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Citations de Edmond Rostand (624)


CYRANO : Je crains tant que parmi notre alchimie exquise
Le vrai du sentiment ne se volatilise,
Que l’âme ne se vide à ces passe-temps vains,
Et que le fin du fin ne soit la fin des fins !

Acte III, Scène 7, (1430-1433).
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Cyrano
Un baiser,mais à tout prendre,qu'est-ce?
Un serment fait d'un peu plus près,une promesse
Plus précise,un aveu quipeut se confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d'un peu se respirer le coeur,
Et d'un peu se goûter,au bord des lèvres,l'âme!
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Edmond Rostand
Pastorale des cochons roses

Le jour s'annonce à l'Orient,
De pourpre se coloriant,
Le doigt du matin souriant
Ouvre les roses !
Et sous la garde d'un gamin
Qui tient une gaule à la main,
On voit passer sur le chemin
Les cochons roses.

Le rose rare au ton charmant
Qu'à l'horizon, en ce moment,
Là-bas, au bord du firmament
On voit s'étendre,
Ne réjouit pas tant les yeux,
N'est pas si frais et si joyeux
Que celui des cochons soyeux
D'un rose tendre !

Le zéphir, ce doux maraudeur,
Porte plus d'un parfum rôdeur
Et dans la matinale odeur
Des églantines,
Les petits cochons transportés
Ont d'exquises vivacités
Et d'insouciantes gaietés
Presqu'enfantines ;

Heureux, poussant de petits cris,
Ils vont par les sentiers fleuris
Et ce sont des jeux et des ris
Remplis de grâces ;
Ils vont, et tous ces corps charnus
Sont si roses qu'ils semblent nus
Comme ceux d'amours ingénus
Aux formes grasses.

Des points noirs dans ce rose clair
Semblant des truffes dans leur chair,
Leur donnent vaguement un air
De galantine ;
Et leur petit trottinement,
A cette graisse, incessamment,
Communique un tremblotement
De gélatine.

Le long du ruisseau floflottant,
Ils suivent tout en ronflotant
La blouse au large dos flottant
De toile bleue, ils trottent
Les petits cochons,
Les gorets gras et folichons,
Remuant les tire-bouchons
Que fait leur queue !

Puis, quand les champs sans papillons
Exhaleront de leurs sillons
Les plaintes douces des grillons
Toujours pareilles,
Les cochons rentrant au bercail
Défileront sous le portail
Agitant le double éventail
De leurs oreilles ;

Et quand là-bas, à l'Occident,
Croulera le soleil ardent,
A l'heure où le soir descendant
Ferme les roses,
Paisiblement couchés en rond,
Près de l'auge couleur marron,
Bien repus ils s'endormiront,
Les cochons roses !
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Edmond Rostand
SOUVENIR VAGUE OU LES PARENTHÈSES

Nous étions, ce soir-là, sous un chêne superbe
(Un chêne qui n'était peut-être qu'un tilleul)
Et j'avais, pour me mettre à vos genoux dans l'herbe,
Laissé mon rocking-chair se balancer tout seul.

Blonde comme on ne l'est que dans les magazines
Vous imprimiez au vôtre un rythme de canot ;
Un bouvreuil sifflotait dans les branches voisines
(Un bouvreuil qui n'était peut-être qu'un linot).

D'un orchestre lointain arrivait un andante
(Andante qui n'était peut-être qu'un flon-flon)
Et le grand geste vert d'une branche pendante
Semblait, dans l'air du soir, jouer du violon.

Tout le ciel n'était plus qu'une large chamarre,
Et l'on voyait au loin, dans l'or clair d'un étang
(D'un étang qui n'était peut-être qu'une mare)
Des reflets d'arbres bleus descendre en tremblotant.

Et tandis qu'un espoir ouvrait en moi des ailes
(Un espoir qui n'était peut-être qu'un désir),
Votre balancement m'éventait de dentelles
Que mes doigts au passage essayaient de saisir.

Votre chapeau de paille agitait sa guirlande
Et votre col, d'un point de Gênes merveilleux
(De Gênes qui n'était peut-être que d'Irlande),
Se soulevait parfois jusqu'à voiler vos yeux.

Noir comme un gros paté sur la marge d'un texte
Tomba sur votre robe un insecte, et la peur
(Une peur qui n'était peut-être qu'un prétexte)
Vous serra contre moi. - Cher insecte grimpeur !

L'ombre nous fit glisser aux chères confidences ;
Et dans votre grand oeil plus tendre et plus hagard
J'apercevais une âme aux profondes nuances
(Une âme qui n'était peut-être qu'un regard).
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Oh ! Les yeux, les beaux yeux des femmes !
Que de choses nous y voyons !
C’est de la lumière des âmes
Que nous croyons faits leurs rayons.

