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Citations de Edward Carey (150)


Quel volume d’objets un individu moyen accumulait-il tout au long de sa vie ?
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Les gens sont ce qu’ils possèdent, et ils placent les objets qui leur appartiennent selon leur personnalité. Si une force invisible les déplace, leurs propriétaires ont l’impression que c’est leur âme qui est mise à mal, ils ont l’impression que quelqu’un a percé leurs secrets ls plus intimes. 
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J’essayais de savoir comment c’était, d’être un objet. 
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  Même si ne l’appréciions pas particulièrement, au moins y étions-nous habitué. La solitude était digne de confiance, presqu’une amie. Nous ne voulions aucun changement. Même si aucun d’entre nous ne souhaitait être le dernier occupant de l’immeuble […]nous ne voulions pas de bruits. Nous ne voulions pas de mouvements brusques
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Mais j'ai la photo.
De cette petite femme en train de cracher, de vomir la nuit.
De ce démon arrivé dans ma ville
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À côté de ces bougies, de grandes mèches de coton tressées attendaient d’être enveloppées de cire. La chaleur était étouffante, et la pièce plongée dans une lumière nocturne. Sous les grandes cuves fumantes, les flammes maintenaient constamment la cire en fusion. Sur les établis, des moules, des pieds à coulisse, des jauges, des scies à main. Tout autour, d’étranges créatures à l’aspect crasseux fabriquaient des bougies d’un blanc pur. Mais ces petits êtres étaient loin d’être blancs : leurs vêtements étaient usés jusqu’à la trame, leurs peaux, leurs bras et leurs crânes brûlés par endroits, leurs doigts rouges et à vif, et la plupart tremblaient terriblement. C’étaient les chandeliers de cette fabrique fumante de suif et de cire, c’était le tableau de la misère cachée de la fabrication de la lumière : des enfants, des fillettes pour la plupart, brûlées, crasseuses et luisantes de graisse de bougie, si bien que leur peau semblait faite de la même cire, que leurs cheveux avaient l’air de mèches à bougie attendant la flamme, prêts à s’enflammer en un rien de temps, et leur lumière, songeai-je, crépiterait bientôt.
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J'imaginais souvent notre maison sous les traits d'un vieillard, robuste et chauve. Un vieillard assis, ses bras flasques serrés autour de ses genoux arrondis, fixant désespérément le ballet ininterrompu des voitures, les immeubles environnants, plus petits et modernes, et la foule qui se presse sur les trottoirs. Il soupire pesamment ; il n'est pas sûr de savoir pourquoi il vit encore. Il ne va pas bien, ce vieillard, il va mourir. Il souffre de maux innombrables, sa peau est décolorée, du sang s'écoule de ses organes et se répand dans tout son corps. Ainsi était notre maison.
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Ce ne sont que des miroirs, Marie. Nous créons des reflets. Voila la mission du cabinet. Les gens n’aiment pas ce voir dans la glace. Leur image leur fait honte
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Ne sommes-nous qu’immondice une fois mort ?
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La cire donne chair à la cruauté »

(contexte : 1er modelage d’un criminel)
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C’est le triste dilemme des têtes de cire : de naissance incertaine, elles reproduisent la vie mais celle-ci leur échappe
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Ils m’ont dit que j’étais le seul enfant dans ce grand bâtiment, mais ce n’est pas vrai. Je le sais, parce que je les entendais parfois, les autres enfants. Je les entendais crier aux étages inférieurs.
Je vivais dans une chambre misérable avec ma gouvernante Ada Cruickshanks. « Miss Cruickshanks », devais-je l’appeler. Elle me faisait avaler régulièrement une cuillerée à dessert d’un médicament qui avait un drôle de goût mais réchauffait le cœur lorsqu’on l’avait ingurgité, comme s’il dissipait l’hiver. On me donnait des mets sucrés à manger, des tranches de quatre-quarts et des pâtisseries ; on me donnait aussi des tourtes de Forlichingham, qui à vrai dire n’étaient pas mon mets préféré car leur croûte était toujours brûlée, comme le voulait la tradition, et l’intérieur une sorte de pâtée gluante recouverte de mélasse noire pour en déguiser le goût. Miss Cruickshanks disait que je devais tout manger, sinon elle serait très fâchée contre moi. Alors, je mangeais.

