Citations de Ed McBain (336)
Il n’est pas surprenant que certains incendiaires contemplent leurs œuvres dans une extase absolue, une érection gonflant leur pantalon, jusqu’au moment où l’éjaculation étouffe l’ardeur de leur passion tandis que les lances d’incendie sont impuissantes à éteindre les flammes dévorantes. Il y a de l’exaltation dans le feu, à laquelle le singe nu que nous sommes répond d’instinct. Il n’y a pas d’exaltation dans les cendres.
On éprouve une exaltation indiscutable à regarder un incendie qui fait rage, souvenir, peut-être, de l’époque à laquelle l’homme de Neandertal, ayant frappé du silex contre l’amadou, se rejetait tout à coup en arrière devant ce qu’il avait fait apparaître comme par magie. Ou peut-être est-ce quelque chose de plus profond, quelque chose de sombre et de démoniaque qui fait réagir l’homme à un feu impossible à maîtriser, quelque chose qui fait écho à son propre désir intérieur d’une semblable liberté violente et irrépressible – ah ! être capable de lancer un défi, d’appeler à la rébellion et d’exiger une adhésion totale et révérencielle, de semer la terreur de manière spectaculaire, de régner d’un pouvoir sans partage, et de triompher enfin !
Vous êtes aussi censés protéger les innocents, vous savez. Au lieu de sillonner les rues pour coincer les gosses qui fument un joint, vous feriez mieux de travailler pour gagner votre salaire.
Une histoire ou un poème, ne pouvant se permettre la prolixité, doivent opérer en profondeur, en hauteur et en épaisseur. Ils doivent établir des relations internes, des échos, des implications, des suggestions ; utiliser l’espace entre les lignes ; se pelotonner sur eux-mêmes afin d’atteindre à la fécondité.
Les gens nous acceptent pour ce que nous sommes. Après tout, une ressemblance superficielle ne signifie rien quand il s’agit de deux personnalités bien distinctes et bien définies. Nous sommes différents, Ben.
Les ions électriques de l’air sont gratuits et, comme vous le savez tous, c’est la source d’énergie qui fait monter la plupart des prix et devient une charge pour le consommateur
L’or, c’est très facile à bazarder, dit Truffatore. Tu enlèves le placage d’argent, tu fonds le reste et tu peux t’en débarrasser n’importe où dans le pays. Personne au monde ne peut savoir la provenance de la camelote.
C’est épouvantable, ces pendules,. Comme s’il n’y avait pas déjà assez d’ennuis dans le monde.
Un homme ne peut pas sortir du lit et disparaître tout bonnement au milieu de la nuit sans dire à sa bien-aimée qu’il s’en va.
Mais à quoi bon évoquer ces souvenirs ? Le passé était le passé. A songer ainsi aux étés d’autrefois, on risquait de ne pas remarquer la beauté d’une journée d’août absolument parfaite, le ciel de la couleur des yeux de Jeanette Kay, les arbres au luxuriant feuillage émeraude qui attendait les assauts de l’automne.
Les œuvres étaient assez belles, du moins c’est ce qu’il sembla à Carella. Naturalistes, presque hyperréalistes, les nus étaient assis, debout ou couchés sur le côté, avec un réalisme figé en trois dimensions, certains pas plus gros que le poing, d’autres hauts d’un mètre à un mètre cinquante. L’artiste s’était servi du même modèle pour toutes ses sculptures : une toute jeune fille visiblement, grande et mince, avec de petits seins bien formés, des hanches étroites et de longs cheveux qui lui tombaient jusqu’au milieu du dos. On avait l’impression de se tenir dans une galerie de glaces qui réfléchissaient la même fille dans une douzaine de poses différentes, réduisant sa taille et emprisonnant ses forces vitales dans des matériaux plus fermes que la chair.
Il est facile de retourner un préjugé comme un gant ; à l’intérieur de chaque oppresseur bien gras sommeille une victime efflanquée prête à sortir.
Il y a des jours où il est très difficile de gagner sa croûte.
Il avait commencé par expliquer très exactement où et quand il allait frapper, il avait joué franc-jeu et allait continuer de le faire ; tricher avec la police équivaudrait à faire un croc-en-jambe à un estropié dans une partie de football. Il avait beau soupçonner avoir des penchants sadiques, il préférait les exorciser au lit, en compagnie d’une fille complaisante, plutôt que de profiter des corniauds du 87e District.
Et puis, comme le métier de flic ne consiste pas seulement à rigoler, à plaisanter et à regarder de jolies images, ils eurent à s’occuper d’une affaire qu’on leur signala ce matin-là à dix heures vingt-sept.
Le jeune homme s’était fait clouer contre le mur du taudis.
Il a annoncé à l’avance chacun des meurtres qu’il avait l’intention de commettre, il a supprimé deux hauts fonctionnaires d’affilée et menacé de supprimer le maire en personne. Mais c’était seulement parce qu’il essayait d’extorquer du fric à d’autres gens et qu’il se servait de ces meurtres de grosses légumes à titre d’avertissement. C’est une façon de mettre sur la voie – mais sur la mauvaise, Meyer. Et c’est pour ça que je dis que ce portrait peut vouloir tout dire ou ne rien vouloir dire du tout.
Une balle de fusil de chasse fait plus mal qu’une balle de revolver.
Comme il touchait pas mal de pots-de-vin à droite et à gauche, il comprit immédiatement l’astuce de Carella. En réalité, le copain de Carella qui se trouvait à court d’argent n’était autre que Carella lui-même. Et quand un flic vous avoue qu’il a besoin de fric, cela signifie généralement qu’il veut une part du gâteau, sinon il portera à la connaissance du capitaine quelque infraction commise par son subordonné.
Les receleurs sont les meilleurs endroits de la ville en matière de vente au rabais. Ils vendent tout ce dont vous pouvez avoir besoin, du téléviseur portable Westinghouse au P .38 Smith & Wesson, et à des prix vraiment raisonnables. N’importe quel type réglo des quartiers populaires de la ville fait appel aux services d’un receleur. Alors pourquoi un petit voyou de bas étage comme l’ami de Danny, qui a urgemment besoin d’un pneu, n’irait-il pas chez un receleur ? Même s’il n’y a absolument rien de suspect sur le fait qu’il ait besoin de ce pneu ?
Il était l’expert de l’analyse, du tri, du ramassage, et du catalogage. Tous ces trucs, il les avait appris quand, gamin, la polio l’avait cloué au lit presque une année entière. Lorsqu’on ne peut pas quitter la chambre, il faut bien trouver des moyens de se divertir.