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Citations de Edgar Morin (962)


Le monde de la politique n'est pas comme celui de la pensée qui efface et gomme ses hypothèses, tait ses rêves et ses délires. C'est l'univers des ruptures et des conflits, des tensions entre les volontés et les déterminations, des paris et des jeux où l'on joue avec les peuples, la mort, les bombes. Et pourtant, ce n'est pas seulement le monde du bruit et de la fureur. C'est le monde du triple risque : matériel, éthique et dialectique. Ces trois risques ne sont pas conjoints ou parallèles, mais en rapports inverses et incertains. Ils bloquent la pensée, qui voudrait la « recette » de l'action, devant une sorte de principe d'indétermination politique.
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Pour agir, il faut vouloir, et pour vouloir, il faut vouloir le devoir-être et l'aimer. Ce que Marx a nommé praxis contient une éthique, un devoir-faire.
Le devoir-être et le devoir-faire ne se confondent pas, mais ils ne s'opposent pas absolument. Le devoir-faire critique toujours le devoir-être rêveur, mais il s'en inspire pour faire. Il garde du devoir-être une intransigeance qu'il trempe en volonté.
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Le génie de Marx n'est pas tant d'avoir critiqué la philosophie du point de vue de la science et de l'action ; cette critique était déjà en cours. C'est de n'avoir ni totalement abandonné la philosophie, ni totalement adhéré à la science, ni totalement adhéré à l'action ou au vécu. Le génie de Marx est d'avoir voulu, dans ce qu'il appelait praxis, associer, entre-féconder, entre-déchirer la philosophie, la science et l'action.
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Le vrai problème, ce n’est pas de « s’adapter » au réel, comme le demandent éconocrates et technocrates, selon des recettes autant épuisées qu’éprouvées ; ce n’est pas non plus de considérer dédaigneusement les contraintes comme une invention « idéologique » de la droite ou des technocrates : la pire des illusions idéologiques est de croire que les pesanteurs du réel sont des ruses idéologiques sécrétées par l’ennemi, et de dénoncer comme réactionnaires les réactions du réel.
Il ne s’agit donc ni de s’adapter au réel ni de le nier, mais de l’affronter en y appliquant des stratégies, c’est-à-dire de l’action organisatrice comportant de l’invention et de l’imagination pour répondre à l’aléa, à l’incertain, au nouveau.
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Cessons d’être aveugles sur notre propre aveuglement. Autant il faut que le développement scientifique contribue à nous sortir de la crise économique, autant il est nécessaire que les chercheurs entrent en crise pour que s’accomplissent les transformations nécessaires au nouveau développement scientifique.
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L’aspiration à vivre sa vie n’est plus aussi refoulée et inhibée que dans les années 1960. Elle prend un aspect tantôt illuministe et naïf, tantôt furieux ou désespéré. Elle cherche sa délivrance dans les yogismes, thérapies de groupe, expériences hallucinogènes, communautés, néoartisanat, néoruralité. Et finalement la devise « changer la vie » traverse les membranes de la vieille idéologie et arrive jusqu’au grand parti en pleine croissance qui l’inscrit fièrement sur son blason.
En même temps que cette promotion de l’existence, il y a progression de l’inquiétude. J’ai dit que l’idéologie technoéconomiste de la société industrielle a perdu de son assurance, que son sol sonne creux. Du côté de la culture de masse, l’euphorie fait place à la problématisation.
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L’État est à la fois de plus en plus providentiel et de plus en plus tentaculaire. Il dispose de plus en plus, grâce à l’informatique, d’une énorme mémoire, d’un réseau nerveux de plus en plus serré, tendant à réduire l’individu à l’état de cellule d’un mégaorganisme. Tout se passe comme si Mai 68 n’avait été qu’un spasme de protestation dans l’inéluctable processus néoconcentrationnaire et hypermercantile.
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On apporte presque toujours une fausse note en cherchant la juste notion. Mon propos est d’indiquer que l’élection présidentielle pose des contradictions pour l’électeur qui se veut de gauche. La gauche… ce mot est-il si clair ? Le gaullisme ? Cette notion a-t-elle été bien éclairée ?
La première ambiguïté est celle qui fait apparaître à la fois comme indivis mais antinomiques le phénomène gaullien et le phénomène gaulliste. Est gaullien ce qui relève de l’acte personnel de De Gaulle ; est gaulliste ce qui relève du gouvernement de la Ve République, de l’UNR et de la société bourgeoise sur laquelle s’appuie l’UNR. L’ambiguïté est fondamentale.
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L’adulte doit faire l’autocritique, je dirais même l’hypercritique de son attitude qui, de toute façon, sera trop fortement chargée d’autojustification. Il devra aussi bien se méfier de son amertume péjorative, de sa tristesse apitoyée comme éventuellement d’une contre-tendance à la complaisance, qui le ferait s’émerveiller de « cette splendide jeunesse .
Il y a une difficulté enfin, qui tient à la nature et du phénomène juvénile actuel, et du phénomène global de civilisation.
Comme l’âge d’adolescence, la classe d’âge adolescente est complexe, ambivalente. En elle s’affrontent et se combinent des éléments contradictoires, de vecteurs multiples. D’où, dans le phénomène même, une incertitude.
