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Citations de Edgar Morin (954)


L’adolescence, en tant que telle, apparaît et se cristallise lorsque le rite de l’initiation dépérit ou disparaît, lorsque l’accession à l’état d’homme se fait graduellement. Au lieu d’une rupture, sorte de mort de l’enfance et de renaissance à l’état adulte, se constitue un âge de transition, complexe, ambivalent, sorte d’espace biologique-psychologique-social, qui fournit le terrain favorable à l’éventuelle constitution d’une classe d’âge adolescente.
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À partir de 12-13 ans, je cherchais le contact d’une croupe féminine qui souvent ne réagissait pas, parce que condamnée à l’immobilité. L’érection survenait et je demeurais dans une volupté mystique et muette qui se déchirait brutalement quand l’adorable croupe se dégageait pour sortir, ou que moi-même devais m’en arracher pour descendre à la station Anvers. Je ne sais si je l’ai déjà mentionné, mais j’en ai fini par perdre un bouton de braguette, qui longtemps ne fut pas remplacé, car je n’osais en parler à mon père et n’avait personne pour le recoudre.
À partir de seize ans je m’enhardissais parfois à glisser ma main sur la croupe émouvante et commençais à caresser. Je m’arrêtais s’il y avait un sursaut de répulsion, continuais si pas de réaction. Parfois, j’entrevoyais un profil féminin qui décuplait mon émotion. Plus tard encore, il m’est arrivé de descendre de la rame avec une de mes caressées et de lui adresser la parole. Mais les quelques mots que je lui bredouillais pour exprimer mon trouble avaient tôt fait de dissiper le charme de part et d’autre. C’est très rarement que j’ai pu entamer une relation par une rencontre dans le métro.
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Le célibat à ses débuts est aussi merveilleux que le mariage à ses débuts. Il est vrai que je mène, en fait, une vie de semi-célibataire. Le matin, je grimpe à l’échelle qui de l’atelier mène à l’appartement d’Yvette, et je prends le petit déjeuner avec le couple Cauquil et son fils. J’ai aussi grand plaisir à me faire la cuisine. Je cuis doucement les légumes dans leur eau ; ils gardent ainsi leur pleine saveur et je les arrose d’huile d’olive fraîche au moment de les consommer.
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Je m’enchantai de ces heures de correction et de modification du tapuscrit, où je voyais le fœtus de livre prendre forme. Pour la première fois je m’exprimais à plein, avec mon « écriture », comme on dit, qui n’a pas changé depuis lors. Quoique la notion de complexité n’eût pas encore envahi mon esprit, c’était un travail complexe que j’accomplissais : connexion entre des savoirs distincts les uns des autres, d’ordinaire cloisonnés, mise en relief de contradictions que mon esprit hégéliano-marxiste me faisait détecter là où la pensée binaire les ignore. Je me penchais en particulier sur ce paradoxe : comment se fait-il que l’être humain, qui a horreur de la mort, est en même temps prêt à risquer sa vie, à la donner pour autrui, pour les siens, pour sa patrie, voire pour son parti ?
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Le cinéma retrouve une nouvelle splendeur avec Les Enfants du paradis, de Carné, l’arrivée de films américains des années de guerre, dont Autant en emporte le vent. La Cinémathèque est créée par Henri Langlois et nous découvrons des chefs-d’œuvre du passé, notamment Tabou de Murnau.
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C’est plus tard que l’air chanté par Yves Montand a exprimé tout ce que je ressentais alors : « J’aime flâner sur les grands boulevards / Y a tant de choses, tant de choses à voir… » De fait, la vitalité de la capitale se manifestait à plein dans ces artères allant de la République à la Madeleine, d’abord populaires, puis s’embourgeoisant progressivement, mais toujours avec une forte densité humaine et une rare mixité d’âges et de classes.
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Il n'y a donc pas de réalité en soi. Mais il y une auto-organisation de l'univers qui produit sa réalité.
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N'embellissons pas l'univers en dépit de ses splendeurs. Ne le rationalisons pas non plus, malgré ses cohérences, et voyons aussi ce qui échappe à notre raison.
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Le fondamentalisme serait une conséquence réactive de la modernisation. Il fait la même démonstration pour l’Iran : un an avant la révolution des ayatollahs, l’Iran était considéré comme le modèle même de réussite du développement. Or c’est ce développement qui a développé le fondamentalisme.
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Dans les journaux, le mot « populisme » revient sans trêve, il remplit les trous conceptuels qui se sont creusés dans les esprits lorsque ont surgi des types politiques inattendus dans les trous électoraux des partis traditionnels. Ce mot bouche-trou empêche de voir plus avant de quoi il s’agit.