(Incipit)
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Comment expliquer les histoires d'Emma? Elles étaient vivantes. Elles remuaient. Elles vivaient! Elles étaient un irresistible tourbillon de couleurs et d'odeurs virevoltantes. Elles changeaient de forme, s'imbriquaient les unes dans les autres, se contredisaient, n'avaient plus ni queue ni tête, partaient dans des disgressions inattendues comme des trains qui changent brusquement de rails, se précipitaient dans des directions imprévues, disparaissaient, réapparaissaient, les romances se transformant en tragédies puis en comédies avant de retomber sur leurs pieds. Un univers de princes et de princesses, de marâtres, d'ânes qui chiaient de l'or, de dragons, de royaumes enchantés, de monstres, de barbes bleues, de sorcières, de lutins, de gnomes et d'autres créatures fantastiques.
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La solitude n'a de prix que lorsqu'elle est vécue au milieu des autres.
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J'avais pensé qu'il avait grossi, mais ce n'était pas la graisse qui l'enveloppait, plutôt la tendresse.
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J'ai veillé de longues heures à son chevet. Comme il était muet je lui donnais mes mots, à la place de tout ce qu'il aurait pu me raconter.
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Le soir, je dessinais les têtes des poissons que j'avais achetés le matin. Tout devait être dessiné, et ma réserve de papier s'amenuisait. J'enroulais mes feuilles et les cachais au fond d'un tiroir de la cuisine. La nuit, je me faufilais dans l'atelier pour esquisser les têtes parisiennes de Curtius. Depuis peu, la mienne, qui datait de Berne, avait été retirée de l'étagère et, enveloppée d'un tissu, rangée dans une armoire.
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James Henry était une bonde, une bonde universelle qui pouvait s’adapter à n’importe quel trou de lavabo ou de baignoire. Je la gardais dans ma poche. James Henry était mon cadeau de naissance.
À chaque naissance d’un nouveau Ferrayor, la coutume familiale voulait qu’on lui offrît quelque chose, un objet spécial choisi par Grand-Mère. Les Ferrayor jugeaient toujours un Ferrayor à la façon dont il prenait soin de l’objet de ses jours, comme ils l’appelaient. Nous devions tout le temps le garder sur nous. Chaque objet était différent. Pour ma naissance, on me donna James Henry Hayward. Ce fut la première chose que je connus, mon premier jouet et mon premier compagnon. Il était accompagné d’une chaîne de deux pieds de long qui se terminait par un petit crochet. Quand je commençai à marcher et à m’habiller tout seul, je portais sur moi ma bonde universelle avec sa chaînette comme tant d’autres personnes auraient porté leur montre à gousset. Pour le protéger, je cachais James Henry Hayward dans la poche de mon gilet. Sa chaîne dessinait une boucle en forme de U sur ma poche, et son crochet était attaché au bouton central de mon gilet. Je me trouvais très heureux avec l’objet de mes jours, car, comparé à d’autres cadeaux de naissance, le mien, c’était du gâteau.
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J'ai donc appris que l'on vous retire parfois ceux que vous aimez pour les donner à un autre, mais aussi qu'ils vous fuient en dédaignant vos bras ouverts. La princesse que j'aimais n'existait plus. Il ne restait d'elle qu'une coque de plâtre, une enveloppe creuse. L'air vicié qu'elle contenait ne s'en échapperait pas.
pages 362-363.
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Tout commença, toute cette terrible histoire qui s’ensuivit, le jour où la poignée de porte de Tante Rosamud disparut. C’était la poignée de porte de ma tante, une poignée en cuivre. Et cela n’arrangeait rien qu’elle ait déambulé la veille avec sa poignée dans tout le manoir, cherchant des raisons de se plaindre comme d’habitude : elle avait monté et descendu tous les escaliers, parcouru tous les étages, raide comme la justice, ouvert les portes sous n’importe quel prétexte, inspectant, trouvant à redire à tout.
Elle insistait sur le fait que, durant tout le temps de son inspection, elle avait bien sa poignée de porte sur elle, et que maintenant, elle ne l’avait plus. Quelqu’un, hurlait-elle, l’avait prise.
Il n’y avait jamais eu un tel remue-ménage depuis le jour où mon grand-oncle avait perdu son épingle à nourrice. Lors de cet événement, on avait fouillé tous les étages pour découvrir en fin de compte que le pauvre vieil oncle l’avait toujours sur lui ; elle avait glissé dans la doublure de la poche de son veston.
C’est moi qui l’avais trouvée.
Ils m’ont tous regardé ensuite d’une façon étrange, ma famille, je veux dire, je dirais même encore plus bizarrement que d’habitude, car on ne m’avait jamais fait confiance, et on me chassait souvent d’un endroit à un autre. Ma découverte de l’épingle à nourrice sembla confirmer, pour certains membres de ma famille, qu’il y avait chez moi quelque chose d’anormal, et certaines de mes tantes et certains de mes cousins me fuyaient, ils évitaient de me parler, tandis que d’autres, mon cousin Moorcus par exemple, me cherchaient.

(Incipit)
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