucoup de mal pour en trouver un autre.
Courir n’a rien de très technique. Il suffit de se donner à fond… et de respirer.
Il me semble que, quand un homme est intelligent, il doit savoir s’arrêter quand il est encore temps, ripostai-je. Je serais désolé de me trouver dans l’obligation de taper sur un ancien voisin.
D’autre part, à notre époque, on n’imagine pas qu’il y ait des jeunes gens pour embrasser la profession de tailleur, de boulanger ou de cordonnier ; ça ne vous vient pas à l’esprit, voilà tout.
Être vivant, ça doit être formidable. On ne me voit d’ailleurs jamais dans ce petit jardin pendant l’année scolaire. Mais j’y vais l’été ; quand il est désert. On peut, alors, rester assis sur un banc à regarder la statue de Peter Cooper. On se sent protégé, isolé, au milieu d’une ville fiévreuse et gigantesque. De temps à autre, un flic s’amène pour vous dire de circuler. Mais, la plupart du temps, on peut rester là, solitaire perdu au cœur de la multitude.
Je me présente : Cannon.
Je suis ivrogne ; il vaut mieux que ce soit entendu une fois pour toutes, dès le début. Pourquoi je bois ? Parce que j’en ai envie. Il y a des jours où je tiens une mufflée à tomber complètement asphyxié, d’autres où je me sens heureux comme un poisson dans l’eau ; il m’arrive aussi d’être rigoureusement à jeun, mais pas très souvent. En fait, la biture est mon état normal. J’habite d’ailleurs un quartier où ce n’est pas un péché d’être saoul, bien que ce puisse devenir un délit pour peu que la police se lance dans une campagne de salubrité publique. J’habite la Bowery, à New York.
Je m'appelle Benjamin Smoke.
Épargnez moi, je vous prie, les sempiternelles questions et les astuces vaseuses.
Un seul individu peut gâcher le plaisir à toute une assemblée.
bien mal acquis ne profite jamais!
ça ne vous ennuierait pas de répéter votre offre pour le magnétophone? Il me faudra une preuve quand je vous accuserai de tentative de corruption d'un officier de police.
En général, pour un enlèvement, ils font savoir tout de suite ce qu’ils exigent. Comme n’importe quel crime, le kidnapping est une affaire d’argent, les types font ça pour le pognon. Tout ce qu’ils veulent, c’est cinquante, cent, deux cents gros billets, peu importe, et ils sont pressés. Ils ne tueront la victime que s’ils pensent qu’elle peut les identifier. Sinon, ils la relâchent en pleine campagne et la laissent se promener à poil dans le noir en attendant de trouver un poste de police ou une maison d’où elle peut téléphoner. Voilà mon expérience en fait d’enlèvement, en tout cas.
Les contribuables, voyez-vous, ignorent tout des informateurs. Les contribuables ne connaissent que les mouchards.
Un informateur est un mouchard, et nulle part dans le monde on n’aime les mouchards. C’est pourquoi les contribuables estiment que les mouchards n’ont pas à toucher de récompense pour avoir mouchardé. Tous les gosses apprennent à mépriser les autres gosses quand ils sont rapporteurs.
Parmi ceux qui ont pour tâche de faire respecter la loi, personne ne reconnaît volontiers que les informateurs jouent un rôle crucial dans le système. Il y a des raisons à cela. Tout d’abord, l’informateur est payé. Il est payé en espèces sonnantes et trébuchantes. Dans les cas où il travaille pour le F.B.I., pour le fisc ou pour l’administration postale, il touche des sommes vraiment très importantes, et il est en outre fréquent qu’il se trouve à l’abri d’une arrestation ou de poursuites. Un bon informateur est parfois plus précieux qu’un bon flic, et on a vu des cas où on a lâché de bons flics pour protéger un bon informateur.
Avec certains amis, on n’a pas besoin d’ennemis.
Ce qu’on oublie souvent, à propos des gens qui portent des lunettes, quelle que soit l’épaisseur des verres, c’est que ces lunettes sont là justement pour corriger leur vue, vous comprenez ? Quand on a ses lunettes sur le nez, on voit très bien, c’est seulement quand on les enlève qu’on voit mal.
Ils n’étaient plus des enfants, ni l’un ni l’autre. Leur silence n’était pas dû à des appréhensions virginales, à la crainte d’incompatibilité physique, de frigidité, d’impuissance ni à quoi que ce soit d’autre ayant trait, même de loin, à l’amour physique, auquel ils s’adonnaient ensemble, et avec ardeur, depuis déjà quelque temps. Non, c’était à l’engagement qu’ils venaient de prendre, dont chacun mesurait le sérieux, que tous deux songeaient. Ils en avaient déjà vaguement parlé dans le hall, mais chacun y pensait à présent avec gravité, convaincu d’avoir été sincère en souhaitant que leur amour dure toujours.
Dans les romans policiers, la victime se faisait tirer dessus, ou poignarder, ou étrangler, ou assommer, et puis on l’oubliait tout bonnement. Dans les romans policiers, le cadavre n’était qu’un prétexte pour ficeler une enquête. Dans la vie réelle, la victime d’un meurtre était une personne, et cette personne avait en général des parents ou des amis qui organisaient une veillée mortuaire et des funérailles décentes. Conformément à des coutumes tribales universelles, le mort se voyait accorder le même respect et les mêmes égards que s’il était mort en paix dans son sommeil. Il avait été un être humain, voyez-vous, et on ne peut pas tirer les rideaux sur les gens simplement pour qu’un fin limier puisse mener son enquête en un clin d’œil.