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C’est cela la beauté des grands anniversaires, l’événement passé ressuscite, reprend vie, nous envahit. Ainsi, le Débarquement du 6 juin 1944 m’a envahi. Au dîner d’hier avec les Rochemaure et Nemoto, j’ai maintenu mon idée qu’inviter les Allemands à la commémoration, c’était insister sur le sens de la guerre comme guerre contre le nazisme et non contre l’Allemagne et insister sur la libération de l’Europe, Allemagne comprise, par le Débarquement. Soudain, je me suis rendu compte qu’en juin 44 le Japon était non seulement à l’autre bout du monde, mais en pleine guerre et que, pour eux, la fin fut Hiroshima et Nagasaki.
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Ce monde trop dur tue ceux qui sont trop sensibles, trop lucides. Seule la chance permet à certains de s’en tirer.
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À propos de l’Italie, je déplore qu’on utilise trop facilement le mot de fascisme pour qualifier un phénomène qui comporte des éléments nouveaux, lesquels n’ont pas encore pris visage. Leur coller d’emblée une vieille étiquette, loin d’inciter à la vraie vigilance, la détourne sur le désert des Tartares.
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Faut-il renoncer, et surtout renoncer à l’inconnu, à l’inconnue ?… Ne pas renoncer, c’est aussi ne pas élire… Et élire, c’est abandonner ce qui pourrait advenir…
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C’est toute l’histoire qui accélère, et accélèrent les chemins de fer, les avions, les rythmes de la ville et de la vie, les amours et les amitiés. C’est cette petite aile du cosmos qui accélère le mouvement.
La vitesse d’évolution s’accélère pour devenir déflagration. L’accélération de l’histoire, c’est peut-être la désintégration de l’histoire. Nous vivons une explosion que nous percevons au ralenti avec nos sens balourds ; ou bien nous entrons en un moment d’accélération dans l’explosion générale qui se nomme univers.
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Cet énorme manuscrit ne ressemble en rien à ce que j’ai écrit jusqu’alors, et depuis ; mais il me ressemble comme rien de ce que j’ai écrit n’a pu me ressembler. Les autres livres étaient de moi, celui-ci est moi. Il me ressemble parce qu’il me rassemble : tout ce qui se trouvait séparé, dans ma vie et dans mes livres, dans la science de l’homme et dans la politique, dans mes activités et mes oisivetés, et aussi tout ce qui se trouvait atrophié dans mes œuvres, indiqué seulement en introduction ou en conclusion, tout est là.
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Les grandes douleurs étaient passées, les lancinantes nausées avaient presque disparu, je goûtais la béatitude inouïe de n’avoir plus mal, de n’avoir pas encore faim sinon pour savourer comme délicatesse exquise l’œuf à la coque et le butter milk, je n’avais plus d’infirmité, je n’avais pas encore de force, je recommençais à peine à me réintéresser à moi, au monde, ces deux sources d’angoisse permanentes, mais sans encore atteindre le seuil de l’angoisse ; j’étais dans des draps toujours propres parce que changés tous les matins, nettoyé par des infirmières très hygiéniques qui me pommadaient – mieux qu’un lavage, qu’un massage, presque des caresses ; je n’étais pas assez guéri pour comprendre que l’hôpital n’était pas seulement une nursery mais une avant-morgue.
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Ce n’est pas un journal « total » car il ne dit rien de ce qui se passe au-dessous de la ceinture et tait bien des épisodes de vie souterraine.
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On peut diagnostiquer, dans l'histoire occidentale, la domination d'un paradigme qu'a formulé Descartes. Descartes a disjoint d'un côté le domaine du sujet, réservé à la philosophie, à la méditation intérieure et, d'autre part, le domaine de la chose dans l'étendue, domaine de la connaissance scientifique, de la mesure et de la précision. Descartes a très bien formulé ce principe de disjonction, et cette disjonction a régné dans notre univers. Elle a séparé de plus en plus science et philosophie. Elle a séparé la culture qu'on appelle humaniste, celle de la littérature, de la poésie, des arts et de la culture scientifique. La première culture fondée sur la réflexion ne peut plus s'alimenter aux sources du savoir objectif. La seconde culture, fondée sur la spécialisation du savoir, ne peut se réfléchir ni se penser elle-même.

Le paradigme de simplification (disjonction et réduction) domine notre -culture aujourd'hui et c'est aujourd'hui que commence la réaction contre son emprise. (p. 103)
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Les philosophes du xviii siècle, au nom de la raison, avaient une vue assez peu rationnelle de ce qu'étaient les mythes et de ce qu'était la religion. Ils croyaient que les religions et les dieux avaient été inventés par les prêtres pour tromper les gens. Ils ne se rendaient pas compte de la profondeur et de la réalité de la puissance religieuse et mythologique dans l'être humain. Par là même, ils avaient glissé dans la rationalisation, c'est-à-dire dans l'explication simpliste de ce que leur raison n'arrivait pas à comprendre. Il a fallu de nouveaux développements de la raison pour commencer à comprendre le mythe. Il a fallu pour ceci que la raison critique devienne autocritique. Nous devons sans cesse lutter contre la déification de la Raison qui est pourtant notre seul instrument de connaissance fiable, à condition d'être non seulement critique mais autocritique. (pp. 95-96)
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