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L’adolescence, en tant que telle, apparaît et se cristallise lorsque le rite de l’initiation dépérit ou disparaît, lorsque l’accession à l’état d’homme se fait graduellement. Au lieu d’une rupture, sorte de mort de l’enfance et de renaissance à l’état adulte, se constitue un âge de transition, complexe, ambivalent, sorte d’espace biologique-psychologique-social, qui fournit le terrain favorable à l’éventuelle constitution d’une classe d’âge adolescente.
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À partir de 12-13 ans, je cherchais le contact d’une croupe féminine qui souvent ne réagissait pas, parce que condamnée à l’immobilité. L’érection survenait et je demeurais dans une volupté mystique et muette qui se déchirait brutalement quand l’adorable croupe se dégageait pour sortir, ou que moi-même devais m’en arracher pour descendre à la station Anvers. Je ne sais si je l’ai déjà mentionné, mais j’en ai fini par perdre un bouton de braguette, qui longtemps ne fut pas remplacé, car je n’osais en parler à mon père et n’avait personne pour le recoudre.
À partir de seize ans je m’enhardissais parfois à glisser ma main sur la croupe émouvante et commençais à caresser. Je m’arrêtais s’il y avait un sursaut de répulsion, continuais si pas de réaction. Parfois, j’entrevoyais un profil féminin qui décuplait mon émotion. Plus tard encore, il m’est arrivé de descendre de la rame avec une de mes caressées et de lui adresser la parole. Mais les quelques mots que je lui bredouillais pour exprimer mon trouble avaient tôt fait de dissiper le charme de part et d’autre. C’est très rarement que j’ai pu entamer une relation par une rencontre dans le métro.
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Le célibat à ses débuts est aussi merveilleux que le mariage à ses débuts. Il est vrai que je mène, en fait, une vie de semi-célibataire. Le matin, je grimpe à l’échelle qui de l’atelier mène à l’appartement d’Yvette, et je prends le petit déjeuner avec le couple Cauquil et son fils. J’ai aussi grand plaisir à me faire la cuisine. Je cuis doucement les légumes dans leur eau ; ils gardent ainsi leur pleine saveur et je les arrose d’huile d’olive fraîche au moment de les consommer.
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Je m’enchantai de ces heures de correction et de modification du tapuscrit, où je voyais le fœtus de livre prendre forme. Pour la première fois je m’exprimais à plein, avec mon « écriture », comme on dit, qui n’a pas changé depuis lors. Quoique la notion de complexité n’eût pas encore envahi mon esprit, c’était un travail complexe que j’accomplissais : connexion entre des savoirs distincts les uns des autres, d’ordinaire cloisonnés, mise en relief de contradictions que mon esprit hégéliano-marxiste me faisait détecter là où la pensée binaire les ignore. Je me penchais en particulier sur ce paradoxe : comment se fait-il que l’être humain, qui a horreur de la mort, est en même temps prêt à risquer sa vie, à la donner pour autrui, pour les siens, pour sa patrie, voire pour son parti ?
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Le cinéma retrouve une nouvelle splendeur avec Les Enfants du paradis, de Carné, l’arrivée de films américains des années de guerre, dont Autant en emporte le vent. La Cinémathèque est créée par Henri Langlois et nous découvrons des chefs-d’œuvre du passé, notamment Tabou de Murnau.
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C’est plus tard que l’air chanté par Yves Montand a exprimé tout ce que je ressentais alors : « J’aime flâner sur les grands boulevards / Y a tant de choses, tant de choses à voir… » De fait, la vitalité de la capitale se manifestait à plein dans ces artères allant de la République à la Madeleine, d’abord populaires, puis s’embourgeoisant progressivement, mais toujours avec une forte densité humaine et une rare mixité d’âges et de classes.
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Il n'y a donc pas de réalité en soi. Mais il y une auto-organisation de l'univers qui produit sa réalité.
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N'embellissons pas l'univers en dépit de ses splendeurs. Ne le rationalisons pas non plus, malgré ses cohérences, et voyons aussi ce qui échappe à notre raison.
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Le fondamentalisme serait une conséquence réactive de la modernisation. Il fait la même démonstration pour l’Iran : un an avant la révolution des ayatollahs, l’Iran était considéré comme le modèle même de réussite du développement. Or c’est ce développement qui a développé le fondamentalisme.
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Dans les journaux, le mot « populisme » revient sans trêve, il remplit les trous conceptuels qui se sont creusés dans les esprits lorsque ont surgi des types politiques inattendus dans les trous électoraux des partis traditionnels. Ce mot bouche-trou empêche de voir plus avant de quoi il s’agit.
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C’est cela la beauté des grands anniversaires, l’événement passé ressuscite, reprend vie, nous envahit. Ainsi, le Débarquement du 6 juin 1944 m’a envahi. Au dîner d’hier avec les Rochemaure et Nemoto, j’ai maintenu mon idée qu’inviter les Allemands à la commémoration, c’était insister sur le sens de la guerre comme guerre contre le nazisme et non contre l’Allemagne et insister sur la libération de l’Europe, Allemagne comprise, par le Débarquement. Soudain, je me suis rendu compte qu’en juin 44 le Japon était non seulement à l’autre bout du monde, mais en pleine guerre et que, pour eux, la fin fut Hiroshima et Nagasaki.
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