Nous croyons lire en leurs prunelles
Des perversités, des candeurs ;
Et nous mettons du rêve en elles,
Nous fiant à leurs profondeurs ;

Mais le trouble des yeux, leur vague,
Et leurs calmes de soirs d’été,
Leurs bleus changeants comme la vague
Leur douce et vivante clarté,

La lumière exquise filtrée
Entre les cils frangés, — tout ça
N’est rien qu’un peu d’humeur vitrée
Qu’un peu de soleil nuança.

Les yeux sont des petites flaques
Reflétant du ciel sans savoir ;
Pas plus que s’ils étaient opaques
Les pensées ne peuvent s’y voir ;

Et, tout simplement, quand se lève
Leur regard profond et câlin,
S’ils nous paraissent pleins de rêve,
C’est qu’ils ont un beau cristallin.
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Edmond Rostand
Ne pas monter bien haut, mais tout seul !
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CYRANO
Et que faudrait-il faire ?
Chercher un protecteur puissant, prendre un patron,
Et comme un lierre obscur qui circonvient un tronc
Et s'en fait un tuteur en lui léchant l'écorce,
Grimper par ruse au lieu de s'élever par force ?
Non, merci. Dédier, comme tous ils le font,
Des vers aux financiers ? se changer en bouffon
Dans l'espoir vil de voir, aux lèvres d'un ministre,
Naître un sourire, enfin, qui ne soit pas sinistre ?
Non, merci. Déjeuner, chaque jour, d'un crapaud ?
Avoir un ventre usé par la marche ? une peau
Qui plus vite, à l'endroit des genoux, devient sale ?
Exécuter des tours de souplesse dorsale ?...
Non, merci. D'une main flatter la chèvre au cou
Cependant que, de l'autre, on arrose le chou,
Et donneur de séné par désir de rhubarbe,
Avoir un encensoir, toujours, dans quelque barbe ?
Non, merci ! Se pousser de giron en giron,
Devenir un grand homme dans un rond,
Et naviguer, avec des madrigaux pour rames,
Et dans ses voiles des soupirs de vielles dames ?
Non, merci ! Chez le bon éditeur de Sercy
Faire éditer ses vers en payant ? Non, merci !
S'aller faire nommer pape par les conciles
Que dans les cabarets tiennent des imbéciles ?
Non, merci ! Travailler à se construire un nom
Sur un sonnet, au lieu d'en faire d'autres ? Non,
Merci ! Ne découvrir du talent qu'aux mazettes ?
Etre terrorisé par de vagues gazettes,
Et se dire sans cesse : "Oh, pourvu que je sois
Dans les petits papiers du Mercure François ?"...
Non, merci ! Calculer, avoir peur, être blême,
Préférer faire une visite qu'un poème,
Rédiger des placets, se faire présenter ?
Non, merci ! non, merci ! non, merci ! Mais... chanter,
Rêver, rire, passer, être seul, être libre,
Avoir l'oeil qui regarde bien, la voix qui vibre,
Mettre, quand il vous plaît, son feutre de travers,
Pour un oui, pour un non, se battre, - ou faire un vers !
Travailler sans souci de gloire ou de fortune,
A tel voyage, auquel on pense, dans la lune !
N'écrire jamais rien qui de soi ne sortît,
Et modeste d'ailleurs, se dire : mon petit,
Soit satisfait des fleurs, des fruits, même des feuilles.
Si c'est dans ton jardin à toi que tu les cueilles !
Puis, s'il advient d'un peu triompher, par hasard,
Ne pas être obligé d'en rien rendre à César,
Vis-à-vis de soi-même en garder le mérite,
Bref, dédaignant d'être le lierre parasite,
Lors même qu'on n'est pas le chêne ou le tilleul,
Ne pas monter bien haut, peut-être, mais tout seul !
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C'est la nuit qu'il est beau de croire à la lumière.
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"Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
(...)
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille"
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Eh bien! Ecrivons la,
Cette lettre d'amour qu'en moi-même j'ai faite
Et refaite cent fois, de sorte qu'elle est prête
Et que mettant mon âme à côté du papier,
Je n'ai tout simplement qu'à la recopier.
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Moi, c'est moralement que j'ai mes élégances
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Oh! je ne me fais pas d'illusion-Parbleu,
Oui, quelquefois je m'attendris dans le soir bleu;
J'entre dans quelque jardin où l'heure se parfume;
Avec mon pauvre grand diable de nez je hume
L'avril,- je suis des yeux ,sous un rayon d'argent,
Au bras d'un cavalier,quelque femme,en songeant
Que pour marcher, à petits pas, dans la lune,
Aussi moi j'aimerais au bras en avoir une,
Je m'exalte, j'oublie ...et j'aperçois soudain
L'ombre de mon profil sur le mur du jardin!
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Il promène en sa fraise à la Pulcinella,
Un nez !... Ah ! messeigneurs, quel nez que ce nez-là !...
On ne peut voir passer un pareil nasigère
Sans s'écrier : " Oh ! non, vraiment, il exagère ! "
Puis on sourit, on dit : " Il va l'enlever... " Mais
Monsieur de Bergerac ne l'enlève jamais.

Acte I, Scène 2, (113-118).
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Ah ! non, cela, jamais ! Non, ce serait trop laid,
Si le long de ce nez une larme coulait !
Je ne laisserai pas, tant que j'en serai maître,
La divine beauté des larmes se commettre
Avec tant de laideur grossière !... Vois-tu bien,
Les larmes, il n'est rien de plus sublime, rien,
Et je ne voudrais pas qu'excitant la risée,
Une seule, par moi, fût ridiculisée !...
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Je n'aimais qu'un seul être et je le perds deux fois!
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ROXANE
J'ai fait votre malheur
CYRANO
Vous ? … au contraire !
J'ignorais la douceur féminine. Ma mère
Ne m'a pas trouvé beau; je n'ai pas eu de sœur
Plus tard j'ai redouté l'amante à l'œil moqueur.
Je vous dois d'avoir eu , tout au moins, une amie
Grâce à vous une robe a passé dans ma vie.

-
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Mais oui, c'est adorable.On se devine à peine.
Vous voyez la noirceur d'un long manteau qui traîne,
J'aperçois la blancheur d'une robe d'été:
Moi je ne suis qu'une ombre , et vous qu'une clarté !
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Je jette avec grâce mon feutre,
Je fais lentement l'abandon,
Du grand manteau qui me calfeutre,
Et je tire mon espadon;
Elégant comme Céladon,
Agile comme Scaramouche,
Je vous préviens, cher Mirmydon,
Qu'à la fin de l'envoi, je touche !
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LE DUC : Ne le plaignez pas trop : il a vécu sans pactes,
Libre dans sa pensée autant que dans ses actes. [...]
Je sais, oui : j’ai tout ; il n’a rien…
Mais je lui serrerais bien volontiers la main. [...]
Oui, parfois, je l’envie.
— Voyez-vous, lorsqu’on a trop réussi sa vie,
On sent, -– n’ayant rien fait, mon Dieu, de vraiment mal ! —
Mille petits dégoûts de soi, dont le total
Ne fait pas un remords, mais une gêne obscure ;
Et les manteaux de duc traînent dans leur fourrure,
Pendant que des grandeurs on monte les degrés,
Un bruit d’illusions sèches et de regrets,
Comme, quand vous montez lentement vers ces portes,
Votre robe de deuil traîne des feuilles mortes.

Acte V, Scène 2.
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CHRISTIAN : Tu m’as rejoint ici ?
ROXANE : C’est à cause des lettres !
CHRISTIAN : Tu dis ?
ROXANE : Tant pis pour vous si je cours ces dangers !
Ce sont vos lettres qui m’ont grisée ! Ah ! songez
Combien depuis un mois vous m’en avez écrites,
Et plus belles toujours !
CHRISTIAN : Quoi ! pour quelques petites
lettres d’amour…
ROXANE : Tais-toi !… Tu ne peux pas savoir !
Mon Dieu, je t’adorais, c’est vrai, depuis qu’un soir,
D’une voix que je t’ignorais, sous ma fenêtre,
Ton âme commença de se faire connaître…
Eh bien ! tes lettres, c’est, vois-tu, depuis un mois,
Comme si tout le temps, je l’entendais, ta voix
De ce soir-là, si tendre, et qui vous enveloppe !
Tant pis pour toi, j’accours. La sage Pénélope
Ne fût pas demeurée à broder sous son toit,
Si le Seigneur Ulysse eût écrit comme toi,
Mais pour le joindre, elle eût, aussi folle qu’Hélène,
Envoyé promener ses pelotons de laine !…
CHRISTIAN : Mais…
ROXANE : Je lisais, je relisais, je défaillais,
J’étais à toi. Chacun de ces petits feuillets
Était comme un pétale envolé de ton âme.
On sent à chaque mot de ces lettres de flamme
L’amour puissant, sincère…
CHRISTIAN : Ah ! sincère et puissant ?
Cela se sent, Roxane ?…
ROXANE : Oh ! si cela se sent !

Acte IV, Scène 8, (2095-2117).
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